Publié par Michel Garroté le 13 mars 2012

 

   

Samir Geagea

   

   

Michel Garroté – Au Liban, Samir Geagea, leader du parti chrétien des Forces libanaises, réagit avec courage, sur MTV, aux propos délirants tenus par le patriarche catholique maronite de la région chrétienne libanaise de Bkerké, Mgr B. Raï. Pour mémoire, Samir Geagea, a été emprisonné et torturé, pendant des années, par les services secrets syriens planqués au ministère libanais de la Défense à Beyrouth. Pour mémoire, la guerre du Liban, en clair, la guerre syrienne contre le Liban, a duré 15 ans, de 1975 à 1990. Aucun pays n’a été autant martyrisé par la dictature syrienne que le Liban.

Les chrétiens libanais ont vécu sous les obus syriens pendant une quinzaine d’années dans l’indifférence générale. Pire, les médias occidentaux ont toujours soutenus le camp pro-syrien, caricaturant les libanais chrétiens et idolâtrant les milices libanaises musulmanes pro-syriennes et les milices palestiniennes. Encore aujourd’hui, les médias occidentaux reprennent à leur compte la propagande islamo-arabe anti-Geagea, outrageusement présenté comme un soi-disant sioniste (il n’a jamais été sioniste) et comme un malade mental (il me semble que les malades mentaux sont du côté de Nasrallah, Assad, Ahmadinejad, Hanye, Mechaal, mais bon…).

Personnellement, je regrette qu’une certaine jeunesse chrétienne libanaise, en exil doré à Paris, inscrite dans des universités payantes, ait choisi de soutenir Michel Aoun, un allié du Hezbollah, au lieu de soutenir Samir Geagea, leader du parti chrétien des Forces libanaises. Geagea était, demeure et restera l’un de défenseurs du Liban libre et indépendant. Oui, il a été paysan avant la guerre. Oui, il a été moine-soldat pendant la guerre. Et pendant la guerre, il a participé à la guerre. Et alors ? Il n’est pas parti en exil à Nice comme Michel Aoun. Il n’a pas rejoint le camp syrien comme feu Elie Hobeïka. Il s’est battu contre l’occupant syrien. Il a été emprisonné et torturé. Un jour, l’histoire jugera tout cela en vérité et en justice.

   

Militantes du parti chrétien des Forces libanaises

   

   

A propos de Samir Geagea, je lis dans le quotidien libanais L’Orient-le-Jour (extraits adaptés ; le lien vers la source figure au bas du texte) : Si la question syrienne a marqué l’interview accordée par le chef du parti chrétien des Forces libanaises Samir Geagea à MTV, c’est moins par le soutien réitéré à l’opposition syrienne, que par les reproches clairement exprimés par Geagea au patriarche catholique maronite, Mgr Béchara Raï, en raison de son appui à peine voilé au régime Assad. Ce sont ainsi des critiques fermes, mais néanmoins courtoises, que Geagea a formulées à l’égard des récentes déclarations du patriarche à l’agence Reuters, dans lesquelles il estimait que le régime syrien est « le régime le plus proche d’une démocratie dans la région ». Le leader du parti chrétien des Forces libanaises avait déjà critiqué ces propos, dans une allusion à peine voilée au patriarche catholique maronite.

La diatribe de Geagea sur MTV a presque consacré un quasi-divorce avec le siège patriarcal, d’autant que les déclarations du patriarche, a déploré M. Geagea, ont placé Bkerké, la région du patriarche, dans une position injustifiable, à pied d’égalité avec la Russie et la Chine. « Ces déclarations ont suscité en moi une révolution, moi, le paysan maronite », a commencé par affirmer Geagea. Estimant que l’ampleur des événements en Syrie « ne saurait être décrite à demi-mot », il a confié : « je ne me reconnais pas dans ces déclarations et je ne peux en être fier, indépendamment de toutes les explications qui peuvent les sous-tendre ». Pour Geagea en effet, la lecture des événements exprimée par le patriarche « contredit les prises de position de 90 % des personnes et des puissances dans le monde, y compris le Vatican ». Soucieux de démentir le fait que le Vatican se trouve derrière les prises de position du patriarche en faveur du régime de Damas, le leader du parti chrétien des Forces libanaises a apporté la preuve, documents à l’appui, que le Vatican ne défend pas le président Bachar el-Assad.

Ainsi, le message du Vatican adressé à l’ambassadeur de Syrie à l’occasion de la prise en charge de ses fonctions, début juin 2011, portait une demande à l’attention du président Assad, le priant de « prendre en considération les demandes de la société civile ». D’autre part, dans son sermon du dimanche 5 février, le pape Benoît XVI a incité « le gouvernement syrien à reconnaître les revendications légitimes de son peuple », a relevé M. Geagea, avant de s’attarder sur « l’accusation formulée le 22 février – il y a tout juste quelques jours – par le nonce apostolique de l’Eglise catholique accrédité à Damas contre le gouvernement syrien, pour avoir tiré sur les manifestants ». Mais Geagea a poussé son raisonnement encore plus loin, en amorçant une réflexion sur l’intérêt réel des chrétiens. Rappelant que les mouvances régionales sont « avant tout des mouvements populaires, sur lesquels viennent se greffer d’autres éléments », Geagea a minimisé l’épouvantail de l’islamisme dans la région.

« Parler de printemps musulman dans une région à majorité musulmane est normal, mais parler de printemps intégriste est un pléonasme » (Note de Michel Garroté : disons que Samir Geagea doit composer avec ceux d’entre les libanais sunnites qui sont favorables, comme lui, à un Liban indépendant débarrassé de la Syrie, de l’Iran et du Hezbollah). Le leader du parti chrétien des Forces libanaises a estimé dans ce cadre que « chaque jour de retard dans le dénouement de la crise syrienne accroît le risque de renforcement des fondamentalistes et affaiblit les modérés ». Quoi qu’il en soit, « le patriarche Raï, par ses propos, met tous les chrétiens de la région en danger, en les plaçant à contre-courant de la majorité ». Rappelant que « de tous les régimes arabes, aucun n’a opprimé les chrétiens du Liban autant que le régime syrien », Geagea s’est demandé, en parlant du patriarche Raï : « N’est-il pas conscient que 55 % des chrétiens au Liban sont contre le régime syrien ? ».

Évoquant le cas des disparus dans les geôles syriennes et « les milliers de tués provoqués par le régime syrien », Geagea a rappelé que ce n’est pas au regard de la situation des chrétiens syriens dans les pays arabes, où ils ont émigré, que l’évaluation du régime syrien doit s’effectuer, mais par rapport au pays où les chrétiens ont toujours existé. « C’est aux chrétiens du Liban que la situation des chrétiens de Syrie doit être comparée », a affirmé Geagea, relevant que « c’est le minimum qui est fourni aux chrétiens syriens ». Et de souligner sur ce plan qu’à la fin des années 1960, les chrétiens syriens représentaient 30 pour cent de la population, alors qu’aujourd’hui ils ne représentent que 10 pour cent des habitants.

« Sans un climat de liberté, les chrétiens émigrent », a déclaré à cet égard le leader du parti chrétien des Forces libanaises. S’interrogeant par ailleurs sur les raisons des déclarations du patriarche, Geagea a fait remarquer que « le président de la République Michel Sleiman ne s’est jamais exprimé sur les événements en Syrie, et a opté pour une position raisonnable et acceptable ». « De même, a-t-il ajouté, le Premier ministre Nagib Mikati, pourtant proche du régime syrien, est loin d’avoir tenu des propos semblables aux déclarations du patriarche ». Et M. Geagea de conclure : « Je n’arrive pas à cerner la raison de ces déclarations, ni à savoir où en est l’image de la région de Bkerké (où officie le patriarche) à l’heure actuelle ».

Geagea rappelle à Raï que « le Vatican ne soutient pas le régime de Damas »

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Que regarde cet enfant avec son drapeau du parti des Forces Libanaises ? 

    

   

   

    

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