Publié par Michel Garroté le 23 octobre 2012

Michel Garroté, réd en chef – Au menu de ce jour, le Qatar, Gaza, la Syrie, le Mali et l’Arabie saoudite. Après les événements de Poitiers, après les investissements du Qatar en France et ailleurs, il serait peut-être temps de reprendre globalement tout cela ; et d’en tirer quelques conclusions, certes non-exhaustives et provisoires.

Qatar – Gaza

Ce mardi 23 octobre 2012, l’émir du Qatar, cheikh Hamad al-Thani, est arrivé dans la bande de Gaza, pour la première visite d’un chef d’Etat dans ce territoire depuis que le Hamas terroriste en a pris le contrôle. Arrivé via l’Egypte, il a franchi le terminal de Rafah, où il a été accueilli par le chef du Hamas à Gaza, Ismaïl Haniyeh. Cheikh Hamad al-Thani arrive avec des projets d’aide financière aux islamistes du Hamas.

Rappelons que l’émir du Qatar est un ami personnel du terroriste Khaled Mechaal, chef du bureau politique du Hamas. Depuis son départ de Damas (Syrie), Mechaal est logé au luxueux hôtel Four Seasons de Doha (Qatar), sous protection qatari. Le Qatar a toujours affiché sa préférence pour le Hamas et ses terroristes, et non pas, pour le Fatah de Mahmoud Abbas.

Le conflit israélo-arabe se résume donc principalement à une mainmise du Qatar, sur le Hamas de la bande de Gaza ; et à une perte d’influence, de crédibilité et de soutien du Fatah. Le conflit israélo-arabe est donc de plus en plus un conflit entre arabes musulmans, ceux du Hamas et ceux du Fatah.

Le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Yigal Palmor, commente d’ailleurs avec humour : les tentatives du Qatar d’étendre son influence « ne se limitent pas à la bande de Gaza mais peuvent aussi se manifester ailleurs, notamment en France dans les banlieues ou dans l’achat de joueurs pour le PSG ».

Syrie

De plus en plus de chrétiens témoignent des persécutions en Syrie : « une des églises avait été taguée avec cette petite phrase : chrétiens, c’est à votre tour. Au début dans les manifestions de l’opposition au régime, on entendait : les alaouites au tombeau et les chrétiens à Beyrouth. Maintenant, c’est plutôt les alaouites et les chrétiens au tombeau. L’opposition est devenue trop violente. L’opposition est très hétéroclite, elle n’est pas unie, elle fournit même des informations contradictoires ».

« Même pour nous il est difficile d’y voir clair. On entend dire qu’elle n’est composée que de 10% des syriens et que les autres sont des étrangers, des mercenaires, des djihadistes. Le problème, c’est la radicalisation de l’aspect partisan. Les deux camps disent : tu es avec nous ou contre nous. Ça met les chrétiens dans une position dangereuse et difficile. Chacun nous veut à ses côtés. Mais nous ne sommes avec personne. Nous sommes seulement pour la paix. Très récemment, le Qatar a diminué ses aides financières. Pour se financer, l’opposition enlève donc des chrétiens, des alaouites et des druzes et demande des rançons ».

Il s’agit donc essentiellement d’un conflit entre musulmans (alaouites et sunnites), les chrétiens étant de plus en plus minoritaires. Peut-être les chrétiens syriens seront-ils déplacés au Liban. Et alors, peut-être qu’une partie du Liban pourrait devenir un Etat chrétien indépendant, composé de chrétiens libanais et syriens.

Mali – Arabie saoudite

Des salafistes lourdement armés en provenance de Libye ont rejoint les territoires maliens occupés par les islamistes. Les islamistes, maîtres du nord du Mali, se préparent à la guerre. Une intervention armée dans la région se profile. Mais les djihadistes du nord du Mali ont reçu des renforts. Ce sont des étrangers, Libyens, Soudanais, Egyptiens et Tunisiens notamment.

Sur Le rôle de l’Arabie saoudite dans l’islamisation du sud du Mali, le père Laurent Balas, témoigne : il y a quelques mois, tous les chrétiens du nord du pays ont été contraints de fuir. Il n’y a plus aucun prêtre ni chrétien. Les chrétiens savent qu’ils seront les premiers menacés si la guerre arrive jusqu’à Bamako (sud du Mali). L’on sent de grandes tensions dans Bamako. Des coups de feu émanent régulièrement des forces de police. Le grand banditisme est là. On sent une pression de l’islamisme radical. Même si ce n’est pas encore un islamisme armé. Nous avons manifestement des nouveaux courants radicaux qui se développent dans la société malienne. Le fanatisme vient souvent des pays du Golfe.

Le père Laurent Balas précise : les musulmans partent en pèlerinage à la Mecque. Ils reviennent avec de l’argent pour construire des mosquées, qui sont obligatoirement d’obédience wahhabite (saoudiennes). Au fur et à mesure que les pèlerinages se développent, le wahhabisme prend de l’ampleur au Mali et influence toute la société. Les femmes mariées à des wahhabites sont voilées intégralement. On en voit de plus en plus. La proportion oscille entre 5 et 10% dans le sud (Bamako etc.). Dans le Nord, c’est la charia stricto sensu qui est en place depuis que les islamistes sont venus. Nous avons reçu le témoignage de l’ancien maire de Gao (centre nord-est). Il raconte que la police entre chez les gens. Si elle trouve une femme non voilée, elle lui coupe une oreille, ajoute le père Laurent Balas.

Conclusions non-exhaustives et provisoires

En résumé et en conclusion, le nord du Mali est contrôlé par des djihadistes salafistes étrangers, notamment Libyens, Soudanais, Egyptiens et Tunisiens. Et le sud du Mali est contrôlé par l’Arabie saoudite. Il s’agit donc essentiellement d’un conflit entre musulmans (salafistes et wahhabites), les chrétiens n’étant de toute façon que très minoritaires. En fait, à Gaza, en Syrie et au Mali, se déroulent des conflits dans lesquels nous n’avons pas forcément intérêt à nous immiscer. Pourquoi ?

Pour cinq raisons. Primo, il faut cesser d’appréhender, d’une part, l’islam en terre d’islam ; et d’autre part, l’islam en Occident. Car il s’agit, dans les deux cas, du même islam et du même coran. Le discours islamophile ne changera rien à cette réalité. Secundo, en Occident, l’islam doit respecter l’ordre constitutionnel et laïc. Les zones de non-droit sont à remettre au pas, par la force légale et par le droit. Tertio, l’alliance de l’Occident avec tel ou tel pays musulman, cette alliance doit être considérée comme une alliance tactique à court terme, même si elle est renouvelable pendant un certain laps de temps.

Quarto, l’Occident doit admettre, une bonne fois pour toutes, que l’islam est imprévisible ; et que par conséquent, la stratégie globale à moyen et long terme de l’Occident, face à l’islam, reste, essentiellement, un ensemble de tactiques à court terme, modifiables à tout instant. Quinto, l’Occident a tout intérêt à maintenir un équilibre des forces entre islam sunnite et islam chiite. Et si les deux branches de l’islam, la branche sunnite et la branche chiite sont en guerre, ou encore, si les sunnites s’entretuent, entre eux, l’Occident doit apprendre à en tirer profit. Car le temps que ces deux branches consacrent à se combattre signifie un temps de répit pour l’Occident.

Cette stratégie en cinq points ne poserait aucun problème à l’Occident, s’il s’agissait de l’appliquer à une forme contemporaine de fascisme ou de national-socialisme. Il n’y a donc aucune raison de ne pas appliquer cette stratégie au monde musulman (notamment à ses régimes les plus extrémistes et ils sont nombreux), aussi longtemps que celui-ci restera un obscur voile islamique recouvrant notre 21e siècle (avec tout récemment en France, une poignée de jeunes qui s’indignent pacifiquement sur le chantier d’une mosquée et que l’on juge comme des délinquants).

Quant au sort des chrétiens en terre d’islam, il semble hélas compromis, quoi que l’Occident fasse ou ne fasse pas (même en Occident la christianophobie bat son plein…). Vouloir maintenir à n’importe quel prix, leur place là-bas, n’a pas vraiment de sens, dans la mesure où l’Occident les a abandonnés il y a fort longtemps déjà. Les accueillir chez nous, en revanche, serait un geste humanitaire sensé. Et leur donner un mini-Etat dans une partie du Liban, un mini-Etat chrétien syro-libanais protégé par l’OTAN, serait une géopolitique intelligente (après tout, ne parle-t-on pas de donner aux musulmans alaouites un Etat dans la partie nord de la Syrie ?).

Ce qui s’est passé à Poitiers, ce qui se passe ailleurs, mérite peut-être que chacune et chacun réfléchisse, un peu – et globalement – à tout cela. J’ose espérer que cette fois les divisions et les égos, qui minent les droites françaises, seront surmontés. J’ose l’espérer sans trop me faire d’illusions.

Reproduction autorisée

Avec mention www.dreuz.info

Et le cas échéant les sources citées

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Tapis de prière dégradés à Poitiers – Cinq ans de prison

http://www.dreuz.info/2012/10/tapis-de-priere-degrades-a-poitiers-cinq-ans-de-prison/

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