Publié par Michel Garroté le 30 avril 2012

Michel Garroté – L’histoire de la 5e République a quelque chose de fascinant. J’entends par-là, qu’il n’y a jamais eu et qu’il n’y a toujours pas, dans cette République, une véritable droite libérale conservatrice. La « droite » française est une droite étatiste. Tandis qu’au Royaume-Uni, en Allemagne, en Suisse, en Israël et aux USA par exemple, il existe une droite libérale conservatrice, d’inspiration tantôt chrétienne (l’Allemagne avec la CDU et la CSU), tantôt juive (Israël) tantôt judéo-chrétienne (les USA).

Je reste quant à moi persuadé que la 5e République conserve – sans forcément le savoir ou sans vraiment l’admettre – des résidus de pétainisme, des résidus de communisme et des résidus de gaullisme. De plus, elle est et demeure une société encore très marquée par la Révolution française et par la Révolte de Mai 68. J’ai déjà développé – sur www.dreuz.info ces cinq dernières années à de nombreuses reprises – ce phénomène à la fois historique et sociologique. D’autres que moi l’on fait, toujours à propos de la 5e République, aux USA (George Weigel) et en Italie (Massimo Introvigne) notamment.

A ce propos justement, j’ai lu – avec amusement – sur  France Soir  que (extraits adaptés) « le camp Chirac va voter et faire voter Hollande le 6 mai. Certains – les plus nombreux désormais- le disent ouvertement. D’autres le font comprendre à mots (à peine) couverts. Derniers faits marquants en ce sens : outre l’extraordinaire discrétion du ministre des Finances François Baroin (qui est, en, quelque sorte, le ‘fils’ que Jacques Chirac n’a jamais eu), la présence dimanche au meeting de François Hollande à Bercy de l’ex-ministre de la Culture, Jean-Jacques Aillagon, vieil ami personnel du couple Chirac, et les formules littéralement assassines utilisées contre le candidat Sarkozy par le milliardaire François Pinault, ami de toujours des Chirac ».

France Soir : « Mais, dans l’interview qu’il a accordée la semaine passée au Monde, l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin avait été lui-même, il est vrai, d’une rare cruauté en se déclarant ‘inquiet’ du projet du candidat Hollande mais’ effrayé’ par la campagne menée par le candidat Sarkozy. Certes, Villepin n’a pas donné pour le moment de consigne de vote, mais le message est clair : n’importe qui plutôt que Sarkozy. Or on sait déjà – au-delà de démentis embarrassés – que Jacques Chirac, que sa fille Claude, que son gendre Frédéric Salat-Baroux s’apprêtent à voter Hollande (sauf si ‘Bernadette’ utilise autrement la procuration de son mari) ».

France Soir : « Et, parmi les ministres et élus, certains prennent ostensiblement du recul quand d’autres envisagent, à leur tour, de se manifester. Que cache l’extraordinaire violence – froide, donc calculée – de Dominique de Villepin et maintenant d’un François Pinault ? Il y a trois explications possibles, qui peuvent se compléter. Explication N°1 : c’est l’heure du règlement de certains vieux comptes. Explication N°2 : les jeux sont ‘faits’ et ‘on’ prend date pour l’avenir. Explication N°3 : ces gaullistes-là craignent que Sarkozy, réélu ou battu, n’aille demain plus loin dans son opération de reconquête de l’électorat du Front National et tende carrément la main à Marine Le Pen pour une vaste opération, à l’italienne, de rassemblement des droites. Une opération que les ‘purs’ chiraquiens n’entendent cautionner sous aucun prétexte », ai-je donc lu sur France Soir.

J’ai également lu – toujours avec amusement – cette fois sur  Contrepoints  que (extraits adaptés) « en 1964, François Mitterrand identifiait un piège dont souffrait la gauche : ‘l’habitude prise de compter sur les suffrages communistes pour abattre les gouvernements et de les décompter pour former les majorités en enfermant les citoyens qui votent communiste dans un ghetto électoral’. A partir de 1983, François Mitterrand renversa ce piège en parquant les électeurs du Front National dans un enclos électoral. Chirac tomba dans le panneau et fourvoya la droite en appelant à voter en faveur de candidats communistes contre des candidats FN. La ligne Sarkozy s’en distingue ».

Contrepoints : « Ni alliance, ni diabolisation. Des consignes au cas par cas. Libre à chacun de voter blanc ou en faveur d’un candidat socialiste. Pas question d’aller voter pour l’extrême-gauche, ni de se laisser dicter son comportement électoral par la gauche. Cela concorde avec le tempérament de droite qui n’est pas moutonnier et croit au libre-arbitre. Compte-tenu des souhaits de la base, il conviendrait de lever l’excommunication qui pèse encore sur l’éventualité de reports individuels de voix UMP vers un candidat FN plutôt que PS. Et inversement d’accepter les voix’ d’où qu’elles proviennent, car ce chantage à l’acceptation des voix du FN va recommencer après l’élection présidentielle », ai-je donc lu sur Contrepoints.

Pour ce qui me concerne, primo, je ne crois pas un seul instant que Sarkozy puisse proposer une quelconque alliance avec le Front National et quand bien même serait-ce le cas, cette option m’indiffère ; secundo, je constate que la droite française n’a jamais réussi à se constituer en un seul grand parti ayant pour socle une plateforme commune sur l’essentiel. La France est certes une démocratie. La question est de savoir si la France est une démocratie au service de la démocratie ; ou une démocratie au service de la liberté. Alexis de Tocqueville à son époque avait déjà exposé la différence. Pourtant, je ne suis pas certain qu’en France il ait été correctement lu et assimilé. L’actuelle présidentielle française donne même le sentiment que ni Tocqueville, ni d’ailleurs aucun autre grand auteur classique n’aient été lus par les divers candidats et par leurs équipes de campagne complètement accro à la twitter-cul-ture.

Copyright Michel Garroté 2012 & Sources citées

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