Publié par Jean-Patrick Grumberg le 7 juillet 2012
Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice socialiste, a réagit énergiquement aux recommandations de la Cour des comptes (1). Elle lui reproche de vouloir dicter au gouvernement sa politique « à la place des Français ».
« Je ne le trouve pas très fécond dans les propositions » s’exclame la sénatrice de Paris, au sujet de Didier Migaud, le premier président de la Cour des comptes. « On a l’impression que la Cour des comptes veut régler à la place des Français les choix politiques qu’ils ont fait ».
Les Français auraient-ils fait le choix de la faillite que veut leur éviter la Cour des comptes s’ils avaient pu l’anticiper ? Combien de Français ont lu le programme économique du candidat socialiste à la présidence ? Combien de Français ont la compétence, la formation, pour analyser les conséquences, positives ou négatives, d’un tel programme ? Combien même de journalistes ont cette compétence et l’ont fait ?
La Cour des comptes, dont l’existence est le garde-fou des folies irresponsables des politiques, a lu le programme du gouvernement socialiste. Et elle a conclu qu’il présentait des failles et des dangers graves pour la bonne santé économique de la France.
Et il faudrait se priver de ses recommandations ? Si elle dérangent les appétits dévorants des socialistes au pouvoir, faut-il diaboliser cet air-bag institutionnel avant de taper dans le mur, et le brûler pour atteinte à la démocratie ?
La sénatrice socialiste semble en fait souhaiter pour son gouvernement, sous couvert de démocratie, un pouvoir absolu sans une seule voix dissonante. Le genre qui a mené l’ex URSS à sa ruine. La France, URSS 2.0, c’est pour maintenant ?
Je ne crois pas avoir souvent entendu un sénateur exiger qu’il ne soit pas tenu compte des recommandations des sages de la rue Cambon, au prétexte que les Français savent mieux qu’eux.
Ne serait-il pas plus démocratique, au lieu de la diaboliser, qu’une Cour des comptes non politisée et indépendante des lobbies gauchistes analyse les programmes économiques AVANT les élections, et dise le vrai ?
Irritée, la sénatrice socialiste lance : « vous entendez la Cour des comptes vous dire qu’il faut augmenter la TVA et la CSG mais les Français ne l’ont pas voulu. Il vous dit (Didier Migaud) qu’il faut réduire brutalement les embauches et les évolutions de salaires. Je ne crois pas que ce soit ce que les Français ont souhaité, ils ont fait d’autres choix ».
En effet, ce ne sont pas les Français qui l’ont souhaité. Mais Bruxelles, Angela Merkel dont la France sollicite l’aide financière, et la Cour des comptes, disent que les Français n’ont pas les moyens de se payer leurs danseuses.
Enfin, la sénatrice conclut très agacée : « le politique n’est pas là pour être à la botte de la Cour des comptes ».
Il me semble pourtant que si. Le politique est à la botte des citoyens, il est redevable de ses actions, et la Cour des comptes est l’organe théoriquement chargé par les Français de les tenir à leur botte.
Et puisque la sénatrice veut que la démocratie et le choix des Français s’expriment, l’association ‘le cri du contribuable’ l’a prise au mot, et a questionné le service de presse de Matignon (2) pour savoir de quelle façon le collectif budgétaire tiendra compte du rapport de la Cour des comptes.
Les coups de téléphone de l’’association ont été accueilli par un « ton désagréable et séchant au téléphone, interlocuteur toujours en réunion ». Quand aux tentatives de trouver réponse par email, ‘le Cri du contribuable’ les attend toujours.
Comment les Français peuvent-ils exprimer leurs inquiétudes, après avoir pris connaissance du rapport alarmant de la cour des comptes, si toutes les voies de communication leurs sont fermées ?
Pareil pour les entreprises. Leur petit nombre par rapport aux dizaines de millions d’électeurs leur interdit de peser dans le débat démocratique, alors qu’elles financent la France, et payent non seulement les salaires de leurs employés mais aussi ceux des fonctionnaires de l’Etat, du petit fonctionnaire au Président de la République. Donc une majorité de Français décide du sort et des finances des entreprises qui ne peuvent faire valoir leur point de vue.
Les organisation patronales (3) sont inquiètes des mesures fiscales qui ont été décidées contre elles. Qui s’en préoccupe ? Les entreprises Françaises ont perdu 20% de compétitivité par rapport à leurs concurrents européens. Qui, dans les sphères du pouvoir, comprend même ce que cela veut dire : ils n’ont jamais travailler dans un environnement qui crée de la richesse et de l’emploi…
Reproduction autorisée et vivement encouragée, avec la mention suivante et le lien ci dessous :
© Jean-Patrick Grumberg pour www.Dreuz.info
(1) http://www.publicsenat.fr/lcp/politique/gouvernement-n-pas-botte-cour-des-comptes-estime-marie-no-lle-lienemann-288702
(2) http://www.lecri.fr/2012/07/03/le-service-de-presse-de-matignon-ne-daigne-pas-repondre-au-cri/34076?utm_source=twitterfeed&utm_medium=twitter
(3) http://www.rtl.be/info/economie/monde/890725/budget-les-mesures-fiscales-inquietent-le-patronat

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