Publié par Guy Millière le 2 mai 2012

Donc, Julien Dray, né un cinq mars, a fêté son anniversaire un 29 avril. Dans un restaurant privatisé pour l’occasion (4000 euros sans compter la nourriture, des hors d’œuvres, « préliminaires », au plat de résistance, « l’orgasme », et sans compter les boissons). Le restaurant, comme on sait, s’appelait J’ose. Il est installé dans un ancien sex shop, au milieu de sex shops toujours ouverts, avec prostituées à proximité sur le trottoir, et ailleurs, si affinités. On trouvait chez J’ose des invités de marque qui ont osé : ils étaient tous là, y compris, bien sûr, Dominique Strauss-Kahn, Manuel Valls et Pierre Moscovici. Ségolène s’est absentée : une peur de dernière minute d’être photographiée en compagnie de Dominique. Nique nique, disait sœur Sourire. François Hollande n’est pas venu : il préfère dîner chez Laurent, trois cent euros le repas, sans le vin. Arnaud Montebourg n’est pas venu non plus. Il préfère, lui, Le Relais d’Auteuil, plus prolétaire : deux cent euros le repas seulement, sans le vin, toujours. Julien Dray aurait, dit-on, un peu piégé ses camarades. Fêter un anniversaire avec près de deux mois de retard, effectivement…

Pas un seul journaliste de télévision n’a noté que c’était une date curieuse pour un anniversaire, et tous ont repris l’information telle quelle : c’était l’anniversaire de Julien Dray, vous dis-je. Tous les journalistes qui ont reproché à Nicolas Sarkozy une soirée au Fouquet’s n’ont pas évoqué le coût de la soirée d’anniversaire, pas plus qu’ils n’évoquent le tarif des menus chez Laurent et au Relais d’Auteuil. J’admettrais tout à fait qu’ils n’en parlent pas s’ils ne parlaient pas du Fouquet’s et de Nicolas Sarkozy. J’admettrais sans problème que ces gens dépensent en une soirée le salaire mensuel d’un employé de base s’ils étaient des créateurs de richesse et avaient gagné honnêtement leur vie : en lieu de quoi ce sont des politiciens professionnels, donc des gens qui vivent de l’argent pris dans vos poches. J’admettrais sans problème aussi si ces gens ne parlaient pas sans cesse de justice sociale et de détestation des riches : ce qu’ils détestent chez les riches, c’est sans doute qu’ils gagnent leur vie en passant des contrats volontaires.

Il existe chez ces gens un parfum de nomenklatura, façon Union Soviétique des grandes années. Il existe un emboîtement entre cette nomenklatura politique et la nomenklatura journalistique. C’est pour cela que vous êtes si bien informés, et que les journalistes qui font un travail d’information scrupuleux se comptent sur les doigts d’une seule main.

Il existe un cynisme au sein de ces deux nomenklaturas. Et ce cynisme se trouve conforté par l’immense bêtise de ceux qui pensent effectivement qu’il va y avoir en France davantage de « justice sociale ». Les parents de ceux qui vont voter François Hollande dimanche ont voté François Mitterrand en mai 1981. Ils ont porté un pétainiste bigame et corrompu à l’Elysée, et ils s’apprêtent à y porter l’homme qui a ruiné la Corrèze. Comme ils ont appris l’histoire auprès de propagandistes, ils voient du pétainisme chez Sarkozy et ignorent que l’immense majorité des collaborateurs de 1940 étaient de gauche. En publiant en couverture un portrait de Pétain, L’humanité aurait pu reproduire la première page des numéros qu’elle a fait paraître au temps où c’était un journal pétainiste et collaborationniste.

Nous allons être gouvernés par une nomenklatura, qui gouverne déjà aux trois-quarts et gouvernera bientôt tout. Nous sommes déjà informés par une nomenklatura qui considère que le pluralisme doit exister entre les différentes nuances de la gauche, qu’un débat sur les Etats-Unis doit passer entre obamistes frénétiques et obamistes modérés (si l’onanisme, dit-on rend sourd, l’obamisme rend aveugle), qu’un débat sur l’islam doit se faire entre islamistes et « islamistes modérés », qu’un débat sur Israël doit des faire entre « antisionistes » et partisans de l’urgence d’un « Etat palestinien » en « Cisjordanie », et qu’un débat sur l’économie doit se faire entre marxistes et keynesiens : cela va devenir bientôt pire.

Quand les pauvres et les chômeurs se multiplieront, les membres de la première nomenklatura et ceux de la seconde nomenklatura répéteront que c’est la faute à Sarkozy. Et si nécessaire, ils brandiront l’épouvantail Marine Le Pen, l’ « extrême droite » ! Cela a bien marché depuis trente ans. Pourquoi changeraient-ils de tactique ? Pendant qu’ils parleront de l’antisémitisme d’ « extrême droite », désormais moribond, ils escamoteront l’antisémitisme d’extrême gauche, lui bien vivant, et ils interdiront tout débat sur l’islam qui, ne l’oubliez pas, n’est plus une religion, un dogme ou un ensemble de doctrines, mais une race. Qu’est-ce que la « race islamique » ? Demandez à SOS Racisme, on vous expliquera.

Voici vingt ans, un économiste compétent pouvait encore être un économiste compétent, un historien pouvait encore être un historien, un intellectuel scrupuleux pouvait encore être un intellectuel scrupuleux, libéralisme et conservatisme n’étaient pas des mots obscènes. L’épuration n’avait pas encore progressé jusqu’au point actuel. Il va être temps que je change de métier, de pays, ou de continent.

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© Guy Millière pour www.Dreuz.info

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