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Daniel Pipes – Pendant de nombreux siècles, les Alaouites ont été les gens les plus faibles, les plus pauvres, les plus campagnards, les plus méprisés, les plus arriérés de la Syrie. Or ces dernières décennies, ils se sont transformés en l’élite dirigeante de Damas. Aujourd’hui, les Alaouites dominent, pour l’instant encore, le gouvernement, détiennent les postes militaires clés, profitent d’une part disproportionnée des ressources pédagogiques, et sont en train de devenir riches.
La manière dont les Alaouites accédèrent au pouvoir en dit beaucoup sur la culture politique de la Syrie, montrant les liens complexes entre l’armée, les partis politiques, et la communauté ethnique. Le parti Ba’th, l’armée, et les Alaouites ont avancé en tandem, mais lequel de ces trois a eu le plus d’importance? Les nouveaux dirigeants baathistes qui étaient arrivés à être des soldats alaouite, ou des soldats alaouites qui se trouvaient être des baathistes ? En fait, une troisième formulation est plus précise: ils étaient des Alaouites qui se trouvaient être baathistes et soldats.
Certes, le parti et l’armée furent d’une importance cruciale, mais à la fin ce fut le transfert d’autorité des Sunnites aux Alaouites qui compta le plus. Sans dénigrer le rôle important du Parti et de l’armée, l’affiliation alaouite a finalement défini les gouvernants de la Syrie. Parti et de carrière ont compté, mais, comme c’est souvent le cas en Syrie, l’appartenance ethnique et religieuse en fin de compte a servi à définir l’identité. Voir le régime Assad principalement en termes de nature baathiste ou militaire, est ignorer la clé de la politique syrienne. L’affiliation confessionnelle demeure d’une importance vitale ; comme à travers les siècles, les questions d’appartenance confessionnelle d’une personne importe plus que tout autre attribut.
La réponse sunnite aux nouveaux dirigeants, qui a pris une forme essentiellement communautaire, confirme ce point de vue. L’opposition généralisée des Sunnites – qui représentent environ 69 pour cent de la population syrienne – à un gouvernant alaouite a poussé l’organisation des Frères musulmans à défier le gouvernement avec des méthodes violentes et même terroristes. Les Frères ont à plusieurs reprises été près de renverser le régime.
Il semble inévitable que les Alaouites – qui restent une minorité petite et méprisée, en dépit de toute leur puissance actuelle – finiront par perdre leur contrôle sur la Syrie. Lorsque cela se produira, il est probable que les conflits qui à tous les niveaux seront communautaires les abattront, avec la bataille décisive ayant lieu entre les dirigeants alaouites et la majorité sunnite. En ce sens, la chute des Alaouites- que ce soit par des assassinats de hautes personnalités, un coup d’Etat de palais, ou une révolte régionale – est susceptible de ressembler à leur ascension.
Daniel Pipes
Reproduction autorisée avec mention de www.dreuz.info
Et avec mention de la source :
http://www.europe-israel.org/2012/08/la-conquete-alaouite-du-pouvoir-en-syrie/
Version originale anglaise :
The Alawi Capture of Power in Syria
Adaptation française: Anne-Marie Delcambre de Champvert
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Avec tout le respect que je dois à Mr Daniel Pipes, je me permet d’ajouter un commentaire. Je pense que le temps des alaouites et autres sunnites, me paraît dépassé. (Ce sont « des pions avec lesquels on joue aux échecs »). A ce jour, la géopolitique de la Région, me semble-t-il, est bien plus importante dans le rapport de force entre l’occident et l’orient, à savoir les EU et l’Europe d’une part et la Russie et la Chine d’autre part, qu’une confrontation inter-ethnico-religieuse régionale. Nous arrêter à cette vision de l’avenir m’apparaît comme une preuve de cécité. Ouvrons les yeux, c’est une nouvelle « guerre froide » par Syrie interposée. Et demain….ce sera l’Iran avec toutes les conséquences qui en découleront…..
Je ne pense pas qu’il faille se racrocher aussi vite à la guerre froide: les forces internes à l’islam sont bien plus puissantes que le soutien qu’elles reçoivent de chacune des deux « camps de guerre froide ».
En ce qui concerne les alaouites ce que sais d’eux a tendance à me les rendre plutôt sympathiques en tout cas par rapport aux sunnites: ils ne voilent pas leurs femmes, rejettent la polygamie cette arme de conquête de l’Islam (parce qu’elle produiit des milliers de mâles frustrés qui n’ont d’autre ressource que d’aller en prendre chez les Infidèles ou chez Allah), ne suivent pas la shariah, n’ont pas de mosquées, boivent de l’alcool et détail très important ne se tournent pas vers la Mecque pour prier. Je ne suis pas sûr qu’ils fassent le Hadj. De là à penser qu’il n’est pas impossible que ce soient en fait des non-musulmans quie font semblant de l’être pour avoir la paix et échapper au statut de dhimmis il n’y a qu’un pas.
Oui, je sais Assad, le Baath, le Liban. Mais je ne doute pas que les sunnites aussi bien « laïcs » comme Sadam ou islamistes auraient fait bien pire.
A propos des Alaouites au pouvoir en Syrie
Le remplacement des régimes politiques, à la suite de supposées révolutions de printemps ou autres dénominations sympathiques, est l’oeuvre des Wahhabistes, secte la plus intégriste du moment. Elle fait le ménage dans sa zone d’influence. L’Arabie Saoudite finance grâce aux pétro-dollars la liquidation de l’influence Chi’ites et autres intégristes (Alaouites) en utilisant les Frères musulmans.