Publié par Guy Millière le 3 juillet 2012

Une expression anglaise traduit fort bien ce dont j’entends traiter ici : orage parfait. Elle décrit une situation de turbulences et d’intempéries intenses constituant une forme d’absolu en matière de turbulences et d’intempéries.

La Deuxième Guerre mondiale a constitué une forme d’orage parfait, où se sont mêlés totalitarismes entrant en relations conflagratoires les uns avec les autres, crimes contre l’humanité sans précédent, destructions sur les cinq continents, catastrophe économique.

Après l’orage, vient le moment de rebâtir, et le monde dans lequel nous vivons reste celui qui a été rebâti après la Secon­de Guerre mondiale
 : les États-Unis sont devenus à ce mo­ment-là les garants de l’ordre du monde et de la liberté, les valeurs de démocratie et de droits de l’homme se sont affirmées comme l’horizon d’idéalité, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes s’est affirmé et la décolonisation a suivi.

La montée en puissance du capitalisme et sa planétarisation ont monté comme une vague immense. Les totalitarismes subsistants ont été endigués et se sont, pour l’essentiel, effondrés.

Au moment de leur effondrement, l’essayiste Francis Fukuya­ma a publié un livre évoquant la fin de l’histoire. L’Europe qui se construisait semblait aller vers un nouveau mode de gouvernance.

On s’aperçoit aujourd’hui de ce qu’on savait, en fait, déjà depuis longtemps : l’histoire n’est pas achevée. Les illusions de paix sont trompeuses. Les cataclysmes n’appartiennent pas seulement au passé.

Un totalitarisme nouveau a fait son apparition et a montré que le totalitarisme pouvait muter, sans disparaître : le totalitarisme islamique
, en effet, tout en étant un totalitarisme, ne s’appuie pas sur des États puissants et centralisés, mais sur des nébuleuses dogmatiques et terroristes.

Des pays sortis du totalitarisme cherchent à faire refluer la liberté de parole, de commerce et d’entreprise. Des interventions hasardeuses de gouvernements et de technocrates dans l’économie provoquent des effets de bulle qui, lorsque les bulles crèvent, déstabilisent des pans entiers de l’économie et de la finance. Des idées délétères survivent et peuvent conduire à des déstabilisations majeures.

Nous sommes entrés depuis 2008 dans une phase où tous ces éléments se conjuguent, agissent en synergie, et conduisent vers un « orage parfait ».

Les prêts subprimes aux États-Unis ont conduit à un ébranlement majeur et planétaire du système financier mondial, qui se poursuit jusqu’à ce jour. L’élection de Barack Obama, il y a bientôt quatre ans, a accentué les difficultés économiques aux États-Unis et remis en cause le rôle stabilisateur que les États-Unis jouaient sur la planète depuis 1945.

L’édifice hasardeux de la monnaie unique européenne révèle peu à peu, et de plus en plus rapidement, ses effets empoisonnés. La fuite en avant dans laquelle la Chine s’est lancée après la révolte de Tien An Men se révèle porteuse de fissures de plus en plus larges. Les retombées des actions d’al Qaïda et de la stratégie d’Ous­sama Ben Laden se montrent fécondes en fruits amers.

Au cours des mois à venir, la zone euro va continuer à se décomposer. Et le continent européen tout entier va être secoué de convulsions qui ne font que commencer. Le clivage entre Europe du Nord et Europe du Sud va s’accentuer, et la France est sur la ligne de faille de ce clivage. La croissance dans l’ensemble de l’Europe va rester quasiment nulle et être négative dans plusieurs pays, où chômage et paupérisation vont grandir. Les États-providence européens vont mourir et ce ne sera pas une mort paisible.

Les difficultés que connaît l’économie chinoise vont s’accentuer et, avec elles, les troubles intérieurs à la Chine, sans que nul puisse en prédire les conséquences.

À l’effondrement de la zone euro et aux troubles de la Chine s’ajoute l’effondrement du monde arabe qui, lui-même, n’en est qu’à son commencement.
 Les tensions suscitées par l’Iran s’intensifient et ne peuvent pas ne pas conduire à une explosion.

Si Barack Obama est réélu en novembre prochain, l’année 2013 sera très chaotique. Si, comme c’est désormais probable, Mitt Romney le remplace, il sera confronté à une tâche absolument immense.

© Guy Millière

Parution originale sur le site les 4 vérités

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