Publié par Michel Garroté le 1 juin 2012

Vrais otages des Farc

Michel Garroté –  C’est totalement abject et déplacé. Le journaliste farc-iste, ex-touriste mis en disponibilité mercredi par les narcoterroristes des Farc en Colombie après un mois de vacances et d’endoctrinement est reçu par Hollande cet après-midi en présence d’Aurélie Filepetit, ministre de la Culture et de la Communication, et de Pascal Cancélafin, ministre délégué au Développement. Ces deux ministres avaient accueilli le journaliste à son arrivée à l’aéroport de Roissy peu avant 11H30.

Roméo Langlois, correspondant de la chaîne de télévision France 24 en Colombie, n’exclut pas de travailler désormais en France, et, il confirmé que les narcoterroristes des Farc lui ont confié une lettre à remettre à Hollande. “Je ne peux évidemment pas en divulguer le contenu car c’est adressé au président Hollande. Mais les Farc sont d’accord pour qu’elle soit publiée si lui le souhaite”, précise Langlois, comme si tout ceci était important.

La lettre des narcoterroristes lance un appel à des “pays amis” afin d’aider à une “sortie négociée” du conflit colombien. Donc, la France st une amie des narcoterroristes colombien. Dont acte. Accusé à juste titre par des Colombiens, notamment par l’ex-président Alvaro Uribe (à qui nous devons la délivrance d’Ingrid Betancourt), de sympathie pour les narcoterroristes, Langlois rétorque en alléguant des “relations professionnelles” avec cette sale bande de criminels.

Il a également osé prétendre avoir “pensé et beaucoup” Ingrid Betancourt, otage des Farc pendant six ans (et non pas un petit mois de rien du tout…). Langlois a vu mourir sous ses yeux le soldat colombien mort à cause de lui. “C’est terrifiant quand on les voit arriver. Je me suis dit : pourvu qu’ils ne me tuent pas sur le coup” (pas de problème ; ils ont tué le soldat colombien dont personne ne parle d’ailleurs). Pour Langlois, cette expérience n’est rien qu’un “accident professionnel”, en dépit de la mort d’un soldat colombien…

Je m’étais déjà montré très sévère à l’égard de Sarkozy concernant ses gesticulations contreproductives dans la libération d’Ingrid Betancourt. J’avais également fait quelques révélations et levé quelques lièvres, ce qui créa un certain émoi sur la toile. Je rappelle que Jacques Thomet, ex-journaliste de l’Agence France Presse notamment en poste en Colombie (il se définit aujourd’hui ainsi : « Journaliste puis rédacteur en chef à l’AFP durant 32 ans, je continue mon travail d’investigation dans des bouquins depuis 2006, sur des sujets percutants. La manipulation de la presse exige une vigilance de tous les instants ») écrivait en 2008 la même chose que moi, et, se livrait à quelques révélations accablantes.

Nous indiquant que la France n’a eu absolument aucun rôle dans la libération d’Ingrid Betancourt : (début de l’article de Jacques Thomet) « La France n’a eu absolument aucun rôle dans cette libération […] Il (ndmg : Sarkozy) n’a fait qu’empirer les choses. J’ai été choqué qu’à deux reprises il puisse s’adresser au chef des Farc, en l’appelant ‘Monsieur’. On ne traite pas avec tant d’égards le chef d’un groupe terroriste qui enlève même des enfants. Lors d’une visite au Proche-Orient, Sarkozy avait dit qu’il ne discuterait avec aucun groupe terroriste. Au même moment, des émissaires français tentaient de rencontrer les Farc. Ce double langage est révoltant. Sans compter qu’en demandant des concessions au gouvernement colombien, qui en a déjà fait beaucoup, la France a fait monter la valeur de Betancourt aux yeux des Farc. […] Le 1er mars 2008, le bombardement du camp de Raul Reyes, numéro deux de la guérilla, a permis à l’armée de retrouver du matériel informatique. Les 38.000 dossiers mis à jour ont été analysés et validés par Interpol ».

Jacques Thomet : « Dans un d’entre eux, une lettre de Reyes à l’émissaire français Noël Saez, le premier reproche au second d’avoir versé de l’argent, au nom de la France, non aux Farc mais à une autre organisation. De l’argent perdu. […] le régime colombien n’est pas dictatorial. C’est un régime démocratique. Le président a été élu à deux reprises, à chaque fois au premier tour. […] Plus d’une dizaine de proches de chefs de la guérilla sont actuellement hébergés en France, notamment en région parisienne, avec le statut de réfugiés politiques. Ils touchent même des subsides de plus de 1000 euros par mois. On en a la preuve à travers les courriers de Reyes. […] il est déplorable qu’il faille lire les courriers de Raul Reyes pour que cela se sache. Il s’agit d’argent public. Plus grave, je pense qu’il s’agit de concessions faites par la France pour obtenir des contreparties de la guérilla. Seulement cette dernière n’en n’a jamais faite aucune » (fin de l’article de Jacques Thomet).

De mon côté, le 22 avril 2008, j’écrivais déjà : Un chef des Farc vient d’être abattu. Une complice des Farc vient d’être démasquée. Pourtant, lundi 28 avril, à 06:14, l’Agence France Presse, diffuse, une dépêche, intitulée, « Betancourt : Bernard Kouchner entame en Colombie une difficile mission ». La dépêche AFP précise que « le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner entame lundi dans un climat de discorde régionale une difficile mission visant à relancer le dialogue entre la Colombie et ses voisins du Venezuela et d’Equateur afin d’obtenir la libération de l’otage Ingrid Betancourt (…) En apprenant l’arrivée du chef de la diplomatie française, M. Uribe (ndlr : le président colombien) a d’entrée de jeu annoncé qu’il s’opposerait à toute médiation du président vénézuélien Hugo Chavez », précise l’AFP. Autrement dit, le ministre Kouchner s’invite en Colombie, alors que le président colombien Uribe, à ce stade, ne lui demande rien.

« ‘La courtoisie nous oblige à écouter le chancelier français pour voir quelles initiatives il veut proposer ou quelle est sa vision de la question’, a de son côté déclaré dimanche soir le ministre des affaires étrangères Fernando Araujo », poursuit l’AFP. Autrement dit c’est uniquement la courtoisie diplomatique qui oblige, au sens être obligé, le gouvernement colombien à écouter les histoires de Monsieur Kouchner. C’est en termes à peine voilés, que le ministre colombien des affaires étrangères, Fernando Araujo, laisse paraître, sa lassitude, face aux discours de son homologue français.

« M. Araujo a précisé que le seul chemin possible pour libérer les otages est la médiation de l’église catholique et des émissaires européens (ndlr : France, Suisse et Espagne). Or, les Farc récusent toute médiation de l’Eglise qu’ils accusent d’être partiale ainsi que de discuter avec les médiateurs européens qu’ils soupçonnent d’être à l’origine de la localisation par l’armée colombienne qui a permis le 1er mars l’élimination en Equateur de leur chef Raul Reyes », renchérit, sans guillemets, l’AFP, comme si elle partageait les allégations débiles des Farc.

A noter que le quotidien colombien El Tiempo accuse de légèreté Nicolas Sarkozy dans le dossier Betancourt, le qualifie de débutant et estime que la Colombie a souffert des caprices de Sarkozy. « Sarkozy a d’abord demandé à Alvaro Uribe de libérer un dirigeant des Farc (ndlr : Rodrigo Granda, début juin 2007). Puis il a envoyé (ndlr : début avril) un avion ambulance pour secourir Ingrid Betancourt sans avoir pris contact avec les preneurs d’otages », précise, visiblement irritée, la rédaction du quotidien colombien El Tiempo.

Le problème, c’est que la diplomatie française s’obstine à vouloir mettre dans le coup le président vénézuélien Hugo Chavez. La diplomatie française est persuadée que les seuls progrès, c’est soi-disant à Chavez qu’on les doit. « C’est le moment de lui dire à quel point il est nécessaire et on compte sur lui », affirment, sans rire, des sources diplomatiques françaises à l’AFP.

L’AFP écrit encore que « dans son dernier communiqué, l’agence Anncol, proche de la guérilla, estime que la priorité actuelle pour les Farc est de se débarrasser de la mafia paramilitaire de la présidence ». Si l’agence Anncol est proche des terroristes narcotrafiquants des Farc, est-il nécessaire que l’AFP lui fasse de la publicité gratuite ? Mais l’AFP en remet une couche : « Prétendre parvenir à des accords humanitaires, aussi petits soient-ils, est illusoire, écrit l’agence de presse. Anncol rend hommage au rôle incontestable du président Chavez, un homme de parole et de confiance », conclut, avec sérieux, l’AFP.

On apprécierait, de la part de l’Agence France Presse, qu’elle manifeste, le même zèle, à reproduire, les déclarations et les communiqués des autorités colombiennes qui, sauf erreur, sont plus respectables, que l’Agence Annacol, l’Agence Bolivarienne, Altercom et autres officines gauchistes, à la botte du marxisme terroriste et narcotrafiquant. On apprécierait, aussi, que le gouvernement français, notamment son ministère des affaires étrangères, traite sur pied d’égalité, avec le gouvernement colombien. La Colombie n’est pas un protectorat français en 1908. La Colombie est un Etat souverain en 2008.

Deux derniers points – un peu plus importants que les parlotes diplomatiques – pour terminer. Premièrement, Víctor Antonio Lopera, alias ‘Pollo Isra’, un haut responsable des Farc vient d’être abattu. Deuxièmement, María Augusta Calle, responsable en Equateur de TV Telesur, une chaîne de télévision vénézuélienne à la solde de Hugo Chavez et responsable de l’agence pro-Farc Altercom, vient d’être débusquée. Elle a mis son compte bancaire, auprès du Banco del Pichincha, à la disposition des Farc pour au moins une transaction. D’autre part, elle était en contact régulier avec le chef des Farc abattu en avril, Raul Reyes et avec la femme de celui-ci, Gloria Marín, qui n’est autre que la fille du grand patron des Farc, Manuel Marulanda, alias ‘Tirofjo’. Dans combien de jours la presse écrite francophone parlera-t-elle de ces deux événements ? Du reste, en parlera-t-elle un jour ? », avais-je écrit le 22 avril 2008 déjà.

On se souvient de la suite. L’armée colombienne délivrera Ingrid Betancourt. Sous la présidence d’Uribe. L’opération avait été longuement et minutieusement préparée par les Forces armées colombiennes, avec l’assistance technique d’officiers à la retraite de l’armée israélienne…

Michel Garroté

Reproduction autorisée avec mention de ce blog

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