Publié par Michel Garroté le 1 décembre 2012

Magdi Cristiano Allam

Michel Garroté, réd en chef – Magdi Cristiano Allam, Italien d’origine égyptienne et musulmane, ancien rédacteur en chef du quotidien italien Il Corriere della Sera, a été baptisé par Benoît XVI en 2008. Tout en poursuivant sa carrière de journaliste, Magdi Cristiano Allam est entré en politique, il est député au Parlement européen. Ci-dessous, son point de vue, exprimé à Paris, en 2012, sur l’islam, cité par LSB.

Magdi Cristiano Allam : J’ai été un musulman pratiquant à certaines époques de ma vie ; j’ai adhéré à l’islam en tant que religion, identité, culture à d’autres moments. Je me suis même investi pour qu’en Italie puisse exister un islam modéré. Je crois avoir été celui qui, plus que les autres, au cours des années 1980 et 1990, a œuvré pour que l’islam soit perçu comme une religion respectueuse des droits fondamentaux de la personne. Cependant j’ai dû prendre acte du fait que les personnes peuvent être modérées, mais que l’islam en tant que religion n’est pas modéré. C’est précisément en raison de mon adhésion aux droits fondamentaux de la personne, aux valeurs non négociables, au caractère sacré de la vie, à l’égale dignité de l’homme et de la femme, à la liberté religieuse, que j’ai été condamné à mort par des musulmans qui, au nom du Coran, au nom de Mahomet, ont dit que j’étais un traître à l’islam.

Magdi Cristiano Allam : J’ai été invité à participer en tant que nouveau chrétien à cette occasion extraordinaire de recevoir le baptême du Saint-Père. C’était la nuit de la Veillée pascale, le 22 mars 2008. Et j’aimerais que tous les musulmans qui, librement, choisissent de se convertir à la foi au Christ, puissent le faire en effet librement. Qu’ils puissent le faire publiquement, sans peur, sans devoir subir la condamnation à mort pour apostasie. Mais il y a eu des critiques, même de la part de certains évêques qui demandaient si c’était vraiment nécessaire de faire ce baptême publiquement, avec les télévisions qui ont repris l’événement et l’ont transmis dans le monde entier. On avait peur. On avait peur, même, d’être pleinement nous-mêmes, ici, dans notre maison. Plus grave encore, c’est à l’intérieur de l’Eglise que d’aucuns ont dit qu’il n’était pas « opportun » de voir un musulman se convertir au christianisme, et que s’il devait le faire quand même, il était préférable que ce soit secrètement.

Magdi Cristiano Allam : L’erreur qui existe jusqu’à l’intérieur de l’Eglise, celle où on est tombé, c’est de concevoir le dialogue comme sa propre fin, comme si à force de dialoguer, on obtiendra tôt ou tard un résultat positif. Donc il faut dialoguer, dialoguer, dialoguer… Si nous considérons le résultat après vingt ou même trente années de dialogue, nous découvrons qu’aujourd’hui les musulmans se sont fortement implantés en Europe, ils ont un réseau toujours plus étendu de mosquées, d’écoles coraniques, d’organismes islamiques d’assistance, de tribunaux islamiques. Ils sont au pouvoir sur l’autre rive de la Méditerranée.

Magdi Cristiano Allam : Pendant ce temps les chrétiens dans les pays islamiques sont toujours moins nombreux, ils sont persécutés, discriminés, tués, contraints à fuir ou de se convertir à l’islam alors que les musulmans sont toujours plus forts en Europe. J’ai pris acte du fait que le dialogue n’a pas seulement été une erreur, mais qu’il a été contre-productif. Nous devrions donc réfléchir sur la notion elle-même de dialogue. Et retourner vers un dialogue qui ne soit plus une fin en soi mais un moyen de réaliser un but. Je pense qu’il est nécessaire qu’au départ, entre « dialoguants », on soit clair à propos des bases sur lesquelles le dialogue devra s’établir, et que l’on soit clair sur l’objectif à atteindre. Sans quoi nous continuerons de légitimer notre bourreau en puissance. Je suis désormais de plus en plus convaincu que l’avenir du christianisme et même de l’Eglise dépendra de la capacité de celle-ci à prendre une position très claire face à l’islam, ajoute Magdi Cristiano Allam.

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