Publié par Jean-Patrick Grumberg le 16 octobre 2012

Alors que la police se félicite, à juste raison, d’avoir arrêté un groupe terroriste qui s’apprêtait à commettre des attentats, un autre terroriste connu de la police et qui se promenait en liberté, a été appréhendé près d’une mosquée radicale, en plein Paris. Les autorités jouent-elles avec le feu, en adoptant pour principe d’activer les brigades anti-terroristes une fois leurs attentats commis, comme pour Mohamed Merah ou Jérémie Louis-Sidney ?

Soupçonné par le ministère public de « faire régner sa propre loi dans les rues de Paris », Ymad Bilel Benouahab vient, par chance pour des Français, d’être condamné à 18 mois de prison, dont 6 avec sursis, pour une affaire mineure, bien que la victime, elle, a eu le bras et le nez cassé (1).

Dans les médias, vous avez entendu parler de lui, ce musulman condamné pour avoir frappé un homme qui prenait en photo des femmes voilées dans le XIe, près d’une mosquée.

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Voici le reste :

Cet islamiste en liberté a fomenté en 2010, avec Ibrahim Ouattara, Hakim Soukni et Arnaud Baroteaux, alias Abdelkarim, un attentat contre le recteur de la Mosquée de Paris Dalil Boubakeur, qu’il considère comme « un traître à Allah, parce que trop modéré ». Selon Le Monde (2), il fut mis en examen pour « association de malfaiteurs en vue de préparer des actes de terrorisme ».

Selon les policiers qui l’ont entendu avec les autres membres de son groupe : « ils ont le djihad chevillé au corps, en tout cas pour certains d’entre eux, et lorsqu’ils sortiront de prison, ils n’auront d’autres soucis que de tenter de repartir ».

Et il se promenait en liberté dans Paris, sans surveillance – contrairement à ce qu’il pensait.

En 2007, il entama son initiation islamiste. Il tenta de rejoindre Lahore au Pakistan en avril 2007 pour étudier dans une école coranique, mais fut expulsé un mois plus tard en raison d’activités suspectes.

Rentré en France, il est alors signalé aux services de renseignement qui, écrivait le journaliste du Monde en 2010, ne vont pas cesser de l’observer. Le photographe tabassé à Paris apporte la preuve que non.

En quête de guerre sainte, il se rend mi- septembre en Afghanistan via Téhéran d’où il refoulé avant même de passer la douane.

Retour à paris, retrouvailles avec Ibrahim Ouattara, le cerveau terroriste, avec qui il recrute pour constituer un réseau jihadiste.

Encore une fois, les deux musulmans sont suivis. Pas pour longtemps.

Les policiers les pistent dans le 20e, puis à la mosquée rue Myrha, puis dans un foyer du 14e.

Entre le 18 et le 23 septembre, ils se déplacent sans arrêt et multiplient les contacts.

Le 22 septembre, « Ouattara et Benouahab poursuivent leurs pérégrinations parisiennes, apparemment méfiants, sans qu’un but précis soit identifié », souligne une note confidentielle des renseignements.

Le 23 septembre, les deux islamistes disparaissent.

Ymad Bilel Benouahab et Ibrahim Ouattara arrivent à se rendre à Alexandrie, où une relation les met en contact avec un Russe qui cherche des volontaires djihadistes pour la Tchétchénie et l’Afghanistan.

Les autorités égyptiennes les interceptent et les placent en détention, et les renvoient vers la France, le 8 novembre 2010, où ils sont interceptés par la police.

Pour les spécialistes de l’antiterrorisme, la volonté de Benouahab et des autres membres de la cellule terroriste était de s’aguerrir dans les zones de combat avant de revenir en France pour frapper n’importe quel objectif.

En mai 2010, Times of India (3) mentionne son passage, où son comportement attire les soupçons de la police, après qu’il ait visité le centre communautaire juif Chabad de Delhi et la Haute cour du Pakistan. Il fut déporté le 4 mai 2010 sur un vol de Qatar airlines.

Sans surveillance, libre de ses mouvements et déambulant dans la rue Jean-Pierre-Timbaud (XIe) où se trouve la mosquée tabligh Omar, considérée comme le fief de l’islam radical par les services de renseignement, Ymad Bilel Benouahab, qui a déclaré au juge vouloir intégrer al Qaida au Magreb islamique, se retrouve dans les prisons françaises, annexes des écoles de l’islam du Pakistan, qui préparent spirituellement au jihad.

Dans 12 mois, Ymad Bilel Benouahab sortira de prison…

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour www.Dreuz.info

(1) http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2012/09/26/97001-20120926FILWWW00760-femme-voilee-l-agresseur-proche-d-aqmi.php
(2) http://www.lemonde.fr/societe/article/2010/11/22/ils-ont-voulu-tuer-dalil-boubakeur_1443383_3224.html
(3) http://www.timesnow.tv/French-national-on-recce-mission/articleshow/4344496.cms

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