Publié par Guy Millière le 29 juin 2012

N’ayant vu aucun article en langue française reliant les faits entre eux de manière précise, je me dois de souligner quelques points concernant l’évolution de la situation au Proche Orient. J y reviendrai des mon retour de voyage, mais ce qui se passe est suffisamment grave pour impliquer une analyse d’urgence.

1. La Libye est dans un état de désordre très profond, et parcourue par des milices islamistes violentes. Voici quelques jours, l’ambassadeur du Royaume Uni dans le pays a été attaqué à la roquette a Benghazi, deux de ses gardes du corps ont été blessés. Ce n’est là que l’un des multiples incidents graves et meurtriers que connait le pays. Le chaos libyen ne fait que commencer, tout comme ses répercussions vers le Sud du Sahara et le Sinaï.

2. l’Egypte, avec l’élection de Mohamed Morsi à la présidence, a pris un virage plus prononcée encore vers l’islam radical, et est entrée dans un basculement vraisemblablement sans retour, qui aura vite des répercussions dans toute la région. L’armée semble pour l’heure résister à l’omnipotence islamiste, mais sa résistance est d’autant plus friable que les caisses sont vides et que l’économie est en situation de désastre absolu. C’est l’Arabie Saoudite qui a incité l’armée égyptienne à adopter une posture ferme, mais les moyens d’influence de l’Arabie Saoudite sont faibles si on les compare avec d’autres, ceux des Etats Unis par exemple, et ceux-ci n’ont pas du tout la même politique, là, que l’Arabie Saoudite, et sont, c’est un fait accablant, plus proche des islamistes que les dirigeants saoudiens. Le chaos égyptien, en ces conditions, ne fait lui même que commencer, et ses répercussions seront plus vastes encore que celles touchant la Libye.

3. La Syrie est dans une situation de guerre civile qui s’aggrave et qui peut dégénérer en guerre régionale. Le régime Assad, en abattant des avions turcs, a délibérément cherché à enclencher un engrenage plus vaste, car il sait que la Turquie veut sa chute, et le régime Assad pense pouvoir retarder l’échéance en faisant planer la menace d’une extension du conflit. La Turquie entend elle-même, de son cote, pousser la Syrie à la faute, et y trouver prétexte à intervention sous l’oriflamme de l’Otan. Le but de la Turquie est de faire tomber le régime Assad de façon a parachever l’hégémonie islamiste sunnite dans la région et à affaiblir l’Iran.

Le but d’Assad, et de l’Iran par son intermédiaire, est de maintenir absolument la continuité qui relie Téhéran, Bagdad, Damas et Beyrouth. Assad, en tout cas, fera tout pour ne pas tomber sans provoquer un cataclysme, et il dispose d’armes bactériologiques et chimiques, dont celles venues d’Irak avant la guerre de 2003.

Le chaos syrien ne fait que commencer lui aussi. Et ses répercussions peuvent être infiniment plus catastrophiques que celles du chaos égyptien.

4. Derrière le régime Assad, il y a précisément l’Iran, dont les dirigeants pensent qu’ils jouent leur survie en soutenant jusqu’au bout le régime Assad. Si le régime Assad survit, ce qui est très hypothétique, ce sera une défaite pour la Turquie, et suivra sans doute une tentative de rapprochement entre l’Iran et les Frères musulmans. Si le régime Assad tombe, ce sera dans le contexte d’une guerre globale entre l’Iran et le monde sunnite, et cette guerre pourrait aisément déborder la région, surtout si l’Otan s’implique.

5. La visite de Poutine en Israël, en ce contexte global, visait très vraisemblablement de la part de Poutine à tenter de sauver le régime Assad en échange de promesses à Israël concernant l’Iran : Poutine est prêt, pour sauver le régime syrien, à accepter tacitement des frappes israéliennes sur l’Iran, quitte à protester si ces frappes ont lieu. Poutine ne veut pas d’un renforcement des islamistes sunnites, car ceux-ci ont des liens avec les islamistes agissant dans les régions musulmanes de la Russie et dans les républiques périphériques de l’ex empire russe. Il ne veut surtout pas d’un renforcement trop grand de la Turquie, qui a des liens culturels avec diverses républiques périphériques de l’ex empire russe.

6. En ce même contexte global, Israël doit faire preuve de vigilance, mais n’est pas un acteur majeur de ce qui se joue. Le conflit islamistes chiites-islamistes sunnites, et le conflit entre islamistes et Arabie Saoudite sont au centre des préoccupations des divers protagonistes. Le régime syrien ne menacera pas Israël tant qu’il ne sera pas menacé dans sa survie. Les dirigeants iraniens et égyptiens pourront tenir des propos menaçants vis-à-vis d’Israël pour renforcer leur prestige djihadiste, sans passer pour autant à l’action. La question « palestinienne » n’est pas du tout au centre des préoccupations des diverses factions islamistes, même si elles sont imprégnées d’une haine envers Israël, qui ne doit pas être négligée.

7. En ce contexte toujours, la Russie joue sa propre partition, et, donc, se rapproche d’Israël pour sauver le régime syrien, affaiblir la Turquie, refréner l’Iran. l’Europe est très absente, et considérée comme un appui potentiel de la Turquie et des islamistes sunnites. Son insistance sur la question « palestinienne » est totalement déphasée et repose sur une vision très myope de ce qui se joue.

Les Etats Unis, conformément à la doctrine Obama, se font les agents de l’islamisme sunnite, n’ont pas de politique autre que des négociations stériles avec l’Iran, et, n’adoptant pas même vis-à-vis d’Israël la real-politik pratiquée par Poutine, se conduisent en ennemi d’Israël et des valeurs du monde occidental.

On peut souhaiter vivement que l’administration Obama quitte le pouvoir au bout de quatre années décidément très funestes. Les liens entre l’administration Obama et les Frères musulmans devront être pleinement mis au jour.

Nous sommes plus que jamais face a l’islam radical, et le livre que j ai signé avec Daniel Pipes, et qui porte ce titre, fournit plus que jamais, je pense, une grille de lecture indispensable, qui devrait être entre les mains de nombre de journalistes aux fins de les aider a y voir un peu plus clair, si tant est que leur but soit d’y voir clair et d’eclairer leurs lecteurs.

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© Guy Millière pour www.Dreuz.info

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