Publié par Les amis de Rachel Franco le 23 novembre 2012
Depuis plus d’une semaine, je suis déchirée entre le cri et le silence.
Le cri devant l’injustice faite à mon peuple et à mon pays, et le silence devant l’intensité des pensées et des émotions qui habitent mon cœur. Je voudrai cheminer en toute honnêteté pour habiller en mots la réalité politique dans laquelle Israël est plongé et ainsi faire toucher du doigt le cauchemar que nous vivons ici avec tant d’intensité, et qui est si mal compris par les Nations. Ce n’est pas simple, et j’ai souvent l’impression que c’est peine perdue. Alors, j’agis différemment et à ma manière.

La vérité est une conquête intérieure qui ne peut s’accommoder d’aucune concession à la lucidité devant les évènements et à la liberté de remettre en doute, d’interroger, de se défaire de nos préjugés, pour tenter de poser une parole qui soit la plus juste possible, sans crainte de froisser ou d’être rejeté d’une manière ou d’une autre. Car l’obsession de la justice devrait habiter nos cœurs ; c’est elle qui fait de nous des êtres de lumière et c’est encore elle qui doit fleurir de nos terres intérieures et permettra aux peuples de la terre de se connaitre, de se respecter et de vivre ensemble.

Dans ce cheminement, qui consiste à effacer la particularité qui est mienne pour me fondre dans un universalisme sans couleurs, j’ai perdu bien des amis, des frères, des relations qui n’ont pas supporté que je ne sois pas la porte-parole de leurs illusions. Ils n’ont pas supporté que je défende mon peuple, et Israël, relayé une fois pour toutes dans les poubelles de l’histoire. Ils se sont trompés sur moi et je me suis égarée dans une histoire qui n’était pas la mienne. D’autres encore n’ont pas supporté qu’en moi, résonne une parole croyante et passionnée de l’ésotérisme hébreu. Cela m’est égal. Leur amitié ou fraternité n’était pas sincère puisqu’elle n’a pas résisté à l’épreuve.

J’ai grandi dans le culte de l’amour et de la tolérance, de la main ouverte et de la fraternité universelle. J’ai fréquenté les présocratiques, puis Socrate et la philosophie française. C’est un chemin classique de jeune femme française qui aime vivre et écouter et qui par-dessus tout, aime l’humanité. J’aime toujours vivre et rester à l’écoute du monde et des hommes et j’aime toujours l’humanité ; je n’ai pas changé.

Mais je suis juive et je connais aussi les textes de la Bible et de nos Sages, et ma connaissance n’est pas un savoir érudit extérieur à mon âme, mais une vérité intérieure qui guide mes pas. Socrate a été condamné à mort par une démocratie athénienne qui ne savait entendre une parole en recherche, une parole qui interroge, et de nos jours, les démocraties occidentales ne sont pas davantage en mesure d’entendre au-delà des discours stéréotypés et des commentateurs politiques d’une grave banalité. Il est pourtant absolument essentiel de savoir qui parle et de quoi on parle. Or, la lâcheté et la bêtise mènent le monde politique, et rares sont ceux qui souhaitent retourner les cartes, débusquer les menteurs et traverser le miroir du factuel pour saisir tout ce qui se joue dans le conflit qui oppose Israël à l’ensemble des peuples musulmans. Mais parce qu’elles ne savent pas identifier leurs ennemis et parce qu’elles se trompent d’adversaires en isolant Israël, les démocraties signent leurs arrêts de mort en épuisant leurs énergies dans des discours vides et des déclarations stériles qui ne trompent personne, au lieu de protéger les valeurs qui font de nous des êtres responsables les uns des autres.

Israël est aujourd’hui, véritablement, le dernier bastion d’une humanité éclairée, s’efforçant au bien en dépit de tous, et le fait est que les énormes pressions internationales que mon pays supporte avec tant de bravoure jouent le jeu de l’islamisme dans sa conquête du monde libre et finiront par se retourner contre ceux qui entendent diriger les affaires de mon pays, et ce alors qu’ils n’ont pas la moindre idée de ce que représente une vie sous une pluie de missiles et de roquettes depuis plus de douze années.

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Israël était-il devant un choix impossible ? Fallait-il accepter une trêve qui ne résout pas la lourde menace existentielle qui pèse sur mon peuple, mais évite dans l’immédiat de nouveaux deuils, ou déclencher une opération terrestre qui donnera un temps de répit bien plus long aux civils israéliens vivant sous la terreur du Hamas et du Djihad islamique, mais dans le même temps arrachera tant d’autres vies et jettera les familles des soldats dans la douleur et la désolation ?

Est-ce que je fais erreur si j’affirme que la valse des dignitaires venus en Israël avaient en vue de se faire un nom sur le dos des civils israéliens, tenus en otage par les organisations terroristes qui règnent en maitres absolus sur Gaza ? Certains d’entre eux frétillaient au doux rêve d’endosser l’habit de médiateur international dans ce conflit qui obsède toutes les nations du monde, au-delà de toute mesure.

Ils sont venus en Israël arracher un « cessez-le-feu » qui est aux antipodes d’une paix en chemin, et ils le savent ; ce ne sont pas des naïfs qui tentent de nous lier les mains, tandis que le Hamas veut nous couper la tête ; ce sont des personnalités politiques, forts habiles à jouer sur la scène internationale.

Aucune réunion du Conseil de sécurité n’a jamais été convoquée, ni même sollicitée durant ces années par ces respectables émissaires. Pourquoi ?

il est insupportable de voir des Juifs debout qui osent habiter sur leur terre ancestrale et refusent de se laisser exterminer.

Je ne prétends pas que les Nations occidentales n’ont pas d’empathie pour les civils israéliens, mais je pense que dans l’inconscient de ces Nations, il est insupportable de voir des Juifs debout qui osent habiter sur leur terre ancestrale et refusent de se laisser exterminer.

Bien sûr, elles assurent que nous avons le droit de vivre et même le droit de nous défendre. Faut-il pour cela les assurer de notre gratitude, comme l’a fait notre premier ministre ? Ce n’est pas un droit que l’on nous concède si généreusement. C’est un devoir qui nous incombe et n’a besoin de l’autorisation de personne !

Tous ces danseurs d’opéra tragique venus nous ligoter savent bien que la trêve permettra au Hamas de continuer à s’armer pour nous détruire et laissera un million de Juifs vivre sous la menace des missiles du Hamas. On ne change pas la nature des islamistes avec un parchemin. Et que vaut la parole de ceux passés maitres dans l’art du mensonge ?

Alors la question est légitime : Israël avait-t-il le choix ? J’ai la faiblesse de penser que notre premier ministre est un homme courageux et que ce ne sont pas les pressions internationales, ou la peur, qui ont guidé son choix pour Israël.

Oui, Israël a toujours le choix et le plus souvent il agit avec sagesse et après longue réflexion. Mais s’agit-il du bon choix ? Je ne sais répondre ; je ne pense pas qu’aujourd’hui nous avons en mains toutes les données qui nous permettent de savoir pourquoi la décision du gouvernement israélien a été celle-ci et non celle de la force immédiate.

Les islamistes de Gaza, soutenus par les islamistes du monde entier, ne renonceront jamais à nous exterminer

Mais est-ce à dire que le langage de la force n’est pas à venir ? Car on ne peut en douter : l’épreuve de force viendra aussi surement que l’hiver fait toujours suite à l’automne. Les islamistes de Gaza, soutenus par les islamistes du monde entier, ne renonceront jamais à nous exterminer ni à rayer Israël de la carte du monde.

Alors, comment agir ? La semaine dernière, dans la parasha de la Bible, nous avons lu « Abraham a donné naissance à Isaac » ; il faut entendre ce qui nous est dit ici ; comment Abraham, qui est tout entier dans le don, la bonté et la générosité peut-il être le père d’Isaac, prototype de la rigueur, de la loi et des limites ?

Et pourtant Abraham est le père de la rigueur. Il ne se réalise que dans sa descendance, Isaac et bien sûr Jacob. Le don et la compréhension, la générosité et l’ouverture ne portent leurs fruits que si des limites sont posées au don, à la compréhension, à la générosité et à l’ouverture.

C’est justement ce que ne comprennent pas les démocraties occidentales et les organisations internationales qui alimentent par leurs dons généreux et sans limites ceux qui ne comprennent que le langage de la force et de la violence. L’Occident fait erreur et Israël ne doit pas faire la même erreur avec nos ennemis en aspirant à une paix illusoire. Je ne dis certainement pas qu’il faut leur ressembler et devenir des sauvages ou des fanatiques.

Mais il faut, comme Isaac, être ferme et se défendre sans crainte. Il faut s’armer de son bon droit et comme je le disais, s’armer aussi de notre devoir envers notre peuple.

La véritable nature de la bonté et de notre désir de paix n’est pas dans la concession infinie, mais bien au contraire dans la fermeté qui permet à nos adversaires de se situer face à nous et qui sait, peut-être enfin nous respecter.

Nous gagnerons cette guerre le jour où les enfants d’Abraham que nous sommes comprendront qu’ils sont aussi les fils d’Isaac, car c’est par lui que s’ouvriront les portes de la délivrance. Mais ceci est encore une autre histoire.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Rachel Franco pour www.Dreuz.info depuis Jérusalem, capitale d’Israël

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