Publié par Guy Millière le 3 mai 2012

Pendant les élections présidentielles françaises, le procès Breivik continue en Norvège.

Dirai-je que c’est un procès de la Norvège et de ce que devient l’Europe ? Je pourrais le dire, oui. Et c’est une raison de s’y intéresser en ce moment. Particulièrement en ce moment.

Comme la plupart des pays d’Europe, la Norvège est une social-démocratie douce et aseptisée, politiquement correcte, où on pense qu’un homme qui a commis ce qui relève du terrorisme et du crime de masse peut se trouver jugé comme un simple criminel, bénéficier d’un procès public, pouvoir s’adresser au reste du monde par le biais de caméras de télévision, faire comparaître au titre de témoins des islamistes. Devient-il impossible en Europe de discerner que certains actes particulièrement barbares devraient requérir le huis clos et ne pas permettre aux barbares qui les ont commis d’utiliser les règles à leur guise ? En France, le huis clos existe, et il existe aussi une cour d’assise spéciale pour les affaires de terrorisme. La Norvège semble plus avancée que la France dans la direction du cauchemar. Mais avec un petit effort, la France pourra rejoindre la Norvège.

On pourrait ajouter que Breivik risquera semble-t-il vingt et un an de prison : même s’il n’est pas relâché au bout de vingt et un an et gardé dans une institution psychiatrique, ce qui n’est pas sûr, et pas vraiment adapté, on pourrait considérer que c’est vraiment très peu pour plus de soixante dix meurtres, et que nous sommes dans un situation, sur ce continent où, décidément, la vie d’innocents assassinés semble valoir beaucoup moins que celle d’un infect assassin. En France, Breivik risquerait trente ans incompressibles, ce qui serait, tout juste, un peu mieux. Oui, la Norvège semble plus avancée que la France en direction du cauchemar, mais la France n’est pas très loin derrière, et avec un petit effort…

Bien qu’elle ait aboli la peine de mort depuis longtemps, la Norvège l’a rétabli au lendemain de la Deuxième Guerre Mondiale pour juger les collaborateurs du nazisme, et pour en finir avec Vidkun Quisling. Anders Breivik vaut-il mieux que Vidkun Quisling ? Je ne le pense vraiment pas. Et si, en Norvège, on pense qu’Anders Breivik vaut mieux que Vidkun Quisling, c’est que la Norvège est en pleine dépravation morale. En France, on ne sait plus qui est Vidkun Quisling, et le simple fait d’évoquer la peine de mort pour le pire assassin vous fait passer pour un être pire qu’un assassin, bien pire.

Tout cela compte, mais l’essentiel n’est peut-être pas là.

L’essentiel est sans doute la façon dont Anders Breivik se trouve utilisé de manière éhontée, et l’utilisation éhontée d’Anders Breivik est, j’en suis certain, pour quelque chose dans le fait qu’on lui donne à ce point la parole en Norvège et qu’on en parle tant en France.

Depuis des années, ceux qui pratiquent l’aveuglement volontaire devant l’offensive islamiste radicale sur la planète cherchent des moyens de renforcer cet aveuglement. Se faisant compagnons de route des pires djihadistes, ils ont tôt fait d’utiliser les mots « islamophobie » et « racisme islamophobe » vis-à-vis de quiconque porte un regard critique sur l’islamisme et sur l’islamisation des sociétés occidentales. Ils font leur possible pour passer sous silence les écrits de spécialistes sérieux et irréprochables tels que Bat Ye’or, Daniel Pipes ou Robert Spencer. Ils ajoutent, dès qu’ils en ont l’occasion, la diffamation au silence, quand ils ne demandent pas aux tribunaux de se faire les auxiliaires d’une police de la pensée orwellienne. Ils doivent constater, navrés, que les populations occidentales ne se laissent pas anesthésier si facilement et ressentent que, malgré tout, il se développe une situation inquiétante.

Et puis, voilà qu’un Anders Breivik commet un acte absolument ignoble. Ils n’ont qu’un seul cas de ce genre en Europe (aux Etats-Unis, il y a eu un cas aussi, Timothy Mc Veigth qui, lui, les Etats-Unis n’étant pas l’Europe, a été condamné à mort et exécuté), mais ils en ont un : un homme qui commet une tuerie et qui n’est pas un islamiste ! Ils ne pouvaient pas laisser passer l’occasion.

Au moment des actes barbares de Breivik, on a beaucoup parlé du « manifeste » qu’il a disséminé sur internet. On en a reparlé depuis le début du procès, comme on parle des déclarations de Breivik. On le définit comme d’ « extrême droite », et le salut qu’il fait en levant le poing a été assimilé à un salut fasciste, ce qui surprendrait ceux qui chantent l’Internationale s’ils n’étaient des menteurs à temps plein.

On le dit ennemi déterminé de l’islam. On découvre qu’il cite effectivement dans son texte les auteurs sérieux et irréprochables que j’ai cité plus haut, Bat Ye’or, Daniel Pipes, Robert Spencer, quelques autres dont le norvégien qui signe Fjordman sur le net, et on en fait tous des complices de meurtre, des gens qui incitent à la haine des musulmans, des êtres infréquentables et dont, sans doute, les livres devraient être interdits.

L’occasion est trop belle, oui.

L’occasion est trop belle pour ne pas tenter de réduire au silence toute critique de l’islam, de l’islam radical, de l’islamisation, et pour exposer d’un air de faux docte des thèses sur la « mutation de l’extrême droite », qui était antisémite voici soixante-dix ans, et pour laquelle aujourd’hui, dit-on, les musulmans sont « les Juifs de ce temps ».

L’occasion est trop belle et elle est exploitée jusqu’à la lie.

Le seul problème, c’est que l’exploitation est une falsification immonde.

Quiconque lit le « manifeste » de Breivik voit qu’il cite une multitude d’autres sources, et souvent plus abondamment que les auteurs cités plus haut. Breivik cite, par exemple, Thomas Jefferson et John Kennedy. Pourquoi personne n’a dit que son inspiration se trouvait chez Thomas Jefferson et John Kennedy ? Cela aurait semblé ridicule, suggérez-vous ? Peut-être, cela n’en aurait pas moins été exact. Breivik cite aussi Adolf Hitler, Oussama Ben Laden, et vante les méthodes d’al Qaida. S’il fallait écrire que Breivik cite Hitler, Ben Laden et al Qaida, ce serait du gâchis pour les manipulateurs, bien sûr. Qui a dit, par ailleurs, et Breivik vient de le redire à son procès, que sa principale source était Wikipedia ? Un assassin inspiré par Wikipedia : ce serait encore une fois du gâchis pour les manipulateurs.

Une analyse honnête et scrupuleuse verrait en Breivik un assassin barbare qui a justifié ses meurtres sur la base d’une bouillie intellectuelle incohérente où se mêlent critiques de l’islam, nazis, Présidents américains, djihadistes, bricoleurs d’encyclopédie en ligne.

Une analyse honnête et scrupuleuse verrait en Breivik un individu abject, et non pas un idéologue susceptible d’inspirer qui que ce soit.

Une analyse honnête et scrupuleuse commencerait par la lecture de Bat Ye’or, de Daniel Pipes, de Robert Spencer, de Fjordman, et serait bien en peine, à moins d’atteindre des sommets d’ignominie, d’y voir la plus minuscule et la plus infime incitation à la violence et à la haine.

Une analyse honnête et scrupuleuse soulignerait que tout au contraire, Bat Ye’or, Daniel Pipes, Robert Spencer, Fjordman, s’alarment des incitations à la violence et à la haine omniprésentes chez les islamistes et des dimensions totalitaires inhérentes à l’islam tel qu’il est.

Je dois le dire, j’ai trouvé fort peu de gens menant une analyse honnête et scrupuleuse du cas Breivik.

J’ai trouvé d’innombrables analyses malhonnêtes et sans scrupules qui ne méritent pas même le nom d’analyse.

En parcourant certains articles, je ne peux m’empêcher de leur trouver un parfum d’égout.

Ce parfum est celui qui plane sur la campagne électorale en France. A partir du 6 mai au soir, renoncez à imaginer des analyses honnêtes et scrupuleuses.

Attendez-vous à des dénonciations de « racistes islamophobe ». Et attendez-vous à ce qu’on vous parle beaucoup d’ « extrême droite », et si vous parlez de terrorisme islamique, attendez vous qu’on vous cite ce nom : Breivik !

Reproduction autorisée et vivement encouragée, avec la mention suivante et le lien ci dessous :
© Guy Millière pour www.Dreuz.info

PS J’ai placé en illustration un montage photo venant d’un site anglais appelé Counter Jihad Report. Ce montage est une illustration presque parfaite de l’amalgame crasseux que je dénonce ici. On y voit, sous la photo de Breivik l’arme à la main, une photo de Geert Wilders, une autre de David Horowitz, le sigle de l’English Defense League, celui de Jihad Watch, l’organisation de Robert Spencer, celui de l’International Civil Liberties Alliance, un mouvement international qui défend la liberté de parole et la démocratie et qui refuse le totalitarisme islamique. On n’y trouve pas Bat Ye’or, Daniel Pipes ou Fjordman. On n’y trouve non plus ni Hitler, ni Ben Laden, ni Wikipedia, ni John Kennedy, ni Thomas Jefferson. Jefferson ! Un dangereux terroriste ! Comment a-t-il pu échapper à la vigilance du Counter Jihad Report ?

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