Publié par Guy Millière le 28 août 2012

Je l’ai déjà dit. Je m’informe en lisant les journaux américains, israéliens, britanniques, parfois les journaux allemands ou italiens, plus rarement les journaux espagnols. Je lis aussi les journaux australiens ou indiens. Ce que je lis en dernier est la presse française, et c’est uniquement pour voir à quel degré les informations seront broyées et passées à l’essoreuse.

Le Monde me déçoit rarement : c’est quasiment le journal officiel de l’antisionisme subtil, qui n’est, bien sûr, pas du tout un antisémitisme, même s’il lui arrive d’en avoir l’apparence. Si Le monde n’existait pas, quel journal donnerait une tribune à l’ambassadeur d’Iran pour tendre la main à la France juste après une diatribe haineuse et négationniste d’Ahmadinejad ?

Le Figaro a encore une ou deux pages acceptables, les jours où paraît la chronique d’Ivan Rioufol surtout. Et le site du Figaro abrite l’inénarrable Obamazoom. Le blog de la gauche bon chic bon genre qui brûle chaque jour des cierges à l’effigie de son saint homme, le glorieux Barack Premier, petit fils adultérin du père Ubu.

Quand l’Obamazoom ne s’extasie pas sur la dernière robe de grand couturier portée par sainte Michelle, petite fille par raccroc de la mère Ubu, et adepte du jardinage comme Marie-Antoinette en son temps, il colporte les rumeurs ramassées au fond des poubelles les plus sales de la campagne Obama, mais le fait avec les gestes distingués qu’on apprend quand on a reçu une éducation dans les meilleurs établissements de Passy.

Dans Le Point, je parcours en général la chronique du grand stratège Bernard Henri Levy, ex éminence grise de Ségolène Royal et de Nicolas Sarkozy, ami d’Israël paraît-il, mais qui n’hésite pas à être contre des gens liés à al Qaida, tout contre. J’aimerais lire plus souvent des articles de Michel Onfray : quand il parle des Juifs, il m’arrive d’avoir l’impression de retrouver les accents de Louis-Ferdinand Céline à l’époque où il écrivait Bagatelles pour un massacre. Et tout cela, ça fait d’excellents français comme chantait Maurice Chevalier au temps du maréchal.

Je fréquente Marianne à dose homéopathique, tout comme le Nouvel Observateur, à un certain degré de mauvaise foi, je crains l’overdose.

Je lis peu Libération. La couverture du numéro de ce lundi n’en a pas moins retenu mon attention, car elle indique sans doute ce qui va suivre dans les semaines à venir. La page est divisée en deux. En haut, il y a une photo de Neil Armstrong. Et l’inscription : Armstrong, le rêve américain. En dessous, figure une photo de Mitt Romney, assortie d’une autre inscription : Romney, l’horreur américaine. Je dirai que tout l’immense crétinisme de la gauche française (j’ai failli écrire la gauche intellectuelle et journalistique française, mais ce serait insulter ceux qui font effectivement un travail intellectuel et journalistique) est là.

Il n’est, semble-t-il, pas passé une seule seconde par la tête de ceux qui ont fabriqué cette couverture, que Neil Armstrong est un homme qui a marché sur la lune parce qu’il y avait la Nasa, l’armée américaine, la puissance économique capitaliste américaine, la créativité et la quête de l’excellence qu’a su rassembler l’Amérique.

Il ne leur est pas non plus passé par la tête que Neil Armstrong était officier supérieur de l’armée américaine, imprégné de valeurs conservatrices, et s’était élevé avec vigueur, voici deux ans, contre l’abandon des projets de conquête spatiale par Barack Obama, l’homme que Libération idolatre.

Le « rêve américain » auquel Libération prétend rendre hommage est le fruit de tout ce que Libération méprise : et Neil Armstrong incarne lui-même des valeurs et des idées que Libération ne cesse de traîner dans la fange. Imposture, dites-vous ? Quand à Mitt Romney, censé incarner l’ « horreur américaine », il fait partie des hommes grâce à qui le « rêve américain » censé être incarné par Neil Armstrong a été possible et reste vivant. Mitt Romney est un entrepreneur capitaliste qui a réussi parce qu’il a su être créatif, lucide, déterminé. Il a fait fortune par lui-même après avoir distribué l’intégralité de l’héritage reçu de ses parents à des œuvres de charité. Sa biographie montre qu’il a été sa vie durant un homme exemplaire, pleinement digne d’accéder à la présidence de son pays, imprégné des valeurs qui ont fait l’Amérique.

Que lui reproche Libération ?

J’ai lu les articles censés donner de la substance au titre. Je n’ai trouvé que le vide sidéral qu’on rencontre dans la presse française lorsqu’il s’agit de politique : analyse de la situation économique américaine ? Non, pas un mot. Analyse de la situation géopolitique mondiale ? Pas un mot non plus.

Dans un pays où l’on se passionne pour savoir si Martine Aubry va garder son poste ou non et où l’on se demande si Jean-François Copé est plus gaulliste que François Fillon, ce néant de la réflexion est normal, aussi normal que l’encéphalogramme plat qui serait celui d’un canard à qui on a coupé la tête.

Dans les articles figurent, par contre, des affirmations fausses que je n’admettrais pas dans la copie d’un de mes étudiants de première année à l’université.

L’un des auteurs (auteurs ?) prête à Mitt Romney des comptes en banque qu’il n’a jamais eus et des propos sur l’avortement qu’il n’a jamais tenus. Mitt Romney est accusé d’extrémisme : nombre d’Américains craignaient qu’il soit trop modéré, et moi aussi. Libération, le peuple américain et moi ne devons pas être sur la même planète : dès lors que Libération rêve de la lune et pense qu’on y va par la gauche, en faisant les poches de contribuables au passage, et en assignant pour nouvelle mission à la Nasa d’expliquer leur propre grandeur aux pays islamiques, le peuple américain, moi, et Libération ne pouvons pas être sur la même planète, je sais.

Libération se scandalise des propos de Todd Akin sur le viol, mais ne dit pas un mot sur le fait qu’Obama approuve l’ « avortement » au septième, huitième et neuvième mois. Sans doute que l’ « avortement » au neuvième mois n’est pas une horreur pour Libération, mais un « rêve ». On a les rêves qu’on peut.

Si vous vous étonnez du niveau consternant de connaissance de la population française concernant l’économie, la géopolitique, la finance, et une multitude d’autres sujets qu’il serait trop long d’énumérer, si vous vous étonnez que la France ait encore un parti qui s’appelle parti socialiste après que le socialisme ait été discrédité partout sur terre, si vous vous étonnez qu’elle puisse avoir porté au pouvoir un ectoplasme appelé François Hollande et que le programme de l’UMP ressemble désespérément à une enveloppe presque vide, jetez un coup d’œil à la presse française. Un livre paru voici quelques années s’appelait La fabrique du crétin. En lisant certains journaux, on voit ce que deviennent les crétins après qu’ils aient été fabriqués.

Je reviendrai dans les jours qui viennent sur la convention républicaine, sur le Proche-Orient, sur la crise européenne qui s’aggrave, et sur mon dernier livre, mais il est des jours où je suis en colère. Aujourd’hui est l’un de ces jours.

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© Guy Millière pour www.Dreuz.info

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