J’aimerais m’intéresser aux élections législatives.
Je n’y parviens pas. Le plus grand parti de France est à nouveau celui des abstentionnistes. La mobilisation suscitée par la volonté de chasser Nicolas Sarkozy s’est essoufflée, et ceux qui se sont mobilisés discernent qu’ils ont porté à la présidence un promeneur provincial qui a choisi, sur sa photo officielle, de se montrer égaré dans les jardins de l’Elysée, avec, dans le flou, au loin, un bâtiment sans importance et, sur le côté des drapeaux presque effacés. Ils peuvent se reposer.
Les socialistes français auront bientôt une majorité. Ils ont promis un peu moins que d’habitude, mais ils ont promis quand même.
Ceux qui ont voté Hollande attendent que les petites promesses soient tenues.
Ils tendent déjà leur sébile et espèrent récolter quelque menue monnaie tirée des poches de riches assez idiots pour se laisser faire par les pickpockets du fisc. Ils espèrent deux ou trois mille emplois de fonctionnaires. Ils sont inquiets du futur. Ils ne comprennent que fort peu du monde tel qu’il devient, car les explications sur les mutations économiques et géopolitiques sont absentes des journaux et des programmes de télévision qui, de toute façon, ont déjà été mis à l’heure d’été. Ce qui reste de matière grise utilisée (très peu) est mis au réfrigérateur en attendant septembre.
Ceux qui votent socialiste aux élections législatives sont ceux qui tiennent vraiment aux petites promesses, et il en est même parmi eux certains qui croient vraiment à la construction d’un société socialiste, ce qui les distingue de ceux pour qui ils votent, qui ont davantage d’intelligence et ne croient pas un mot des billevesées qu’ils débitent par pur cynisme.
Ceux qui votent UMP se disent qu’ils votent à droite, mais sont tout aussi incapables de définir ce qu’ils entendent par cette expression, « à droite », que les instances dirigeantes du parti. UMP est censé signifier Union pour un Mouvement Populaire. Les mots sont bien choisis. Il y a de l’union en façade : derrière la façade, c’est différent. Il y a du mouvement : des gens qui brassent du vent. Quant au populaire : ceux qui brassent du vent regardent les sondages pour guetter les idées « populaires », ce qui explique un programme aussi flou que le bâtiment sur la photo de François Hollande.
Les Verts s’amoindrissent comme une pastèque laissée trop longtemps au soleil et au bord de la décomposition. Les lubies des croyants au réchauffement global et des amoureux du pétard et de l’éolienne font moins recette quand la pauvreté gagne du terrain.
Le Modem est en phase terminale et sera bientôt débranché. Ce qui aurait dû être fait depuis longtemps.
Le Front de gauche suit la pente sur laquelle a glissé avant lui le Parti Communiste : la coalition de déclassés, d’artistes subventionnés, d’écrivains au RSA et de comédiens en simili qui lui font cohorte semble se lasser des accents castristes de Mélenchon, parti s’égarer chez les ouvriers que, jusque là, il connaissait surtout par la lecture assidue du Germinal d’Emile Zola.
Le Front National continue à progresser et s’il incarne toujours des valeurs nationalistes, il est aussi devenu un parti nettement socialiste.
On chercherait en vain une idée neuve, un élan, un appel au dynamisme, à la liberté d’entreprendre, à l’ouverture au monde.
Il y a effectivement de quoi s’abstenir.
On demande d’urgence un homme ou une femme politique qui comprendrait l’économie, la mondialisation, les mutations géopolitiques en cours et qui pourrait proposer un avenir qui n’aurait pas des allures de crépuscule.
Il ne sert à rien de demander, je sais. Un homme ou une femme politique de ce genre en France serait marginal(e).
Pour qu’il ou elle existe, il faudrait que les explications existent. Les journalistes et les commentateurs à même de donner les explications se comptent en France sur les doigts d’une seule main : au rythme où vont les choses, ils risquent de se compter bientôt sur les doigts d’un main amputée de quelques doigts. Et, de toute façon, je l’ai dit, les programmes télévisés sont passés à l’heure d’été.
Si une refondation devait s’opérer (ce dont je doute), elle devrait commencer par le seul commencement concevable : le travail intellectuel. En deçà de la victoire de Margaret Thatcher au Royaume-Uni, il y a eu le travail de l’Institute of Economic Affairs. L’héritage de Margaret Thatcher a été largement gaspillé par ses successeurs, hélas. Aux Etats-Unis, il y a eu, en deçà de la victoire de Ronald Reagan, les accomplissements du mouvement conservateur américain et ses divers think tanks. En France, les centres de recherche intellectuelle libéraux et conservateurs sont condamnés au pain sec et à l’eau claire, et aucun homme politique en exercice ne les fréquente.
Nous n’en sommes pas à la refondation, mais à l’écroulement, et encore, pour qu’il y ait un écroulement, encore faudrait-il qu’il y ait quelque chose qui tienne debout.
Reproduction autorisée, et même vivement encouragée, avec la mention suivante et impérativement le lien html ci dessous :
© Guy Millière pour www.Dreuz.info
il faut un Guy Milliere pour tout recadrer. sur le coup +1
j’ai ete vote a la presidentielle au consulat, Sarkozy, par ce qu’on m’a dit que et que et que…et les legislatives je n’ai pas ete vote.
a vrai dire je m’en tape.
s’interresser a la politique francaise, c’est comme pisser dans un violon.
je ne vis plus en France, et il y a des problemes a resoudre en Israel.
ceci dit je veux bien admettre qu’en habitant en France, pour certains
il doivent (encore que…) s’interresser. de la a fouiner dans les recoins du FN, du PS, d’untel ou d’untel, tient du masochisme.
aller a la piscine, jardiner, ecouter de la musique, changer d’air,
ca vous sera bien plus gratifiant.
Bonjour Robert comment vas-tu?
Ne pas voter est une chose que j’ai moi-même hésité à faire. Cette campagne fut nul de bout en bout, comme le niveau des candidats (et on parle bien de tous les candidats) de ma circonscription.
On pourrait élire un hamster que ça reviendrait vaguement au même, avec l’avantage non négligeable qu’étant donné la durée de vie de l’animal il ne pourrait se représenter.
En plus ce serait drôle.
Donc mon mot d’ordre pour la prochaine campagne; partez avant et sinon votez hamster!
Allez pour donner une petite note d’humour à cette triste et néfaste élection législative;
http://www.youtube.com/watch?v=hYfJ37BdiLg
voir à 6’40”
Mr Robert le Hero, si la politique et la démocratie française vous vous en “tapez” alors soyez cohérent et supprimez votre nationalité française, et la France et les français vous en remercieront. La démocratie: elle ne se foule pas du pied, elle se mérite.
Un constat tristement véridique !!!!!!
S’abstenir de voter c’est comme pisser dans un violon. Si l’on a décidé de ne pas se déplacer pour voter, on a pas le droit de l’ouvrir par la suite pour se plaindre et critiquer.
Si aucun candidat ne vous convient, votez blanc, mais déplacez-vous et pensez que dans bien des pays le droit de vote soit n’existe pas, soit le scrutin est honteusement truqué au départ.
Les citoyens doivent exiger le rétablissement de la proportionnelle directe, c’est un déni républicain de constater qu’un parti comme les verts puisse avoir des députés alors que le FN qui représente trois fois plus d’électeurs risque d’ en avoir beaucoup moins , si ce n’est même aucun.
@ crapouillot
achetes toi un meilleur matelas, et dors mieux la nuit. c’est benefique.
Les votes blancs ne sont pas décomptés, et ne servent à rien. L’abstention constitue un signal pouvant mener à une délégitimation d’un fonctionnement faussé.
C’est bien ce que je ressens aussi.
UNE PETITE INCOHERENCE (OU DE L’HUMOUR) DE GUY MILLIERE
Guy Millière nous gratifie presque chaque semaine d’un article sur la politique française en commençant invariablement par expliquer : “la politique française ne m’intéresse pas”. A force je me demande si il écrit sérieusement, si c’est de l’humour, à prendre au deuxième degré… (?????) Moi qui ne suis jamais parvenu pas à m’intéresser à l’élevage des carpes japonaises je n’écris pas chaque semaine un article sur le sujet.
C’st un fait, la politique français ne m’intéresse pas, et me consterne, mais comme j sais qu’elle intéresse les autres, j’en parle quand même. Et puis, quand on fait un travail intellectuel, on doit se pencher parfois sur des choses inintéressantes, voire consternantes.
aaah Mr Millière!
La seule fausse note de ce texte est votre appel à “l’ouverture au monde”! Il faut nuancer ça!
Martin, lisez plutôt ce qui est écrit : « J’aimerais m’intéresser aux élections législatives. Je n’y parviens pas. »
S’intéresser aux élections législatives et s’intéresser à la politique, fût-elle française, n’est pas exactement synonyme, il me semble. En élargissant un peu, je dirais qu’on peut avoir la politique en horreur, et s’intéresser pourtant au politique. C’est bien le problème, justement ! Tout le monde fait (ou parle) de la politique, en France, mais combien peu nombreux sont ceux qui s”intéressent vraiment au politique. Il serait temps que nos politiciens s’éloignent un tant soit peu de l’objectif, qu’ils prennent de la hauteur.
Mr Millière, vous devriez faire votre allya,:) on a besoin de gens comme vous ici et on vous aime, mais je vous en prie faites attention à votre santé les gens qui vous consternent ne pas la peine que vous vous donnez à ne pas les supporter. Vous êtes un homme génial.
“ne valent pas la peine”
A cet égard, il me semble significatif de remarquer, dans un premier temps, que les français s’abstiennent largement aux élections européennes, alors qu’eu égard aux transferts de souveraineté, ce devraient être les plus importantes.
Dans un deuxième temps, la forte abstention aux législatives me semble avoir pour première cause (G. Millière est le premier que je vois le remarquer, mais j’ai fulminé devant mon poste de radio dimanche soir en entendant les journaleux se perdre en creuses suppositions), le fait que les français n’ont pas voté pour François Hollande mais contre Nicolas Sarkozy. Il n’y a donc pas (ou il y a significativement moins qu’à l’acoutumée) d’adhésion à un projet, et du coup une moindre mobilisation aux législatives. Les socialistes auront certes probablement la majorité, parce qu’il s’agit d’une mécanique bien rôdée de donner une majorité au président fraîchement élu ; mais, ils en sont d’ailleurs conscients, ils bénéficient globalement d’un vote de rejet et non d’un vote d’adhésion. Je crois qu’il est grave qu’un pays soit gouverné dans ces conditions.
Enfin, il faut rappeler une autre cause majeure du désintérêt pour les élections générales : le référendum, voté dans l’indifférence générale (30% de participation) qui a aligné la durée du mandat présidentiel sur celle de l’Assemblée.
Quant à l’homme providentiel…
Les français ont cru le trouver en 1981 avec François Mitterrand ; ils y ont cru à nouveau en 1988 avec le même ; pas tout à fait en 1995, Jacques Chirac ayant largement bénéficié de la médiocrité de Jospin, tout comme en 2002 ; ils y ont à nouveau cru, assez fortement, en 2007 avec N. Sarkozy : la réaction de rejet a été à la hauteur de la déception. Mais pour autant on peut légitimement douter qu’ils croient les discours de F. Hollande, et c’est un point véritablement inquiétant. La médiocrité des débats de la Présidentielle, que G. Millière souligne, a été à la hauteur du désabusement (néologisme maison) de la population. Cette médiocrité ne s’est pas démentie pour la campagne des législatives. A cet égard je crois que la presse a une grande part de responsabilité, en entrant dans le jeu politicien et en omettant de poser les vraies questions afin de susciter les vrais débats.
Je serais curieux de voir un sondage (un de plus !) sur ce que les français savent du programme du Président qu’ils ont élu, et des propositions de son adversaire. Les résultats seraient vraisemblablement cocasses, mais ce qui l’est moins, c’est qu’il me semble qu’ils n’ont pas envie de savoir. Ils se contentent d’attendre, et de râler quand ils ne sont pas contents.
Décidément l’avenir n’est pas rose au pays du panem et circenses…
Merci Monsieur Millière de signaler une bonne nouvelle :
“Les Verts s’amoindrissent comme une pastèque laissée trop longtemps au soleil et au bord de la décomposition. Les lubies des croyants au réchauffement global et des amoureux du pétard et de l’éolienne font moins recette quand la pauvreté gagne du terrain.”
Me voici un peu moins dépressif, j’espère une réacion!
Comme d’habitude, voilà un très bon résumé d’une situation affligeante mais je ne suis pas d’accord sur une chose: “Il y a [effectivement] de quoi s’abstenir” mais ça n’est pas une raison pr le faire!!
Le vote est le seul moyen de dire NON à Hollande et à la gauche. Si vous ne votez pas, il ne vous restera plus que les yeux pour pleurer!
Ok; la droite, n’est plus vrmt à droite, l’extrème droite tourne socialo et les socialistes continuent le chant des sirènes mais le pire est à venir s’il n’y a pas un contre pouvoir. Je ne suis pas d’accord avec certains commentaires lus par le passé, “il faut laisser la gauche s’enfoncer toute seule”. Dans l’absolu c peut-être vrai, mais concrêtement qd le bateau coule, ne quittez pas le navire!
quand des elus se font elire avec moins de 50% des voix cela entame leurs legitimité, et donc ne peuvent se prevaloir dans les medias d’etre les representant legitime des francais. les medias ne manquent pas de le souligner (au moins ca), donc oui ne pas voter est une bonne facon de les (les elus) emmerder et de leurs claquer un peut le beignet. et dans ce pays d. sait combiens en ont besoin, le cas melenchon est un bon exemple, apres la mega giffle de dimanche dernier je pense qu’on ne va pas voir ce poissonier mal elever, imbus de sa personne et revolutionnaire des grands salons tout de suite rammener sa grande gueule et tant mieux ca nous fera des vacances.
“quand des elus se font elire avec moins de 50% des voix cela entame leurs legitimité,” : montrez moi lequel des élus a jamais fait cas de sa légitimité.
la france est en etat de mort cerebrale avec respirateur artificiel. game over.