Publié par Michel Garroté le 14 décembre 2012

Mgr Luc Ravel, évêque aux Armées.

Michel Garroté, réd en chef – Il est plutôt rare que je cite un évêque français. Car, souvent, les évêques français sont islamophiles et israélophobes. Au-delà de ces deux questions, celle de l’islam et celle d’Israël, je note qu’un évêque français, Mgr Luc Ravel, évêque aux Armées, a récemment pris courageusement position, d’une part, sur les récentes profanations à Toulon ; et d’autre part, sur la marche du dimanche 13 janvier 2013, à Paris, pour le mariage et contre le « mariage » gay avec adoption d’enfants (cf. lien en bas de page). Faut-il, en France, qu’un évêque soit en même temps un militaire, pour oser dire certaines vérités ? (Oui, je sais, d’autres évêques français ont pris position pour la marche du 13 janvier ; c’est bien, mais, peut-être, n’est-ce pas suffisant). J’espère ne pas causer trop d’ennuis à Mgr Ravel en publiant ses positions sur notre « blog politiquement incorrect » (j’espère également qu’il ne soit pas un opposant farouche à la société libre et laïque de culture judéo-chrétienne que nous défendons sur dreuz.info…).

Mgr Luc Ravel est né le 21 mai 1957 à Paris. Il est le troisième des sept enfants du Général Roger Ravel. Son père et son grand-père paternel ont tous deux servi dans l’Infanterie de Marine. Son grand-père maternel était officier de Marine. Son frère Paul, est religieux dans la communauté des serviteurs de Jésus et Marie, à Ourscamp. Entré à l’Ecole Polytechnique, promotion X77, Mgr Luc Ravel a fait son service militaire au 1er RCP, à l’époque à Pau, aujourd’hui à Pamiers. Il a récemment pris position sur les récentes profanations à Toulon et sur la marche du dimanche 13 janvier 2013, à Paris, pour le mariage et contre le « mariage » gay avec adoption d’enfants.

Profanations à Toulon

Mgr Luc Ravel, évêque aux Armées, suite aux profanations à Toulon (extraits adaptés ; cf. lien en bas de page) : Dans la journée du 8 décembre 2012, des actes sacrilèges ont été commis dans la chapelle militaire Saint Vincent de Paul de la base navale de Toulon sans que, aujourd’hui, le ou les auteurs soient identifiés. Les trois objets matériels atteints revêtent un caractère essentiel pour le culte catholique : le baptistère, fracassé, symbole de la renaissance produite par le baptême ; l’ambon, attaqué, et le livre des Saintes Ecritures, jeté par terre puis piétiné, symbole de la Parole de Dieu qui nourrit le chrétien ; le tabernacle, forcé, symbole de la tente où était gardée l’Arche d’alliance. Mais, pour nous catholiques, ces violations du sacré religieux passent derrière la profanation accomplie en jetant les hosties consacrées par terre. Il ne s’agit plus alors pour nous de symboles chargés de sens mais de la réalité ultime par excellente, celle-là même que nous adorons au cours de nos messes et de nos adorations eucharistiques, le Christ en personne sous les apparences du pain.

Mgr Ravel : Par son caractère gravissime, ce geste doit être reconnu comme une profanation telle que l’entend l’Eglise catholique dans sa Tradition et son Droit (CIC 1211) : sans qu’on puisse connaître aujourd’hui les intentions de son ou de ses auteurs, il faut reconnaître le caractère précis de l’acte qui ne visait ni au vol ni à la dégradation mais à atteindre directement les réalités les plus sacrées de notre culte et indirectement la communauté catholique tout entière. Le code de droit canonique précise (CIC 1367) que « celui qui jette les espèces consacrées, ou bien les emporte, ou bien les recèle à une fin sacrilège, sera frappé d’une excommunication « latae sententiae » réservée au Siège Apostolique », ce qui signifie qu’il est excommunié automatiquement et que seul le Pape peut lever cette excommunication.

Mgr Ravel : Par-là, l’Eglise catholique exprime sa foi en l’Eucharistie et l’extrême importance qu’elle attache à son culte. Par l’absurde et par la provocation propres à toute profanation, il est clairement établi que les catholiques croient en l’Eucharistie et que le monde ne l’ignore pas. Notre attitude de miséricorde n’élimine pas non plus notre désir de justice qui monte de façon légitime dans toute personne ou communauté bafouée dans son être profond. Suite à la plainte de l’aumônerie, la gendarmerie maritime (avec sa police scientifique) poursuit son enquête en vue d’établir les faits et de trouver leur(s) auteur(s). L’aumônerie souhaite que, sans trace de haine ou de violence, la justice aille jusqu’au bout de son travail. Au-delà de nos armées, c’est la société française qui se trouve ébranlée dans l’équilibre toujours délicat des forces sociétales et religieuses présentes dans notre pays. La justice seule éduque au respect, conclut Mgr Ravel.

Marche du 13 janvier

Mgr Luc Ravel, évêque aux Armées, à propos de la marche du dimanche 13 janvier 2013, à Paris, pour le mariage et contre le « mariage » gay avec adoption d’enfants (extraits adaptés ; cf. lien en bas de page) : Face aux actuelles propositions de lois sociétales sur le mariage et la filiation, certains d’entre vous s’interrogent sur l’attitude de l’Eglise et du diocèse aux armées. Que devons-nous faire ? Nous, institution officielle, et nous, citoyens et fidèles catholiques, membres du diocèse aux armées. Ainsi certains s’étonnent-ils qu’il n’y ait pas eu de prise de parole nette et concertée de la part des évêques pour inviter à descendre dans la rue dimanche 13 janvier à Paris. D’autres regrettent qu’un appel vigoureux n’ait pas été lancé en faveur d’un référendum sur ce thème.

Mgr Ravel : La voix de l’Eglise nous aide à nous déterminer personnellement. C’est dire, d’une part, qu’il faut écouter la parole de l’Eglise, qui est mère d’humanité, pour éclairer sa conscience. Mais c’est dire, d’autre part, qu’il est de notre vocation propre de faire le choix personnel (ou familial) des moyens à mettre en œuvre pour orienter les options politiques de nos représentants. L’appartenance à la communauté militaire ne modifie rien à ce niveau puisqu’au militaire il n’est pas dénié un devoir de conscience. Bien au contraire, la formation militaire renforce ce niveau du choix éthique, niveau absolument indispensable pour porter les armes au nom de la France.

Mgr Ravel : Une étrange interprétation du devoir de réserve circule dans nos rangs : elle voudrait que le militaire s’abstienne de penser, surtout en matière politique. Rappelons que le devoir de réserve des agents de l’Etat porte sur l’expression des orientations de la politique militaire ou étrangère. Rappelons que ce devoir n’abolit pas mais renforce le devoir de conscience. Aujourd’hui, en France, le militaire possède le droit de vote qui constitue l’expression majeure de la responsabilité citoyenne. Il est donc tout à fait curieux que certains contestent au militaire un droit d’expression comme celui de manifester pacifiquement dans le respect du droit français. Il est clair toutefois, que le militaire n’agira pas alors au titre de son métier, militaire ou fonctionnaire de la Défense, mais à titre de citoyen. Le cas vaut identiquement s’il est membre d’un autre ministère, comme celui de la Justice ou des Affaires Sociales, directement concernés par les réformes proposées.

Mgr Ravel : L’Eglise invite ses fidèles à « se manifester ». Quelle interprétation donner à cet appel ? Une distinction essentielle doit être opérée ici mais on la trouve rarement dans les discours : l’autorité de l’Eglise est prophétique et non politique. Le pape Benoît XVI nous le redit souvent : « La mission de l’Eglise n’est pas d’ordre politique. Sa fonction est d’éduquer le monde au sens religieux en proclamant le Christ. L’Eglise désire être le signe et la sauvegarde de la transcendance de la personne humaine. Elle doit aussi éduquer les hommes à rechercher la vérité suprême face à ce qu’ils sont et à leur interrogations pour trouver des solutions justes à leurs problèmes » (Africae munus § 23).

Mgr Ravel : L’autorité politique commande, l’autorité prophétique parle : la confrontation entre Jean Baptiste et Hérode Antipas symbolise merveilleusement ce rapport entre le prophète et le roi, entre le discours prophétique et le décideur politique. Le prophète s’exprime sur la voie publique. Il ne s’agit donc pas de se laisser enfermer dans la fameuse et douteuse « sphère privée » devenue aujourd’hui le lieu de toutes les relégations des sujets trop compliqués à gérer. « Professer par la bouche indique que la foi implique un témoignage et un engagement publics. Le chrétien ne peut jamais penser que croire est un fait privé. La foi, c’est décider d’être avec le Seigneur pour vivre avec lui, la foi, parce qu’elle est vraiment un acte de liberté, exige aussi la responsabilité sociale de ce qui est cru. L’Eglise, au jour de la Pentecôte, montre avec toute évidence cette dimension publique du croire » (Benoît XVI, Porta fidei § 10).

Mgr Ravel : Par nécessité le prophète entre en rapport, voire en conflit, avec les intérêts du politique sans jamais entrer dans le jeu politique qui lui ferait contester l’autorité des « rois et des gouvernants ». Manifester dans la rue est un acte politique. C’est aussi un moyen démocratique légitime d’entrer dans le jeu où le peuple reste souverain et exerce son autorité propre : soit indirectement grâce à ses représentants, soit directement par des manifestations ou des élections dont le référendum fait partie. Il ne revient donc pas à l’épiscopat français de proposer une option politique particulière mais d’exercer son charisme prophétique. Il l’a déjà fait et le fera encore.

Mgr Ravel : Les aumôniers militaires français sont à la fois des « ministres » de l’Eglise, dont ils portent la voix officielle, et membres de l’armée française. Peuvent-ils se prononcer en matière politique et de manière prophétique ? D’aucuns trouvent scandaleux qu’ils le fassent au motif qu’ils «crachent sur leur employeur » quand ils expriment des opinions contraires à celle des représentants de l’Etat. Quelques remarques simples s’imposent que je crois devoir rappeler, même si elles paraissent enfoncer des portes ouvertes. Les aumôniers militaires catholiques sont embauchés par le ministère de la Défense en tant que ministres du culte catholique, qualité validée par les pouvoirs religieux accordés par l’aumônier en chef du culte catholique, nommé lui-même par le ministre de la Défense. En n’exprimant pas la doctrine catholique en matière de foi et de mœurs ils trahiraient forcément la mission confiée par la République elle-même et seraient donc en contradiction flagrante avec leur contrat de travail. La nation française reconnaît l’existence de quatre cultes au sein de ses armées et admet leur diversité et leur originalité en matière d’enseignement et de croyance.

Mgr Ravel : Notre employeur, à travers le ministère de la Défense, est l’Etat français. Cet Etat est celui d’un régime démocratique qui ne s’identifie pas au gouvernement en place et encore moins à de simples propositions de lois. C’est au gouvernement de proposer, à nos représentants de voter et au peuple français d’approuver. Ce qui se passe en Egypte, en ces mois difficiles pour le peuple égyptien, montre à l’évidence l’urgence de distinguer très soigneusement les différents niveaux d’exercice de la démocratie, sauf à vouloir confisquer le pouvoir. Notre République est laïque, ce qui autorise tous les cultes légalement reconnus à s’exprimer librement. C’est aussi un régime démocratique qui laisse toujours au peuple la décision ultime. Nous sommes heureux de vivre en France, notre patrie terrestre, et selon les appels présents de saint Pierre et de saint Paul, nous prions pour nos autorités politiques : elles peuvent compter sur notre soutien et notre respect, conclut Mgr Ravel.

Reproduction autorisée

Avec mention www.dreuz.info

Et source :

http://www.dioceseauxarmees.catholique.fr/

Dreuz.info n’oublie pas :

les soldats français tombés au champ d’honneur en Afghanistan,

et leurs familles.

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