Philippe Karsenty, qui sera en Israël du 21 au 24 pour une série de conférences (1) avec Guy Millière, a confié à notre confrère JSS News ses impressions après l’élection de François Hollande. Extrait.
JSS News – Qu’avez-vous éprouvé, le 6 mai au soir, en voyant s’afficher le visage de François Hollande sur votre écran ?
Philippe Karsenty – Sur le fond, je n’ai pas été surpris. Dès le mois d’août 2011, j’annonçais la défaite du président de la République dans une interview au magazine Meteor. Malgré certaines réalisations, le président a déçu son électorat naturel en pratiquant l’ouverture à gauche, en poursuivant une politique étrangère complaisante à l’égard de terribles dictatures, en ne luttant pas contre la désinformation, en n’incarnant pas sa fonction.
Aujourd’hui, il faut regarder l’avenir et reconstruire la droite et le centre.
Il faut aussi souhaiter, quelle que soit notre déception, que François Hollande soit un bon président pour la France. J’ai pour règle d’évaluer les hommes d’après ce qu’ils font, non d’après ce qu’ils sont. J’attends de voir quelles seront ses premières décisions, notamment : qui va-t-il nommer, et où ? Je note en effet que certains de ses alliés sont préoccupants : communistes, gauchistes, Verts, altermondialistes.
JSSNews : Pourquoi n’avoir pas choisi d’intégrer un parti politique ? Le Parti Libéral Démocrate correspondrait bien à votre profil…
Ph. Karsenty – Parce que je préfère rester entièrement autonome. C’est d’ailleurs ce qui m’a décidé à financer seul ma campagne : je ne veux avoir de comptes à rendre qu’à mes électeurs. Quant à mon positionnement, je suis indépendant de centre droit. Ma candidature bénéficie toutefois du soutien de deux partis politiques : le Parti Libéral Démocrate, héritier de Démocratie Libérale d’Alain Madelin, que vous mentionniez, et le Parti Chrétien-Démocrate. Ma démarche est appréciée par de nombreux Franco-Israéliens, mais aussi par les milieux chrétiens, notamment d’Israël et d’Italie.
JSSNews : Après l’élection présidentielle, la campagne législative prend-elle un tour nouveau ?
Ph. Karsenty – Un peu de prospective : les législatives vont très vraisemblablement porter une majorité de gauche à l’Assemblée nationale.
Il vaudrait d’ailleurs mieux que cette majorité de gauche ne fût pas dépendante des Verts et de l’extrême-gauche. Face à cette majorité, nous aurons besoin d’une opposition combative, dotée d’une formation idéologique et de principes.
Dans notre circonscription, nous avons trois candidatures réelles : celles présentées par le PS, l’UMP, et la candidature indépendante de centre droit que j’incarne. L’élection de la candidate socialiste n’aurait pour effet que de désigner une ambassadrice des décisions prises à Paris par François Hollande et ses alliés ; la candidate UMP n’a pas réussi à fédérer autour d’elle l’adhésion de l’électorat de droite, pourtant largement majoritaire dans cette circonscription ; reste ma candidature « divers droite », qui rencontre à chacun de mes voyages un excellent accueil.
JSSNews : Pouvez-vous préciser davantage pour quelles raisons les électeurs de droite ont intérêt à voter pour vous plutôt que pour la candidate investie par l’UMP ?
Ph. Karsenty – Premièrement, suite à son échec à la présidentielle, l’UMP est dans un processus de décomposition : après avoir perdu toutes les élections depuis cinq ans, locales et nationales, cette structure n’est plus l’instrument de conquête le plus pertinent. Deuxièmement, la candidate a été mal choisie. Au sein même des cadres et des sympathisants de l’UMP, tant en Israël qu’en Italie, elle ne convainc pas. Il faut tout de même noter ces faits rarissimes : Dominique Sicouri, la représentante de l’UMP à Rome, soutient ma candidature et n’a jamais été sanctionnée pour cela ; j’ai de plus le plaisir d’avoir pour suppléant Eric Véron, président du comité de soutien de Nicolas Sarkozy en Italie lors de la présidentielle de 2007.
JSSNews : Comment expliquez-vous ce phénomène ?
Ph. Karsenty – Notamment par la difficulté de la candidate UMP à engager un rapport simple avec les gens ; à écouter surtout. L’évocation constante de « Nicolas » est d’autant plus contre-productive que nous nous trouvons après l’échec du président sortant. Qui d’autre la soutiendra au sein de l’UMP ? Alain Juppé, qui l’invitait à « sortir de son périmètre » ? Par ailleurs, comment expliquera-t-elle ses relations amicales avec Shalom Akhshav, avec Charles Enderlin, ou encore sa cordialité à l’égard de Mahmoud Abbas et de Salam Fayyad lorsqu’elle était au Quai d’Orsay ? Son suppléant en Italie, Alexandre Bezardin, est un gentil garçon, un peu influençable, avec lequel j’ai encore déjeuné la semaine dernière à la chambre de commerce franco-italienne à Rome. Mais sa candidate n’apparaît plus en Italie.
Toutefois, le choix des électeurs qui se porteront sur mon nom s’effectuera pour des raisons positives : l’expérience politique acquise en France, la persévérance que j’ai manifestée dans mon combat pour une information fiable, et la détermination que je mettrai à défendre les droits et les intérêts des Français de l’étranger.
JSSNews : Que penser de la candidature, assez inclassable, de Gil Taïeb, et de quelques candidatures inconnues, déclarées tardivement ?
Ph. Karsenty – Tout le monde est respectable et a le droit de solliciter les suffrages de ses concitoyens. M. Gil Taïeb, candidat essentiellement communautaire, que ses liens avec le PS, d’une part, avec Kadima, d’autre part, marquent nettement à gauche, ne pourra pas être élu pour des raisons mathématiques et légales.
En effet, en ayant concentré sa campagne sur Israël, il s’est coupé de plus de 50% de l’électorat concerné par cette élection. Et comme l’a récemment révélé JSS News, Gil Taïeb a enfreint la loi tout au long de cette campagne en faisant la promotion de sa candidature par des moyens publicitaires, ce qui est fermement proscrit par le 1er alinéa de l’article L 52-1 du Code électoral.
Les voix qui se porteront sur Gil Taïeb seront donc doublement inutiles. Sauf peut-être sur le plan personnel, dans le cadre d’échéances associatives à venir. Quant aux candidatures inconnues, quoi qu’éminemment respectables, ce ne sont pas des candidatures réelles : elles ne se sont jamais matérialisées par une campagne.
JSSNews : Revenons à la reconstruction de la droite : comment y contribuer ?
Ph. Karsenty – Cette reconstruction se fera mais, pour l’heure, il y a une telle guerre des chefs à l’UMP, une telle bataille d’ego pour savoir qui sera en pôle position pour 2017, que la situation confine à l’absurde. Il faut les laisser s’entredéchirer.
JSSNews : Vous donnerez une série de conférences en Israël la semaine prochaine, du 21 au 24 mai, en compagnie de l’écrivain Guy Millière. De quoi parlerez-vous ?
Ph Karsenty – Ces conférences ne s’inscrivent pas dans le cadre de la campagne législative. Nous commenterons la nouvelle donne française, à la suite de l’élection d’un président socialiste, et la nouvelle donne internationale : l’aggravation de la crise en Europe, notamment en Espagne et en Grèce, où la situation devient quasi-insurrectionnelle. Nous évoquerons aussi la campagne présidentielle américaine.
JSSNews : Partagez-vous une sensibilité commune, une convergence de vues avec Guy Millière ?
Ph. Karsenty – Nous partageons des orientations communes, mais nos caractères sont très différents : Guy Millière est, par nature, aussi pessimiste que je suis optimiste.
JSSNews : Il vaut donc mieux vous écouter en dernier ! En quelques mots, quel message souhaitez-vous adresser à vos compatriotes de l’étranger ?
Ph. Karsenty – N’ayez pas peur, ayez confiance en l’avenir. On a vécu des moments difficiles. Mais nous pouvons bâtir notre avenir, économique, politique, social, éducatif, et contribuer à la recomposition politique de la France.
Propos recueillis par Sandro Thomassin – JSSNews
(1) http://www.dreuz.info/2012/05/conferences-guy-milliere-philippe-karsenty-en-israel-decryptage-suite-a-lelection-de-francois-hollande/
(2) http://jssnews.com/2012/05/16/philippe-karsenty-je-naurai-de-comptes-a-rendre-qua-mes-electeurs/
Qu’est-ce qu’il fume Karsenty ?
IL est végératien il fume pas il boit pas il baise pas… mais il cause
C’est quand même un peu « fleur bleue » son histoire. Mais il a le droit, c’est sûr. Je donne juste mon impression.
il fume la moquette surement, j’ai lu le debut du billet de JP sur son interview, apres, j’ai zappe….
“”notamment : qui va-t-il nommer, et où ?”” La liste est connue, et c’est une catastrophe ! Dont ministre délégué aux Anciens Combattants, un homme d’origine maghrébine. A mes yeux, c’est toute une provocation. Que vont penser les militaires français vétérans d’Afghanistan d’une telle nomination ?
Non, Kader Arif est fils de harki. Respect de ce point de vue. Hollande n’est quand même pas con au point de mettre ministre des anciens combattants quelqu’un dont les parents ont combattu la France !!
confiance en l’avenir de la france ?
difficile à croire
Hollande n’est pas un con , c’est un idéologue sectaire !