Publié par Gilles William Goldnadel le 6 mars 2012

 
Si peu de Français pensent que la taxation confiscatoire des super-riches sera une solution économique satisfaisante, beaucoup doivent pressentir que l'économie de leur pays aura besoin d’eux pour prospérer.
 
Arnaud Montebourg et Audrey Pulvar, malmenés à Paris XVIe par des soi-disant sympathisants lepénistes. Aussitôt, Jean-Marc Ayrault y voit un Front National qui tombe le masque. Lorsque Sarkozy subit le même traitement à Bayonne de la part de certains socialistes revendiqués, que voit donc le maire de Nantes. Cela étant, rude semaine que celle que vient de passer le candidat présidentiel. Dans une société largement post-démocratique qui considère que le peuple de la rue vaut bien les voix des urnes, les images diffusées en boucle auront été ravageuses.
 
Taxer à 75% les plus riches
 
Dans le même temps, la proposition de François Hollande – qui aura surpris jusqu’au hollandais Cahuzac, pourtant en charge des finances – semble avoir remporté les faveurs d’une majorité de Français. Comme le dit dans son dernier éditorial du Point, Franz Olivier Giesbert : « Et si le problème c’étaient les Français ? » : « Il ne semble pas que les Français aient envie, aujourd’hui, de prêter l’oreille à un discours de vérité. Ils vivent depuis trop longtemps dans une bulle où on les entretient, d’où ils ne veulent sortir sous aucun prétexte. Ils restent dans le déni. »
 
Pourtant, peu de Français pensent un seul instant que la taxation confiscatoire des super-riches sera une solution économique satisfaisante. On a calculé que redistribuer la fortune des 500 plus riches citoyens du pays et qui représentent 14% du PIB, soit 272 milliards d’euros, aux 8,2 millions de « pauvres » recensés reviendraient à donner à chacun d’eux 33 000 euros. Cela vaut-il de sacrifier les emplois générés pour des années ?
 
Beaucoup doivent au contraire pressentir qu’une économie a besoin d’eux pour prospérer, mais qu’importe, cette jubilation à sanctionner leur morgue et à humilier celui que l’on présente comme leur champion vaut bien tous les lendemains qui déchantent. L’envie, la jalousie, sentiments humains, trop humains, auxquelles seuls les menteurs ne sont pas accessibles, ont des beaux jours devant elles. Au moins jusqu’au mois de mai.
 
Ce peuple là est aussi un peu schizophrène. Parmi ceux qu’il voudrait sanctionner, combien sont-ils ceux qu’il adore sur les scènes et les stades ?
 
Ceux qui ne verraient pas d’inconvénient à ce que les banlieues s’ouvrent encore davantage aux étrangers démunis mais qui seront les premiers à prendre le Thalys ou l’Eurostar pour ne pas désespérer leur fiscaliste. Ainsi, verra-t-on peut-être Yannick Noah promettre de revenir si Hollande l’emporte, tout en se faisant encore plus rare.
 
Jean Quatremer et l’omerta dont aurait bénéficié Dominique Strauss-Kahn
 
Une bonne partie de la presse a vanté, à juste titre, la publication du livre de l’ancien journaliste de Libération, Jean Quatremer qui dénonce l’omerta dont aura bénéficié jusqu’à l’affaire du Carlton, Dominique Strauss-Kahn.
 
Qu’on ne croit surtout pas que je regrette un instant d’avoir pris la défense de l’ancien président du Fonds monétaire international, lorsque celui-ci était accusé, sans preuves convaincantes, de viol de l’autre côté de l’Atlantique, ce qui ne m’a pas valu que des amis, y compris dans ces colonnes.
 
Je fais uniquement allusion à sa lourdeur, très limite, envers les femmes que tout le monde à Paris lui connaissait et sur laquelle la presse, à commencer par celle de gauche, aura fait silence.
 
Le seul bénéficiaire d’une discrétion équivalente en délicatesse aura été peut-être François Mitterrand qui aura vu les médias cacher tour à tour ses vacances subventionnées à l’Old Cataract d’Assouan, sa famille occulte entretenue, ainsi que ses amitiés avec René Bousquet, l’un des responsables de la déportation des juifs de France.
 
Jean-Marie Colombani, ancien patron du Monde, comme pour s’excuser, rappelle que les rumeurs sur la fille cachée, le cancer ou ses amitiés collaboratrices provenaient de la droite et de l’extrême droite… Dans ce cas…
 
Olivier Poivre d’Arvor et son soutien à François Hollande
 
Nicolas Sarkozy, sur France Inter, ne s’est pas gêné pour mettre en cause un responsable, toujours en poste, de Radio France qui, lui, n’aura pas hésité à clamer son soutien à François Hollande.
 
Beaucoup savent depuis qu’il s’agit d’Olivier Poivre d’Arvor, en charge de France Culture. Peut-on imaginer, sans frayeur, le sort médiatique qui serait réservé à un responsable du service public de l’information qui avouerait sa dilection pour le candidat sortant ?
 
Toujours à propos de notre radio nationale et culturelle, et à ce stade de la réflexion, j’ajouterai à ce que j’écrivais ici même la semaine dernière, que Reynald Seycher, invité, enregistré, programmé, annoncé puis, déprogrammé n’a toujours pas reçu la moindre explication quant à l’annulation de son interview consacrée au génocide vendéen.
 
Peut-on imaginer, toujours sans frayeur, le sort médiatique qui serait réservé à l’annulation, dans les mêmes conditions de goujaterie, d’une émission consacrée à l’immigration ou la décolonisation ?
 
En France, qui se soucie du peuple Nouba ?
 
Je conseille à ceux que cela intéresse de se reporter à l’article du New York Times daté du 2 mars sous la signature de Nicolas D. Kristof. Ils y apprendront que le Soudan, qui tente de mater ce peuple noir en l’affamant et en le bombardant se retrouve face à un adversaire imprévu : un américain de Floride mariée à une nouba, qui se nourrit de sauterelles et combat les tirs de mortier avec une caméra vidéo. Ryan Boyette, 30 ans, souhaite que le président Obama aille plus loin pour faire cesser les bombardements meurtriers et éviter la famine.
 
Une autre partie, terrible, se joue actuellement, sans bruit : le Soudan islamiste de Khartoum, toujours dirigé par un criminel de guerre visé par un mandat d’arrêt international, mais qui voyage assez tranquillement, tente de rendre impossible l’existence de l’Etat voisin du Sud Soudan nouvellement créé et composé de chrétiens et d’animistes.
 
Je suis intimement convaincu, que dans 20 ans, s’il existe encore – mais qui peut savoir – des historiens libres, le silence d’indifférence fait sur les différents génocides et massacres au Soudan sera considéré comme aussi coupable que celui qui pesait autrefois en Europe.
 
 
A ce stade d’écœurement total, peux je dire aux organisations noires de France, parait-il représentatives, que cette affaire me parait presque aussi importante que la polémique concernant Tintin au Congo ?
 
Il est vrai, que dans le premier cas, les occidentaux ne sont pas les premiers responsables.
 
Et en Syrie ?
 
Syrie : 7000, 8000 morts ? et toujours pas de manifestations en keffiehs dans les rues de Paris. La semaine dernière, c’était les vacances. Celle d’avant, c’était le froid. Cette semaine, je me suis renseigné, Besancenot souffrait d’un ongle incarné et Mgr Gaillot d’une grande lassitude.
 
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PS : petit courrier personnel
 
Un lecteur me reproche, sans trop d’aménité, une focalisation excessive sur Stéphane Hessel. Tant que celui-ci bénéficiera de l’attention médiatique que l’on sait, je ne vois pas très bien pourquoi, je serai le seul à m’abstenir, sauf à penser, que le seul mode de communication autorisé à son sujet par mon contradicteur soit l’encensement.
 
A ce propos, Thierry Ardisson, samedi dans son émission sur Canal+ (« Salut les terriens ») a titillé l’ancêtre suprême au sujet de mon « Le vieil homme m'indigne ».
 
Il résulte en substance de ses réponses fuyantes que celui-ci ne m’aime pas beaucoup, mais a beaucoup d’affection pour le peuple israélien, même si il compare le Hamas à la résistance française et lui donne le droit d’utiliser la violence contre les « fascistes » israéliens.
 
Pas un mot, évidemment, sur la Syrie.
 
Moi, j’aime bien Stéphane Hessel, même si je considère qu’il représente impunément le degré zéro de la pensée politique.
 
D’autre part, je renvoie mon détracteur à la lecture de l’article de Bakchich de ce dimanche qui morigène son concurrent de la gauche extrême Rue 89 pour m’avoir donné tort lorsque j’accusais qui vous savez de s’être paré mensongèrement du titre de « corédacteur de la Déclaration des Droits de l’homme ». Contrairement au préposé aux écritures de Rue 89, son compère fouettard a su lire la quatrième de couverture « d’Indignez vous ! »
 
Bravo et merci, honnête camarade, à qui je n’ai versé aucun Bakchich.
 
© Gilles William Goldnadel
L’article original peut être consulté sur le Blognadel

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