Publié par Michel Garroté le 10 octobre 2012

Michel Garroté, réd en chef – Cela se passe en France. Hier, mardi 9 octobre 2012, une association de lutte contre la corruption a déposé une plainte pour délit de favoritisme et pour détournement de fonds (extraits adaptés ; voir en bas de page le lien vers la source). C’est la deuxième fois que cette association engage une action contre les conditions dans lesquelles l’Elysée a commandé, sous Sarkozy, des centaines de sondages avec l’argent des contribuables. La nouvelle plainte déposée par l’association, plus détaillée et plus complète que les précédentes, s’appuie sur des cartons contenant des documents tels que factures, études et contrats, qu’un militant, Raymond Avrillier, s’est – légalement – procuré auprès de l’Elysée, après que la justice lui en eut autorisé l’accès.

Dans les cartons, ce militant a découvert des sondages sur la vie privée de Sarkozy, des enquêtes sur les candidats du Parti socialiste à la présidentielle de 2012, des études sur l’affaire Bettencourt et sur les vacances contestées de Michèle Alliot-Marie en Tunisie. Après une inspection minutieuse du contenu des cartons, Raymond Avrillier a dénoncé, d’une part, au Parquet de Paris, et d’autre part, à la Cour des Comptes et à la Commission Nationale des Comptes de Campagne, des faits de prise illégale d’intérêts et de détournement de biens. L’association de lutte contre la corruption a choisi d’appuyer la dénonciation de Raymond Avrillier par une nouvelle plainte. L’association retient deux principaux délits.

Le premier, le favoritisme, vise les conventions passées – sans appel d’offres – avec deux sociétés dirigées par des conseillers proches de Sarkozy. La plus emblématique est celle signée le 1er juin 2007 par Emmanuelle Mignon, alors directrice du cabinet de Sarkozy, avec la société Publifact animée par Patrick Buisson. Le contrat, un véritable chèque en blanc, estime l’avocat de l’association, lui donne tout pouvoir pour rédiger et commander des enquêtes aux Instituts de Sondages de son choix. En juillet 2009, la Cour des comptes évaluait à 1,5 million d’euros le montant consacré par la présidence Sarkozy à cette convention. Si l’on additionne la rémunération mensuelle du conseiller et les factures des études que celui-ci a demandé à se faire rembourser, l’Elysée a versé en cinq ans plus de 3,3 millions d’euros aux sociétés de Patrick Buisson.

Après le départ d’Emmanuelle Mignon de la direction de cabinet, en 2008, le contrat a été reconduit – chaque année jusqu’en 2012 – comme le fut d’ailleurs celui de la société Giacometti-Peron, à laquelle l’Etat a versé plus de 2,5 millions d’euros sans appel d’offres.

Le second délit, le détournement de fonds publics, puni de dix ans d’emprisonnement et de 150.000 euros d’amende, vise des études partisanes et des études à caractère privé. Est-ce à l’Elysée de financer des enquêtes sur la grossesse de Rachida Dati ou sur la rumeur de mariage entre Nicolas Sarkozy et Carla Bruni ? Est-ce à l’Elysée de commander des études sur les têtes de liste en Ile-de-France aux régionales de 2010 et sur les candidats du Parti Socialiste en 2012 ?

Pendant cinq ans, les moindres faits et gestes de Ségolène Royal et de Dominique Strauss-Kahn ont été observés à la loupe, décortiqués. L’UMP aurait dû prendre à sa charge les sondages relatifs au PS, au FN ou aux écologistes, argumente l’avocat de l’association de lutte contre la corruption. Le contribuable n’a pas à assumer des sondages partisans. L’avocat estime que Sarkozy pourrait être rattrapé par cette affaire. Si la justice établissait que les sondages commandés répondaient à une initiative partisane ou personnelle, ces actes seraient détachables de la fonction présidentielle ; et ne seraient donc plus couverts par l’immunité… (fin des extraits adaptés ; voir ci-dessous le lien vers la source).

Il se trouve que sur www.dreuz.info nous avons maintes fois signalé, dès le début de l’année 2008 et sources à l’appui, les dépenses somptueuses de l’Etat sarkozyque, en matière de sondages, information, communication, congrès, conférences et déplacements. Nous avons signalé cela, car en 2007, le candidat UMP avait promis – avec détermination – d’introduire « la République irréprochable » ; sous-entendant par-là, avec raison, qu’auparavant, la Cinquième République faisait l’objet de légitimes reproches en matière de corruption.

Par conséquent, s’il reste vrai que le dossier des sondages sous Sarkozy demeure explosif, ce dossier n’en est pas pour autant récent. Sans doute, Sarkozy a-t-il tout simplement fait exactement la même chose que Giscard, Mitterrand et Chirac. La République irréprochable du vainqueur des présidentielles de 2007 n’était probablement qu’un leurre parmi tant d’autres. Au demeurant, il serait intéressant, que les médias français, se penchent, aussi, sur les dépenses de l’Etat hollandique, en matière de sondages, d’information et de communication.

Michel Garroté

Reproduction autorisée

Avec mention www.dreuz.info

Et le cas échéant les sources citées

http://www.lemonde.fr/societe/article/2012/10/10/sondages-de-l-elysee-le-systeme-buisson-mis-au-jour_1772866_3224.html

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