Publié par Jean-Patrick Grumberg le 30 juillet 2012

De toutes les démocraties occidentales, la France est la seule dont aucun membre du gouvernement n’est issu du privé.

Imaginez le degré d’incompétence économique d’un gouvernement dont aucun de ses membres n’a jamais dirigé une entreprise. Dont aucun de ses membres n’a même jamais travaillé en entreprise. Un gouvernement composé d’individus qui ont toute leur vie été payés par le produit de nos impôts.

Imaginez que leurs « conseillers » économiques – tous leurs conseillers économiques – n’ont eux non plus jamais travaillé en entreprise mais ont également été payés par nos impôts.

Ils ne savent pas ce que faire fructifier une entreprise veut dire.

Seulement voilà, l’argent que le gouvernement utilise, distribue pour sa politique sociale, il vient des entreprises (qui, au passage, créent également l’emploi).

Si vous réalisez les conséquences de cette ingrate réalité, c’est que vous êtes marginal au sein de votre propre pays.

Avant la présidentielle, seuls 40 % des Français pensaient que François Hollande serait capable de redresser la France. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 38 % (1). Et ils l’ont élu…

Les entreprises, elles, ne peuvent pas se permettre ces raisonnements. Car avant d’être les vaches à lait qui financent les largesses du socialisme, elles ont des obligations vis à vis de leurs salariés, vis à vis de leurs actionnaires, et vis à vis de leurs propriétaires, à qui il serait difficile de reprocher de vouloir protéger leur patrimoine.

Ainsi, plusieurs entreprises du CAC 40 ont-elles déjà installé à l’étranger quelques fonctions clefs, pour éviter la taxe à 75 %, et elles préparent des baisses de rémunération pour ceux qui restent en France.

« J’avais recruté trois cadres américains à Paris. Ils sont partis, confie le PDG d’un groupe industriel du CAC 40 au Figaro (2). Ils exercent les mêmes fonctions, mais sont basés ailleurs »

Leurs impôts rempliront désormais les caisses d’autres États, leurs dépenses personnelles feront fleurir les économies d’autres pays.

La taxation à 75 %, pas encore validée par le Sénat, fait déjà très fort. Elle fait fuir les dirigeants et cadres supérieurs, et même ceux qui sont encore loin de gagner le million d’euro fatidique qui punit les dirigeants performants.

Après des semaines de négociations, un manager de retour d’expatriation a annulé au dernier moment la signature d’un contrat de location pour un grand appartement de prestige, raconte un agent immobilier parisien. Son employeur a choisi de l’installer à Londres

Londres, où David Cameron avait déjà annoncé qu’il récupèrerait avec plaisir tous les riches que la France n’aime pas.

Mais pas besoin de dérouler le tapis rouge, comme l’a proposé le premier ministre britannique : des entreprises sont en train de se sauver de l’enfer fiscal français.

Un groupe tricolore vient d’installer un manager français, débauché aux États-Unis dans une société d’ascenseurs, mais qui refusait de rentrer dans l’Hexagone. Du coup, une partie de son équipe, jusqu’ici basée en France, va devoir traverser la Manche pour le rejoindre, privant la France de ces imposables si juteux.

Un autre indice ? La liste d’attente au lycée Charles de Gaulle à Londres « a augmenté de plus de 700 demandes après le 6 mai », confie un diplomate, toujours au Figaro.

Chez BNP Paribas, plusieurs responsables de la salle de marché ont demandé leur mutation à Londres, tandis que qu’un patron de groupe de luxe affirme que « vous ne trouvez plus aucun cadre étranger qui accepte de venir à Paris. Cette mesure va freiner l’attractivité de la place de Paris » Idem dans l’industrie : « faire venir un cadre de haut niveau et le baser en France, c’est devenu mission impossible » explique un autre dirigeant.

En fait, explique encore le Figaro, la taxe à 75% déstabilise l’ensemble du management, car elle est vécue comme une injustice.

Je confirme que punir ceux qui sont le plus capable de créer la dynamique dont manque la France n’était pas la meilleure façon de redresser l’économie. Mais les membres du gouvernement, pétris de leurs certitudes, ne savent pas à quoi ressemble une entreprise.

Certaines d’entre elles, habituées à promouvoir les meilleurs, les poussent à la délocalisation. « J’ai une pression de certains cadres dirigeants pour partir à l’étranger », confie le patron d’un groupe réalisant plus des trois quarts de son chiffre d’affaires hors de France.

Ce qui est sûr, c’est qu’on ne fera pas de cadeau à l’État, confie un membre de comité exécutif d’un des principaux groupes français, qui a calculé que, s’il coûte 3,5 millions d’euros par an à son employeur, il ne lui reste plus, après le paiement des charges patronales et sociales, puis le règlement de ses impôts, que 750 000 euros. Si la loi passe, on sera payé un million d’euros, et pas plus.

Et la musique est la même du coté des grande familles françaises fortunées (3), qui quittent la France sans attendre le durcissement et la remontée des droits de successions. Pour Sotheby’s International Immobilier, le marché des biens supérieur à 5 millions d’euros est extrêmement dynamique, depuis que « les propriétaires (Français) vendent des biens très importants ».

Finalement, François Hollande aura fait la preuve que même les riches ont besoin d’amour. Déclarer qu’il ne les aime pas n’était sans doute pas le meilleur moyen de les encourager à la solidarité nationale.

Reproduction autorisée, et même vivement encouragée, avec la mention suivante et impérativement le lien html ci dessous :
© Jean-Patrick Grumberg pour www.Dreuz.info

(1) http://www.tdg.ch/monde/europe/Les-Francais-divises-sur-la-credibilite-de-Hollande/story/25899162
(2) http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2012/07/22/20002-20120722ARTFIG00164-taxe-a-75-des-societes-delocalisent-deja-leurs-cadres.php
(3) http://www.lepoint.fr/societe/un-nombre-important-de-familles-fortunees-quittent-la-france-16-07-2012-1486060_23.php

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