Publié par Guy Millière le 12 juin 2012

J’aimerais m’intéresser aux élections législatives.

Je n’y parviens pas. Le plus grand parti de France est à nouveau celui des abstentionnistes. La mobilisation suscitée par la volonté de chasser Nicolas Sarkozy s’est essoufflée, et ceux qui se sont mobilisés discernent qu’ils ont porté à la présidence un promeneur provincial qui a choisi, sur sa photo officielle, de se montrer égaré dans les jardins de l’Elysée, avec, dans le flou, au loin, un bâtiment sans importance et, sur le côté des drapeaux presque effacés. Ils peuvent se reposer.

Les socialistes français auront bientôt une majorité. Ils ont promis un peu moins que d’habitude, mais ils ont promis quand même.

Ceux qui ont voté Hollande attendent que les petites promesses soient tenues.

Ils tendent déjà leur sébile et espèrent récolter quelque menue monnaie tirée des poches de riches assez idiots pour se laisser faire par les pickpockets du fisc. Ils espèrent deux ou trois mille emplois de fonctionnaires. Ils sont inquiets du futur. Ils ne comprennent que fort peu du monde tel qu’il devient, car les explications sur les mutations économiques et géopolitiques sont absentes des journaux et des programmes de télévision qui, de toute façon, ont déjà été mis à l’heure d’été. Ce qui reste de matière grise utilisée (très peu) est mis au réfrigérateur en attendant septembre.

Ceux qui votent socialiste aux élections législatives sont ceux qui tiennent vraiment aux petites promesses, et il en est même parmi eux certains qui croient vraiment à la construction d’un société socialiste, ce qui les distingue de ceux pour qui ils votent, qui ont davantage d’intelligence et ne croient pas un mot des billevesées qu’ils débitent par pur cynisme.

Ceux qui votent UMP se disent qu’ils votent à droite, mais sont tout aussi incapables de définir ce qu’ils entendent par cette expression, « à droite », que les instances dirigeantes du parti. UMP est censé signifier Union pour un Mouvement Populaire. Les mots sont bien choisis. Il y a de l’union en façade : derrière la façade, c’est différent. Il y a du mouvement : des gens qui brassent du vent. Quant au populaire : ceux qui brassent du vent regardent les sondages pour guetter les idées « populaires », ce qui explique un programme aussi flou que le bâtiment sur la photo de François Hollande.

Les Verts s’amoindrissent comme une pastèque laissée trop longtemps au soleil et au bord de la décomposition. Les lubies des croyants au réchauffement global et des amoureux du pétard et de l’éolienne font moins recette quand la pauvreté gagne du terrain.

Le Modem est en phase terminale et sera bientôt débranché. Ce qui aurait dû être fait depuis longtemps.

Le Front de gauche suit la pente sur laquelle a glissé avant lui le Parti Communiste : la coalition de déclassés, d’artistes subventionnés, d’écrivains au RSA et de comédiens en simili qui lui font cohorte semble se lasser des accents castristes de Mélenchon, parti s’égarer chez les ouvriers que, jusque là, il connaissait surtout par la lecture assidue du Germinal d’Emile Zola.

Le Front National continue à progresser et s’il incarne toujours des valeurs nationalistes, il est aussi devenu un parti nettement socialiste.

On chercherait en vain une idée neuve, un élan, un appel au dynamisme, à la liberté d’entreprendre, à l’ouverture au monde.

Il y a effectivement de quoi s’abstenir.

On demande d’urgence un homme ou une femme politique qui comprendrait l’économie, la mondialisation, les mutations géopolitiques en cours et qui pourrait proposer un avenir qui n’aurait pas des allures de crépuscule.

Il ne sert à rien de demander, je sais. Un homme ou une femme politique de ce genre en France serait marginal(e).

Pour qu’il ou elle existe, il faudrait que les explications existent. Les journalistes et les commentateurs à même de donner les explications se comptent en France sur les doigts d’une seule main : au rythme où vont les choses, ils risquent de se compter bientôt sur les doigts d’un main amputée de quelques doigts. Et, de toute façon, je l’ai dit, les programmes télévisés sont passés à l’heure d’été.

Si une refondation devait s’opérer (ce dont je doute), elle devrait commencer par le seul commencement concevable : le travail intellectuel. En deçà de la victoire de Margaret Thatcher au Royaume-Uni, il y a eu le travail de l’Institute of Economic Affairs. L’héritage de Margaret Thatcher a été largement gaspillé par ses successeurs, hélas. Aux Etats-Unis, il y a eu, en deçà de la victoire de Ronald Reagan, les accomplissements du mouvement conservateur américain et ses divers think tanks. En France, les centres de recherche intellectuelle libéraux et conservateurs sont condamnés au pain sec et à l’eau claire, et aucun homme politique en exercice ne les fréquente.

Nous n’en sommes pas à la refondation, mais à l’écroulement, et encore, pour qu’il y ait un écroulement, encore faudrait-il qu’il y ait quelque chose qui tienne debout.

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© Guy Millière pour www.Dreuz.info

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