Publié par Jean-Patrick Grumberg le 14 février 2012
 
Il s’appelle Daniel Shek, il fut ambassadeur d’Israël en France, et à l’écouter, on jurerait que son nom s’écrit Cheikh.
 
Je me suis rendu, un peu par hasard, à une conférence sur la démocratie israélienne, le 5 février dernier.
 
Le thème de la conférence était « la démocratie israélienne en danger ? ».
 
Figuraient parmi les invités Richard Darmon, journaliste et éditorialiste, Pascale Zonshein, journaliste, Daniel Shek, ancien ambassadeur de Syrie, pardon, d’Israël, en France, et le modérateur, Dror Even-Sapir, journaliste.
 
Je me suis rapidement aperçu que j’assistais à une conférence pour et avec un public majoritairement de gauche, mais ce public était, à l’exception de quelques personnes, cohérent et lucide, peu amateur d’idéologie fantaisiste sur l’état réel de la démocratie israélienne.
 
Il n’en fut pas de même pour tous les intervenants.
 
Les thèses soutenues par Darmon étaient claires et documentées, difficiles à contester, celle de Zonshein que je crois bien avoir entendu sur BFM il y a quelques années, pleines de bon sens, même si on aurait aimé qu’elle laissât au placard cette prudence journalistique qui frisait par moment le politiquement correct, et Sapir était parfait dans son rôle de modérateur, jetant de l’huile sur le feu aux bons moments pour relancer le débat. 
 
En revanche l’ambassadeur … 
 
Tantôt idéologue ou idéaliste, mystique ou méprisant la réalité, manipulateur employant les mots lissés du diplomate, il est la caricature parfaite de l’élite propagandiste d’extrême gauche. Comment Israël a pu élever le masochisme jusqu’à se faire représenter en France par un ennemi du peuple israélien est un mystère. Le Quai d’Orsay devait bien l’aimer. 
 
Bille en tête, l’homme attaque le gouvernement israélien de Netanyahu, en le comparant au régime syrien d’Assad : « il est plus confortable de gouverner selon des méthodes autoritaires, d’entraver la liberté de la presse, d’écraser l’opposition politique un peu comme le fait Assad, que de  gouverner de façon démocratique, et l’on comprend cette tentation ». Froid glacial dans la salle.
 
Puis il livra quelques clichés douteux : « la démocratie n’est pas une valeur avec laquelle on peut faire des arrangements, c’est un tout ». Re-froid glacial dans la salle. N’étant nullement embarrassé de se contredire, il dira lui-même plus tard que la démocratie est une notion qui se cultive, s’aménage, s’améliore et se dégrade sans cesse au gré des rapports de forces politiques.
 
Pour exemple, il cita le projet de loi qui veut interdire le financement étranger des ONG israéliennes. 
 
Pour ceux qui l’ignorent, de nombreuses ONG d’extrême gauche israélienne sont financées par des capitaux européens pour travailler sans relâche à la diabolisation d’Israël, pour faire poursuivre ses soldats devant les tribunaux internationaux, établir de faux rapports (c’est une de ces ONG qui a fourni les données mensongères à Goldstone, que ce dernier annula lorsqu’il l’apprit, ou celles du député Glavany sur l’eau). Ce sont également ces ONG subventionnées par des organisations étrangères qui cherchent à délégitimer Israël qui incitent au boycott académique et économique. Shek, en toute mauvaise foi, affirma que le projet de loi visait à censurer ces ONG – alors qu’il ne vise qu’à couper leurs financements par l’étranger, et nullement leurs financements locaux.
 
Avec ma grande gueule, je n’ai pas résisté, et j’ai hurlé « menteur ! ». J’ai eu tort car j’ai heurté plusieurs personnes qui m’ont à juste raison remis à ma place. 
 
Mais le menteur s’est enfoncé, car il a décidé de me répondre. 
 
Chaque idée ou presque qu’il exprimait étant un mensonge de plus – j’avais l’impression d’entendre un Stéphane Hessel ou un Charles Enderlin – il me répondit que ces ONG ne gênent personne car elles sont minuscules : minuscules en nombre de membres oui, mais justement, là se situe le problème, car elles reçoivent des millions de dollars par an de machines antijuives comme celle de George Soros, ce qui leur donne une portée et une part de voix démesurée – l’opposé de la démocratie.
 
Il ajouta que si l’on veut interdire le financement étranger de ces ONG, alors il faut aussi interdire celui des organisations étrangères qui achètent des terrains à Jérusalem Est.
 
Je lui répondit qu’il mélange tout, car les achats de terrain relèvent de la liberté de contrat, de la liberté individuelle de propriétaires consentants. Pris en défaut, il ne trouva pas mieux que hausser les épaules ! La liberté individuelle semble vraiment lui poser problème, mais ce qui lui pose encore plus de problème, c’est la présence juive à Jérusalem, qu’il veut éradiquer.
 
D’ailleurs lorsqu’il s’exprima sur le besoin de protéger les minorités, quelqu’un dans la salle, passablement irrité par le bonhomme, l’invectiva : « quelles minorités exactement ? » 
 
Sa réponse, sans surprise, fut : les minorités arabes bien entendu. Quoi ? Il n’existe pas de minorités juives assez dignes des attentions du grand humaniste ? Cet homme emplit de mépris pour les Juifs israéliens ne sait plus quelles courbettes inventer pour se faire aimer des arabes, et il est prêt, lui-même né en Israël, à tout donner pour un peu d’amour en retour. Pathétique.
 
Certes, et vu la présence de quelques rares excités dans la salle, il se trouvera naturellement un ou deux « témoins » pour nier les faits que je rapporte.
 
Nous eûmes aussi droit, de sa part, a une sortie totalement hors sujet, une attaque ad hominem contre les candidats à l'élection présidentielle américaine : « un pays qui compte tant d’habitant n’a rien de mieux à proposer comme candidat républicain ? » demanda t-il. Et moi je me demandais : que viennent faire les américains dans la démocratie israélienne ? Sa haine l'aveugle à ce point ?
 
Finalement, une personne lança : « je suis un nouvel immigrant, je viens de France, et vous osez parler des dangers que courent la démocratie israélienne ? ». Rires et applaudissements.
 
La conférence terminée, plusieurs personnes vinrent me voir pour me féliciter d’avoir fermé le bec à ce type, et m’expliquer que des idéalistes dangereux comme lui, il y en a hélas de trop, dans la société israélienne.
 
J’appris par la suite, et cela ne vous étonnera pas, que lorsque Daniel Shek était ambassadeur à Paris, il a été confronté à l’affaire al Dura qui battait son plein. Eh bien, que croyez-vous qu’il fit ? Il prit la défense de France 2 et de Charles Enderlin, son bon ami, traitant de conspirationniste ceux qui osaient s’opposer à France 2. »
 
Reproduction autorisée et vivement encouragée, avec la mention suivante et le lien ci dessous :
© Jean-Patrick Grumberg pour www.Dreuz.info

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