Publié par Michel Garroté le 14 mars 2012

 

 

 

Michel Garroté – Je n’ai jamais compris pourquoi en France, il est pour ainsi dire interdit, de critiquer les aspects négatifs de la Révolution française. Je pense en particulier à la politique de la Terreur et au génocide des vendéens. J’estime que dans un Etat de droit libre et démocratique, la culture historique et la culture politique sont des éléments fondamentaux de la connaissance. Et je considère que c’est précisément la connaissance qui rend libre et l’ignorance qui rend esclave. Le fait de faire la vérité sur le génocide vendéen n’est pas une démarche anti-française. C’est au contraire un signe de bonne santé mentale.

Or, je suis frappé de voir qu’en France, quiconque évoque le génocide vendéen est aussitôt suspecté d’être monarchiste, royaliste, intégriste et réactionnaire. Très franchement, si la France officielle de 2012 n’est toujours pas capable de traiter de son histoire en analysant simplement des faits qui se sont réellement produits dans le passé, alors je ne saisis pas très bien de quel droit elle interfère, comme elle l’a notamment fait ces cinq dernière années, dans les affaires intérieures de Géorgie, de Lybie et dans le conflit israélo-arabe. Mais revenons au génocide perpétré contre les vendéens.

Il se trouve que suite à la proposition de loi du député Dominique Souchet déposée à l'Assemblée nationale, visant à reconnaître le génocide vendéen, le sénateur Bruno Retailleau a déposé une proposition de loi au Sénat, afin d'abroger les décrets du 1er août et du 1er octobre 1793 (c’est bien des décrets de 1793, vous avez bien lu, qui ne sont toujours pas abrogés en 2012). Bruno Retailleau précise (extraits) : La Convention vote le 1er août 1793 un premier décret dit d'anéantissement de la Vendée qui prévoit l'exécution des hommes ‘pris les armes à la main’ mais surtout la déportation des femmes, des enfants et des vieillards. Deux mois plus tard, la Convention adopte le 1er octobre 1793 un décret modificateur qui ajoute à l'anéantissement matériel de la Vendée, l'extermination de ses habitants. Sur le terrain, la guerre de Vendée s'achève avec la défaite de Cholet le 17 octobre 1793, la Virée de Galerne et l'écrasement de ce qui reste de l'armée vendéenne dans les marais de Savenay juste avant Noël de la même année.

La Vendée est vaincue. Une oeuvre de pacification aurait pu consolider la paix civile et préparer la réconciliation. Pourtant, la violence va atteindre son paroxysme dans les premiers mois de l'année 1794 avec l'application rigoureuse des deux décrets d'anéantissement et d'extermination des 1er août et 1er octobre. Les historiens ont désormais établi les faits. Le territoire de la Vendée militaire est alors soumis à une entreprise systématique d'extermination de masse. Carrier à Nantes trouve la guillotine trop lente et lui substitue les noyades expéditives dans la Loire de milliers de suspects, tandis que Turreau déchaîne ses colonnes infernales sur ce qui reste de population civile. Ce déchainement de violence est d'autant plus inexcusable comme le dit François Furet qu'il s'agit d'une violence révolutionnaire, la plus inexcusable au regard même du salut public qui lui sert d'excuse, puisque c'est une violence de vainqueurs, exercée punitivement après la liquidation de l'armée vendéenne.

Ce massacre collectif trouve son fondement légal dans les deux décrets du 1er août et du 1er octobre 1793. Deux armistices furent signés après Thermidor mais, depuis lors, ces deux textes n'ont fait l'objet d'aucune abrogation. Ainsi, bien qu'ils ne portent plus aujourd'hui et depuis longtemps aucun effet juridique, ils font toujours partie de notre corpus de loi. La présente proposition de loi a donc pour objet d'abroger ces deux décrets qui ont servi de base légale à de nombreuses atrocités et à l'extermination des vendéens aujourd'hui avérées. Il ne s’agit pas d’une proposition de loi mémorielle, qui imposerait une vision officielle de l’histoire ou qui inciterait la représentation nationale à faire acte de repentance. Il s’agit de rompre symboliquement avec une législation contraire aux Droits de l’Homme, au premier rang desquels figure la dignité humaine. Voilà pour la Vendée.

Pour ce qui me concerne, de façon plus générale, il est toujours préférable de commencer par balayer devant sa propre porte, avant de s’octroyer le rôle de donneur de leçons universelles. A cet égard, certains comportements politiques sont à la fois hautement agaçants et franchement pathétiques.

Copyright Michel Garroté 2012 & Sources

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