Publié par Gilles William Goldnadel le 4 septembre 2012

Ingrats ou incohérents : mais pourquoi les Français en veulent-ils à François Hollande de faire ce qu’il avait dit qu’il ferait ?

Et aussi : l’acharnement médiatique contre Mitt Romney et la clémence de la presse à l’égard du président Morsi en Egypte.

La semaine qui vient de s’achever a vu les gazettes de la rentrée disserter sur le désamour des Français dont souffrirait désormais François Hollande. N’étant pas suspect de hollandisme incurable, je peux bien me permettre de relativiser le phénomène.

Que donc de surprenant aurait fait François Hollande qui mériterait cette soudaine désaffection, au rebours, que n’a-t-il pas fait que les Français auraient tant attendu ?

J’avais déjà prévenu, dans ces mêmes colonnes, que le petit jeu électoral sado-masochiste auquel se sont délicieusement prêtés les Français – sur fond de complaisance médiatique – aboutirait d’abord à fustiger Sarkozy, puis quelques mois plus tard, et ce plaisir passé, se délecter d’avoir été cocufiés par le premier socialiste advenu.

Si la détestation de ce qu’incarnait Sarkozy n’avait pas a priori aboli tout esprit critique au sein de la classe médiatique, les mesures proposées par François Hollande pour tenter de maîtriser la catastrophe économique qui s’était déjà annoncée aurait fait s’esclaffer l’immense majorité des électeurs : embauche de nouveaux fonctionnaires, contrats de génération dont on avait déjà constaté l’inefficacité, taxation confiscatoire des gros revenus : toute la panoplie la plus rétrograde des recettes épuisées avaient été dument annoncées par le futur élu. Hormis la politique, à mes yeux calamiteuse de ringardise, de Madame Taubira, et en complète infraction avec les engagements du candidat Hollande, l’ensemble de la politique menée correspond fidèlement à des promesses qui auraient dû être considérées normalement comme autant de menaces.

Tout en réalité, et dans le cadre de ce système rien moins que perverse, était parfaitement prévisible : de l’impossibilité des médias à ne pas revenir plus longtemps aux délices de la critique, jusqu’aux palinodies d’un Bernard Thibault extatique en juillet et dépressif dès septembre venu.

Mais je voudrais, à ce stade, tenter une nouvelle prévision : la droite, si elle se contentait de critiquer à leur superficie les errements socialistes – parfois assez injustement d’ailleurs sur la Syrie – risque de se condamner à jouer les utilités : il y a fort à parier, que sur fond d’aggravation de la crise, le débat ne s’instaure qu’entre gauche et extrême gauche, et que les troupeaux démagogues de Messieurs Mélenchon et consorts ne viennent contester bientôt dans la rue, la politique du nouveau Papandréou français et de son pasok parisien.

Il n’est pas sûr que dans cette triste occurrence, les Français ne retrouvent pas un réflexe légitimiste qui ferait peu cas du discours nécessaire pour entreprendre la reconquête des esprits.

Si la presse française aura manqué d’esprit critique à l’égard de François Hollande et de ses amis, un tel reproche, au rebours, ne saurait lui être adressé concernant le candidat républicain à la présidence des Etats-Unis.

Il est vrai que sous l’empire de la bienveillance dont jouit Barack Obama dans notre pays depuis et même avant son élection, il paraitrait que plus de 90% des Français voteraient en sa faveur, si bien entendu ils le pouvaient.

C’est d’ailleurs la sorte d’impression que cela donne, lorsque l’on écoute les commentaires journalistiques. Alors que pendant toute la durée de la primaire républicaine, Mitt Romney était présenté dans les médias français comme sans doute trop modéré pour séduire le républicain moyen, le voici, une fois choisi, présenté par les mêmes comme un extrémiste, sans que ceux-ci ne se donne l’élémentaire peine de penser que certaines de ses nouvelles postures, à l’instar du premier des socialistes, ne sont pas faites pour séduire la frange la plus dure.

Le Monde, à cet égard, s’est surpassé pour devenir une sorte de filiale du New-York Times ou du Washington Post : un film de Dinesh D’Souza fait aujourd’hui fureur aux Etats-Unis et dynamite l’ensemble de la politique du président Obama. Le Monde raille son aspect « caricatural » et trop radical, en utilisant pour se faire les rares erreurs factuelles qui ont été recensées. On aurait aimé la même distanciation, lors des outrances et des mensonges, autrement plus graves, de Monsieur Michael Moore.

En politique étrangère, Mitt Romney est désormais présenté, par le quotidien vespéral comme un « faucon ». Ceci étant expliqué essentiellement par le fait que le candidat républicain n’accepte pas la passivité présidentielle à l’égard du régime islamiste et peut être bientôt atomique de Téhéran. Mais il est vrai aussi que dans la phraséologie habituelle des médias soi-disant progressistes, le faucon est un redoutable oiseau de proie qui ne plane qu’au-dessus de New-York et de Tel-Aviv, à l’exception notable de Gaza, de Pyongyang ou de Téhéran.

En revanche, s’agissant du nouveau président égyptien Morsi, le même Monde se montre, sans surprise, bien plus prudent et attentiste : « L’habile et surprenant M. Morsi » tel est aimablement présenté le nouveau patron des Frères musulmans égyptiens.

Pas question pour lui, ni d’ « extrémiste » et encore moins de « faucon ».

Simple question : quelqu’un qui fait partie d’une organisation islamiste créée à la suite de la suppression du califat en Turquie, pro-nazie pendant la guerre, tranquillement et sans complexe antisémite, opposée à la reconnaissance d’Israël, doit-il être traité avec une telle révérence ? Réponse : c’est ainsi que procède, en réalité, l’ensemble des médias bien-pensants depuis trente ans, tendres avec la radicalité anti-occidentale, acerbes et caustiques envers ses ennemis les plus déterminés.

Un détail parmi d’autres : depuis aujourd’hui, les speakerines de la télévision du Caire sont voilées. Le pire est évidemment à venir, ceux qui se sont toujours trompés seront, bien entendu, les premiers ensuite à le déplorer.

Mais de la même manière qu’ils préfèrent avoir tort avec Sartre que raison avec Aron, ils préfèrent continuer à adopter cette posture esthétique dont ils ne se lasseront apparemment jamais.

Comme le dit le poète :

L’important c’est la pose

L’important c’est la pose

L’important c’est la pose, crois-moi

© Gilles William Goldnadel
L’article original peut être consulté sur le Blognadel

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