Publié par Gilles William Goldnadel le 10 décembre 2012

Le gouvernement britannique s’est attelé à une rude tâche : moraliser la presse. Celle-ci, encore qu’attachée jalousement, comme on le sait, à sa liberté, en a admis le principe.

Contrairement à ce qui se passe aujourd’hui de notre côté de la Manche, les journalistes anglais connaissent encore le sens du mot « excuses ». C’est ainsi que très récemment, le directeur de la BBC en a présentées, en suite de l’aveuglement de sa chaîne devant le comportement pédophile de l’un de ses principaux collaborateurs aujourd’hui décédé.

Les journalistes britanniques acceptent le principe de se soumettre à un conseil déontologique paritaire disposant d’un pouvoir de sanction. En France, à l’inverse, la presse a décidé depuis toujours de s’en remettre, sans trop d’humilité, à sa capacité d’autocontrôle.

Sur le plan judiciaire, les tribunaux français se montrent, dans la pratique, cléments, lorsqu’ils constatent -après un parcours procédural semé d’embûches- une faute journalistique avérée, au rebours de la justice anglo-saxonne qui peut avoir la main fort lourde.

C’est dans ce contexte spécifique de quasi impunité, et dans lequel je n’aurai garde d’oublier le caractère très idéologisé de la presse hexagonale, qu’il faut réfléchir à la manière dont cette semaine, un monsieur nommé Cahuzac a été accusé publiquement de détenir un compte bancaire occulte, ce qui est un comble lorsqu’on s’est donné pour tâche de lutter contre l’évasion fiscale.

Et lorsque j’écris “manière”, je fais expressément référence à la méthode employée par Médiapart pour accuser le ministre des finances du gouvernement de Jean-Marc Ayrault.

Des accusations, nullement étayées matériellement, émanant d’un inspecteur des impôts à la retraite extravagant, aux méthodes contestées, qui ne cache pas son ressentiment. Lequel est revenu par la suite sur ses affirmations concernant le financement de l’appartement du ministre. Et pour faire bonne mesure, le jour d’après les dénégations ministérielles : publication d’un enregistrement sonore inaudible censé correspondre à la voix de l’illustre mis en cause.

Et voici celui-ci ainsi placé dans une diabolique alternative de contester négativement donc vainement qu’il s’agirait de lui ou de reprocher une violation illicite de sa vie privée, par enregistrement non consenti, ce qui vaudrait aveu.

On aura compris que je me moque de savoir le fond du sujet, et que je m’interdis même d’y réfléchir, dès lors que je constate que des journalistes se sont arrogés, au nom de je ne sais quel improbable magistère moral, des droits indus qu’ils sont les premiers à contester avec véhémence lorsque la justice les utilise contre les malfrats ou contre eux-mêmes.

Cette prétention totalitaire à la totale transparence a été depuis toujours à la source de bien des malheurs. L’originalité de notre temps déstructuré vient de ce qu’aujourd’hui, ce totalitarisme n’émane pas de l’État, mais d’officines façon Wikileaks, de particuliers, ou de sacro-saintes O.N.G., qui se drapent dans le pli de l’étendard de la liberté outragée, en cas de réclamation judiciaire.

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Il n’est pas sûr que ce ne soit pas pire. Mais qui a osé se plaindre de cette plenelisation des esprits ?

Dans ce contexte idéologique délétère, la droite républicaine, en dehors de la question orale posée à l’Assemblée par un député dont j’ai oublié le nom, se sera comportée décemment.

Il n’est pas inutile de comparer avec le comportement récent des amis politiques du ministre des finances qui, dans des circonstances analogues, ont manifestement oublié le discours prononcé par Léon Blum lors des funérailles de son ministre Roger Salengro : « il n’y a pas d’antidote contre les poisons de la calomnie. Une fois versés, ils continuent d’agir quoi qu’on fasse, dans le cerveau des hommes de la rue comme dans le cœur de la victime. Il pervertit l’opinion, car depuis que s’est propagée, chez nous, la presse de scandale, vous sentez se développer dans l’opinion un goût de scandale. »

Il n’est pas interdit de gloser aujourd’hui sur cette différence entre gauche humaniste et droite méphitique.

Dimanche, le journal du même nom interrogeait notre premier ministre sur l’initiative de Mme Duflot souhaitant réquisitionner les bâtiments publics vacants appartenant à l’église.

Son chef lui donne raison, voulant « mobiliser toutes les énergies pour faire face aux problèmes de l’hébergement d’urgence ».

A la suite de la sortie de la ministre Vert, tout a été dit sur la générosité discrète et concrète de l’église catholique qui n’a d’égale que la fausse bonté cathodique des socialistes et de leurs alliés, plus généreux avec l’argent des autres.

À titre anecdotique, j’ai encore en mémoire cette émission de la défunte Anne Gaillard, animatrice sans concession il y a plus de deux décennies, d’une émission consumériste sur France Inter et qui avait enquêté sur le comportement des cabinets d’avocats en matière d’honoraires.

Sans surprise pour l’auteur de ces lignes, il s’était révélé que les grands cabinets réputés de gauche étaient infiniment plus intransigeants à l’égard de la petite clientèle en difficulté que ceux de leurs confrères droitiers.

Comme si discours valait quittance.

Toujours au sujet de cette nécessaire mobilisation prônée par Jean-Marc Ayrault, je ne saurais trop lui recommander de s’intéresser aux ressources de la CGT.

À ce sujet, la lecture des « Dossiers » publiés ce mois de décembre par« Contribuables Associés » pourrait l’instruire utilement. Notamment le chapitre intitulé « des syndicats assis sur un tas d’or ».

Dans le cadre de cet article édifiant, on apprend que selon un rapport de l’administration, les décharges de service et les subventions versées par les collectivités locales et les hôpitaux à l’ensemble des syndicats de la fonction publique coûteraient près de 250 € par an et par agent. L’enquête a été menée en 2010 par quatre corps d’inspection dont l’Igas.

On apprend également, que c’est l’État socialiste qui a financé la construction des 90 000 m² de bureaux que le syndicat CGT occupe à Montreuil. De quoi loger sans doute de nombreux nécessiteux.

Ce travail d’investigation effectué par l’association « Contribuables Associés » est d’autant plus salutaire, qu’ainsi que le souligne Jérôme Dubus, conseiller UMP de Paris, « à droite aussi, on se montre trop souvent craintif, donc conciliant, vis-à-vis de la CGT… Je vous laisse imaginer les réactions outragées de la gauche, CGT en tête, si un scandale moitié moins important que celui du comité d’entreprise d’EDF géré par la CGT avait pu être imputé à une organisation proche de la droite ».

M. Dubus aurait pu également prolonger son regard sur les médias conciliants, à défaut d’être craintifs.

Il m’arrive de sévir sur l’excellent site Boulevard Voltaire animé par Robert Ménard et Dominique Jamet. Ceux ci, avec l’esprit démocratique qui les caractérise, ont publié un article d’un M. Meininger qui fait un sort particulier au CRIF, dont il est de bon ton de stigmatiser l’intolérance communautariste, pour avoir obtenu l’annulation par le ministre de l’intérieur d’un meeting organisé par l’université de Toulouse Mirail en faveur de la Palestine.

Ce monsieur a simplement oublié de préciser à ses lecteurs -ainsi sans doute qu’aux animateurs du site- un simple détail, une paille, une brindille : que l’un des intervenants autorisés par le recteur de l’université était membre du FPLP, organisation officiellement classée comme terroriste par les États-Unis comme par la Communauté Européenne.

Il n’a gêné, en outre, ni le recteur, ni le rédacteur, qui se dit journaliste, que cette affaire se déroule à Toulouse.

Et en France, quelques mois après le massacre. Les braves gens.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles William Goldnadel. L’article original peut être consulté sur le Blognadel

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