Après avoir beaucoup hésité, je suis allé voir le film La dame de fer, consacré à Margaret Thatcher. Je m’attendais au pire. J’ai découvert un film, dans l’ensemble, assez respectable. On pourra reprocher à ses auteurs d’avoir insisté sur une Thatcher vieillissante, vulnérable, perdant la mémoire, imprégnée de souvenirs automnaux, et ces reproches seront fondés. On pourra leur reprocher aussi d’avoir montré la fin de carrière de Margaret Thatcher comme ayant été due à une vanité cassante qui aurait fini par la rendre insupportable à ses plus proches collaborateurs, et ces reproches là seront plus fondés encore : il est avéré que Margaret Thatcher a été poussée à la démission par des gens qui voulaient se montrer plus conciliants qu’elle sur les questions européennes. Il n’en reste pas moins une description de l’ascension d’une femme de condition modeste vers les plus hautes fonctions de son pays, et un compte-rendu assez honnête de son action. Et ceux, qui, comme moi, ont vécu les années Thatcher savent que cette action a marqué l’histoire.
Margaret Thatcher est l’un des personnages politiques les plus importants du dernier demi siècle. On ne peut guère la comparer qu’à Winston Churchill si on veut trouver quelqu’un à sa mesure. Lorsqu’elle est arrivée au 10 Downing Street, le Royaume-Uni était en chute libre, rongé par les grèves, une économie sclérosée, une paupérisation qui semblait inéluctable, le terrorisme de l’IRA. En une décennie, Margaret Thatcher a accompli ce qui semblait impossible : elle a redonné vie et dignité à son pays. Elle a mené des réformes économiques drastiques, parfois douloureuses, certes, mais qui ont fait du Royaume-Uni un pays ancré de plein pied dans l’ère post-industrielle et l’une des trois principales places financières de la planète. Ses successeurs conservateurs n’ont pas été à sa hauteur. Mais lorsque Tony Blair st arrivé au pouvoir, cela a été en promettant de ne pas toucher aux acquis des années Thatcher, et sans elle, il n’y aurait pas eu un « nouveau parti travailliste », débarrassé, pour l’essentiel, de ses scories marxistes.
Dès lors que les années Thatcher ont aussi été les années où Ronald Reagan était à la Maison Blanche, on peut mesurer à quel point elles ont été des années fastes. Une synergie existait entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis, et pendant que Margaret Thatcher redressait le Royaume-Uni, Ronald Reagan redressait les Etats-Unis après les piteuses années Carter, offrait à l’économie américaine l’opportunité de se réinventer grâce aux thèses d’Arthur Laffer, Jude Wanniski et Milton Friedman, et s’employait à faire tomber l’empire soviétique.
Ce que Margaret Thatcher et Ronald Reagan avaient en commun était une vision lucide de ce qui permet la prospérité, un attachement fondamental à la liberté d’entreprise, une compréhension claire de ce qui sépare le bien et le mal, la liberté de l’oppression, la démocratie du totalitarisme. La France, à l’époque, s’enfonçait dans l’ornière sous la présidence de François Mitterrand, mais il existait une opposition au sein de laquelle les idées libérales et conservatrices avaient encore droit de cité, et un homme politique jeune semblait très prometteur : Alain Madelin. Un autre, car je les ai croisés tous deux à l’époque, semblait ambitieux et obsédé par l’ordre bien davantage que par les idées : il s’appelait Nicolas Sarkozy.
Vingt et une années se sont écoulées depuis que Margaret Thatcher a quitté son poste, Ronald Reagan était parti deux années plus tôt. François Mitterrand a eu une longévité politique un peu plus grande et une nocivité dont on mesure à peine encore les conséquences. Alain Madelin est en retrait de la politique, et Nicolas Sarkozy est à l’Elysée, sans davantage d’idées qu’à l’époque.
Je n’ai pu, en regardant La dame de fer, m’empêcher d’éprouver de la nostalgie.
Que reste-t-il de l’héritage de Margaret Thatcher au Royaume-Uni ? La City comme place forte de la finance mondiale. Des vestiges d’un dynamisme économique qui s’essouffle. La paix en Irlande du Nord. Le parti conservateur a porté à sa tête et au poste de Premier ministre un homme aussi fade et inconsistant que les successeurs immédiats de Margaret Thatcher, et quand j’entend cet homme, David Cameron, faire l’éloge de Barack Obama à Washington, tenir des propos serviles à Recep Tayyip Erdogan ou proférer des mots arrogants envers Israël, je me prends à regretter Tony Blair. Que reste-t-il de l’image de Margaret Thatcher ailleurs dans le monde ? Des clichés de propagande falsificateurs et haineux abondent et viennent ensevelir les faits, en France particulièrement où des critiques ont trouvé le film La dame de fer bien trop élogieux.
Ronald Reagan reste une référence majeure pour le mouvement conservateur américain, mais voir que, trois décennies après Carter, et moins de dix ans après le onze septembre, les Etats-Unis ont porté à leur tête un homme infiniment pire que Jimmy Carter ne peut qu’emplir de consternation. Voir que le successeur « conservateur » de Margaret Thatcher s’entend avec le successeur de Jimmy Carter montre qu’une page est bien tournée, et que nous sommes décidément dans une ère crépusculaire.
Alors que Ronald Reagan est abondamment cité par les candidats républicains à la présidence, en France, le candidat « conservateur » est lui-même très élogieux vis-à-vis de Barack Obama et très proche du « conservateur » David Cameron. Le candidat socialiste, lui, cite aussi Barack Obama, et se réclame de la figure tutélaire de François Mitterrand.
J’ai beaucoup critiqué Nicolas Sarkozy dans dreuz et ailleurs, parce qu’il a trahi la confiance que certains avaient placé en lui, mais Nicolas Sarkozy ressemble à l’époque, l’agitation vaine en plus. Une ère crépusculaire, disais-je. J’aimerais envisager un redressement, mais je ne vois rien venir. Il n’y pas de Margaret Thatcher sur l’horizon britannique. Il n’y a pas de Ronald Reagan sur l’horizon américain car, je me dois d’être lucide, aucun des candidats républicains n’est à la hauteur qui fut celle de Ronald Reagan. Ayant connu Ronald Reagan et ayant traduit ses écrits, je sais de quoi je parle.
Nicolas Sarkozy est égal à ce qu’il était au temps où je l’ai croisé. Tout en regrettant qu’Alain Madelin se soit mis en retrait, je dois dire que je le comprends : la vie politique française n’a plus de place à offrir, en ces jours, à des hommes de conviction. Une ère crépusculaire peut convenir pour un Nicolas Sarkozy, Bonaparte fébrile et compulsif d’une France réduite aux dimensions de Saint Hélène. Une ère crépusculaire peut convenir mieux encore à un François Hollande : un brave type fade, sans consistance, socialiste comme tout le monde aujourd’hui, puisque même Marine Le Pen est socialiste et que Nicolas Sarkozy serait à la gauche de Tony Blair, disciple de Mitterrand comme presque tout le monde aujourd’hui.
J’ai peu critiqué François Hollande dans dreuz. C’est parce qu’il n’a pas la consistance requise pour être vraiment critiqué. Dans une ère crépusculaire, il est ce qui ressemble le plus, dans un pays en voie d’extinction, à l’extinction elle-même.
Reproduction autorisée et vivement encouragée, avec la mention suivante et le lien ci dessous :
© Guy Millière pour www.Dreuz.info
Avec mery streep la gaucho dans le role principal, on ne pouvait pas esperer un film traitant Mrs Thatcher avec equite,raison pour laquelle je ne verrai pas ce film.
A l’heure ou les erreurs politiques du passé se renouvellent , la question demeure , Barack Obama et David Cameron sont tous deux des James Carter et des James Callaghan , verrons nous un jour une Margaret Thatcher et un Ronald Reagan leur succeder ?
Aaahh…Thatcher et Reagan, la révolution libérale… nostalgie ^^
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http://www.youtube.com/watch?v=uUFkexD8uKk
.
[ce que Thatcher et Reagan avaient en commun était une vision lucide de ce qui permet la prospérité..]
Dans l’U.E., c’est effectivement ce dont manquent la majorité des politiciens (plutôt mus par l’idéologie ambiante ou agissants tels des spécialistes du band-aids). Dito pour la myriade de bureaucrate grassement payés qui les entourent.
Néanmoins, entre jouer les oracles journalistiques et pouvoir gouverner un pays ou un continent sous la multitude des contraintes législatives et pseudo-sociales que leurs prédécesseurs nous ont bétonné, ça ne va pas de soi, convenez-en?
De mes observations personnelles, Cameron se débrouille honorablement face à d’incessants pièges tendus par la mafia à Miliband (!). En France, suffit pas d’avoir des conviction « à la Madelin » lorsqu’on observe les lourdeurs atroces des « systèmes » en place et les entraves de tous nos clowns des rues : de Mélenchon aux syndicats, pour ne pas encore citer une fois les idéologues hypocrites du PS (obligés de s’allier aux mafias islamisantes pour s’assurer une forme de contre pouvoir).
Prenons-nous en SVP à la bêtise moyenne des lambda de ces « grands peuples »?
@ Guy : vous dites qu’aucun des candidats républicains n’est à la hauteur. Pourtant, vous aviez vous même écrit un article sur les immenses qualités de Nioute Gingrich … de plus celui-ci a été décrit à l’époque par Nancy Rigane comme le successeur de son mari ; n’oubliez pas que du temps de Clintone il a réussi à dégager 4 budgets consécutifs en excédent.
Sauf que Gingrich semble hors course !
Non Monsieur Millière tout n’est pas perdu pour autant que les français le veulent et sachent quoi faire.
J’ai lu votre opuscule sur la Liberté sur mon Kindle dimanche dernier sur un voyage de retour des USA et voulais vous poser une question. Si vous expliquez la plupart des rejets de ce qui vous entoure, je n’y ai pas vu la cause de votre exécration de ce que vous nommez « l’extrême-droite ». Ne s’agirait-il pas là d’une posture ? Ici dans votre texte Marine Le Pen est socialiste. Pouvez-vous m’accordez quelques minutes, vous qui lisez et avez lu une montagne de livre, pour vraiment essayer de découvrir ce qu’est Marine Le Pen en 2012. Je n’ai pas dit le FN, j’ai dit l’individu qu’est Marine Le Pen. Car déjà en 2012 lors de la présidentielle, cela va être la rencontre d’un individu avec le peuple français. Les programmes pourront venir avec les législatives. Pourront devenir car tout dépendra si nous aurons encore à choisir entre les menteurs ou si au contraire la vie politique va changer.
Vous faites l’apologie des Thatcher ou Reagan, ce sont aussi des modèles pour moi et la France en a besoin aujourd’hui. Avec les investitures de godillots, personne ne peut « faire » de la politique aujourd’hui sans être le godillot de ceux qui tirent les ficelles de la France et l’exploitent d’abord à leur profit et déjà à travers l’UMP ou le PS. Demain et surtout si vous aussi, Guy Millière, vouliez un peu plus loin qu’une analyse superficielle des enjeux de cette présidentielle où pour vous de toutes les façons tout est joué.
Je sais que Marine Le Pen peut-être la dynamite dont nous avons besoin déjà le 22 avril prochain. Vous pouvez démultiplier l’appel et faire en sorte que d’autres rejoignent ce que des millions de personnes vont déjà réaliser spontanément comme en 2002. Je l’explicite à http://liberalisateur.blogspot.com
N’oubliez pas non plus ce qu’il a dit sur le peuple palestinien. C’est sans aucun doute un homme de convictions aussi solide que Rigane, que ce soit en économie ou en géostratégie, s’il n’y avait pas eu les pubs négatives de Romney suite à sa victoire en Caroline, à l’heure actuelle il serait sans doute déjà le candidat incontestable.
Dire de Marine Le Pen qu’elle sera de la dynamite dans le paysage politique français, me fait dire de façon irresistible : « tous aux abris ». Vous parlez de Mme Le Pen, mais hélas, elle appartient corps et âme au front national parti raciste et d’exclusion. J’ai vécu le Front national à Toulon ave Mr Le Chevallier et ce fut la pire catastrophe que cette ville ait connue. De la même manière JL Mélenchon pourrait être la dynamite dont nous aurions besoin et son programme cohérent mettrait la volaille politique en grand émoi. Mais comme la précédente, il sera lui, prisonnier du parti communiste, lequel parti est lui aussi raciste et exclusif. Alors ? le caramel mou ? Le cinglé de Neuilly ? Pauvre France !!!
D’abord, du temps de Le Chevalier à Toulon, c’était il y a combien d’années ? 15 ans ou plus ?
Lire un article cela prend 5 minutes et vous verrez que Marine Le Pen ne peut que faire sauter la main-mise des politiciens actuels et redonner enfin de vrais choix aux législatives qui vont suivre.
Je n’ai pas eu le temps de faire l’analyse d’un fait qui m’a paru extrêmement grave, mais qui n’est malheureesement que très commun. Dans l’émission « On ne demande qu’à en rire » sur France 2, présentée par Laurent Ruquier, il y a une dizaine de jours, une jeune fille faisant un sketch a eu sur Margaret Thatcher ces mots : « moitié Hitler, moitié Coco Chanel ».
Et le jury de l’émission, notamment en la personne de Catherine Barma, n’a rien de trouvé de mieux que d’ajouter – ce n’était alors plus un sketch – « c’est vrai ».
Je ne savais pas Margaret Thatcher était à l’origine d’une guerre mondiale et de près de 50 millions de morts, je ne savais pas non plus qu’elle avait gazé des gens sur la base de leur naissance puis mis leur corps dans des fours. Mais dans le France d’aujourd’hui comparer Thatcher à Hitler ne choque personne.
Si un humoriste avait comparé n’importe quel socialiste à Staline, je pense qu’il en aurait été autrement.
Comparer Hitler à Thatcher c’est de comparer un socialiste convaincu ( Hitler ) à une libérale tout aussi convaincue ( Thatcher ). Il est évident que chez Ruquier et sa clique de gauchistes; inutile d’entendre parler des libéraux de façon rationnel.
d.J
« contre la stupidité, les dieux eux-mêmes ne peuvent rien » écrivait Isaac Asimov…
Ne nous plaignons pas, avec Hollande nous aurons enfin un président a l’image des Français.
Très bon article.
Cordialement.
Reagan faisant tomber l’URSS, Thatcher cassant la gueule des fascistes argentins aux Falklands , Begin qui met la centrale nucleaire de Saddam Hussein par terre et qui envoie Arafat a Tunis; ils avaient non seulement des idèes ces gens-là mais aussi des tripes.
La relève n’ a pas eu lieu; Quant à Madelin que s’ est-il passè ?? Son grand frère Chirac lui a fait le coup du boa constrictor ??
Reagan faisait tomber l’ URSS , Thatcher bottait le cul des fascistes argentins aux falklands, Begin cassait la centrale nucleaire de Saddam et envoyait Arafat en exil a Tunis; ils avaient des idèes et des tripes ces gens -là :la relève n’ a pas suivi.
Excellent, as usual. Bon, étant un incorrigible optimiste, je serais un peu plus porté à voir une issue meilleure que celle-là… à long terme, bien sûr.
Bien le bonsoir du Québec (Canada), chers cousins français!
J’avais dit lors de ma dernière visite (billet de Jean-Patrick Grumberg relatant un discours de Maxime Bernier) que je commenterais peu souvent ici, mais cet article m’interpelle. Mais d’abord, désolé pour le roman. Je n’ai pas pu faire autrement.
Je n’ai pas vu le film sur Margaret Thatcher car j’ai peu de temps pour aller au cinéma. J’attends qu’il soit présenté à la télé ou qu’il sorte en DVD pour le voir. Il est vrai que cette femme était extraordinaire et qu’elle a remis le Royaume-Uni sur les rails pendant que Ronald Reagan faisait la même chose aux États-Unis. Il est vrai aussi que vous, pendant ce temps, vous votiez pour un socialiste.
Le portrait présenté ici (et dans d’autres articles que l’on peut retrouver sur ce site) de la France (c’est fou comme je croirais y lire une description du Québec) et des États-Unis me semble exact. Le problème, c’est que vous n’avez pas de véritable alternative à Sarkozy (un peu comme au Québec où nous n’avons pas de véritable alternative à Charest) et, concernant Obama, les alternatives les plus intéressantes et les plus dangereuses pour lui (Perry et Cain) ne sont plus dans la course républicaine. Là où je diverge, c’est lorsque l’auteur de cet article parle de David Cameron.
Cameron a fait la gaffe de sa vie en se tenant aux côtés du schizophrène qui vous sert de président dans le dossier de la Libye. Mais, tout le monde s’est fait rouler dans ce dossier. Même Stephen Harper au Canada s’est fait rouler dans la farine. Il continue d’ailleurs à penser que la mission de l’OTAN était noble. Même les meilleurs se fourvoient.
Mais, Cameron a quand même fait quelque chose que Gordon Brown (et Charest au Québec) n’a pas eu le courage de faire: le ménage! Diminutions des frais de fonctionnement des administrations, du budget des universités, gel des recrutements dans la fonction publique, baisse de 5% des salaires des ministres, annulation ou suspension de 24 projets qui ne «présentent pas une optimisation [des] ressources», il triple les frais de scolarité, etc.! Et, il ne se met pas à genoux devant les manifesteux de gauchistes encagoulés qui cassent tout.
Je ne suis pas d’accord avec les hausses de taxes et d’impôts décrétées par Cameron, mais, au moins, son gouvernement fait son bout de chemin, contrairement à la crapule corrompue qui me sert de premier ministre du Québec qui, en 9 ans, n’a même pas été capable de seulement dompter la pieuvre (dans tous les sens du mot) qu’est devenue la machine gouvernementale de ma province après s’est fait élire essentiellement sur cette promesse en 2003. Pire encore, la pieuvre a grossi sous son règne.
«proférer des mots arrogants envers Israël»
«En moi, vous avez un Premier ministre dont la croyance en Israël est indestructible. Je serai toujours un ardent défenseur du peuple juif, un soutien de l’Etat d’Israël et je ne demeurerai jamais passif pendant que la communauté juive en Grande-Bretagne est sous la menace.»
– David Cameron
Il avait même donné raison à Israël dans l’affaire de la Flottille.
http://jssnews.com/2011/03/03/david-cameron-sur-la-flottille-israel-avait-raison/
C’est arrogant, ça?
Parce qu’il a fait une terrible erreur avec le dossier libyen, je ne crois pas que ça puisse effacer tout ce qu’il a fait et dit de bien. Et, à l’oeil, je discerne plus de positif que de négatif chez-lui. Du moins, jusqu’à maintenant. Mais, si il est revenu sur ses positions sans que je le sache et si vous avez un hyperlien fiable à me fournir pour le prouver, je serais ouvert à réévaluer ma vision du bonhomme.
Entre-temps, je prendrais bien un Cameron québécois, moi. Je pourrais peut-être ainsi aller voter aux prochaines élections.
Cher Guy Millière,
Voilà dans l’ensemble un article d’une convenable objectivité. Margaret Thatcher et Ronald Reagan comptent à l’évidence parmi les quatre plus grandes personnalités du vingtième siècle. Vous avez cité aussi Winston Churchill, oubliant délibérément Franklin Roosevelt, qui lui aussi est parvenu à métamorphoser un cercle vicieux en cercle vertueux.
Barack Obama est-il un nouveau Roosevelt ou une sorte de François Hollande américain? La question demeure encore, hélas, sans réponse évidente.
Quant à Nicolas Sarkozy, sans doute se prenait-il pour un nouveau Thatcher. Il lui manquait malheureusement, comme on dit au café du commerce, une paire de couilles dans le caleçon.
Bien cordialement.
au vu de ses chances de l’emporter aux prochaines élections, on peut juste souhaiter que F Hollande ne soit pas « une sorte de barack obama français »
Margaret Thatcher est l’un des personnages politiques les plus importants du dernier demi siècle.
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le nostalgisme est le culte idôlatre d’oeuvres et de pratiques passées. Chaque génération a ses références prétenduemment indétrônables, où tout était tellement plus simple et beau. Le nostalgisme entraîne souvent une défiance, voir une haine systématique du présent, et parasite la vision de celui qui en est atteint.
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On distingue un personnage politique important d’un personnage qui ne l’est pas par sa capacité à ce que son oeuvre se poursuive après lui, le thatchérisme comme le reagannisme appartiennent aux années 80 et n’existent plus, Guy Millière le reconnait lui-même. Si l’oeuvre de ces deux personnalités, parenthèses historiques, en faisait des personnages politiques importants elle se poursuivrait aujourd’hui à travers leurs successeurs or ni l’un ni l’autre n’ont été capables d’en avoir. De ce fait Thatcher et Reagan sont des personnages politiques importants des années 1980, rien de plus.
Excusez-moi, à propos du film « La Dame de fer », j’aurais voulu parler un peu de cinéma.
J’avais commencé par lire les critiques des journaux: les critiques de cinéma sont des journaleux du même bois que tous leurs petits camarades: des cons et des ignares, en plus d’être tous marxistes.
En gros, ils se plaignaient tous que la musique ne soit pas à base des chansons haineuses de notre génial Renaud. . .
Sachant que le film avait eu l’aval et la coopération d’Hollywood, avec une copine de Jane Fonda dans le rôle, il me paraissait impensable que le film soit honnête politiquement, mais qu’il serait probablement politiquement correct pour le moins.
Je suis donc parti le voir, par curiosité.
Et je me suis aperçu que tout le monde s’est polarisé sur la question politique.
Alors que ce film, réalisation d’une femme, et ce point n’est pas négligeable, est une oeuvre psychologique sur la difficulté à faire le deuil de son mari chez une femme qui avait réalisé un parcours de suffragette devenue la première et la seule à être chef du Royaume Uni dans un milieu phallocrate, et y avait sacrifié sa vie de famille. Atribuer ses hallucinations de la présence du défunt à de l’Alzheimer est d’une débilité profonde! Comment ne voit-on pas la progression des souvenirs et des gestes (les costumes, les chaussures dont une bonne épouse doit s’occuper. . . )Et finalement cette nuit de crise ou enfin elle range tout ça pour l’évacuer, et où lui s’en va définitivement, c’est la dernière hallucination du deuil, en lui disant: « tu vas très bien te débrouiller toute seule » (alors qu’il l’avait aidé tout au long de sa carrière en se sacrifiant).
Et le détail poignant et dérisoire qui signifie qu’elle gardera quand même un arrière-goût d’irrattrapable, puisqu’il s’en va en chaussettes!
Margaret Thatcher dans ce film historique à la façon dont les romans de Dumas sont historiques est le personnage d’un drame intimiste très fort écrit par une femme, à propos de la vie et de la mort de l’un des deux dans un couple profondément monogame, chose qui n’est pas dans l’univers mental de nos journalistes et politiciens.