Michel Garroté – Un nouveau personnage enrichit la galerie de portraits des acteurs du naufrage du Costa Concordia (extraits ; cf. lien en bas de page). Blonde, 25 ans, de nationalité moldave, employée de la compagnie Costa depuis cinq ans, mais pas en service sur cette croisière, ballerine de formation, Domnica Cemortan était aux côtés de Francesco Schettino le soir de la tragédie. La jeune femme était l'invitée personnelle du commandant. "J'étais en vacances", a-t-elle sagement déclaré. La presse italienne affirme qu'elle n'était pas enregistrée sur la liste des passagers, ce que la compagnie Costa nie. Il est en revanche établi qu'elle était en train de dîner en tête-à-tête avec Francesco Schettino dans le petit salon réservé au commandant, à côté de la salle des commandes, au moment de l'impact sur les rochers de l'îlot des Scole, au large du port du Giglio. Le commandant l'aurait alors fait pénétrer dans la salle des commandes, normalement interdite aux passagers et aux membres de l'équipage non habilités, pour traduire en russe certaines instructions destinées aux passagers. Le témoignage de la ballerine, qui est entre-temps rentrée à Bucarest où elle a donné une interview à la télévision roumaine, est donc fondamental pour les enquêteurs qui attendent de l'interroger. Sauf que la version qu'elle donne des événements paraît bien éloignée de la réalité. "Non seulement Francesco Schettino n'a pas abandonné le navire, mais il a été extraordinaire, héroïque, il a sauvé la vie de 3’000 personnes grâce à son sang-froid. Tout l'équipage est de cet avis. Je ne comprends pas pourquoi la presse l'attaque".
Les Anglais ont le Titanic ; nous (ndmg – les Italiens), nous avons le Concordia, qui, ne serait-ce qu’à cause de sa position, à moitié immergé, avec la quille fissurée, est la plus belle icône de notre pays (extraits ; cf. lien en bas de page). Plus qu'un naufrage, c'est une parabole. A présent on sait tout, ou presque du commandant Francesco Schettino. Il n'était pas seul à bord. Mais c'est comme s'il avait été seul. Si le commandant devient fou, il n’y a rien à faire. C'est toujours comme ça quand il y a un homme seul aux commandes, jouissant du pouvoir de vie et de mort sur les autres. Et s’il cherche simplement à servir son intérêt personnel, tant pis pour nous. Ça vous rappelle quelque chose ? Et puis il y a les passagers, qui en entendant le "sauve qui peut" donnent d’eux le pire comme le meilleur. L’un d’eux, aveuglé par le désespoir, arrache le gilet de sauvetage de son voisin et le laisse se noyer. D’autres se battent pour arriver en premier aux chaloupes en coupant la file et en chassant enfants, vieux, femmes ou handicapés parce qu’il "n’y a plus de place". Ils vous rappellent quelqu’un ? Une belle illustration de la théorie du "particulare", le cas particulier, de Guicciardini, historien et philosophe florentin du XVIème siècle. Et puis il y a Costa Crociere, la compagnie italienne propriétaire du Concordia, qui défend d’abord le commandant avant de le laisser tomber en se déclarant partie lésée parce qu’il a agi tout seul. Mais c’est précisément parce qu’il pouvait tout faire tout seul que Costa Crociere n’est pas partie lésée. Ça vous rappelle quelqu’un ?
Mais revenons à Schettino, alias "Top Gun" pour ses amis. Si l’on avait besoin de quelqu’un pour raviver les lieux communs sur l’Italien en vacances, on ne pouvait pas rêver mieux. L’imbécile typique qui se croit malin, rusé, cool. Le caïd bronzé avec cheveux gominés et Ray-ban noires qui connaît bien les règles et a l’habitude de les contourner, d’arrondir les angles. Il y a un ami d’ami sur la rive à saluer toutes sirènes hurlantes ? Il faut accoster pour satisfaire au rituel de la "révérence" pour le compte des touristes envoyés par le syndicat d’initiative ? Mais comment donc, bien sûr, accostons. Que la croisière s’amuse. Et crac ! Oups, un rocher. Et Schettino, où est-il au moment de la collision ? Un touriste hollandais jure qu’il se payait un verre au bar en compagnie d’une belle passagère qu’il venait tout juste de draguer. C’est à ce moment-là qu’il appelle la capitainerie pour dire : "Rien à signaler, affirmatif". Minimiser, truquer tant qu’on peut. La crise, quelle crise ? Les restaurants et les magasins sont pleins. Le 4 novembre, au lendemain du G20 à Cannes, Silvio Berlusconi alors président du Conseil, s'était entêté à nier la crise en déclarant : "Nous sommes véritablement une économie forte, la vie en Italie est celle d’un pays florissant, les restaurants sont pleins.
Le naufrage n’est que psychologique. En fait, c’est la capitainerie qui l’informe que son bateau coule. Et alors là, les rats quittent le navire, lui en premier, bien qu’il assure : "j’étais à la poupe, maintenant je retourne sur le pont, il n’y a que deux ou trois cents personnes à bord" (les quatre mille passagers sont encore tous là, mais les vrais menteurs donnent toujours des chiffres faux, mais précis). Gregorio De Falco, commandant de la capitainerie de Livourne − il y a toujours un De Falco en travers du chemin des imbéciles qui jouent les malins − ne s’en laisse pas compter : "Mais vous êtes à bord ?". "Non". "Retournez à bord, bon Dieu !". "J’étais en train de coordonner les secours et maintenant je remonte à bord". Il sera aperçu quelques minutes plus tard sur le quai en train d’attendre le taxi qui le conduira à l’hôtel Bahamas. Il nous manque encore un ingrédient : le coup de fil passé à la maman. "Je vais bien, j’ai essayé de sauver les passagers". Comment elle s’appelle maman ? Rosa, mais bien sûr ! La mère de Silvio Berlusconi s'appelle Rosa. Et lui, en attendant, ment même au sujet de la dernière manœuvre : "Je l’ai effectuée pour faciliter les secours". En réalité, c’est aux courants qu’on la doit. Puis il puise à pleines mains dans le réservoir national inépuisable d’excuses de la victime : c’est la faute d’un "éperon rocheux qui n’était pas signalé ; d’après la carte nautique, il n’aurait pas dû se trouver là". Ça vous rappelle quelqu’un ? Par exemple, un autre qui avait débuté sa carrière sur les bateaux de croisière ? Dans sa jeunesse, Berlusconi a été chanteur à bord de bateaux de croisière de la compagnie Costa Crociere.
Michel Garroté
Et pendant ce temps Costa croisières s’enfonce, comme son bateau…
Ils ont en effet étés pris la main dans le sac … Ils ont effacé une page de leur blog dans laquelle la compagnie se congratulait de l’accueil réservé à ses navires après que l’un d’entre eux, avec le même capitaine fou à la barre, aie « commis » un passage « rase-motte » près des côtes d’une autre île Italienne (août 2011)…
La page en question est encore visible dans le cache de Google, ici.
Capture d’écran effectuée et à dispo, juste au cas où 😉
Je me demandais, pas plus tard qu’hier, pourquoi on francise les noms de certains artistes ou écrivains italiens tout en leur ajoutant l’article défini : le Tasse, l’Arioste, le Caravage, le Tintoret… Pourquoi seulement les Italiens ? Mais aussi, pourquoi pas les musiciens ? On pourrait dire le Corelle, le Vivalde, le Scarlatte, le Rossin… Et pourquoi pas les hommes politiques ? Le Garibalde, le Mussolin, le Prode, le Berluscon… (ah, oui, évidemment…)
Je vous conseille de voir -E la nave va- de Federico Fellini. Un très bon film sur la grandeur et la decadence.
http://www.youtube.com/watch?v=DnsAruZ8_Bc
pour ceux qui savent encore rire de nos deboires!
Schettino…….. Cretino.
E dopo……… Un Stronzo.
Cet abruti ne fait honneur ni à son pays ni à la Marine Italienne.
500 millions de dollars partis au fond de l’eau pour une histoire de cul !!!
Une histoire de dingue qui va rester longtemps dans les bonnes blagues de toutes les écoles de la marine marchande.
Je m’appuie sur une émission TV sérieuse (il y en a quelques-unes), même débat sur CdansL’air de Calvi, flanqué d’un panel d’experts français. Les règles maritimes sont strictes, de là et sans attendre la justice, les responsabilités sont identifiables, avec ou sans la ballerine au service du matamore.
Heureusement peu de morts il est vrai (en proportion d’un possible pire).
Un rafiot de 500 mios €, bon pour la casse après pompage des 2400T de fuel.
A l’inverse, en strict respect du code maritime, je me souviens d’avoir lu une vieille gazette relatant l’épopée d’un Capt Carlsen « Capitaine courageux », le drame d’un cargo désemparé dans la Manche (danois, hiver 1951). Ces éléments retrouvés à l’instant sur Internet:
http://www.marine-marchande.net/groupe%20mar-mar/Documents/Perchoc/FlyingEnterprise/abeille25.htm
Tout à l’inverse du profil italien!
Ce grave accident est fort heureusement rare par rapport au nombre de croisières Costa certainement élevé. S’il est prouvé qu’il y a eu incompétence et « légèreté » voire extrême lâcheté de la part de ce commandant, alors il doit être très sévèrement sanctionné. Maintenant ce triste évènement mérite-t-il autant une si grande couverture médiatique ? Rappelons tout de même que l’ensemble équipage-passagers (+ de 4.200 personnes) se trouvait à bord.
J’en profite pour ajouter que l’article de GMG me surprend car au moment où toute la Presse internationale accablait Berlusconi au sujet de ses frasques, il me semble avoir lu un article de GMG qui prenait sa défense, l’un des rares d’ailleurs à l’époque, dans ce concert de haine ! Alors, pourquoi ce changement d’opinion ?
J’en profite également pour faire part de ma réaction plutôt « attristée de voir combien l’Italie et le Peuple italien sont moqués, critiqués en permanence, j’en veux pour preuve le ton sarcastique, par ex. de divers correspondants des JT relatant divers faits chez nos voisins de l’autre côté des Alpes. L’Italie étant bien souvent présentée comme Pays peu sérieux, magouilleur, malhonnête, etc… comparé à la France !
Certes tout n’est pas parfait en Italie mais GMG le sait sûrement, il existe encore – et j’espère que cela va durer – une Presse plus libre qu’en France (les quotidiens Libero ou Il Foglio) pas encore baillonnée par le politiquement correct, de même que certaines émissions politiques et débats télévisés inimaginables en France.
Bien évidemment, la Presse française ne reprend les évènements italiens qu’au travers de la petite loupe gauchiste comme La Reppublica par ex. tenu par un rival de Berlusconi.
Depuis ces dernières années je me suis souvent demandé pour quelles raisons l’Italie devait être si peu considérée, mise à l’écart de la sorte et aujourd’hui « coulée » (sans jeu de mot…)
N’avez vous pas constaté que les français se moquent aussi des Belges, et des Suisses ?
Oui, bien sûr les Français sont arrogants et se croient supérieurs à d’autres.
Je ferai tout de même une distinction : les moqueries que vous évoquez le sont à un titre que je considère comme « privé », à savoir l’accent, les stéréotypes, etc…mais ne concernent pas spécialement le domaine politique car ces moqueries sont d’ailleurs reprises par pas mal d’humoristes. Pour ce qui est de l’Italie les stéréotypes vont aussi bon train mais au plan politique il s’est agi d’un véritable lynchage médiatique français et anglo-saxon + presse américaine contre Berlusconi, élu au suffrage démocratique par les Italiens et qui a été balayé d’un revers de main par des technocrates mis en place avec les sourires entendus de Sarko et Merkel… Ce qui me paraît bien plus grave.
« Oui, bien sûr les Français sont arrogants et se croient supérieurs à d’autres. » Cela expliquerait pourquoi ils ont une tendance donneur de leçon, et pourquoi ils n’acceptent pas de recevoir des leçons ?
Oui, selon moi.
On ne devrait pas se gausser de l’Italie quand on voit qui est aux commandes du paquebot FRANCE …
… et encore moins en voyant ceux qui veulent prendre sa place !
S »‘il s’vère que le commandant a quitter le navire avant la fin de l’évacuation, il mérite d’etre abandonné sur une ile déserte ou sur un satelite inocupé et en dérive dans l’espace coupé de tous contacts exterieur.