Publié par Salem Ben Ammar le 27 janvier 2013

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Quand Charlie Hebdo caricature le prophète, qu’un non-musulman urine sur un Coran où le brûle, (ce qui est en soi un acte ignoble), tag une mosquée, ou l’occupe pacifiquement, comme les militants identitaires à Poitiers, tout le monde pousse son cri d’orfraie, se scandalise, et, particulièrement, les musulmans.

On s’indigne, s’auto-flagelle, offre un spectacle de fin du monde, commet l’irréparable, et n’hésite pas à répandre son propre sang pour laver l’affront. On manifeste sa colère, violemment, bruyamment, crie à la vengeance, et appelle au meurtre de l’insolent.

Une réaction disproportionnée, irrationnelle, par rapport à l’acte proprement dit, lui-même insignifiant et dérisoire, et non constitutif de troubles à l’ordre public, d’autant plus que dans les pays où il se produit, il s’inscrit de surcroît dans le cadre de la liberté d’expression.

Pris dans leur tourbillon de délires hystériques, les islamistes se laissent aller à des débordements de violence inouïe, comparables à ceux des hooligans britanniques au stade du Heysel en Belgique, mais à l’échelle planétaire. Ces déchaînements que rien ne justifient, sont à la fois l’illustration parfaite de l’incapacité des musulmans à vivre dans le respect de l’ordre républicain, et le symptôme de leur manque de discernement, de leur état de trouble névrotique, qui en dit long sur leur intolérance et leur fanatisme exacerbé.

Cependant, leurs réactions d’hostilité démesurée, le « déluge » qu’ils font déferler sur le monde quand les auteurs des “crimes” lèse-islam sont non-musulmans, contraste avec leur modération, sans dégâts matériels ni corporels, sans ampleur ni intensité, sans violence, quand ce sont les musulmans eux-mêmes qui sont les auteurs des atteintes aux prétendues valeurs du sacré, ou démolissent des lieux de mémoire de l’identité culturelle, comme en Tunisie, au Mali ou en Libye, considérés comme incompatibles avec les dogmes de l’islam.

Pourquoi les musulmans ne se sentent jamais concernés par les attentats meurtriers dont sont la cible les mosquées chiites, censées être inviolables à cause de leur caractère sacré ?

Ces mosquées, les milliers de coran qui s’y trouvent et qui sont brûlés, ne sont donc pas sacrés ?

La vie des musulmans accomplissant leur rituel religieux dans ces mosquées visées par des explosions n’est pas non plus sacrée ?

On ne peut qu’être interloqué par la réaction à géométrie variable des musulmans. Un musulman aurait le droit de violer et profaner l’islam, mais jamais le non-musulman ? Etre musulman fait bénéficier d’un imprimatur pour donner libre-cours à des pulsions meurtrières et pyromanes, dont les sanctuaires religieux font office d’exutoire ? Etre musulman fait bénéficier de l’impunité canonique et pénale, et permet de commettre des carnages dans les mosquées chiites ? Etre musulman autorise à réduire en cendres des mausolées, comme en Tunisie, témoignages de l’existence d’un islam autrement paisible et tolérant que celui véhiculé par les fondamentalistes musulmans, dont le but suprême est de ramener ceux qu’ils considèrent comme égarés dans l’enclos du vrai islam, impérialiste, morbide, mortifère et liberticide ?

En Tunisie, dirigée par un gouvernement salafiste à la solde du Qatar, la population ne semble guère s’offusquer des campagnes néo-colonialistes arabo-musulmanes pour la mise à mort programmée de l’identité tunisienne, et de la spécificité culturelle de son islam imprégné de synchrétisme religieux, réellement respectueux du droit à la différence des chrétiens et des juifs.

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Ce n’est pas par hasard si les premières cibles des salafistes, au lendemain de la chute de Ben Ali, furent le cimetière orthodoxe de Tunis, les Synagogues de Tunis, de Gabès, de Sousse et de Sfax, ainsi que les Cathédrales de Saint- Louis et du Kef, symboles de la judaïté et de la chrétienté de la Tunisie, et d’un islam soufi, celui du respect absolu des religions du Livre et de la liberté de conscience.

C’est l’attitude passive et inquiétante dont font preuve les tunisiens qui intrigue et laisse croire que les musulmans sont ambivalents, schizophrènes et paranoïaques. Pourquoi ne se révoltent-ils jamais contre ceux de leurs coreligionnaires qui se rendent coupables de crimes crapuleux contre les symboles de leur religion, alors que, dès qu’il s’agit de dérision, d’humour, de présenter leur religion sous un aspect peu flatteur, c’est le branle-bas de combat et l’appel à la Guerre Sainte ?

Le non-musulman est regardé comme éternellement coupable, éternel objet de leur aversion, en vertu des lois de l’islam, alors qu’il n’enfreint aucune loi républicaine, contrairement au musulman, qui s’auto absout de tous ses forfaits, de tous ses actes d’infamie et d’horreur, perpétrés contre ses condisciples et contre l’islam lui-même.

40 mausolées, des centaines de livres du Coran incendiés, n’ont fait l’objet d’aucune poursuite pénale en Tunisie à ce jour, mais des jeunes ont été condamnés pour athéisme à plus de 7 ans de prison et des lourdes amendes, c’est le sens de la justice islamique. Un musulman peut accomplir ses oeuvres criminelles au nom de l’islam : gloire et reconnaissance lui sont dues. Quand on est juif, laïc, chrétien, bouddhiste, démocrate, déviant, tout en restant dans le strict cadre des lois, on est voué aux gémonies.

Imaginons les réactions du monde arabe, à l’échelon de la planète, si un juif avait profané le cimetière musulman de Sousse…

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Salem Ben Ammar pour www.Dreuz.info

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