Publié par Guy Millière le 6 janvier 2013

aa-poster-hey-you-stop-asking-questions

J’ai écrit voici trois semaines un article évoquant le totalitarisme qui vient présentement en France.

Je dois constater que la tendance s’accentue.

Une ministre du gouvernement se propose de dresser une liste de gens qu’elle aimerait bien voir envoyer en Russie (peut-être en Sibérie, pourquoi pas?), et Gérard Depardieu subit un processus de démolition systématique qui doit lui faire comprendre qu’en France, on ne badine pas avec la ligne à suivre : il a fait carrière, il a de l’argent, ce n’est donc pas très grave pour lui, mais on n’a aucune peine à imaginer ce qui arriverait à un comédien plus jeune, moins connu, moins fortuné, s’il déviait.

Sans aucun doute devrait-il renoncer à toute ambition et choisir un autre métier. Etonnez-vous ensuite si tous les comédiens qui parlent à la télévision tiennent des propos vides et s’affichent de gauche, pour la paix et contre la guerre, pour le beau temps et contre la pluie, et que sais-je encore.

Certains le font par conviction, d’autres parce qu’ils doivent manger.

Ce qui vaut pour les comédiens vaut pour les journalistes : il m’est arrivé de croiser dans des salles de rédaction des gens qui me disaient en chuchotant qu’ils partageaient mes analyses, mais me demandaient surtout de ne le dire à personne, sans quoi ils risquaient leur place. Etonnez-vous si quasiment tous les journalistes regardent dans la même direction, écrivent de la même façon, disséminent les mêmes myopies et les mêmes biais.

Ce qui vaut pour les journalistes vaut pour les écrivains, les essayistes, les économistes.

Sur tous les sujets, il y a désormais une seule façon de penser et de parler qui est admise, sans quoi c’est le pilori, le silence, les portes des grandes maisons d’édition qui se ferment, les livres encore publiés qui sont accueillis dans un mépris glacial, destiné à plonger la tête de celui qui a osé écrire autre chose sous l’eau, jusqu’à ce qu’il se noie. Les petites maisons d’édition courageuses ferment les unes après les autres. En une dizaine d’années, j’ai moi-même édité chez divers éditeurs : trois ont dû déposer leur bilan parce qu’ils n’éditaient pas ce qui doit s’éditer.

Mon ami Jean Robin, qui a publié mon dernier livre et publiera le suivant, parvient à faire survivre sa maison parce qu’il est tenace et diversifie ses activités, mais nombre des livres qu’il accueille ne sont commentés nulle part. Il vient de publier un remarquable Livre noir de la gauche sur lequel je reviendrai, et, bien entendu, vous n’en avez entendu parler nulle part, sinon ici.

Je connais tous les économistes dignes de ce nom en ce pays, ou presque : ils se retrouvent tous ou presque dans une association que dirige un autre de mes amis, Jacques Garello, l’Association pour la liberté économique et le progrès social, et ils ont tous un point commun : n’être quasiment jamais invités à la télévision. Je parlais il y a peu du parcours de Vladimir Boukovski, mais il n’y a pas que lui, et je me souviens du temps où j’ai traduit du russe les premiers textes de lui à paraître en français. J’avais à l’époque traduit du russe aussi un autre dissident, Natan Sharansky, qui, à l’époque s’appelait encore Anatoly. Je me souviens de conversations avec eux quand ils sont arrivés en Occident. Il y avait à l’époque encore de l’espoir : nous sommes loin, très loin de cette époque.

Ce que je dis vaut pour le monde politique : une plainte a été, semble-t-il, déposée contre Jean-François Copé par une instance musulmane, concernant sa phrase sur le « pain au chocolat » qui serait, parait-il raciste. Et si je dis que ma propre fille, qui n’est pas musulmane, mais qui a une mère au prénom musulman, car elle est née musulmane, même si elle a choisi un autre chemin depuis, subit des pressions à la cantine de son collège pour ne pas manger ce qui est « haram », je serai traité de raciste sans doute. Si je constate que le manuel de géographie de ma fille porte intégralement sur le développement durable et semble avoir été écrit par un clone de Cécile Duflot, et si je dis que je suis contraint de lui dire d’apprendre exactement ce qu’il y a dans le manuel, tout en lui expliquant par ailleurs que c’est inepte, je passerai sans doute pour un monstre. Si j’ajoute que le quart de son manuel d’histoire est consacré à l’islam, on me dira que je dois penser que c’est très bien, car l’islam est la plus grande civilisation que la terre ait porté.

Vous aimez cet article ? Inscrivez-vous à notre newsletter pour recevoir les nouveaux articles de Dreuz, une fois par jour en fin d’après-midi.

Bientôt, on aura honte d’être hétérosexuel

Si j’ajoute que Christian Vanneste, un homme de grande culture et que j’estime, n’a pas eu l’investiture de l’UMP et a été battu aux dernières élections législative pour avoir simplement donné des faits vérifiables sur l’homosexualité, on me traitera sans doute d’homophobe et de réactionnaire. Si j’ajoute que je pense que la famille est faite d’un homme et d’une femme qui ont des enfants, j’atteindrai le degré ultime de l’abomination. Et c’est pourtant ce que je pense, et j’ai des amis homosexuels qui pensent comme moi, mais n’osent pas le dire en public. Bientôt, on aura honte d’être hétérosexuel. Pour l’heure, les hétérosexuels restent majoritaires, mais on ne le penserait pas en voyant la façon dont la société française évolue.

On semble oublier que les sociétés sélectionnent des normes et des règles qui leur permettent de vivre, et que celles qui détruisent les normes et les règles qui permettent à une société de vivre se condamnent elles-mêmes à mort. Il a fallu des siècles pour que la liberté de parole et de pensée l’emporte dans le monde occidental : il faudra moins de temps pour que la liberté de parole et de pensée s’annihile et c’est, avec elle, ce qui a fait le dynamisme du monde occidental qui est en train de s’annihiler.

Regardez les chiffres de la croissance, du chômage, de la pauvreté

Les normes et les règles qui font fonctionner les sociétés occidentales sont là depuis bien plus longtemps : elles sont aussi en train de s’annihiler. L’euthanasie devient un débat de société important et fait des progrès en Europe. Pendant qu’on parle de la façon de pousser des vieillards au suicide assisté, c’est l’ensemble du monde occidental qui glisse vers la suicide collectif. Regardez plutôt les chiffres de la croissance, du chômage, de la pauvreté, de l’endettement, de la natalité dans toute l’Europe, et dites-moi ce que vous en pensez.

Il n’est pas agréable de songer qu’on vit la mort d’une civilisation et que ceux qui l’ont assassinée sont hégémoniques, c’est pourtant exactement ce à quoi je songe en cet instant.

Aux dernières nouvelles, le fait que les écoles religieuses en France aient songé à organiser un débat sur le « mariage pour tous » leur a valu des remontrances très vives du gouvernement : c’est un sujet dont il ne faut pas débattre. Le gouvernement l’a dit. Le gouvernement doit être obéi. Il n’y a plus un seul sujet sur lequel il n’y ait pas une position officielle. Etant impertinent, je risquerai quand même une question sur ce dernier sujet : le « mariage pour tous » est-il vraiment pour tous ? Et les bisexuels ? Pourront-ils épouser un homme et une femme ? Si ce n’est pas le cas, il y aura discrimination, non ? Et si je suis zoophile, que dois-je faire ? Mais je m’écarte de la position officielle, je sais. Cela ne mérite pas encore la prison, mais cela viendra, j’en suis sûr. Cela viendra.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Guy Millière pour www.Dreuz.info

Inscrivez-vous gratuitement pour recevoir chaque jour notre newsletter dans votre boîte de réception

Si vous êtes chez Orange, Wanadoo, Free etc, ils bloquent notre newsletter. Prenez un compte chez Protonmail, qui protège votre anonymat

Dreuz ne spam pas ! Votre adresse email n'est ni vendue, louée ou confiée à quiconque. L'inscription est gratuite et ouverte à tous

En savoir plus sur Dreuz.info

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading