Publié par Guy Millière le 23 novembre 2012

Le Hamas, je l’ai écrit, entendait en attaquant Israël voir si le gouvernement israélien répondrait, et à quel degré : la réponse du gouvernement israélien a été massive et tranchante. Plusieurs chefs du Hamas et d’autres organisations islamistes présentes à Gaza ont été éliminés. Les missiles à longue portée fournis par l’Iran et dont disposait le Hamas ont été détruits.

Le Hamas entendait aussi tester les réactions de l’administration Obama juste après la réélection de celui-ci, et le faisait pour le compte des Frères musulmans égyptiens et de l’Iran. Il s’agissait, pour le Hamas et ses commanditaires, de voir jusqu’à quel point Obama suivrait une ligne d’apaisement. La réponse d’Obama qui, au départ, a pris l’apparence de celui qui soutient Israël, a été très vite sans équivoque. Obama suit plus que jamais une ligne d’apaisement.

L’accord de cessez-le-feu qui vient d’être ratifié a été arraché au gouvernement israélien, contraint et forcé, et Israël n’y gagne rien. Strictement rien. Ou tout juste la promesse de se voir fournir des moyens défensifs supplémentaires au titre de lot de consolation qui ne consolera pas ceux dont les proches sont morts. Le Hamas n’est pas mis hors d’état de nuire et va pouvoir se réapprovisionner en armement, jusqu’au moment où il déclenchera la prochaine offensive. Israël n’est pas tout à fait perdant en raison des éliminations effectuées et des missiles détruits. Mais les terroristes seront remplacés par d’autres terroristes, et les missiles par d’autres missiles.

L’accord de cessez-le-feu a été négocié par les dirigeants du Hamas et les dirigeants égyptiens, les uns et les autres membres des Frères musulmans. Et il ne leur a pas été arraché : il leur convient parfaitement.

Le gouvernement égyptien y gagne des appuis financiers supplémentaires obtenus en échange de promesses qu’il pourra renier plus tard s’il obtient de la Chine les financements qu’il espère : il aura la « responsabilité » de surveiller la frontière avec Gaza et de veiller à ce que le Hamas ne commette pas d’autre agression. Je prendrais cela pour une plaisanterie si ce n’était pas tragique. Des Frères musulmans vont surveiller des Frères musulmans. Pourquoi ne pas demander aux truands de garder les prisons ? Tout le matériel militaire que le Hamas voudra, il l’obtiendra. D’autant plus que l’embargo doit être « assoupli ». Et quand il décidera d’attaquer à nouveau, il le fera. Le gouvernement égyptien est pleinement gagnant, et s’attire même les remerciements de la « communauté internationale », comme on dit. Le Hamas serait pleinement gagnant s’il n’avait pas subi éliminations et destructions. Mais les gens du Hamas font peu de cas des gens éliminés et des décombres. Les gens du Hamas ont fêté leur victoire à Gaza : le cessez-le-feu a été obtenu le jour même où un attentat terroriste a frappé, impunément, un autobus à Tel Aviv.

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Le danger Hamas est différé, sans plus. Et le Hamas a gagné dans l’opération un ascendant supplémentaire sur le mouvement « palestinien ». Même si c’est de manière indirecte, les Etats-Unis ont négocié avec le Hamas, ce qui est sans précédents. On peut s’attendre à des mouvements diplomatiques en vue de légitimer le Hamas et d’en faire un interlocuteur pour la « résolution du conflit ».

Le danger égyptien continue à grandir sur l’horizon. L’Egypte des Frères musulmans est légitimée comme partenaire de l’administration Obama et du reste du monde occidental.

Le danger iranien n’est pas du tout écarté, au contraire. Les dirigeants iraniens ont pu voir qu’Obama pouvait « tordre le bras » de Binyamin Netanyahu, le soumettre à un chantage, lui interdire la poursuite d’une opération militaire, le contraindre à une « trêve ». Ils ont regardé. Ils ont tiré les leçons. Le Hezbollah aussi.

Si Israël doit intervenir contre l’Iran, cela devra être sans l’administration Obama, contre la volonté de l’administration Obama, en risquant des représailles de l’administration Obama. Et cela devra être fait avant que le Hamas soit réapprovisionné, tant que la guerre civile en Syrie n’est pas achevée, avant que la ligne rouge tracée par Netanyahu soit atteinte.

Je n’incrimine pas Netanyahu d’avoir cédé et arrêté prématurément l’opération de démolition du Hamas : il ne pouvait faire autrement au vu des actions en sous-main d’Obama et ne pouvant prendre le risque d’un conflit majeur avec les Etats-Unis dans le contexte présent. Il s’est réservé le droit d’agir si le cessez-le-feu était violé, et le cessez-le feu sera violé, et il a désigné l’Iran : il ne pouvait aller plus loin.

Dans quelques jours, Mahmoud Abbas va présenter sa demande de devenir Etat non membre aux Nations Unies et pourrait bien voir sa demande satisfaite. Les pressions diplomatiques sur Netanyahu vont redoubler d’intensité pour qu’il accepte la création d’un « Etat palestinien » en Judée-Samarie. Et Obama ne sera pas étranger aux pressions. Les pressions, pour les raisons susdites pourraient inclure la légitimation du Hamas, et le dessin d’une perspective où l’ « Etat palestinien » serait un Etat Hamas, donc un Etat terroriste, antisémite et explicitement génocidaire. La « communauté internationale » dans les années Obama, sera très ouverte à l’émergence d’un tel Etat.

Obama n’a pas renoncé à ses plus sombres projets. Rendre le Proche-Orient plus sûr pour l’islam radical. Ces projets avancent : ceux qui voudraient voir un clivage majeur dans le clivage sunnite-chiite doivent réviser leurs positions. Comme je l’explique dans Face à l’islam radical, si ce clivage existe (et il est au centre de la guerre civile en Syrie, tout comme il sépare des factions au sein du Hamas), il est secondaire par rapport au clivage séparant islamistes et partisans du statu quo. Les islamistes ont l’ascendant, avec l’assentiment d’Obama. Le Hamas des Frères musulmans avait des missiles iraniens, il en aura d’autres dans le futur. Mohamed Morsi soutient les Frères musulmans et al Qaida en Syrie, mais peut s’entendre, par ailleurs, avec Khamenei lorsqu’il se rend à Téhéran. Le Qatar, qui finance les Frères musulmans s’entend aussi avec l’Iran. Il en va de même pour le régime turc, proche des Frères musulmans, mais prêt à s’entendre avec l’Iran, et dont la préoccupation essentielle aujourd’hui est un point de convergence avec l’Iran : ne pas voir se dessiner la perspective d’un Kurdistan autonome.

Obama reste un ennemi résolu d’Israël, et un ami tout aussi résolu des ennemis d’Israël.

Netanyahu est face à une situation très difficile, vraiment très difficile. C’est heureusement un homme d’Etat.

Je comprends la déception, l’angoisse, voire l’amertume du peuple israélien et dees amis d’Israël.

Pour ce qui me concerne, je ne suis pas surpris : Le désastre Obama est toujours d’actualité.

Ceux qui entendent se faire des illusions peuvent, plutôt que me lire, se tourner vers les dépêches de l’AFP. Pour être au plus près de la désinformation, celle-ci partageait un immeuble avec des terroristes islamistes à Gaza. L’immeuble a été touché par l’armée israélienne. L’AFP peut dire ainsi que l’armée israélienne tire sur des journalistes. J’ai lu cela dans des journaux français, je crois. Cela ne tranchait pas avec le reste de ce que j’ai pu lire dans les journaux français. Hélas.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Guy Millière pour www.Dreuz.info

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