Saint-John Philby contre Lawrence d’Arabie*, de Gérard Arboit, collection poches espionnage. 8.20€
En octobre 1917, la révolte arabe était la grande affaire des services de renseignement britanniques. Mais elle était de la compétence de deux administrations différentes, l’Arab Office, au Caire, et le Political Department del’India Office, de Bombay, installé à Bagdad.
Au lieu de monter une mission conjointe, chacun des services délégua auprès des chefs arabes un émissaire différent: Thomas Edward Lawrence pour l’un et Harry St. John Bridger Philby pour l’autre.
Chacun fit un choix stratégique différent, l’un se conformant aux ordres du chérif de La Mecque, l’autre choisissant de favoriser le souverain wahhabite du Nedjd.
Les deux hommes eurent l’occasion de se lier d’amitiés dans les années 1920, et leurs choix initiaux, confrontés à la subtilité de la politique britannique, achevèrent de les décevoir. La mort faucha bientôt Lawrence, tandis que Philby démissionnait de l’administration britannique pour se mettre au service d’Abd al-‘Azīz Āl Su‘ūd, devenu maître de toute l’Arabie saoudite. Et le pétrole saoudien devint américain…
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Directeur de recherche au Centre français de recherche sur le renseignement et enseignant, Gérald Arboit est docteur en histoire contemporaine. Il est également expert auprès du ministère des Affaires étrangères dans le cadre des États généraux culturels méditerranéens et du Conseilde l’Europe (Strasbourg).
Auteur notamment de plusieurs articles sur le premier Empire et le renseignement, il est surtout le premier biographe contemporain de l’espion de Napoléon et l’éditeur scientifique des Fragments de la vie de Charles Schulmeister de Meinau. Un mémoire inédit de l’espion de Napoléon Ier (Paris, L’Harmattan, 2003).
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Lawrence avait un point commun avec Arafat, tiens… il lui arrivait de rugir comme un tigre, lorsque son amant aboyait comme une hyène.
Excellent
Très mauvais goût. Il ya un mystère Lawrence. L’épisode du viol par un officier turc qu’il dit lui avoir apporté du plaisir semble avoir été inventé. Pourquoi alors que l’homosexualité était mal vue? Apparemment une variété de masochisme. Lawrence était tellement tordu que si ça se trouve il est resté chaste aussi bien envers les femmes qu’envers les hommes, tout en se disant homosexuel.
En ce qui concerne Lawrence et Philby ils n’étaient pas exactement aux ordres, en tout cas, pas en théorie. Mais Philby fût effectivement un traitre et s’est d’ailleurs converti à l’Islam. Quelques décennies plus tard son fils Kim fût démasqué comme agent du KGB. Avant d’être démasqué il avait, entre autres, réussi à faire couper l’aide alliée aux partisans non-communistes serbes au moyen d’un faux rapport où il affirmait que seuls les hommes de Tito se battaient.
Quand aux protégés Wahbbites de Philby il ne les mentionne qu’au détour d’une phrase « Dans le Nejd vivaient les fanatiques et dangereux wahabites » ce qui fait penser qu’ils ne se sont pas beaucoup battus contre les Turcs ou alors qu’ils étaient aussi prompts à attaquer les hommes de Fayçal que les Turcs.
Quand au pétrole saoudien devenu américain puis-je faire remarquer que l’éviction des Hachemites se situe plus d’une décennie avant que Roosevelt fasse ami-ami avec Ibn-Séoud?
Puisque l’on parle d’histoire, et comme je ne vois pas où exactement mettre ces question, je le fais ici.
Quand j’étais enfant j’adorais lire dans Spirou « les belles histoires de l’oncle TOM »
Certaines étaient plus qu’excellentes, par exemple
n° 713 RC 4p Alcazar MiTacq, Joly (1952)
n°814 RC 4p Echec à l’Islam MiTacq, Joly (1954)
n°887 RC 5p Charles de Foucault, reconnaissance au Maroc sauvage Paape, Joly (1955)
n°917 RC 5p Isabelle la catholique Joly, Teran (1955)
Bien entendu elles sont introuvables. certaines histoires ont été republiées mais pas celles ci (en tout cas je les cherche depuis longtemps)
L’ouvrage présente de l’intérêt pour ce qui concerne la confrontation directe entre T.E. Lawrence et St. John Philby. Ce dernier fit le bon choix quant au bon cheval qu’il fallait enfourcher : c’est bien Ibn Seoud qui en finale l’emporta sur Hussein de La Mecque, et s’il fallait soutenir ce dernier en 1916 dans sa révolte contre les Turcs, les données du problème n’étaient plus les mêmes au lendemain de la 1ère Guerre mondiale : loin de tout idéalisme, il fallait traiter les affaires politiques et économiques, et ce n’était plus une question de justice, mais simplement le jeu des intérêts et la Grande-Bretagne en voyait un dans l’aide qu’elle apporta au roi du Nedjd, Ibn Seoud, fort des richesses pétrolières des sous-sols de la Péninsule arabique.
On s’attarde trop sur la légende de Lawrence d’Arabie, pas assez sur l’homme, la réalité de sa vie intérieure, mais aussi ses limites et ses échecs.
Le livre de Korda : Hero, est une redite de tout ce qui a déjà été dit et fait, et il faudrait une fois pour toutes sortir de la légende et du mythe, bons pour donner envie de s’intéresser au personnage de T.E. Lawrence quand on est adolescent, mais peu sérieux et pas dignes d’un historien quand on est adulte.
Lawrence eut ses failles : son désir de se faire battre pour renouer avec ce que sa mère lui fit vivre durant l’enfance et l’adolescence et qu’il connut de nouveau adulte ne doit pas nous laisser croire que l’épisode de sa capture et des sévices corporels et sexuels exercés sur lui lors de son passage par Deraa sont le reflet de la réalité. S’il avait été pris, on l’aurait reconnu, et les Turcs auraient traité l’affaire bien autrement. Beaucoup de biographes sont vraiment incorrigibles : est-ce par naïveté ? Comment peuvent-ils tomber dans ce piège ?
Lawrence a inventé cet épisode dans l’espoir que les Arabes en l’apprenant le plaindraient et ne lui en voudraient pas trop de n’avoir pas réussi de plus pour eux que de mettre quelques-uns des fils d’Hussein sur des trônes moyen-orientaux : Irak pour Faysal (au lendemain de son éviction de Syrie par la France) et Abdallah en (Trans)Jordanie.
Regardons les réalités en face, plutôt que de nous accrocher aux mythes. Jeremy Wilson et Michael Korda ont manqué ce tournant : dommage ! Fasse le ciel que les yeux se dessillent.
Gérald Arboit fait oeuvre utile en montrant avec d’autres qui l’a emporté dans l’affaire (et ce ne furent ni Lawrence ni Faysal, bien que l’on puisse en partie le regretter).
Francois Sarindar, auteur de Lawrence d’Arabie : Thomas Edward, cet inconnu, L’Harmattan, 2010
Juste un rappel chronologique : c’est en 1924 et 1925 qu’Ibn Seoud s’empare du Hedjaz et en chasse le chérif Hussein et son fils Ali ; c’est dans les années 1930 que l’or noir jaillit en Arabie saoudite, et que le roi du Nedjd en organise l’exploitation avec la complicité de Philby, cela bien avant qu’il y ait entente avec Roosevelt, conclue tardivement en février 1945 vers la fin de la Seconde Guerre mondiale sur le Quincy, ce qui devait conduire les USA au compromis avec une dynastie qui prônait pourtant une forme d’extrémisme religieux – le Wahhabisme, surgeon d’un sunnisme que l’on voit généralement plus modéré que cette sorte de fondamentalisme fortement ancré en Arabie saoudite et qui fait du prosélytisme un peu partout dans le monde musulman et ailleurs.
Fr. Sarindar