Publié par Guy Millière le 14 février 2012
 
Je le dis comme je le pense. Gilles William Goldnadel a réussi une prouesse : écrire un livre sur rien. 
 
Il n’aurait pas eu à le faire si le rien dont il traitait n’était venu occuper tout l’espace intellectuel et médiatique d’un pays dont il serait flatteur de dire qu’il a atteint l’ère du vide. 
 
Le rien dont traite Goldnadel est un livre sans style, sans contenu, sans idées. Ce n’est pas même un livre d’ailleurs, juste quelques pages qui auraient pu occuper en un autre temps un espace laissé vacant dans un journal de province. L’un de ceux qu’on achetait au temps de mon enfance à la campagne pour les couper en quatre et les accrocher dans une cabine au fond du jardin, aux fins de les parcourir, comme faisait un critique assez expéditif au début du vingtième siècle, d’un derrière pressé et un peu distrait. Goldnadel le compare à l’antimatière.
 
Le livre, vous le connaissez, bien sûr. Il s’appelle Indignez-vous. Il s’est vendu à des millions d’exemplaires. 
 
Comme l’explique Goldnadel, il y a pourtant tromperie sur la marchandise, puisqu’il y a, en tout et pour tout, à l’intérieur, un seul appel à l’indignation. Mais comme ce seul appel à l’indignation concerne une cible bien choisie, aucun lecteur n’a demandé à se faire rembourser, aucun journaliste n’a dénoncé l’imposture, bien au contraire. 
 
La cible, nul ne l’ignore plus, hélas, ce sont les Juifs Israéliens : en somme, les Juifs qu’on peut détester parce qu’ils sont debout et vivants, parce qu’ils en sont venus aussi, écrit Goldnadel, à incarner le « Blanc au carré, d’autant plus haïssable qu’il est l’exact négatif du juif déporté », et permet aux Européens de se sentir moins coupables du crime qui entache le passé du continent. 
 
Pour viser sa cible, l’auteur du livre, Stéphane Hessel, se fait passer pour juif et ses positions anti-israéliennes, poursuit Goldnadel, sont dès lors perçues comme « d’autant plus percutantes » qu’elles semblent « indiscutables, venant d’un être dès lors insoupçonnable d’antijudaisme » et censé être « nimbé de l’auréole que confère l’admirable objectivité de l’homme qui n’hésite pas à faire fi de sa tribalité pour défendre l’humanité ». 
 
Ce qui n’est pas dit est que « la famille du grand père de Stéphane Hessel était déjà convertie au luthéranisme depuis une génération, et que sa mère était la fille d’un banquier prussien protestant et antisémite ».
 
Pour toucher le public qu’il entend toucher, Stéphane Hessel se pare de sa qualité de résistant (qualité au nom de laquelle il s’est permis de parler du Hamas comme d’un mouvement de résistants) et en profite pour classer la résistance à gauche : dans un mouvement de révision de l’histoire qui fait, dit Goldnadel, de « résistant de droite une antiphrase » et permet commodément d’occulter le fait que Vichy a été « approuvé par une majorité de gauche qui conféra les pleins pouvoirs à Pétain, ou le fait que le Parti communiste n’a rejoint la résistance qu’après la rupture du pacte germano-soviétique et « l’invasion allemande de l’empire stalinien ». 
 
Pour se pousser du col, Stéphane Hessel se présente encore comme l’un des rédacteurs de la Déclaration universelle des droits de l’homme alors qu’il n’était à l’époque, comme l’a démontré de manière nette et définitive Pierre-André Taguieff, que cite Goldnadel, qu’un petit gratte papier très subalterne. 
 
Agrémentent le livre de Stéphane Hessel une multitude d’autres faussetés, inepties ou abjections qui permettent à l’auteur de réaliser, note Goldnadel, « l’exploit de fabriquer autant de gros mensonges en aussi peu de place ». 
 
Goldnadel fournit une liste de situations effectivement effroyables qui pourraient fournir à Hessel et à ses lecteurs de réels motifs de s’indigner. Mais il sait bien que tous ces gens ne veulent pas vraiment s’indigner de quoi que ce soit, et simplement s’adonner à la « complaisance envers le terrorisme antisémite » et à l’incitation à la haine « antisioniste ».
 
A la fin du livre, Goldnadel s’adresse aux « jeunes indignés », fiers « d’être sans programme », et les incite à ne vénérer ni « la foule d’ovins, ni la meute des loups, ni le troupeau de rhinocéros ». 
 
Je doute qu’il soit entendu. Mais ceux, nombreux j’espère, qui entendent garder les yeux ouverts et qui voudraient tout savoir sur celui que j’appelle le « vieillard indigne », doivent de toute urgence acheter le livre de Gilles William Goldnadel.
 
Reproduction autorisée et vivement encouragée, avec la mention suivante et le lien ci dessous :
© Guy Millière pour www.Dreuz.info
 
Gilles William Goldnadel, Le vieil homme m'indigne*. Les postures et impostures de Stéphane Hessel, Jean-Claude Gawsewitch, 2012, 57p., 4,90€
 
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