Publié par Jean-Patrick Grumberg le 13 novembre 2012

Lors des questions au gouvernement cet après midi, Manuel Valls n’a pas fait que déraper, en accusant la droite d’être « responsable du retour du terrorisme » (1), il a aussi fait preuve d’une totale incompétence, et une totale méconnaissance de ses dossiers.

Avec peut-être 12 ou 15 millions de musulmans en France, des centaines de mosquées qui prêchent la haine, et une montée en puissance des salafistes proches d’al Qaida, Valls pourrait se mettre à jour.

Ensuite, d’un point de vue strictement factuel, Manuel Valls dit franchement n’importe quoi, et je ne peux m’empêcher de parfaire ci dessous son éducation, il en a bien besoin.

Le 15 juin 1983, l’ASALA, une organisation terroriste arménienne luttant pour la reconnaissance du génocide arménien, fait exploser une bombe au Semtex cachée dans un attaché case au comptoir de la Turkish Airline à Orly. L’explosion fait 8 morts et 55 blessés. Varoujan Garabedian (Varadjian Garbidjian), un Syrien de 29 ans d’origine arménienne avoue avoir posé la bombe qui était supposé exploser dans l’avion, et être le chef de la branche française de l’ASALA. Il confesse que la bombe a été confectionnée chez un Turc, Ohannes Semerci, à Villiers-le-Bel. A Marseille, la police arrêtera un autre Turc arménien, Nayir Soner.

Et pour rafraichir encore la mémoire de Manuel Valls, rappelons que les médias de l’époque avaient suspecté le gouvernement socialiste de Pierre Mauroy d’avoir passé un accord secret avec l’ASALA, en janvier 1982, par lequel ASALA s’engageait à ce qu’il n’y ait plus d’attentat sur le sol français, en échange de la reconnaissance par la France du génocide arménien de 1915, et que l’attentat d’Orly en 1983 était accidentel, puisqu’il devait avoir lieu alors que l’avion, à bord duquel des membres des services secrets turcs, des généraux et diplomates turcs devaient se trouver.

Le 3 octobre 1980, un attentat à la bombe fait 4 morts et 46 blessés à la synagogue de la rue Copernic à Paris. Hassan Diab, professeur de sociologie à Ottawa, Palestinien ayant vécu aux États-Unis et au Canada, possédant la double nationalité libanaise et canadienne, est soupçonné d’avoir confectionné et posé la bombe, ainsi que d’avoir participé à l’attentat qui a visé en octobre 1980 la bourse du diamant d’Anvers.

En août 1982, attentat terroriste rue des Rosiers à Paris. Il fait 6 morts et 22 blessés. La fusillade est l’œuvre de deux hommes membres du Fatah réfugiés en Jordanie, pays d’où ils ne peuvent être extradés.

Et puis il y eut la série des attentats de l’année 1995

Le 11 juillet Khaled Kelkal, un Lyonnais de Vaulx-en-Vélin né en Algérie, fervent pratiquant de la mosquée Bilal de Vaulx dirigée par Mohamed Minta de l’organisation « Foi et Pratique », est impliqué dans l’assassinat de l’imam Sahraoui de la mosquée de Paris, puis 4 jours plus tard, ouvre le feu sur des gendarmes à Lyon.

Le 25 juillet, 3 bouteilles de gaz explosent dans la ligne B du RER St Michel. 8 morts et 80 blessés.

Le 17 août, une bombe explose à l’arc de Triomphe et fait 17 blessés.

Djamel Zitouni, ou Abou Abderahmane Amine, né Simon Zitouni aux Eucalyptus, près d’Alger, un des leaders du groupe islamique algérien armé, sera exécuté par des rivaux en 1996, avant que son rôle dans les attentats, qui a été formellement établi, soit précisé.

Toujours en août, le 26, une bombe de très forte puissance est découverte dans le TGV. Boualem Bensaïd, un professeur de gymnastique algérien et membre du GIA, avait tenté de faire exploser le TGV Lyon-Paris. Lors de sa condamnation, il s’écrie « Allah akbar » dans l’enceinte du tribunal.

Le 3 septembre de la même année, un bombe qui fonctionne mal explose à Paris, faisant 4 blessés.

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Quelques jours plus tard, le 7 septembre, Khaled Kelkal organise un attentat à la voiture piégée contre une école juive de Villeurbanne. La bombe, réglée pour exploser à la sortie des classes, se déclenche en retard et ne fait « que » 14 blessés.

Le 6 octobre, une bouteille de gaz explose à la station de métro Maison Blanche, blessant 17 personnes.

Le 17 octobre, un bouteille de gaz explose entre la station St Michel et Musée d’Orsay sur la ligne C du RER, et fait 29 blessés.

Un des leaders du groupe, Khaled Kelkal, sera identifié par ses empreintes sur une bombe qui n’a pas explosé. Rachid Ramda, considéré comme le cerveau des attaques de 1995, vient d’une famille berbère bourgeoise et très bien éduquée, et a étudié l’architecture à Polytechnique. Il devient membre du FIS dont l’un des fondateurs est son professeur de littérature, ainsi que du GIA. Il fut condamné à mort en 93 en Algérie pour l’attaque terroriste contre l’aéroport d’Alger qui fit 9 morts et 123 blessés, et il purge une peine de prison à vie en France.

Selon le FBI, le financement des attentats de l’année 1995 en France a été assuré par la mosquée Brandbergen de Haninge en Suède, (laquelle publia sur internet en 2004 des manuels pour expliquer comment construire une arme chimique). La mosquée était alors dirigée par Mohamed Moumou, alias Abu Qaswarah alias Abu Sara, n° 2 d’al-Qaida en Iraq, fondateur du Groupe Islamique Combattant Marocain (GICM) et responsable des attentats de Casablanca de 2003. Il fut lui-même recruté en 1996 par Ibn al-Shaykh al-Libi afin de servir de cellule dormante. Ibn al-Shaykh al-Libi, né Ali Mohamed al-Fakheri en Libye, s’est entraîné dans le même camp terroriste afghan que Zacarias Moussaoui et Ahmed Ressam qu’on retrouve en 2000 dans l’attentat avorté de Strasbourg. Associé à Ibn al-Shaykh al-Libi, on trouve Abu Zubeyda, ou Zayn al-Abidin Muhammad Husayn ou Zein al-Abideed Muhammad Hassan, actuellement détenu à Guantanamo bay, et impliqué dans la tentative d’attentat avortée de l’ambassade des Etats-Unis à Paris en 2001 (2)

En 1996, le gang de Roubaix, constitué de deux Français convertis à l’Islam, Christophe Caze et Lionel Dumont, multiplient les braquages d’une extrême violence, laissant plusieurs victimes sur le carreau. Ils espéraient rassembler de l’argent pour financer le terrorisme international. Au nom d’Allah.

En 1998, un Français guadeloupéen converti à l’Islam, Willie Virgile Brigitte, divorcé d’une musulmane syrienne dont il eut un enfant, décide de s’engager dans le jihad. Il change de nom et devient indifféremment Mohammed Abderrahman, Mohammed Ibrahim Abderrahman, Abou Maimouna, Salahouddin, Jamal et « Abderrahman l’Indien de l’ouest ». Il s’endoctrine à la mosquée de Omar et Abou Bakr de Couronnes, connue pour prêcher la haine de l’Occident. Là, il rencontre des salafistes qui le recrutent. Après un passage en camp d’entrainement en Afghanistan pour aider les Talibans, il revient en France début 2002, et adopte profil bas et vit à l’hôtel avec Ibrahim Keita, un autre jihadiste converti à l’islam. En 2003, il part pour l’Australie où il noue des relations avec les réseaux islamistes locaux : Faheem Khalid Lodhi, mieux connu sous le nom de Abu Hamza, Melanie Brown, une convertie avec qui il fera un mariage arrangé. De retour en France, la DST l’arrête en 2006 et le fait condamner à 9 ans de prison.

En 2000 (3), le « réseau Francfort » est démantelé, le carnage de Strasbourg est évité.

Ce réseau islamiste, du nom de GSPC et devenu ensuite AQMI (al Qaida au Maghreb islamique) avait prévu deux attentats pour le Millénium : la Cathédrale de Strasbourg et le marché de Noël. Le réseau était composé de 10 islamistes, entraînés dans les camps de Ben Laden.

Les chefs étaient le Franco-algérien Yacine Akhnouche, recruteur pour al Qaida et associé de Zacarias Moussaoui, l’un des pirates du 11 septembre, de Richard Reid auteur de l’attentat raté à la chaussure piégée dans un avion, d’Ahmed Ressam, qui avait projeté l’attentat de l’an 2000 à l’aéroport de Los Angeles, et de Amar Makhlulif alias Abu Doha, surnommé “le docteur”, recherché en France, et cerveau de l’attentat avorté contre la cathédrale de Strasbourg. Étaient également membres du réseau l’algérien Mohamed Bensakhria et le Français Slimane Khalfaoui, et un autre Français, ancien du GIA, Fouad Sabour.

Abu Zubeyda

En 2001, le réseau Beghal est démantelé, un attentat suicide contre l’ambassade américaine à Paris est évité. Le chef du réseau s’appelle Djamel Beghal, c’est un Franco-algérien qui sera arrêté à Dubaï de retour du Pakistan. Abu Zubeyda, un des adjoints de Ben Laden, qu’on retrouve déjà derrière les attentats de 1995, lui a personnellement donné l’ordre de détruire l’ambassade. Un ancien joueur de football professionnel, Nizar Trabelsi est chargé d’acquérir l’explosif et de se faire exploser près de l’ambassade. Le réseau a un informaticien, un artificier, des Français, presque tous passés dans les camps d’entraînement d’al Qaida, comme le jihadiste Kamel Daoudi, jeune informaticien de 27 ans, formé au jihad en Afghanistan avant son retour en France durant l’été 2001.

Décembre 2002, démantèlement du réseau des « filières tchétchènes » à Romainville et à la Courneuve, et la saisine de différentes fioles de produits chimiques permettant la fabrication de gaz toxiques destinés à commettre des attentats à l’arme chimique. Leurs cibles : L’ambassade de Russie à Paris, les magasins Naf-naf, un commissariat de police… Impliqués, le clan des Benchellali. Le père, qui était imam, la mère et le fils.

Septembre 2005, démantèlement du Réseau Safé Bourada, constitué en prison !
Safé Bourrada avait été condamné une première fois pour sa participation aux attentats de 1995, et il parvient à constituer un réseau islamiste en prison : des braqueurs, des ex dealers, et même un violeur, qui se convertiront à l’islam et constitueront le groupe terroriste « Ansar al Fatah ». Ex du GIA, Bourrada avait basculé dans le jihad avec pour seul but de faire régner la Charia, et d’instaurer le grand califat mondial. Leur cible : le siège de la DST, l’aéroport d’Orly, et une explosion dans le métro.

En 2009, Djamel Beghal, bénéficiant de remise de peine, est libéré de prison. Un an plus tard, il est arrêté pour avoir planifié l’évasion de Smait (ou Ait) ali Belkacem, l’un des responsables de la vague d’attentats de 1995.

Selon un ancien de la ST (sécurité du territoire) interrogé par le grand-reporter de guerre Frédéric Helbert (3), journaliste d’investigation et spécialiste du Terrorisme, « la menace, loin de dater d’aujourd’hui, ou de l’affaire Merah, visant la France et ses intérêts, est toujours allée croissante. Elle s’est depuis les années 90 toujours basée sur ces réseaux « de l’intérieur » par ceux qui semblent découvrir la lune aujourd’hui ».

La remarque faite il y a tout juste un mois, n’était pas dirigée contre Manuel Valls, et pourtant…

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour www.Dreuz.info

(1) http://www.rtl.fr/mise-en-cause-sur-le-terrorisme-la-droite-interrompt-la-seance
(2) http://www.nytimes.com/nation-challenged-france
(3) http://www.frederichelbert.com

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