Publié par Guy Millière le 24 février 2012
 
 
Je propose ici le deuxième extrait du livre que j’ai écrit sur la base d’entretiens avec Daniel Pipes. Le livre paraîtra en mai.
 
Guy Millière
 
Parlons d’Israël. La montée en puissance de l’islam radical dans toute la région crée un contexte délétère pour la stabilité du monde et pour le monde occidental, mais le pays le plus menacé est aujourd’hui, de facto, Israël. La Turquie était un allié d’Israël : en glissant vers l’islam radical, elle est désormais passée dans le camp des ennemis d’Israël, et les déclarations récurrentes des dirigeants turcs aujourd’hui au pouvoir ne laissent aucune illusion à ce sujet. L’Egypte est toujours liée à Israël par un traité de paix, mais celui-ci semble chaque jour davantage fragilisé, et les groupes islamiques armés présents dans le Sinaï sont des groupes anti-israéliens. Le Hamas à Gaza n’est plus isolé : il a, comme tu l’as dit, renoué avec les Frères musulmans qui ont un rôle de plus en plus prépondérant en Egypte, et la frontière avec l’Egypte est devenue plus perméable qu’elle ne l’était. Il n’y a que le traité de paix avec la Jordanie qui semble encore tenir vraiment debout, mais des manifestations islamistes ont eu lieu aussi à Amman. Israël est  aujourd’hui dans une situation d’isolement sans précédent depuis 1967.
 
Israël est isolé présentement, c’est exact, et ce qui s’est passé dans toute la région est plutôt néfaste pour Israël. Des nuances doivent, pour autant, être apportées.
 
Ce qui se passe en Syrie, en l’occurrence la déstabilisation du régime Assad, est potentiellement très positif pour Israël : quelle que soit l’issue de la situation, la Syrie aura, dans le moyen terme, d’autres priorités qu’attaquer Israël. Les possibilités d’action du Hezbollah sont entravées par ce qui se passe en Syrie. 
 
Ce qui se passe en Iran, où le régime est lui aussi déstabilisé est aussi potentiellement très positif pour Israël.
 
L’armée égyptienne, pour les raisons que j’ai expliquées, ne peut entrer en guerre ouverte et attaquer Israël: elle ne peut pas se le permettre financièrement. Elle tient aux avantages dont elle dispose, et ceux-ci sont importants. L’armée égyptienne peut tout juste laisser le désordre s’installer dans le Sinaï et laisser le Sinaï devenir une base arrière de groupes islamistes anti-israéliens, sans pouvoir se permettre que les violences aillent trop loin. Elle peut aussi laisser le Hamas se renforcer, mais elle ne tient sans doute pas à ce que le Hamas entre en guerre ouverte avec Israël, et le Hamas ne le souhaite sans doute pas non plus. La Turquie ne tient elle-même pas à entrer en guerre ouverte contre Israël, et les dirigeants turcs n’iront sans doute pas beaucoup plus loin que les discours menaçants qu’ils tiennent aujourd’hui. 
 
La situation pour Israël est celle d’un isolement régional, mais la situation est mouvante, et cet isolement ne crée pas un péril imminent qui pourrait finir par une agression de type de celles de 1967 ou de 1973. Israël a, en supplément, une armée plus forte et plus efficace qu’il y a quarante ans, et ses ennemis le savent.
 
Les militants islamistes du monde sunnite veulent sans doute la destruction d’Israël, mais ce ne sont pas eux qui ont entre les mains les armes qui permettraient d’agir. Les dirigeants turcs veulent sans doute la destruction d’Israël, mais ils ne peuvent pas agir sans remettre en cause des alliances et des contrats multiples. Les militaires égyptiens veulent garder leurs avantages et rester au pouvoir. Le Hezbollah veut incontestablement la destruction d’Israël, mais il ne peut agir sans l’aval et l’appui de Téhéran, et pour l’heure, les yeux de ses dirigeants sont tournés vers Damas plutôt que vers Jérusalem, comme les yeux des dirigeants iraniens.
 
Le seul pays qui pourrait envisager une attaque directe contre Israël est l’Iran. Mais il n’est même pas certain que l’Iran veuille la bombe atomique pour l’utiliser, détruire Israël, et se trouver détruit à son tour. La bombe iranienne est plutôt, pour les dirigeants iraniens, un moyen de se doter d’un avantage militaire qui serait aussi un avantage psychologique, et de dire à Israël que l’avantage stratégique dont disposait Israël n’existe plus. La bombe iranienne, en sanctuarisant l’Iran, permettrait aux dirigeants iraniens de renforcer leur position dans le monde musulman et leur assurerait de rester la principale puissance de l’islam radical.
 
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© Guy Millière et Daniel Pipes pour www.Dreuz.info

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