Le magazine anglais The Economist titrait la semaine dernière, France in Denial, La France en situation de déni. Ce titre vient prolonger ce que j’écrivais la semaine précédente.
D’une part, pas un seul candidat (sauf, parfois, François Bayrou, ou, c’est un fait, Marine Le Pen) n’aborde la situation cataclysmique dans laquelle se trouve l’économie française, qui se résume en quelques chiffres simples : déficits des comptes publics (5,2% en 2011), accroissement de la dette (90% aujourd’hui et ce n’est pas fini), effondrement de la compétitivité internationale (le coût du travail est désormais supérieur de 15% à ce qu’il est en Allemagne), des dépenses publiques qui ont nettement augmenté au cours des cinq dernières années et s situent à 56% du PIB (en Allemagne, elles sont à 46%, au Royaume-Uni, à 48%), un taux de chômage à plus de 9% (sans compter les gens qui sont au RSA), un nombre de pauvres (gens vivant chaque mois avec la moitié du revenu médian) dépassant les huit millions. Cette situation impliquerait que soient proposées des réponses et que soit tenu, enfin, le discours churchillien ou reaganien que Nicolas Sarkozy n’a pas su, ou pas voulu, tenir en 2007. Seuls les deux candidats mentionnés plus haut tiennent parfois ce discours, et ni l’un ni l’autre n’a la moindre chance d’être élu. Aucun des deux candidats qui se retrouveront très vraisemblablement au deuxième tour, au mois de mai prochain ne dit la vérité. Et dès lors, aucun des deux ne propose des remèdes qui seraient susceptibles d’être à la hauteur des difficultés qui s’annoncent.
Nicolas Sarkozy est sans doute le premier à savoir que la réforme des retraites qu’il a effectuée n’est qu’un rafistolage très provisoire qui tiendra encore un an, au maximum. Il sait aussi (car je veux penser que ce n’est pas un imbécile) que ses propositions en matière de fiscalité et de taxation ne sont pas du tout à même de remédier à la maladie française. Il ne peut ignorer que la crise de l’euro est fort loin d’être achevée, et que la France est tout au bord d’un risque de crise majeure au sein de la crise plus vaste qui se déroule présentement. Mais son seul objectif présentement est d’être réélu.
Ensuite ? Les Français se verront sans doute proposer un plan dit d’ « austérité » du style de celui mis en place en Espagne aujourd’hui : un plan, en somme, qui assurera la stagnation pour les années à venir et qui garantira la baisse du pouvoir d’achat, une hausse ultérieure du chômage, et une augmentation de la pauvreté.
Du côté de François Hollande, ce n’est pas mieux, bien sûr. C’est même pire, ce qui n’est pas étonnant, puisque si Nicolas Sarkozy fait du socialisme sans vraiment le discerner, François Hollande lui, baigne dans le socialisme depuis qu’il est à l’âge adulte. Ses propositions en matière fiscale, en matière d’embauche et en matière de traitement des entreprises sont tout simplement ineptes. Leur seul avantage serait de mettre la France en dépôt de bilan plus rapidement que ne le ferait Nicolas Sarkozy. Mais ce serait un avantage très mince dès lors qu’aucune alternative, je ne cesse de le dire, ne se profile sur l’horizon.
S’il en est ainsi, c’est que le niveau de compréhension de l’économie en France est consternant. Ce n’est que dans un pays touché depuis plusieurs décennies par l’analphabétisme économique qu’on peut tenir des discours comme la quasi totalité de ceux qu’on entend dans la campagne électorale actuelle. Ces discours peuvent se tenir parce que quasiment aucun journaliste ne pose au candidat les questions qui permettraient de montrer la vacuité de ce qu’ils disent. Quand un journaliste se risque à le faire et que la réponse qu’il obtient est débile, il ne poursuit pas le questionnement jusqu’à obtenir une réponse digne de ce nom. Des études ont été menées voici quelques années sur le niveau de l’enseignement d l’économie en France par comparaison avec ce qu’il est dans plusieurs pays du monde développé : les résultats donnent envie de rire – ou de pleurer.
Dans un sondage international cité par The Economist concernant la confiance en l’économie de marché, la France arrive largement dernière. 31% des Français seulement font confiance à l’économie de marché. En Allemagne, le chiffre est 69%. En Chine (oui, en Chine), il est 68%. Aux Etats-Unis (effet Obama ?), il est tombé à 60%, ce qui est néanmoins le double du chiffre français.
Le plus consternant est que des économistes compétents existent en France. Font-ils partie d’une espèce en voie de disparition ? Je le crains.
© Guy Millière Publié sur les4verites.com.
“Le plus consternant est que des économistes compétents existent en France. Font-ils partie d’une espèce en voie de disparition ? Je le crains.” (Guy Millière)
Nous doutons pas qu’il y ait des économistes compétents : jusqu’à présent, ceux qui se sont succédés au Ministère de l’Economie n’ont guère été brillants ; la dette n’a fait que croître et nous sommes proches de la faillite…
Qui sont ces économistes ?
Car ceux qui ont la parole dans les médias semblent être loin des réalités et ne relayent que les discours habituels de nos élites…
Pouvez-vous nous citer quelques noms ?
Merci.
Pour ceux que ça intéresse, je rappelle que :
A – Guy Millière conseillait de lire “l’Economie en une leçon” d’Henry Hazlitt ainsi que “La loi” de Frédéric Bastiat (Article : “Jonathan Gullible, un livre libérateur à mettre entre toutes les mains” : indispensable à lire.
B – Je me permets de joindre à mon intervention deux liens sur Frédéric Bastiat : ce qui permettra aux lecteurs du site de le découvrir.
Lien 1 : http://bastiat.org/
Lien 2 : http://bastiat.org/fr/
La lecture de frederic bastiat devrait effectivement s imposer. Celle d henry hazlitt aussi.
Vous avez plus que raison et, malheureusement, je ne vois pas d’issue à ce triste état de fait.
A titre anecdotique je me rappelle du début des années Mitterrand, après la 3eme dévaluation, un Français a été prix Nobel d’économie : Maurice Allais. Tous les journalistes se sont rués sur lui avec la question : « Que faut-il faire pour remettre la France sur les rails ? ». Ils n’ont pas été déçus du voyage : « Il faut d’abord supprimer l’impôt sur le revenu…etc.» Horreur ! La compétence économique est donc « de l’ultra libéralisme sauvage qui exploite les masses laborieuses au profit du grand capital ». Du coup on n’a plus jamais entendu cet homme dans les médias français.
Oui, bien sur, je peux citer des noms. Pascal Salin. Florin Aftalion. Andre Fourcans. Jacques Garello. Henri Lepage. Nicolas Lecaussin. Liste non exhaustive.
Bonjour monsieur Millière,
autant je suis à 300% d’accord avec vos articles sur Israel et sur l’islam, autant vos articles sur l’économie me laissent pantois.
Que proposez vous concrètement? Vous êtes contre la dépense publique et maintenant vos critiquez la rigueur en Espagne. Mais la rigueur, c’est bien la baisse des dépenses!!!!!!!!!!!!!!
Quel serait votre programme à vous
cordialement
Baisser les depenses et augmenter les impots ou les maintenir au meme niveau, c est mettre en place les conditions d une recession ou d une stagnation durable. Baisser les depenses publiques et baisser les impots et les charges permet de relancer l offre et de retrouver la croissance, a condition d ajouter une dereglementation et d autres reformes, dans le secteur universitaire, par exemple.
Vous devriez venir donner des leçons d’économie au Québec Nous en profiterions autant que vos compatriotes français. Et chez nous, vous trouveriez également un éditeur, qui pourrait distribuer vos livres en France. Je parle sérieusement.
Surtout baisser les impôts de la haine, et mieux les supprimer : ISF, IS, droits de succession, impôt sur les plus values, impôt sur le revenu progressif, ou du moins baisser les taux des tranches supérieures.
Baisser la TVA pour soutenir la consommation, inversement, si on n’a pas fait tout ça avant, ne sert à rien.
Oui, bien sûr à 100%, Monsieur Millière. Le problème c’est que tout le monde n’a pas votre niveau de compréhension, et je ne parle pas que du français moyen. Dans la mentalité française, baisser les dépenses c’est « tailler dans le social » et baisser les impôts c’est « faire des cadeaux aux riches ». Peu importe la pertinence, l’efficacité et le retour dont le peuple profitera : on ne pense plus que par idées reçues et par slogans. Alors les solutions….
http://www.dreuz.info/2010/12/leconomie-pour-les-nuls-par-benjamin-netanyahu/
Si j’ai bien compris, il faudrait baisser les dépenses de l’État mais baisser également les impôts pour permettre à l’économie de repartir.
Et ce que fait la Troika en Grèce comme au Portugal, c’est baisser (tant bien que mal) les dépenses de l’État mais aussi augmenter les impôts à un tel point qu’ils nous étranglent…mrd
Que le Professeur Millière me pardonne si je dis des bêtises.
J’ai fait langues et littératures modernes…
Et que pensez vous de Philippe Némo et de François Guillaumat ? ^^
La France en plein déni :
–>
http://www.youtube.com/watch?v=Hl8-v9r0tZI
moi je me demande si un journal économique “anglais” est ce qu’il y a de plus fiable pour faire des commentaires sur l’économie française, il est vrai qu’il est plus facile de critiquer la france que de parler de l’économie anglaise qui, elle, est en piteux état et ma réflexion vaut également pour tous les pays qui feraient bien de balayer devant leur porte avant de commenter notre situation, y compris l’allemagne… quant à accepter des leçons de la part des nouveaux milliardaires chinois qui ont bâti leur prospérité et leur croissance sur des centaines de millions d’esclaves, de règles non respectées, de concurrence déloyale…heureusement je pense que cela ne va pas tarder à leur revenir comme un boomerang en pleine “gueule”. cela dit il est évident que la situation n’est pas brillante . c’est vrai qu’il faudrait “relancer la croissance” et pour cela que les français sortent l’argent de leur tire lire (il paraît qu’à titre privé la france est un des plus grand stock d’or au monde)mais voilà il faut comprendre les français qui sont un peuple cartésien, quand tout va mal ils cachent leur argent et qui peut leur donner tort ? tous les hommes politiques veulent que les français sortent leur argent ! mais vu la confiance qu’on a en eux, notre argent on le planque et qui peut nous donner tort ? et c’est comme cela depuis la nuit des temps. je crois que seul raymond poincaré avait réussi ce tour de force. que voulez-vous, on admet que les riches cachent leur argent dans des paradis fiscaux et bien les autres eux ils sont revenus à la bonne vieille lessiveuse, voire le livret A qui énerve bien le gouvernement vu qu’il a décidé de ne pas augmenté le taux de rémunération en dépit de ce qui était sois-disant prévu (encore une vessie qu’on nous a fait prendre pour une lanterne). ne me demandez de solution car je n’en ai pas et même je pense qu’il n’y a en pas. c’est bien le problème de tous les candidats qui ne savent pas quoi proposer de fiable. il faudrait commencer par tout mettre à plat, l’europe, la fiscalité, etc… et concevoir de nouvelles idées, de nouvelles pratiques et essayer de donner un peu d’espoir aux français car à toujours leur laver le cerveau avec : vous avez le choix entre l’austérité, la récession et la faillite ils en ont mare les français alors eux aussi ils font de la récession : ils gardent leur argent au chaud
Bonne question faut-il répondre à la vision d’un journal anglais?
Faut-il cautionner cette masse de déclinistes qui prétendent mesurer et d’aborder notre économie mieux que quiconque? En avant la petite musique risible de l’incapacité des français à progresser et persister dans un modèle erroné. Vous connaissez l’image que l’on donne à voir de l’étranger, elle est simple français=gâtés,
râleurs, les rois de la grève(on a battu les italiens!),services publics luxueux, les moins travailleurs, les plus en vacances,ils sont à la retraite au berceau.
Seul 1% détient 24% des richesses en France.
Personnellement je n’ai pas l’impression que l’on vive un enfer en France. Je ne puis que constater que nous vivons pour les 60 pour cent mieux que nos parents.Ce qui signifie que l’Etat a fait plus que son oeuvre vis à vis de nous. Certes il faut repenser le tissu social, cette fameuse fracture que l’on met en avant depuis 20 ans.
On parle toujours des trains qui arrivent en retard jamais de ceux qui sont à l’heure.
C’est vrai on pourrait me rappeler qu’il y a le chômage, les heures d’attente aux urgences, à la préfecture, les médecins déconventionnés, ceux qui ne peuvent vivre de leur travail,la communautarisme, l’islamisme, l’insécurité, que l’on donne peu de moyens à la recherche…Mais sont-ce des spécificités françaises?
Ce que je peux constater également c’est que nous attirons après la Chine le plus de capitaux étrangers, nous avons une qualité de main d’oeuvre , de pointe dans les transports,dans l’industrie exemple Thalès, EADS, Ariane, l’automobile.
Nous avons le luxe, la bonne cuisine, la production cinématographique…
C’est vrai on a fait des choix politiques pas appropriés et alors? Ce n’est pas irréversible.
Pourquoi autant d’Anglais viennent s’installer chez nous? C’est très évidemment parce que c’est mieux que chez ces journalistes qui prétendent que nous sommes dans un déni.
Je vous lis toujours avec le même plaisir et le même intérêt. Lire la presse française c’est déprimant surtout celle de gauche qui est subventionnée avec 168 millions par an et Sarkozy s’est même payé le luxe de lui octroyer 600 millions d’euros en 2009 sur trois ans c-à-d jusqu’à fin 2011. Soit 368 millions.
Pour revenir à l’analphabétisme de l’économie par les Français. L’hebdomadaire le “Point” du 9 novembre 2010 titrait son article ” Les Français bonnet d’âne en économie”.
” Les français ont des lacunes à combler en culture économique, avec une moyenne de 8,3 sur 20 obtenue à un questionnaire élaboré par le Conseil pour la diffusion de la culture économique ( CODICE) et testé auprès d’un échantillon d’un millier de personnes par l’institut TNS Sofres.
Le niveau d’études à un faible impact sur le niveau de connaissances, puisque les personnes sans diplôme obtiennent une note de 6,3, sur 20 et celles qui ont suivi un enseignement secondaire de 7,5 sur 20 à souligné le Codice dans un communiqué résumant lundi les résultats de ce test. “Le score des personnes diplômées d’un 2e ou 3e cycle universitaire est certes meilleur, mais se situe seulement tout juste au-dessus de la moyenne avec 10,5 sur 20. Aucune moyenne d’âge n’atteint la moyenne. Les 15-17 ans obtiennent la plus faible note avec une moyenne de 6,2 sur 20, tandis que les 25-34 ans ont la plus élevée, avec 8,9 sur 20.
Pour ceux qui disent s’informer sur l’économie le journal télévisé est la principale source avec ( 73 % ) devant la presse ou les magazines d’information générale (33 % ) , la radio ( 32% ), internet ( 24% ) et la presse et les magazines économiques (11 %).”.
Et il faut avouer M.Millière qu’avec des professeurs d”‘économie” comme la candidate trotskiste , Nathalie Arthaud , les connaissances dans cette discipline se résument à la société Cubaine et de la Corée du Nord.
Je crains que même si un gouvernement s’aventurait à “trancher dans le vif”, il ne soit trop tard. Les réformes qui s’imposent auraient du commencer à être mise en œuvre dès la présidence de Giscard. Le peuple français est un peuple de paysans, pas un peuple de commerçants. Et le “péché originel” en la matière remonte même à la révocation de l’Edit de Nantes par Louis XIV. En effet, ce roi toujours encensé pour ses réalisations dans les arts, l’architecture, etc.. a été ce qu’il y a de pire pour l’économie de notre pays. Car par sa décision politique imbécile, il a littéralement “saigné à blanc” notre pays en provoquant l’exil de ses éléments les plus industrieux et les plus entreprenants. Pourquoi ? Pour asseoir définitivement la religion d’état : le Catholicisme. Dans un premier temps environ 300 000 Huguenots ont choisis de s’exiler, beaucoup d’artisans de commerçants, d’entrepreneurs, et des membres de la grande bourgeoisie sont partis avec leurs fonds. A terme c’est près d’un million de Protestants qui ont choisis de migrer vers d’autres cieux plus favorables (Angleterre et ses colonies de Virginie, Territoires de New-York et du New Jersey, Pays-Bas et ses colonies de l’Afrique du sud, Suisse, Prusse…). Dans ces conditions, il faut bien constater que la mentalité anti-mercantiliste n’a eu de cesse de se développer au cours des âges dans notre pays, puisque tout ce qui se rapporte de près ou de loin à l’argent est par définition, pour les Catholiques, “sale”, et considéré comme tel également par les élites et par le peuple.
Que ce soit Sarkozy ou Hollande qui gagne le 6 mai prochain, je crains que les Français ne doivent boire le calice jusqu’à la lie pour qu’ils se décident enfin à ouvrir les yeux. Et il n’est même pas sûr que cela suffise.