Publié par Dreuz Info le 21 mars 2012
 
Philippe Karsenty est de retour d’un voyage en Israël. Nous avions prévu de l’interroger sur les enseignements qu’il tire de ce voyage et sur l’action qu’il compte mener en faveur des Français de l’étranger s’il est élu député en juin. Mais l’actualité nous oblige à reporter cet entretien, et à consacrer la présente interview à la nouvelle qui vient d’être révélée ce mercredi. 
 
L’identité du terroriste de Toulouse et de Montauban est à présent connue : il s’agit d’un jihadiste d’Al-Qaïda, citoyen français d’origine algérienne, qui prétend avoir agi, d’une part, pour « venger les enfants palestiniens », d’autre part en représailles à l’intervention française en Afghanistan.
 
Dreuz.info – Philippe Karsenty, quelle est votre réaction à l’annonce de l’identification de l’assassin des enfants juifs et des militaires français ?
 
Philippe Karsenty – Nous voyons clairement les conséquences de la désinformation permanente dont Israël est l’objet, et dont l’affaire Al-Dura constitue le symbole et la clé de voûte. L’incitation à la haine anti-israélienne et antijuive dans les médias français, que je dénonce depuis dix ans, a connu son dénouement : l’assassinat d’enfants juifs français. On ne peut dénoncer des crimes imaginaires sans prendre le risque que soient perpétrés, à titre de prétendue vengeance, des crimes réels. La fausse accusation, à l’encontre d’Israël, de meurtres d’enfants, incite à la haine, et la haine amène au meurtre. Les propos mêmes du terroriste, indiquant avoir voulu « venger les enfants palestiniens » est une démonstration éclatante de la terrible influence de la désinformation dont Israël est l’objet. La question qui se pose à présent est : jusqu’à quand va-t-on laisser cette propagande mortifère prospérer ?
 
Dreuz.info – Estimez-vous que la profession journalistique française, par son traitement de l’actualité israélienne, possède une part de responsabilité dans l’attentat de Toulouse ?
 
Ph. K. – Les médias français ont contribué, pour nombre d’entre eux, par un traitement partiel et partial de l’actualité israélienne, à exciter la haine anti-israélienne et la haine antisémite. A quoi l’assassinat d’enfants fait-il référence ? Quel en est le plus obscène symbole, si ce n’est l’affaire Al-Dura ? Il y a une responsabilité collective des médias d’Etat français, qui ont toujours refusé de dire la vérité sur cette affaire. Je les appelle aujourd’hui à faire un examen de conscience, et à admettre enfin l’évidence. J’espère que le président du CRIF, Richard Prasquier, qui a accompagné le président de la République à Toulouse, lui a parlé de l’affaire, ou qu’il lui en parlera, afin de lui demander que la vérité soit enfin établie. 
 
« Il faut un grand déballage »
 
Dreuz.info – Comment mettre fin, selon vous, à cette désinformation mortelle ?
 
Ph. K. – Il ne suffit pas de décréter une minute de silence. Ce dont nos compatriotes ont besoin, c’est de trois cent soixante-cinq jours de vérité par an dans les médias, un mea culpa de la part de nos journalistes, et un véritable rapport d’une commission indépendante sur le traitement de l’information proche-orientale. Il faut un grand déballage ; examiner méthodiquement comment on a pu fabriquer un mensonge pareil. Le carnage de lundi, c’est l’implacable démonstration de tout ce que nous avions compris et démontré, Pierre-André Taguieff, Clément Weill-Raynal et moi-même. La boucle est bouclée. L’attentat de Toulouse est l’aboutissement de l’affaire Al-Dura. La mise en scène du meurtre du petit Mohamed portait en germe le meurtre des petits Arié, Gabriel et Myriam. La violence antisémite invoque toujours un sentiment de vengeance contre les crimes mensongèrement imputés au peuple juif. Au Moyen Âge, on excitait les foules chrétiennes au massacre des Juifs, accusés d’égorger des enfants chrétiens pour pétrir les pains azymes avec leur sang. Cette accusation de crime rituel se répète au 21ème siècle, avec l’Etat d’Israël dans le rôle du Juif. Aujourd’hui, ou bien on fera face à un négationnisme pur et simple des médias et des politiques pour escamoter leur responsabilité, ou bien on reconnaîtra la vérité et l’on changera le traitement de l’information. La solution réside dans la vérité, toute la vérité, rien que la vérité. Elle consiste d’abord à rectifier le mensonge originel, le mensonge Al-Dura.
 
« Le président veut-il résoudre le problème ou faire de la communication ? »
 

Dreuz.info – Quel message voulez-vous adresser à l’exécutif ?

Ph. K. – J’ai récemment déclaré que, malgré tout ce qui me sépare de Nicolas Sarkozy, j’envisageais de voter pour lui, car je ne vois pas de meilleure alternative parmi les candidats déclarés à l’élection présidentielle. Malheureusement, les circonstances amènent aujourd’hui le président de la République à être confronté aux résultats de l’irresponsabilité de sa politique étrangère et médiatique. Il a l’occasion de reconnaître, une fois pour toutes, que l’antisémitisme est provoqué par la propagande des médias. S’il ne le fait pas, ce sera le signe de son désintérêt à l’égard du problème, et ses déclarations présentes se résumeront à de la communication. La question est de savoir s’il veut résoudre le problème ou se contenter de communiquer. S’il veut résoudre le problème, il doit s’attaquer à la racine, et la racine du mal, c’est la propagande. S’il ne le fait pas, il n’est pas crédible.
 
Dreuz.info – Que vous inspirent les déclarations du haut représentant de l’Union Européenne pour les affaires étrangères, Mme Catherine Ashton ?
 
Ph. K. – On voit bien le relativisme se mettre en place immédiatement, avec ceux qui, comme Catherine Ashton, comparent Arié, Gabriel et Myriam aux enfants de Gaza. Au moment même où nous déplorons les victimes de la propagande antisioniste/antisémite, on alimente celle-ci de nouveau pour relativiser la portée du drame. Mais il y a un autre message que j’aimerais adresser au chef de l’Etat et au gouvernement, au sujet de l’attentat contre nos soldats à Montauban. Le parallélisme entre les deux attentats est criant. On vise l’armée française d’un côté, les Juifs de l’autre. Les cibles visées par le terroriste illustrent bien quels sont les ennemis du totalitarisme en marche. A contrario, cela nous enseigne à quel point est grande la communauté d’intérêts entre la France, d’une part, le monde juif et Israël, d’autre part, qui font face à une même menace. Cela fait près de douze ans que notre diplomatie et nos médias croient pouvoir se concilier les grâces de l’islamisme en diffamant Israël ; on s’aperçoit aujourd’hui que toute la France est visée par les djihadistes, comme l’est Israël. La France et Israël sont alliés. Il serait temps de s’en souvenir et d’agir conformément à cette vérité.
 
Propos recueillis par Sandro Thomassin
© Dreuz.info

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