Publié par Gilles William Goldnadel le 20 août 2012

Autre sujet de la semaine : l’affaire Julian Assange, à la fois victime et bénéficiaire de la bienveillance de gauche.

La semaine dernière, en France, du Nord au Sud, d’Amiens à Toulouse, la délinquance urbaine s’est rappelée au mauvais souvenir des Français.

Ceux-ci, ne sont pas totalement habitués à ce que l’on puisse tirer à la carabine et au mortier sur des policiers comme cela s’est passé à Toulouse, ville, décidément, très mutine ces derniers mois.

La plupart des journaux auront réalisé la performance de traiter du sujet sans qu’une seule fois soit écrit ou prononcé le mot « immigration ». Dès l’instant où désormais il fait partie de l’impensé donc du non-dit, il n’est pas sûr qu’il faille y voir une manière d’exploit.

J’ai déjà écrit dans ces mêmes colonnes qu’entre le discours de fermeté du ministre de l’intérieur et celui de laisser aller de celle de la justice, le grand écart ne pourra pas être tenu encore bien longtemps. Le Monde du mardi évoque le cas d’un certain « Osland B. condamné multirécidiviste qui a lancé des boules de pétanque sur les policiers ». Le procureur de Toulouse, Monsieur Valet, a réclamé contre lui une peine de prison de huit mois ferme. A en croire donc les disciples de la garde des sceaux, ces courtes peines de prison ne feraient qu’encourager la récidive. Il faut donc de toute urgence libérer Osland B.

Plus sérieusement, à moins que ce ne soit encore moins sérieusement, deux de mes confrères ont fait publier dans le Monde (le 17 août) une tribune dans laquelle ils se proposent ni plus ni moins que de « rendre justice à Madame Taubira ! » Au-delà de l’argument très novateur et très rebelle de ce que la prison ne servirait qu’à créer des délinquants, les deux avocats, in fine, considèrent que derrière les critiques contre la ministre de la Justice se dissimulerait une campagne visant bassement à la vilipender. L’argument serait moins discutable, ou tout au moins pourrait être discuté, si les deux signataires s’étaient donné la peine de donner quelques exemples à l’appui de leurs accusations.

J’en suis réduit à imaginer qu’ils renvoient à d’autres imprécations d’éminences de gauche qui reprocheraient aux détracteurs de la ministre de tutelle de ne la voir que femme et noire.

Malheureusement, ou plutôt heureusement, je n’ai lu sous la plume d’aucun contestataire de la politique de la nouvelle occupante de la place Vendôme autre chose qu’un reproche de laxisme, assez argumenté, ou le fait, indéniable, que lors d’un passé pas si lointain, elle militait en faveur de l’indépendance de la Guyane, ce qui n’est un crime ni de l’avoir fait, ni de le rappeler. La gauche et son extrême, au demeurant, étant assez mal placées pour reprocher à ses adversaires d’avoir eux aussi, de temps en temps, mais beaucoup moins, de la mémoire.

Est-il besoin ici de rappeler combien, ce procès d’intention de racisme ou sexisme en dit plus long sur les accusateurs que sur les accusés ? Dans les années 80, Jacques Chirac, contestant la politique du ministre de la justice de l’époque, Robert Badinter, avait ironisé un peu facilement « sur les lambris dorés de l’appartement de la rue Gymener » d’un garde des sceaux assez stoïque devant la détresse des victimes de la délinquance. Immédiatement, Lionel Jospin avait vitupéré des propos « nauséabonds », entendez qu’ils ne sentaient pas trop le philosémitisme. A la suite de quoi, je m’étais permis de poser cette question provocante, dans « Tribune Juive » : si un ministre juif de la République ne peut pas être critiqué, même durement, sans que son détracteur soit taxé d’antisémite, n’y aura-t-il bientôt plus de ministres juifs ?

Je laisse à la tribune de Cayenne le soin de poser les questions qu’il lui plaira de poser.

Etrange affaire Assange qui cumule dans deux directions opposées les tares de notre basse époque médiatique où les stéréotypes ont pratiquement force de loi.

Monsieur Assange est poursuivi par la justice suédoise pour avoir, parait-il, violé deux jeunes femmes. Lorsque vous examinez les faits qui lui sont reprochés, vous vous apercevez que dans la réalité, aucune des deux femmes ne prétend s’être vu imposer un contact sexuel non consenti mais lui reprochent d’avoir poursuivi celui-ci alors même, on m’excusera du détail, que le préservatif du fondateur de Wikileaks, avait cédé, et alors même qu’il lui avait été enjoint de cesser tout coït.

En dehors même d’une intéressante dissertation sur le libre arbitre de l’accusé au moment de l’infraction reprochée, le juriste qui signe reste perplexe devant l’incrimination de viol.

Au delà de ce qui précède, j’ai déjà suffisamment lassé le lecteur lors de l’affaire Strauss Kahn sur le doute qui doit profiter à l’accusé, a fortiori dans un domaine aussi réservé, pour davantage ne m’appesantir sur cet aspect des choses.

La culpabilité de Monsieur Assange est rien moins qu’évidente.  Monsieur Assange semble être largement une victime du sexisme à rebours.

Il n’en demeure pas moins que Monsieur Assange est poursuivi et réclamé par la justice d’un pays européen qui offre les garanties requises en matière d’extradition. Monsieur Assange doit donc être livré à la justice suédoise pour être entendu avec toutes les garanties que l’on peut imaginer pour que sa présomption d’innocence et les droits de sa défense soient respectés.

Il s’y oppose par tous les moyens, y compris celui de l’anti-occidentalisme des gouvernements gauchisants (Equateur, Vénézuela, Bolivie, etc) dont l’Amérique latine aujourd’hui dispose).

Dans ce cadre, la posture de l’état équatorien qui prétend vouloir empêcher juridiquement, par le truchement de sa représentation diplomatique à Londres, l’extradition de Julien Assange vers la Suède, est d’une totale illégalité.

Puis-je faire remarquer qu’aucun journal ou qu’aucune télé hexagonaux n’ont cru devoir le faire remarquer ? Car au rebours de la précédente matière, le fondateur de Wikileaks est ici non plus la victime mais le bénéficiaire de la bienveillance gauchisante de nos commentateurs futiles.

Brice Hortefeux ayant cru devoir indiquer qu’au rebours de la période actuelle, il n’y aurait eu sous l’ère Sarkozy aucune émeute urbaine, le Monde s’est esbaudit de ce que certains blogeurs taquins aient taclé l’ancien ministre de l’intérieur pour ses approximations.

Moi qui suis également d’humeur taquine, je peux bien me permettre de tacler à mon tour ce journal pour ses propres omissions. Ainsi, je faisais allusion plus haut à cet article de mes deux confrères défendant, et c’est bien leur droit, la politique de l’actuelle ministre de la justice et admonestant ses détracteurs : n’eut-il pas été plus honnête envers le lecteur de préciser que l’un des deux signataires n’était pas seulement un auxiliaire de justice mais également conseiller socialiste à la mairie de Paris ? Autre thème de réflexion – et de taquinerie  – le journal vespéral, décidément distrait ce 17 août, rapporte –  avec le concours de l’AFP – une manifestation salafiste en Tunisie. L’article de préciser que ces salafistes en veulent aux organisateurs de la journée « Al Kuds » (Jérusalem) et plus particulièrement à un certain Samir Kountar présenté par le Monde comme « un militant du FPLP qui a passé près de trente ans dans les prisons israéliennes » , et soutien de Bachar Al-Assad .

N’eut-il pas été plus honnête vis-à-vis du même lecteur de préciser que derrière ce « militant » condamné, effectivement à une longue peine, ne se cachait même pas l’assassin d’une famille israélienne dont une petite fille, dont le crâne a été écrasé par ce « militant » à coups de pierre ?

Mais je dois être trop taquin.

© Gilles William Goldnadel

L’article original peut être consulté sur le Blognadel

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