Publié par Guy Millière le 20 janvier 2012
Les mauvaises nouvelles venant de la Maison Blanche se succèdent à un tel rythme que parfois il m’arrive d’être las de les énumérer.
 
Mais comme je dois constater que nul en France ne les évoque, sinon pour les présenter sous un jour si biaisé et si imprégné de stupidité aseptisée, que j’ai l’impression que les journaux français parlent d’une administration Obama que je ne connais pas, et dont je n’ai jamais entendu parler, car elle n’existe que dans les colonnes du Monde, du Figaro, de l’Express et de quelques autres publications, qui sont à l’information ce que l’insulte est à la politesse, je dois me faire violence et en parler quand même. 
 
En quelques jours donc, le merveilleux Président que le peuple américain a élu en 2008 s’est employé un peu davantage à sinistrer son propre pays, à dévoyer ses institutions et à mettre le monde un peu davantage en danger. Comment ?
 
D’abord en décidant de coupes dans le budget de la défense américaine. Ensuite en procédant à des nominations en violant la constitution des Etats-Unis. Enfin en décidant de suspendre la construction de l’oléoduc XL Keystone.
 
Commençons par le budget de la défense. Le 6 janvier dernier, Barack Obama a décidé d’amputer celui-ci de cinq cents milliards de dollars, ce qui débouchera sur une réduction du nombre de membres des forces armées de quinze pour cent, et conduira à l’interruption de plusieurs programmes d’équipement et d’innovation technologique. Obama a parlé de la nécessité de « tourner la page sur une décennie de guerre », comme si le monde était soudain devenu plus paisible. Il a évoqué aussi une « nouvelle stratégie militaire ». 
 
L’ancienne stratégie consistait pour les Etats-Unis à disposer des capacités, si nécessaire, de mener deux guerres à la fois. La nouvelle stratégie ? Les Etats-Unis ne pourront plus mener qu’une guerre à la fois. Si une agression survient ailleurs ? Les Etats-Unis pourront faire de la « gesticulation ». 
 
Nul doute que la Chine, la Russie et l’Iran sont très impressionnés. C’est sans doute pour cela qu’Ahmadinejad a fini par envisager d’accéder à la demande d’Obama, qui souhaitait récupérer le drone dont s’est emparé la République islamique : l’Iran va rendre le drone, mais à l’échelle de 1/80, sous la forme d’un jouet, un drone miniature que l’Iran a commencé à fabriquer pour les collectionneurs du pays qui veulent se moquer des Etats-Unis. Obama ayant deux enfants, il pourrait, très poliment, demander à Ahmadinejad un deuxième jouet, comme cela Sasha et Malia ne seront pas jalouses l’une de l’autre, et leur papa pourra leur faire un cadeau à chacune. 
 
N’ayant aucune confiance en la « gesticulation » éventuelle, les pays du Golfe et l’Arabie Saoudite ont commencé à se rapprocher de la Chine. 
 
Obama tourne la page effectivement. La présence militaire américaine au Proche-Orient appartiendra bientôt au passé. L’armée américaine est en train de perdre ses potentialités opérationnelles et sa capacité de dissuasion. Obama met, en supplément, la vie des militaires américains en danger, car un soldat moins bien équipé, dans une armée réduite, est plus vulnérable.
 
Passons aux nominations. Le Président des Etats-Unis peut procéder à des « recess appointments », nominations en période de vacances parlementaires, lorsque l’urgence l’exige et que le Congrès n’est pas en session : il doit sans cela faire ratifier toute nomination par le Congrès. Obama a procédé voici quelques jours, alors que le Congrès n’était pas en vacances parlementaires, à plusieurs nominations dont il savait à l’avance qu’elles seraient refusées par la Chambre des représentants républicaines.
 
L’une de ces nominations est celle d’un directeur au Consumer Financial Protection Bureau. L’homme choisi est un fidèle d’Obama, Richard Cordray. Son rôle sera de superviser toutes les opérations financières impliquant des prêts aux entreprises et aux particuliers. Le Consumer Financial Protection Bureau a été créé dans le cadre de la loi Dodd-Frank de réforme du secteur financier, loi que les Républicains contestent vivement en ce qu’elles donnent au gouvernement fédéral une position de pouvoir sans précédent sur tout le secteur financier. Les Républicains ont déposé des recours à la Cour Suprême en invoquant l’inconstitutionnalité de la loi Dodd Frank. Obama a donc nommé quelqu’un pour faire fonctionner une agence lui donnant une emprise sur la finance avant que la Cour Suprême se soit prononcé sur la constitutionnalité de la loi censée créer l’agence, contre l’avis de la Chambre des représentants, en invoquant des vacances parlementaires qui n’existaient pas.
 
Les autres nominations sont celles de membres du National Labor Relations Board, chargé de superviser les activités syndicales aux Etats-Unis. 
 
Les trois membres nommés par Obama sont Sharon Block, Terence F. Flynn, et Richard Griffin. La Chambre des représentants, à qui les noms avaient été soumis, avait énoncé un refus, arguant que les personnes concernées étaient des membres permanents d’organisations syndicales et seraient donc juge et partie. Obama a passé outre en invoquant là encore des vacances parlementaires qui n’existaient pas. 
 
Ce ne sont pas les premières fois qu’Obama viole la Constitution pour avancer vers les buts qu’il s’est fixé. 
 
Il transforme un peu plus les Etats-Unis en ce que le journaliste David Freddoso a appelé un pays soumis à un « gangster government ». Encore quelques années d’Obama, et la réponse que Benjamin Franklin donnait, à une personne qui lui demandait quelles institutions étaient créées par la Constitution des Etats-Unis, « Une république, si vous pouvez la préserver » trouvera tout son sens : la république américaine appartiendra au passé.
 
L’avoir confié à un gauchiste venu des bas fonds de Chicago montrera que c’était la confier à quelqu’un qui ne voulait pas la préserver. 
 
Venons en à l’oléoduc XL Keystone. Cet oléoduc est en construction depuis plusieurs années, et constituait un projet d’une importance stratégique majeure pour l’approvisionnement énergétique des Etats-Unis et pour le futur énergétique du monde. Des associations écologistes américaines avaient protesté contre sa construction et avaient fait pression sur la Maison Blanche pour que les travaux soient interrompus. Les syndicats, eux, faisaient pression pour que les travaux se poursuivent, car l’achèvement de l’oléoduc devait permettre la création de vingt mille emplois directs et de deux cent mille emplois indirects. En décidant de suspendre indéfiniment la construction, Barack Obama a décidé de donner raison aux associations écologistes. Sachant qu’il mécontenterait les syndicats, il a, selon diverses sources, acheté leur silence en pratiquant les nominations forcées et non constitutionnelles au National Labor Relations Board. Les grandes centrales syndicales ayant reçu quatre cent millions de dollars dans le cadre du « plan de stimulation » de 2009, qui a vraiment bien stimulé leurs comptes en banque, et le syndicat des travailleurs de l’automobile (UAW), l’un des plus importants d’entre eux, ayant reçu des milliers d’actions de General Motors et de Chrysler, dont il est, depuis, partiellement propriétaire, nul dirigeant syndicaliste ne protestera. 
 
Cela fait donc deux cent vingt mille emplois perdus, du chômage supplémentaire, des investissements gaspillés. 
 
Cela crée une situation de tensions sans précédents avec le Canada. Cela s’ajoutant à l’interdiction de toute exploration pétrolière sur le sol américain et dans le golfe du Mexique édictée par Obama, va rendre les Etats-Unis davantage dépendants du pétrole du Venezuela et du Proche-Orient. Le Canada va vendre son pétrole à la Chine et non aux Etats-Unis. 
 
Les tensions autour du détroit d’Ormuz font monter le prix du baril. Le prix de l’essence à la pompe aux Etats-Unis a déjà presque doublé depuis l’élection d’Obama : il va sans doute faire des bonds vers le haut dans les prochaines semaines. Réussir en un seul geste à accroître le chômage, à faire baisser le pouvoir d’achat, à accroître la dépendance du pays par rapport à d’autres pays en général ennemis des Etats-Unis, à brouiller les relations avec le Canada et à renforcer la Chine, le Venezuela et l’Iran est une forme de prouesse que seul un homme tel qu’Obama pouvait accomplir. Le porte-parole de la Maison Blanche a évoqué des « énergies innovantes » de l’après pétrole qui vont créer des emplois : un correspondant présent dans la salle aurait pu lui parler de Solyndra, l’entreprise censée fabriquer des panneaux solaires qui n’a rien fabriqué du tout, et qui a coûté cinq cent millions de dollars de subventions qui se sont consumés dans une banqueroute frauduleuse. Il y a des dizaines de Solyndra aujourd’hui, et quasiment aucun emploi créé. C’est ce qu’on appelle se moquer du monde. 
 
Dans la presse française, on a parlé de tout cela, disais-je. Sur le ton du journaliste domestiqué qui fait le beau en tirant la langue et en se mettant sur ses pattes de derrière devant son maître. 
 
On a évoqué la « nouvelle doctrine » militaire d’Obama. En s’extasiant, bien sûr. On a parlé des nominations : en disant qu’Obama avait joué un bon tour aux Républicains ultra conservateurs (c’est un mot nouveau : comme il y avait des lessives qui lavaient plus blancs que blanc, il y a maintenant, pour la presse française, des politiciens conservateurs plus que conservateurs). La Constitution ? Qu’est-ce qu’un journaliste domestiqué en a à faire, de la Constitution américaine ? Et si Obama la transformait en chiffon de papier, je suis sûr que cela ferait des heureux à la rédaction du Monde et de l’Obamazoom. On a parlé de l’interruption de l’oléoduc XL en recopiant docilement la propagande issue du Bureau ovale : si Obama a pris cette décision (excellente, bien sûr, aux yeux d’un journaliste français roulant en Velib fourni par le grand Bertrand Delanoë), c’est à cause de ces immondes républicains qui ont voulu précipiter la décision au nom du profit, l’abominable profit.
 
Stupidité aseptisée, disais-je ? C’est encore bien trop gentil. Devrais-je écrire crétinisme criminel ? Je ne vois pas d’autres mots pour qualifier ceux qui saluent l’affaiblissement de l’armée qui défend la stabilité et la liberté du monde, la mise à mal d’une Constitution qui a fait des Etats-Unis depuis deux cents ans la « puissance de la liberté », la destruction de dizaines de milliers d’emplois et le renforcement de diverses dictatures anti-occidentales.
 
Dois-je le répéter ? J’ai vraiment hâte d’être en novembre, et j’espère vivement qu’un candidat républicain interrompra l’ascension de l’Arturo Ui du vingt-et-unième siècle. 
 
Obama s’est rendu à Disneyworld jeudi, pour promouvoir le tourisme. S’il pouvait redevenir un simple touriste, le tourisme américain et mondial s’en porterait mieux. Disneyworld, comme Disneyland, s’ouvre sur Main Street USA, un hommage à l’Amérique de toujours, celle qu’Obama s’efforce de détruire. 
 
Suis-je le seul à trouver qu’Obama n’est vraiment pas à sa place en ce genre de lieu ? Je préférerais voir Mickey Mouse président. C’est un personnage de fiction, comme Obama. Mais à la différence d’Obama, il n’a pas été doté de mauvaises intentions, et son créateur, lui, aimait l’Amérique. 
 
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© Guy Millière pour www.Dreuz.info

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