Publié par Abbé Alain René Arbez le 20 août 2012

Les images et les symboles tiennent une place essentielle dans une spiritualité vivante. Quoi d’étonnant ? Les croyants ont besoin de supports visuels pour exprimer les réalités auxquelles ils accordent une importance centrale dans leur vie.

On peut voir dans les catacombes de Rome comment les premiers chrétiens ont puisé dans l’imagerie biblique pour représenter leur foi au Christ. Peintures classiques du Pasteur et du Rocher qui servaient déjà à évoquer D.ieu dans le Premier Testament, ou encore du sein d’Abraham pour suggérer le séjour des justes réconfortant auprès du Père.

Mais ce qui est paradoxal, c’est que le christianisme qui a été la religion la plus productrice d’art au cours des différentes époques, s’enracine dans une tradition biblique ayant développé l’interdit puis la méfiance envers toute représentation de l’invisible ! Nous lisons dans le livre de l’Exode (Ex 20.4) : « Tu ne te feras pas d’image taillée ! ».

Le prophète Jérémie, conscient de l’attirance des représentations sacrées de divinités auprès du peuple, insiste avec la même mise en garde : « Tout homme devient stupide par sa science. Tout sculpteur devrait avoir honte de son image taillée ! Car ses idoles ne sont que mensonge. Il n’y a en elle point de souffle, elles sont œuvre de néant et de tromperie… » Jr 51.17)

Y voyant un danger sérieux pour ses nouveaux convertis, encore imprégnés de culture paganisante, l’apôtre Paul revient sur le sujet :« Mes bien-aimés, fuyez l’idolâtrie ! » (1 Cor 10.14). C’est avec cette même préoccupation que la Réforme a refusé l’effigie du Christ en croix et préféré la croix nue, alors que les catholiques mettent en évidence le corps du crucifié et que les orthodoxes se sentent en contact avec le divin devant des images peintes.

L’Ecriture avertit : prendre une chose visuelle pour la réalité qu’elle veut évoquer est une offense à D.ieu, et la Bible se montre sévère, certes, mais avec des nuances. Par exemple, après l’épisode déplorable du veau d’or, durant l’Exode, Moïse demande néanmoins que l’on élève sur un étendard un serpent d’airain pour, en cas de danger de mort, orienter les regards du peuple vers le haut, c’est-à-dire vers le Très-Haut.(Nb 21.6) Les kerubim, les anges, qui entourent le mishkan, l’arche d’alliance, sont aussi une représentation des intelligences célestes. Sans oublier la grappe de raisin en or massif, symbole d’Israël apposé sur le fronton du Temple de Salomon à Jérusalem.

Mais les gestes symboliques et les images véhiculées restent ambigus, comme tout ce qui est humain. Qui se souvient de la signification initiale de la signation lors du baptême des premiers chrétiens à l’époque toujours circoncis? Le « signe de croix » sur le front se pratiquait déjà avant le christianisme, car le tav, dernière lettre de l’alphabet hébreu et en forme de X, représentait le T de Torah et était donc était le rappel de l’attachement à D.ieu. Ainsi, Ezekiel précise que lors du jugement dernier, seuls les justes portant sur le front la lettre tav en forme de x seront sauvés…

Non seulement les rabbins, mais aussi les Pères de l’Eglise ont beaucoup réfléchi sur les risques de l’idolâtrie de l’image lorsqu’on veut une relation vivante avec D.ieu. Tertullien, par exemple, estime que déjà la complaisance excessive de voir ou d’être vu est diabolique.

Par fidélité à l’Ecriture, cette critique du visible se veut en fin de compte une exigence de voir l’invisible, au-delà des apparences.

Nous lisons au livre de Samuel 16, 6, lors du choix de David comme roi d’Israël:
« A la vue d’Eliab, Samuel se dit : c’est lui, à coup sûr, que D.ieu a choisi.
Mais le Seigneur lui dit : ne te laisse pas impressionner par son allure et sa taille imposante ! Car c’est n’est pas lui que j’ai choisi !

Je ne juge pas à la manière des humains. Les humains s’arrêtent aux apparences, mais moi je vois la réalité jusqu’au fond du cœur… »

C’est pourquoi la théologie chrétienne admet une image qui soit icône, mais refuse une représentation qui devienne idole. (Le catholicisme distingue entre dulie, vénération et latrie, adoration). Cela, à la fois pour honorer D.ieu, le seul Saint, et pour préserver l’homme de déviances malsaines. L’actualité ne le démentira pas, car les signes extérieurs complètement sacralisés dans nos sociétés sont légions et mententsans complexe sur la réalité humaine !

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© Abbé Alain René Arbez pour www.Dreuz.info

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