Publié par Guy Millière le 31 août 2012

Comme il est d’usage, de jour en jour, la convention républicaine monte en puissance. Les pièces du puzzle se mettent en place et viennent composer peu à peu le paysage final qui s’achèvera avec le discours de Mitt Romney.

J’ai, hier, insisté sur le renouvellement du Parti Républicain et du mouvement conservateur, et ce renouvellement a été mis en lumière davantage encore lors de la deuxième journée de la convention.

On a pu y entendre Rand Paul, qui, en se tenant pour l’essentiel éloigné des positions de son père, a su réaffirmer avec des mots justes et forts, les valeurs des pères fondateurs et de la Constitution. On a pu y entendre aussi le gouverneur du Nouveau Mexique, une femme d’origine hispanique au parcours remarquable, Susana Martinez : comme Artur Davis, elle vient du Parti Démocrate, et, comme elle l’a expliqué elle-même, c’est par des conversations avec des républicains qu’elle a compris qu’elle faisait fausse route. Avec Marco Rubio, elle constitue le visage hispanique du Parti Républicain. Et on pourra sans doute bientôt ajouter à la liste Ted Cruz, qui a toutes les chances de remporter un siège de sénateur au Texas, et qui a gagné les primaires grâce au soutien des tea parties.

Les Afro-Américains, très présents lors de la première journée, avec les interventions de Mia Love et Artur Davis (on aurait pu, à mes yeux, réserver une place au remarquable Allen West), ont été présents, juste avant l’intervention de Susana Martinez, et celle de Paul Ryan : on a pu entendre Condoleeza Rice, et celle-ci en une dizaine de minutes a tout à la fois expliqué pourquoi elle était républicaine (parce que le parti républicain considère les individus sans prêter attention à leur race ou à leur couleur de peau et considère le seul mérite personnel), ce qui faisait la grandeur et la singularité de l’Amérique (un pays fondé sur les idéaux de droit et de liberté et vivant par ces idéaux), et la nécessité pour les Etats-Unis de retrouver d’urgence leur rang et leur rôle sur la planète : si les Etats-Unis ne sont pas au cœur des débats, a-t-elle souligné, ce cœur sera laissé vacant, et ce sera le chaos, ou il sera occupé par des forces hostiles au droit et à la liberté.

Le discours de Condoleeza Rice a réintroduit la politique étrangère dans le débat, bien qu’elle n’ait pas parlé que de cela, et elle a souligné, comme l’avait fait Paul Ryan il y a quelques semaines, que le dynamisme économique des Etats Unis et leur capacité de peser dans le monde en tant que puissance de la liberté étaient étroitement liés. Ce thème avait été aussi abordé auparavant par John McCain, dans un discours très digne rappelant que sous Obama, les Etats-Unis avaient trahi leurs propres valeurs, en abandonnant, par exemple, les Iraniens à Ahmadinejad au moment des soulèvements de 2009.

Les Juifs et l’amitié avec Israël n’ont pas été laissés de côté : une vidéo montrant des fragments du discours de Mitt Romney à Jérusalem a été projetée. J’ajouterai, car je ne l’ai pas dit hier, que les travaux de la convention mardi ont commencé avec une invocation du rabbin Meir Soloveichik, de la Yeshiva University à New York.

Non seulement le parti républicain se renouvelle et réaffirme les valeurs du conservatisme américain, mais il est le parti de tous ceux qui se reconnaissent en ces valeurs, qui sont attachés à la liberté de parole et d’entreprise, au droit naturel, et aux valeurs par lesquelles les Etats Unis sont nés, et vivent. Comme l’a rappelé Mike Huckabee, ancien gouverneur et ancien candidat à la présidence, aujourd’hui commentateur sur Fox news, la déclaration d’indépendance dit l’essentiel : « les hommes ont été dotés par leur Créateur de droits inaliénables parmi lesquels la vie, la liberté et la poursuite du bonheur ». Ces droits valeur pour tous, sans distinction d’origine et de religion, qu’on soit catholique, évangélique, protestant d’une autre obédience, mormon, juif. Les Etats-Unis sont, je l’ai déjà écrit, le seul pays effectivement judéo-chrétien sur terre.

Le moment essentiel de la deuxième journée de la convention a, cela dit, été le discours de Paul Ryan, et ce discours a été à la hauteur des attentes et a montré qu’avec des hommes tels que Paul Ryan, la lignée dessinée par le grand Ronald Reagan n’est pas éteinte, au contraire. Ryan a choisi la politique parce qu’il est attaché aux valeurs de l’Amérique et parce qu’il veut qu’elles vivent. C’est un homme intellectuellement très solide. C’est un économiste de formation, et il s’est formé aux meilleures sources. On lui reproche, chez les gens de gauche, d’avoir des références, Thomas d’Aquin, John Locke, Leo Strauss, Ayn Rand, Friedrich Hayek. Et il a effectivement des références : on pourrait demander aux gens de gauche ce que sont leurs propres références, et je doute qu’ils répondraient aisément, car la gauche est vide. Qui citeraient-ils ? Pas un théologien chrétien, sans doute, pas un philosophe fondateur du libéralisme classique, pas un penseur juif du droit naturel, pas la très anti-totalitaire fondatrice de l’objectivisme, pas des économistes libéraux classiques du vingtième siècle. Alors ? Marx ? Keynes ? Je ne répondrai pas à leur place.

Ryan, en une quarantaine de minutes, a montré l’étendue de l’échec de Barack Obama, son incompétence absolue, et les ravages qu’il a provoqués (il aurait pu aller plus loin et insister sur tout ce qu’il y a de sombre chez Obama, mais il ne fallait pas risquer de heurter les électeurs indécis). Il a rappelé lui-même les valeurs américaines. Il a fixé les grands axes de ce que serait une administration Romney-Ryan en des termes très inspirés de l’économie de l’offre des années Reagan : déréglementation, retour la liberté d’entreprise, baisse des dépenses de l’Etat, baisse de la pression fiscale. Il n’a pas esquivé, comme c’était prévisible, les débats difficiles : Romney et Ryan entendent réformer les systèmes sociaux, qui se dirigent vers la faillite, et Ryan a dit que lui et Romney voulaient ces débats et les gagneraient. Ryan s’est montré comme un homme de compétence et de responsabilité face à des hommes regroupés autour d’Obama à qui il ne reste que le mensonge et la boue. Il a aussi montré toutes ses dimensions humaines et, en parlant de Mitt Romney a parlé d’un entrepreneur qui a réussi et créé des milliers d’emplois : entreprendre et créer des milliers d’emplois, c’est bien, a-t-il insisté. En parlant de Mitt Romney, il a aussi évoqué l’homme, droit, charitable, généreux. J’espère que Ryan sera vice-président dans quelques semaines. Je pense qu’il sera président, plus tard. L’Amérique et le monde ont besoin de gens de sa trempe.

J’attends la troisième journée de la convention. Je préfère ne pas commenter ce qu’en dit la presse française : Le Monde trace un portrait assez ignoble de Romney, comme on pouvait s’y attendre. Ryan se voit qualifier ici ou là d’idéologue extrémiste. En France, tenir un discours économique solide et charpenté, et défendre les droits naturels de l’être humain et la liberté, c’est être un idéologue extrémiste. Proférer des imbécillités digne d’un analphabète sur l’économie comme le fait un Arnaud Montebourg, là, c’est parler d’économie sans doute. En France, défendre les droits naturels de l’être humain et la liberté, c’est dangereux, s’affirmer toujours communiste et s’afficher avec Hugo Chavez, comme Mélenchon, c’est sans doute défendre le droit et la liberté. Et transformer peu à peu l’Egypte en clone islamique de la Corée du Nord tout en allant baiser la main de Khamenei, c’est faire preuve de « pragmatisme » : si c’est Le Monde qui le dit… Le Monde parle aussi de Romney comme d’un faucon : toujours ce recours à des stéréotypes pour abruti moyen aux fins de se dispenser d’analyse. Mais être traité de faucon par un vrai est sans doute gratifiant.

Pauvre pays. Décidément, pauvre pays que la France aujourd’hui…

Tandis que se fait sentir à Tampa le souffle de la liberté, en France se fait omniprésente l’asphyxie de la servitude acéphale.

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© Guy Millière pour www.Dreuz.info

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