Publié par Michel Garroté le 27 novembre 2012

Regardez comme ils aiment (Saint Paul)

Michel Garroté, réd en chef – Nous sommes aujourd’hui mardi 27 novembre 2012, neuvième jour du Feuilleton « Bataille à l’UMP ». Ci-dessous, un épisode en huit Actes. Attention : l’Acte 8 est particulièrement explosif, avec les révélations de Dominique Dord, député UMP et Trésorier National du mouvement, qui claque la porte ; et qui dévoile le pot aux roses…

Acte 1. La commission de recours de l’UMP proclame la victoire de Copé à la présidence de l’UMP avec 952 voix d’avance sur Fillon. Qui lui dénonce un coup de force.

Acte 2. Des députés partisans de Fillon excluent de rester dans le groupe UMP à l’Assemblée et excluent de soutenir financièrement le parti. Fillon réunit ses soutiens au Parlement, qui décident s’ils restent dans les groupes UMP de l’Assemblée et du Sénat.

Acte 3. Notons, en passant, que la guerre des chefs à l’UMP se poursuit précisément au moment où, selon la loi française, chaque parlementaire doit déclarer (vendredi prochain au plus tard) quel est son parti politique de rattachement, de façon à ce que l’Etat puisse calculer son aide financière aux partis l’an en 2013.

Acte 4. Fillon annonce la création d’un nouveau groupe parlementaire, Rassemblement-UMP, regroupant ses soutiens. Ce nouveau groupe sera « dissous dès qu’un nouveau vote aura lieu », dit-il. Fillon exige un nouveau vote sous trois mois. Copé rencontre Fillon et lui propose l’organisation d’un référendum auprès des militants pour savoir s’ils souhaitaient de nouvelles élections.

Acte 5. Rappelons, encore une fois, dans ce contexte, que dans le système de financement public des partis politiques, il y a deux tranches. La première est basée sur le nombre de voix obtenue aux élections. La deuxième tranche est ouverte uniquement aux formations bénéficiant de la première tranche. Elle permet aux formations de toucher 42’000 euros par parlementaire qui déclare se rattacher à elle. Tous les ans, les parlementaires inscrivent la formation – sur la liste de celles ayant obtenu la première tranche – formation qui bénéficiera de leur rattachement. Comme écrit plus haut, les parlementaires ont jusqu’à vendredi prochain au plus tard pour faire cette déclaration.

Sarkexcédé ?

Acte 6. Sarkozy se prétend « excédé » (ce nul qui nous a excédés pendant cinq ans…) par la crise qui frappe l’UMP et prend un certain nombre d’initiatives. En effet, Sarkozy demande et obtient que Copé et Fillon se rencontrent. Sarkozy se déclare, sans rire, déterminé à préserver l’unité de sa famille politique. Sarkozy parle à plusieurs reprises au téléphone avec Copé, Fillon et Juppé. Ce sont donc là les initiatives de l’homme excédé, toujours aussi nul dans ses coups de pub foireux.

Allons z’enfants…

Acte 7. Christian Vanneste tire une salve salutaire : « L’UMP vacille au bord du gouffre qu’elle-même a creusé à force de se vider de toute idée et de toute valeur pour ne laisser place qu’à des appétits insatiables et des ambitions dépourvues de légitimité. Le concours de sottises de ceux que le marasme actuel a propulsés sur le devant de la scène a le mérite d’être instructif. Ils parlent de « valeurs », mais le mot cachant souvent l’absence de la chose, seraient bien incapables d’en citer une à laquelle ils soient vraiment attachés. Ils évoquent les militants, mais c’est uniquement pour dénoncer les turpitudes de l’adversaire. Les plus bêtes vont jusqu’à dénoncer l’énormité des fraudes chez le concurrent et sous-entendent ainsi que la pratique a été générale, dans le plus grand respect des militants, bien sûr. Le pompon a été arraché de haute lutte par celui qui a avoué que la division ne se ferait pas, car les députés la jugeraient contraire à leur intérêt électoral ».

Christian Vanneste : « Eh oui ! La motivation première d’un élu, c’est d’être réélu. Vous n’imaginiez quand même pas que c’était le Bien Commun ? Que la vérité, la liberté, l’honnêteté, la famille, la Nation les empêchaient de dormir ? L’UMP implose aspirée par son propre néant, creusé jour après jour entre ceux qui ont tellement peur des idées, surtout si elles paraissent vaguement à droite qu’ils se réfugient dans le lieu commun confortable de l’humanisme et ceux qui méprisent tellement les idées qu’ils sont prêts à se saisir de toutes celles qui peuvent servir leur « intérêt électoral. » Les uns et les autres obtiennent le même résultat : réduire un concept fort au rang d’outil de propagande », conclut Christian Vanneste.

Collon et Fipé sur un bateau…

Acte 8. Dominique Dord, député UMP et Trésorier National du mouvement, claque la porte et dévoile le pot aux roses : « J’ai été élu Trésorier de l’UMP par le Bureau Politique en septembre 2010 en totale confiance avec le Président et le Secrétaire Général de l’époque. Les conditions ont malheureusement changé. J’ai donc l’honneur de présenter ma démission de cette charge. Pour m’en tenir à la seule Campagne interne qui vient de se dérouler, dans laquelle j’ai d’abord été candidat avant de rejoindre François Fillon, j’ai eu, depuis le mois de juillet, de nombreuses occasions de faire entendre mes objections sur la manière dont les moyens du Parti ont été mobilisés dans cette Campagne et dont la Cocoe arbitrait les débats. Le malheur veut que l’issue très incertaine du scrutin qui vient de se dérouler donne une portée décisive à ces objections. L’égalité de traitement entre candidats aurait dû être absolument garantie. Cela n’a pas été le cas ».

Dominique Dord : « Plusieurs d’entre nous avaient demandé à Jean-François Copé de se mettre en retrait du Secrétariat Général le temps de la Campagne pour éviter toute suspicion. Il l’a refusé. Son équipe de collaborateurs salariés de l’UMP, largement rémunérée, pas moins d’une dizaine de cadres autour de Jérôme Lavrilleux, n’a cessé, sans le moindre scrupule, de jouer un rôle très actif et ostensible pendant les 3 mois de la Campagne: représentant par exemple, tout à fait officiellement Jean-François Copé à la Cocoe, dans un mélange des genres effarant, participant à l’antenne à des débats radiodiffusés, mentionné comme référent de Jean-François sur des documents officiels de campagne. On peut évaluer à plus de 200’000 € l’avantage représenté sur quatre mois, par la prise en charge de cette équipe salariée par le Mouvement. Je ne reviendrai pas sur le triste épisode Boutin avec cette dette de 160’000 € exhumée fort opportunément au lendemain même du ralliement de Christine à Jean-François Copé alors que ce dernier avait choisi de l’enterrer au lendemain des Présidentielles ».

Dominique Dord : « Le siège social de la rue de Vaugirard lui-même a été utilisé sans discontinuer comme siège de Campagne et jusqu’au soir de l’élection devant les caméras de France et de Navarre! (300’000 € sur quatre mois ?…). Les moyens de communication du parti ont été mobilisés au seul profit de Jean-François Copé. Le site internet a compté en moyenne 4 photos de lui en Une chaque jour depuis le mois de juillet. La redoutable machine à SMS et mails a marché à plein régime auprès de milliers de militants : j’ai moi-même reçu un SMS pour mon anniversaire, le 1er septembre, tellement peu personnalisé que Jean-François m’y vouvoyait. Que dire de choses plus anodines mais tellement révélatrices comme les notes de frais des collaborateurs, ou l’achat par l’UMP du livre de Campagne de Jean-François pour plus de 3000 €. Deux Cadres de la rue de Vaugirard ont eu le malheur de faire connaitre leurs scrupules ou leurs objections. Ils ont été sermonnés par Éric Césari et ne sont plus dans la Maison aujourd’hui ».

«Dominique Dord : David Biroste, directeur des affaires juridiques, secrétaire de la Cocoe et de la Commission des recours a été mis à pieds du jour au lendemain, puis licencié à quelques semaines du scrutin pour faute grave. En réalité, pour avoir osé rappeler à haute voix à la Cocoe qui tentait de s’en « accommoder » que le Bureau Politique avait expressément interdit la mention du nom de Nicolas Sarkozy dans l’intitulé des motions. Il traine aujourd’hui l’UMP devant les Prud’hommes pour licenciement abusif. Christophe Laroche, directeur informatique, ayant la haute main sur les fichiers a préféré partir. Il a démissionné deux jours avant l’élection, écœuré par l’usage inéquitable du fichier du Mouvement qu’on lui demandait de mettre en œuvre. Soyons clairs, dans n’importe quelle élection avec un résultat aussi serré, le juge électoral annulerait le scrutin au motif de l’utilisation abusive des moyens collectifs par l’un des candidats ».

Dominique Dord : « Dans un contexte où le Mouvement est exsangue (j’ai à maintes reprises tiré la sonnette d’alarme sur le fait que le déficit de trésorerie atteindra plus de 50 millions d’euros en juin prochain) et devra faire face à un plan de redressement douloureux sur lequel nous nous sommes engagés auprès des banques mais dont les décisions tardent à être mises en œuvre, ces abus revêtent à l’évidence un aspect moralement inacceptable. Les 50’000 € de dédommagement proposés à chacun des deux candidats prennent quant à eux des allures d’alibi. Dans le cas d’un résultat très serré, et par ailleurs contestable et contesté, on voit comme tous ces exemples prennent une portée qui entache la moralité, la sincérité, et au final la légitimité du scrutin et de celui qui s’en proclame vainqueur. Sur toutes ces questions, nous avons besoin d’un sursaut autant moral que statutaire », conclut Dominique Dord, député UMP et Trésorier National du mouvement au moment de claquer la porte.

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