Publié par Dan Levy le 7 août 2012

Par Dan Levy

Un livre ne suffirait pas, et un article encore moins, afin d’énumérer l’ensemble des bienfaits et vertus du sionisme.

Ceci étant, un des buts principaux du projet sioniste n’a pas été atteint, et ne le sera probablement pas dans les années à venir. Cet article se penchera sur cet objectif manqué.

La réalisation de cette idéologie, ou l’établissement d’un Etat juif, nous disait Théodore Herzl, devait mettre fin à l’antisémitisme moderne. Bien qu’au lendemain de la Shoah certains prédisaient également la fin de ‘la plus ancienne haine’, il aura fallu à peine quelques décennies pour que le virus antisémite, une fois de plus, ne se métamorphose.

Sa forme actuelle est fréquemment nommée “le nouvel antisémitisme”, “la judéophobie moderne” ou encore “l’antisémitisme 3.0”.

Sa caractéristique principale, est qu’au lieu de viser les Juifs individuellement, il s’attaque aux Juifs en tant que collectivité, en s’en prenant à leur pays : l’Etat juif. L’ingéniosité de ce virus muté est premièrement de se cacher derrière la prétendue “critique légitime d’Israël”, et deuxièmement dans son recyclage des arguments qui trouvent leurs origines dans les travaux de certains Juifs, nostalgiques des ghettos ou de leurs statuts de dhimmis.

Alors face à ce phénomène, quelle posture doivent adopter cette majorité des Juifs qui, d’Israël ou d’ailleurs, se trouvent être victimes du nouvel antisémitisme?

La meilleure réponse que les Juifs peuvent apporter au nouvel antisémitisme n’est autre que leur fierté.

Cette réponse, ou ce retournement de stigmate, ne bénéficiera pas qu’aux seuls Juifs qui s’y attelleront. Elle profitera aussi a ceux des non-Juifs qui perçoivent le malaise idéologique global, comprennent qu’Israël y trouve une place centrale et souhaitent s’inscrire dans son combat pour la Justice et la Vérité.

Cependant, pour que l’identité juive redevienne source d’honneur, encore faudrait-il que les protagonistes de cette mission, les responsables politiques juifs, soient au rendez-vous.

Le problème est qu’ils n’y sont pas.

Pire encore, la plupart d’entre eux refuse même de reconnaître cette convocation.

Ces intéressés, qu’ils soient rabbins ou dirigeants de communautés, dans leur grande majorité, faillent magistralement dans cette vertueuse vocation. Très peu d’entre eux sont reconnus pour leur leadership, leur capacité de mobiliser, ou encore leur source d’inspiration.

Ceci étant, dans cette série de représentants juifs qui récusent la nécessité de réhabiliter l’honneur de leur identité (ou qui manquent à ce devoir), il se trouve encore une sous-catégorie qui se distingue ostentatoirement : les ambassadeurs de l’Etat d’Israël.

Mis à part ceux qui sont directement nommés par le Premier Ministre Israélien (l’ambassadeur d’Israël à l’ONU ou aux Etats-Unis par exemple), une très grande partie des ambassadeurs d’Israël peinent à remplir leur rôle admirablement. Il faut reconnaître que la faute n’est pas intégralement la leur : la situation géopolitique mondiale rend leur travail bien plus périlleux que celui de leurs confrères suisses ou australiens.

Mais la manière que trouvent certaines personnalités de mettre fin à leurs carrières diplomatiques en tant qu’ambassadeurs d’Israël, ne peut que laisser perplexe ceux qui souhaitent, sincèrement et activement, s’engager aux cotés d’Israël.

L’exemple d’un ambassadeur d’Israël à Paris pendant les années 2000, devrait, à cet égard, devenir un cas d’école. Avant de retourner en Israël, Son Excellence déclara qu'”à la fin de ces quatre années, des portes se sont ouvertes, des esprits se sont ouverts, des cœurs se sont ouverts pour retrouver entre la France et Israël une certaine intimité que nous avions perdu pendant trop longtemps” avant d’ajouter: “il y a quand même quelque chose de particulier qui s’est produit pendant ces dernières années, qui me laisse croire qu’entre [la France et Israël], il y a une fondation suffisamment solide pour que nous puissions toujours dire que nous sommes des pays amis”.

Or, il apparait que ces mêmes années n’ont pas été particulièrement formidables pour le ‘réchauffement’ des liens entre les deux pays. Bien au contraire, l’entrée dans le 21e siècle témoigne du fait que la Ville-Lumière, en respectant sa politique arabe, cherche scrupuleusement à éclipser les intérêts de Jérusalem de sa stratégie géopolitique.

L’opération Plomb Durci, ainsi que la flottille terroriste pour Gaza, auront permis aux mensonges palestiniens de battre – une fois de plus par K.O. – l’Etat d’Israël sur le ring de la guerre des images. Comme d’habitude, les médias français, encouragés par des ONGs, et avec l’aval d’académiciens malveillants, auront consciencieusement servi cette propagande franco-arabe, et préparé les esprits au passage à l’acte (voir les chiffres effarants des actes antisémites en France pour la période 2000-2010).

C’est ainsi que dans les rues de la capitale déferleront des hordes de “manifestants pacifiques”, portant des bannières incriminant les Juifs et assimilant dans leurs slogans les dirigeants israéliens aux dignitaires nazis. Et pendant ce temps, les plateaux de télévisions organiseront des ‘débats’ où notre courageux ambassadeur s’empressera de faire acte de présence, face à des ténors politiques français, usant et abusant de la diabolisation Israël, afin d’apprivoiser et de s’approprier le vote arabe.

De plus, pendant ces années, les appels au boycott de l’Etat juif, instigués par le sinistre mouvement BDS en France, auront non seulement éclos mais surtout mûri et grandi.

De manière emblématique, et toujours pendant cette même période, la seule bataille gagnée par Israël en France, l’aura été alors que l’ambassadeur israélien n’aura ménagé strictement aucun effort dans la défense de son pays. Il s’agira, dans le cadre de l’affaire Al-Dura, de la relaxe en appel de Philippe Karsenty, attaqué pour diffamation par France 2 et Charles Enderlin. (A en croire le vainqueur du procès, le journaliste et l’ambassadeur entretiendraient des liens d’amitié).

Cet exemple ne vise aucunement à dénigrer notre ambassadeur mais à souligner le fond du problème évoqué plus haut, et dont cet individu n’est qu’une manifestation parmi tant d’autres.

L’incapacité qu’ont certains dirigeants Juifs de se défaire du politiquement correct et de reconnaitre une situation telle qu’elle est, déjoue la possibilité d’établir un constat objectif du niveau de propagation du nouvel antisémitisme en Europe et à travers le monde.

Pire encore, elle interdit une défense décomplexée de l’Etat juif de surgir, et contrecarre les moindres efforts de ceux qui cherchent à restaurer l’honneur de l’identité juive, meilleur remède face à l’antisémitisme d’aujourd’hui.

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© Dan Levy pour www.Dreuz.info

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