Publié par Jean-Patrick Grumberg le 13 novembre 2012

 

Ceux qui reprochent aux Nations Unies d’être une organisation inefficace et dysfonctionnelle font souvent référence aux membres du Conseil des droits de l’homme pour en apporter la preuve.

La Chine, Cuba, l’Arabie Saoudite et la Russie y détiennent maintenant des sièges. L’organisme a été un virulent et régulier critique d’Israël, mais a toujours été indulgent avec des pays comme le Sri Lanka, le Soudan et le Zimbabwe.

Même les États-Unis ont refusé de participer au conseil, jusqu’à ce que l’administration Obama renverse la politique de l’ère Bush, et sollicite avec succès un siège en 2009. Lundi, les Etats-Unis ont réélu Obama pour un nouveau mandat de trois ans.

Lors des élections de lundi, 18 États ont remporté des sièges, bien que les jours précédents, des militants aient dénoncé les violations des droits de l’homme de chaque membre potentiel. « Nous avons besoin de meilleurs ingrédients, pour faire une bonne soupe », a déclaré Hillel Neuer, directeur exécutif de UN Watch, lors d’une manifestation, vendredi, au siège des Nations Unies à New York, quand des questions au sujet de plusieurs candidats ont été soulevées.

Vendredi, UN Watch et la Fondation des droits de l’homme ont invité les militants du Venezuela, du Pakistan et du Kazakhstan à parler des violations des droits de l’homme. Ces trois pays sont devenus membres du conseil, ce lundi, bien que les deux ONG les ont jugé « non qualifiés » pour servir, suite à l’examen de leurs façons de protéger les droits nationaux, et leurs historiques de vote à l’ONU.

« Il serait immoral de laisser le Venezuela devenir membre s’il n’améliore pas son comportement », a déclaré l’homme d’affaires vénézuélien Eligio Cedeño, qui a soutenu l’opposition avant d’être arrêté et accusé de contourner les contrôles de change.

Comme mon collègue Simon Romero en a rendu compte en 2010, un juge, María Lourdes Afiuni, a libéré M. Cedeño après qu’un comité juridique de l’ONU a déclaré que sa détention préventive avait dépassé les limites fixées par la loi vénézuélienne. La décision rendue par la juge Afiuni a irrité le président Hugo Chávez, qui, tout en soutenant à la télévision nationale qu’en d’autres temps elle aurait été conduite devant un peloton d’exécution, a envoyé sa police secrète l’arrêter. Elle a été condamnée à 30 ans de prison et est actuellement en résidence surveillée. Mr Cedeño s’est lui enfuit aux États-Unis.

UN Watch et la Fondation des droits de l’homme ont également critiqué le Pakistan de ne pas « remplir les normes minimales d’une démocratie libre ». Un point important de l’attention et de la condamnation internationale a été la loi pakistanaise sur le blasphème.

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Sajid Christopher, un militant chrétien, a dénoncé la loi comme un instrument d’intimidation contre les minorités religieuses. « La loi ne demande ni de montrer ses intentions, ni d’apporter les preuves des allégations, et ne comporte aucune sanctions en cas de fausses déclarations », a déclaré M. Christopher, le fondateur d’un groupe appelé Human Friends International.

Il a mentionné le cas de Rimsha Masih. “Mes collègues, Declan Walsh et Salman Masood ont rapporté en Août dernier que Rimshah, un jeune chrétienne de 14 ans qui vit en dehors d’Islamabad, a été détenue pendant plusieurs semaines après avoir été accusée d’avoir brûlé les pages d’un livre religieux. Selon certains rapports, il a été dit qu’elle trysmonique. Son cas a déclenché un tollé public qui a montré la profonde polarisation du public pakistanais autour de la loi sur le blasphème.”

Igor Vinyavsky, l’éditeur d’un journal du Kazakhstan, a dénoncé le harcèlement et les persécutions contre les médias indépendants. Dans son dernier indice sur la liberté de presse, Reporters sans frontières a classé le Kazakhstan 154 ème sur 179 pays. M. Vinyavsky a été arrêté en Janvier et détenu pendant deux mois, après avoir été accusé d’avoir distribué des tracts appelant à l’insurrection, une accusation qu’il a contesté. Il a été arrêté après un raid au siège de son journal basé à Almaty, Vzglyad, et les forces de sécurité ont confisqué tout l’équipement de reportage, selon le témoignage du Comité pour la protection des journalistes.

« Elire le Kazakhstan serait un acte incompréhensible et honteux », a déclaré M. Vinyavsky par la voix d’un traducteur vendredi.

A chaque intervention, les frustrations à propose de l’adhésion du Venezuela, du Pakistan et du Kazakhstan au Conseil des droits de l’homme devenaient plus palpables. Mais certains, comme Thor Halvorssen, le président de la Fondation des droits de l’homme, basée à New York, continue à espérer que le système puisse être réformé. « Il appartient aux médias et aux groupes de la société civile de souligner les contradictions au sein du Conseil des droits de l’homme », a déclaré M. Halvorssen.

Mais certains pensent que la réforme est une cause perdue.

Les détracteurs du Conseil pensent que le mode de candidature est faussé, car il donne les mêmes droits à la parole, à tous les pays membres de l’Assemblée générale, indépendamment de leur historique. « C’est là que se situe le problème d’utiliser l’ONU pour traiter des questions des droits de l’homme », écrit Joel Brinkley, un professeur de journalisme à Stanford, et ancien correspondant étranger pour le Times, dans un éditorial de Juillet dernier. « Chaque Etat du monde, même les plus répréhensibles, est membre à part entière. »

Une fois qu’ils deviennent membres, les Etats répressifs utilisent le Conseil pour faire passer des résolutions orwellienne qui protègent leur politique (répressive) sous le prétexte de protéger leur souveraineté nationale, et du respect international. « Le conseil est irrémédiable », écrivait Brinkley. « Il est temps que les États-Unis l’abandonnent. »

M. Halvorssen, cependant, continue d’essayer. Il a fondé la Fondation après que sa mère a été tuée lors d’une manifestation en 2004 au Venezuela. En Juin, il a été interrompu par la délégation de Cuba, à Genève, alors qu’il délivrait un discours enflammé contre le Venezuela en matière de droits de l’homme.

Parmi les intervenants de vendredi se trouvait Marcel Granier, le président de RCTV, une des plus anciennes stations de télévision du Venezuela, et un opposant fréquent au gouvernement. La station a cessé d’émettre après avoir perdu sa licence en 2007, dans un geste largement considéré comme des représailles politiques. M. Chavez a accusé RCTV et d’autres stations privées de soutenir le coup d’Etat qui l’a brièvement évincé en 2002.

M. Granier vit au Venezuela et considère que s’exprimer est la seule façon d’avancer. « Je reçois des menaces de mort presque tous les jours », dit-il d’un ton neutre pendant que les participants au déjeuner admiraient la vue sur l’Est River tout en dégustant leurs desserts au chocolat. « J’y suis habitué ».

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour www.Dreuz.info pour la version française, et © ELIAS E. LOPEZ pour la version originale : http://thelede.blogs.nytimes.com

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