Publié par Gilles William Goldnadel le 16 janvier 2012

Cette semaine, Gilles-William Goldnadel revient sur la perte du triple A français et explique pourquoi l’Allemagne n'a pas été dégradée.

Si on veut tenter de comprendre pour quelles raisons l’Allemagne a conservé son triple A, à l’instar de la plupart des pays de l’Europe du Nord, et non la France et l’Europe méridionale, je recommande la lecture et la relecture de deux ouvrages économiques, plutôt que l’écoute du dernier discours convenu de François Hollande.

Alain Peyrefitte, dans La société de confiance(1995) expliquait déjà la supériorité du septentrion huguenot, rigoureux jusqu’à l’ennui, sur des cigales ultramontaines et lyriques s’en remettant magiquement à un Etat-baudet, chargé bien vite de tous les péchés.

Mais au début de cette année, l’excellent Alain Mathieu, président de Contribuables Associés, qui a publié (aux Editions du Cri) Ces mythes qui ruinent la France* répond à la question posée. Morceaux choisis, puisés dans un sous-chapitre intitulé « le défi allemand » :

A plusieurs reprises, le Président de la République a cité la différence considérable de dépenses publiques entre la France et l’Allemagne, 150 milliards d’euros.

En août 2010, il a demandé à la Cour des Comptes une comparaison entre la France et l’Allemagne « sur l’ensemble des prélèvements obligatoires » en vue « d’une décision pour aller vers davantage de convergence fiscale ».

La Cour a donné la liste des principaux prélèvements français qui n’existent pas en Allemagne : taxe d’habitation, taxe professionnelle, ISF, taxe sur les salaires, versement transport, taxe d’apprentissage, 1% logement, 1,6% pour la formation etc. L’Allemagne n’a que 55 prélèvements obligatoires alors que la France en a plusieurs centaines.

La Cour a constaté qu’en France les charges sociales patronales sur les salaires sont le double des allemandes, que les impôts sur les entreprises sont deux fois plus élevés en France et les impôts sur le capital quatre fois plus. Elle en a aussi relevé la conséquence : « la rentabilité des PME allemandes du secteur industriel atteint presque le double de celle des PME françaises ».

Aucun rapport n’a cherché à analyser en détail la différence des dépenses publiques entre les deux pays, qui s’élevait pourtant à 10% du PIB en 2010. D’après les prévisions de la Commission Européenne, la différence était de 10,5% du PIB en 2011, soit 212 milliards d’euros.

Il suffit de se rendre sur le site Web de l’OCDE, explique Mathieu, pour connaitre la différence entre les dépenses publiques de la France, très supérieure à celle de l’Allemagne.

Depuis 1990, le nombre de fonctionnaires allemands est passé de 6,7 à 4,5 millions.
 

Si elle avait le même nombre de fonctionnaires que l’Allemagne par habitants, la France en aurait 1,5 millions de moins. Toujours d’après l’OCDE, les salaires des fonctionnaires étaient en 2010 de 259 milliards en France et 182 milliards d’euros en Allemagne. 

D’autre part, les horaires de travail sont sensiblement supérieurs en Allemagne. Les 35 heures par semaine sont inconnues. L’absentéisme des fonctionnaires n’y est pas plus élevé que celui des salariés du secteur privé, alors qu’en France il est le double, 12% contre 6%…

Parmi des exemples à foison, Mathieu explique que les Allemands ont privatisé la moitié de leur HLM, qu’ils ont égalisé les tarifs de remboursement entre hôpitaux publics et privés, et qu’ils ont nettement moins de dépenses sociales, notamment parce qu’ils partent en retraite plus tard.

Bien entendu, je n’ose comparer l’attitude des syndicats allemands, pourtant  légendairement combatifs, à nos castes corporatives idéologisées et prévariquées.

Il aura fallu que les cigales françaises entendent les fracas du tonnerre qui précède l’Apocalypse, pour qu’elles se résignent, mais combien tard, à retrouver le Nord.

Si Nicolas Sarkozy avait, dès le début de son mandat, voulu appliquer les recettes que l’évidence économique et financière imposait, sa témérité politique l’aurait probablement perdu.

Les cigales, médiatiques, syndicales, politiques, auraient couvert de leurs cris stridents tout discours austère de raison. 
Car en France, au rebours de l’Allemagne, la rigueur demeure un gros mot. Pas une vertu.

Ayant évoqué les corporations idéologiques à la française, la dernière saillie de Mailly sur le « national-socialisme » associé au FN, laisse à penser que les organisations syndicales ne sont pas plus calées en histoire-géographie qu’en économie.

Bergeron, réveille-toi, ils sont devenus fous !

La gauche morale revient

Pierre Joxe, mercredi matin, invité de France Inter. L’ancien garde des sceaux est désormais « défenseurs des enfants », entendez, avocat de jeunes délinquants. Suit un festival de poncifs éculés sur le rapport indiscutable entre pauvreté et criminalité (notre éminence de droit héréditaire n’a manifestement pas eu le temps de prendre connaissance des travaux de notre ami Xavier Raufer qui prouvent exactement le contraire), et de références lyriques au père Hugo.

Lorsque Patrick Cohen, fleuron de la gauche médiatique, l’interroge avec retenue mais intelligence, sur l’éventuelle modification de l’ordonnance de 1945 sur les mineurs, compte tenu de ce que les jeunes ne sont plus les mêmes, l’ancien ministre s’esclaffe. Certainement pas en pensant à ces jeunes de 11 ans mis en examen pour viol, ou à ceux de 17 ans arrêtés avec des Kalashnikov. Lorsque le même intervieweur, évoque les noms de Ségolène Royal ou de Julien Dray, pour lui opposer une certaine conception sécuritaire chez les socialistes, Joxe vitupérant, manque de se signer, et le rassure avec hauteur : le Parti est derrière lui. Au secours, la gauche morale revient !

Encore quelques émissions comme celle-là, et Sarkozy n’a plus besoin de faire campagne.

A cet humanisme de pacotille, j’opposerai sans complexe celui de mes amis de l’Institut Pour la Justice, qui de manière plus ingrate et sans doute moins esthétique, militent, par exemple, pour une responsabilisation financière des parents des mineurs délinquants de moins de 14 ans. Faut-il rappeler que ce sont principalement des enfants qui sont victimes de la délinquance des mineurs ? Il m’arrive, salaud que je suis, de les défendre.

Regard sur l’Afrique du Nord, à ce qu’il parait, libérée de ses chaines

En Libye, Omar el Béchir, visé par un mandat international pour crimes contre l’humanité et génocide au Darfour, est accueilli en héros par un gouvernement islamiste, lui-même en passe d’être dépassé par des milices djihadistes.

En Tunisie, le chef  du Hamas est accueilli comme un chef d’Etat par les hommes de l’Ennahda, phagocytée par les salafistes, aux cris de « Mort aux juifs ! ». Silence respectueux dans la presse française – à commencer par le pourtant vétilleux Le Monde – à l’exception notable mais tardive du Figaro, de LCI et de Nicolas Beau de Marianne. Silence tout aussi remarquable du Quai d’Orsay.

Dans le Figaro du vendredi 13, Renaud Girard écrit, comme souvent, un remarquable article qui ne brille pas par l’optimisme. Il conclut ainsi : « Les occidentaux ne peuvent désormais que regarder sans agir, tant l’échec de leur expérience de « nation building » en Irak les condamne au silence en terre d’islam ». Assurément. Mais doivent-ils également se bâillonner volontairement en terre que l’on osera nommer judéo-chrétienne ? Sous peine d’être complices du massacre du printemps.

© Gilles William Goldnadel
L'article original peut être consulté sur le blog de Gilles William Goldnadel

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