Publié par Michel Garroté le 24 avril 2012

 

   

  

   

   

Michel Garroté – Or donc, la grande question, brandie et agitée à souhait par de nombreux médias français, c’est de savoir si Hollande, et, surtout, Sarkozy, parviennent ou non, à draguer les électeurs du Front National, en vue du second tour de l’élection présidentielle. En effet, sur les chaînes de télévision, sur les ondes des émissions de radio, dans la presse écrite, et, naturellement, sur Internet, les déclarations, spéculations, supputations et prémonitions vont bon train. Tout le monde, et, parfois même, n’importe qui, s’y met, et, du coup, plus personne ne comprend. Ci-dessous, un bouquet fleuri, que dis-je, un florilège, de tout ce grand tralala, de ce tragique bal électoral, de cet interminable tam tam national.

Tandis que Chantal Jouanno fout le bazar à l'UMP en annonçant qu'elle votera PS en cas de duel entre un candidat du FN et un candidat du PS au second tour (des législatives…) : « Ah bah moi, ma position, elle est très, très claire, moi. C'est pour les socialistes. Je ne devrais pas le dire comme ça, je sais que ça va râler, mais ma position elle est très, très claire. Le front républicain et les valeurs, méritocratie, autorité certes, mais respect » (ndmg – on cherche d’urgence traducteur français franchouillard – bon français pour traduire la prose jouannotesque). Tandis que Lady Jouanno fout le bazar, écrivais-je,  François Fillon, lui, a qualifié cette prise de position jouanno-chantal-socialiste de "stupide" et "contre-productive" et Sarkozy, lui, a franchi une nouvelle étape, encore une, en claironnant que Marine Le Pen était compatible avec la république : « On n'a pas le droit de parler de ceux qui ont voté FN ? Mais Monsieur Hollande le peut, lui, comme il l'a fait dans un quotidien ? Et moi, je ne pourrais pas ? Ce vote n'est pas répréhensible, Marine Le Pen a le droit de se présenter (aux législatives), donc elle est compatible avec la République ».

Le second tour du 6 mai n’a pas encore eu lieu. Et l’on aborde déjà la question des législatives de juin. Révélateur ?

Côté « presse nationale », Minute écrit (petits extraits) : « Dimanche 10 mai 1981, 20 heures (ndmg – purée, 1981, c’était au millénaire passé…). François Mitterrand est élu président de la République. Merci qui ? Merci Chirac, qui, ayant obtenu 18% des voix au premier tour, avait ordonné en coulisses, via les réseaux de Charles Pasqua, de faire la peau de Giscard. Le but de Chirac : faire place nette à droite pour reconfigurer celle-ci autour de lui et de son parti. Lamentable manœuvre. Minable manœuvre politicienne, accomplie sans aucun égard pour l’intérêt national et pour celui des Français et qui va plonger la France dans quatorze années de ‘socialo-communisme’ comme on disait à l’époque en une formule qui redevient cruellement d’actualité. Trois décennies plus tard, la tentation ressurgit de faire vivre à la France le ‘remake’ de 1981. Pour les mêmes raisons. Sous les mêmes prétextes. Avec la même inconséquence. En pire. L’un, directeur de la campagne du candidat qui a obtenu aussi 18% (17,90% pour être précis), affirme sur RMC qu’il votera blanc. L’autre, directeur stratégique de la même campagne, va sur Canal + asséner qu’il va ‘peut-être voter blanc ou revoter Marine Le Pen’. Ceux qui avaient 12 ou 13 ans en 1981 – ou n’étaient même pas nés – croient que la gauche et la droite, c’est pareil et que dès les prochaines législatives, par une levée en masse des électeurs contre la politique de la gauche, ils vont rafler la mise. Foutaises. Non seulement ils ne vont rien rafler du tout, au contraire de 1986, en raison de la proximité du scrutin législatif avec la présidentielle et de leur refus de tout accord électoral, mais, François Hollande emportant l’Elysée, la gauche encore une fois socialocommuniste disposerait d’absolument tous les pouvoirs. L’intérêt national passe avant tout. Puisse-t-il être entendu et son appel  libérer la parole de ceux qui, ayant œuvré pour le succès de Marine Le Pen, savent très bien que la droite sarkozyste et la gauche rose-rouge-verte, quels que soient les nombreux reproches que l’on puisse faire à la première, ce n’est vraiment pas la même chose », conclut ‘Minute’.

Si j’ai bien compris, le journal ‘Minute’ appelle à voter Sarkozy le 6 mai. Bien.

Toujours côté « droite nationale », il y a cette Analyse de Nicolas Lebourg, sur « Préférence nationale » : « Marine Le Pen a remporté son pari, c’est la victoire de la stratégie de dédiabobilisation (ndmg – dédiabolisation…) qu’elle avait entamée en 2002. Elle a réussi à convaincre les électeurs que le FN était une alternative au bipartisme, mais sans être un parti sulfureux, elle réussit à toucher un électorat nouveau, surtout chez les primo-votants et les femmes. Avant, lorsque l’on était homo ou d’origine immigrée, on n’aurait jamais voté FN. La question des alliances entre une partie de l’UMP et le Front national ne pourra se poser qu’après une défaite aux législatives. L’UMP doit boire le calice jusqu’à la lie avant d’envisager une alliance avec le Front. Aujourd’hui, l’intérêt de Marine Le Pen c’est que Nicolas Sarkozy perde afin de faire imploser l’UMP. Pour parvenir à ses fins, elle pourrait être tentée le 1er mai d’imiter la déclaration de son père en 1995 : ‘Pour nous, disons-le clairement, Chirac, c’est Jospin en pire !’. Il n’y a plus rien qui différencie la Droite populaire et le Front national. Sauf si c’est François Fillon ou Alain Juppé qui reprennent l’appareil, on ne peut jurer de rien. Dans les années 90, Alain Juppé avait déclaré au sujet de cette alliance : ‘Entre eux et nous, il y aura toujours une croix de Lorraine’ en faisant bien évidemment référence à la résistance et au gaullisme. Aujourd’hui, la frange droitière de l’UMP ne se sent plus imprégnée de cette culture politique et historique. Marine Le Pen vient de gagner ses galons de chef, elle est Le Pen maintenant. Elle va pouvoir mettre tout le monde au pas et faire taire les dissidents qui attendaient sa défaite. Bruno Gollnisch par exemple, ne pourra plus espérer inverser la tendance, c’est terminé. Maintenant qu’elle a une mainmise complète sur son parti, elle va chercher à faire exploser l’UMP en mettant un coup de barre sur les marqueurs de droite. Si Hollande est élu, son discours risque de devenir plus libéral. Son objectif sera de transformer le FN en premier mouvement d’opposition ».

Voilà. Je sens que la drague de Hollande et celle de Sarkozy ne vont pas être aisées, enfin, si j’ose écrire.

Dans cet article Pourquoi Marine Le Pen espère la victoire de François Hollande, on peut lire : « Si le Front national réitérait le 10 juin (ndmg – encore les législatives…) les scores obtenus le 22 avril par Marine Le Pen, il serait en mesure d'être au second tour dans 353 des 577 circonscriptions. Avec, à la clé, de multiples triangulaires PS-UMP-FN, bien plus défavorables au parti présidentiel qu'aux socialistes ». Le FN fera-t-il voter Hollande comme le laisse entendre David Chevrier (FN) : « Après tout, les socialistes ont voté Chirac au second tour en 2002 en se bouchant le nez : on pourrait très bien voter Hollande en se bouchant le nez aussi. Car si on fait tomber le président sortant, on provoque une recomposition de la droite autour de Marine Le Pen ».

Quand je vous disais que ce ne sera pas facile pour Flamby et Sarkône de draguer les électeurs du Front National, avec ou sans préservatif…

Copyright Michel Garroté 2012 & Sources citées

Reproduction autorisée avec mention www.dreuz.info & Sources citées

   

   

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