C’était, le 30 décembre dernier, le soixante dixième anniversaire de Vladimir Boukovsky. Cela n’a été signalé dans aucun média d’Europe. C’est logique. Vladimir Boukovsky a été un dissident en Union Soviétique. Il est toujours un dissident en Europe aujourd’hui.
Il n’a pas fait tomber le totalitarisme soviétique. Mais il est de ceux qui ont contribué à l’ébranler, qui ont montré sa monstruosité et son imposture, et qui, à partir de là, ont ouvert les yeux de ceux qui ont porté les derniers coups. Ronald Reagan, dont on ne dit pas assez qu’il voulait la chute de ce qu’il a appelé, dès la première année de sa présidence, l’ « empire du mal », et qu’il a élaboré, avec des hommes tels que Richard Pipes, une stratégie à cette fin, disait ce qu’il devait aux dissidents soviétiques, et s’il citait les refuzniks et Natan Sharansky, citait aussi Vladimir Boukovsky, avec admiration.
Il y a, de fait, quelque chose d’admirable dans le courage dont ont fait preuve des hommes tels que Sharansky, et Boukovsky.
Affronter à mains nues, presque seuls, un appareil brutal, son système concentrationnaire, ses asiles psychiatriques, garder les idées claires, une lucidité et une détermination intactes après des années d’un combat qui semblait destiné à rester vain, suppose un tempérament hors du commun.
Vladimir Boukovsky a été relâché par l’Union Soviétique en 1976, ou, pour être précis, il a été échangé contre le communiste chilien Luis Corvalan, en prison sous le régime d’Augusto Pinochet. L’Union Soviétique, le jour de l’échange, a compté sur son sol un apparatchik stérile de plus, le monde libre a gagné un homme libre supplémentaire et pas n’importe quel homme libre.
En 1983, Vladimir Boukovsky a fondé, au Royaume Uni, L’internationale de la résistance et a promis de ne pas cesser de rappeler aux Européens tentés par l’apaisement que celui-ci constituait une démission morale. Il a tenu parole.
En 1992, après la chute de l’Union Soviétique, il est retourné en une Russie qui n’était plus l’Union Soviétique et a travaillé, avec Boris Eltsine, à la préparation d’un procès contre l’organisation criminelle appelée Parti Communiste d’Union Soviétique. Le procès n’a pas eu lieu. Mais Vladimir Boukovsky a eu pendant quelques mois accès à toutes les archives du régime défunt, et en a tiré un livre précis et implacable, Jugement à Moscou*, paru en 1995. Il avait auparavant publié deux livres sur ses années de dissidence et sur son attachement à la liberté économique, politique et intellectuelle : Et le vent reprend ses tours, ma vie de dissident*, en 1978, et Cette lancinante douleur de la liberté*, en 1981. Au temps de L’internationale de la résistance, il a publié aussi, Les pacifistes contre la paix : nouvelle lettre aux Occidentaux*.
Il s’est ensuite tourné vers l’Europe, où il réside, et a publié, en 2005, l’un des livres les plus lucides sur l’Union Européenne : L’Union européenne, une nouvelle URSS ?. C’est un livre plus que jamais d’actualité alors que l’Union Européenne vient de recevoir un « prix Nobel de la paix ».
Vladimir Boukovsky est toujours un dissident en Europe aujourd’hui, disais-je.
Parce qu’il a mis au jour les rouages totalitaires de l’Union Européenne, montré en détail en quoi la Commission européenne avait des proximités dans son fonctionnement avec l’ancien Soviet Suprême qui siégeait à Moscou, et le Conseil européen des ressemblances avec l’ancien Politburo, il n’est jamais cité, jamais invité à la radio ou à la télévision.
Le totalitarisme tel qu’il fonctionne en Europe semble plus ouvert que le totalitarisme soviétique. Il est tout aussi écrasant.
Quand il s’effondrera, car il finira par s’effondrer, comme tous les dispositifs stériles et stérilisants, on relira des hommes tels que Vladimir Boukovsky. En attendant, on peut les lire dès à présent. Vladimir Boukovsky peut servir d’antidote aux doses de poison quotidien disséminées par le vide sidéral des grands médias d’un continent à l’agonie.
J’essaie de fournir moi aussi quelques doses d’antidote. Et je constate chaque jour à quel point c’est difficile.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Guy Millière pour www.Dreuz.info
* En achetant les livres avec ces liens, vous bénéficiez d’une remise de 5%, et vous soutenez Dreuz qui reçoit une commission de 5%
je voudrais signaler que j’ai eu l’honneur de citer Boukovsky le 25 avril 2005, quelques jours avant le référendum sur la “Constitution européenne”, à la tribune de la réunion publique que nous avions organisé avec le comité de Lépante et les libéraux et souverainistes (Pour une fois réunis)à Paris.
La suite de l’histoire nous prouve qu’il voyait clair comme tous ceux qui ont souffert d’un ennemi le découvrent dans ses oeuvres les plus secrètes quand les autres ne voient rien.
C’est le rôle de Cassandre, hélas!
merci pour vos articles Guy Millière, et même si cela devient de plus en plus difficile, persévérez comme tous ces hommes que vous citez par leur courage leur lucidité face aux mensonges ,injustices et j’en passe, il faut savoir, il faut dire, expliquer, révéler la vérité .
Sur la politique de “l’apaisement” j’ai lu une phrase de Winston Churchill, je cite : L’apaisement: c’est : nourrir le crocodile en espérant être dévoré le dernier.”
Une bonne année 2013 à vous et à toute l’équipe de Dreuz info
Une excellente vidéo à voir et à diffuser, qui résume assez bien son livre : “L’Union européenne, une nouvelle URSS ?”
C’est ici : http://www.dailymotion.com/video/x7o0of_l-union-europeenne-une-nouvelle-urs_news#.UOPzOqzyqFo
Tout d’abord, je présente mes meilleurs vœux à toute l’équipe de dreuz.info.
Merci pour tout ce que vous faites : courage et combats à la recherche de la vérité.
Pour info, voici-ci dessous une intervention de Vladimir Boukowski concernant l’Union Européenne : http://www.dailymotion.com/video/xo9v0c_vladimir-boukovski-l-union-europeenne-est-la-nouvelle-urss_news#.UOP-ZY7GN8g
Bonjour, Monsieur Millière,
Je suis infiniment heureuse qu’en ce tout début d’année, vous nous parlier avec autant de chaleur, d’amitié et d’admiration de notre ami Waldimir Boukovsky. J’ai eu l’honneur de le rencontrer grace à une amie dissidente, Renata Lesnik. Je suis bouleversée qu’enfin, un hommage soit rendu à ce magnifique Monsieur. Merci infiniment à vous. Et, bonne année .
J’ai toujours été une lectrice attentive et combien bouleversé par son courage et sa retenue, quel beau cadeau, vous nous faites.
Veiller. Eveiller. Dénoncer. Combattre.
On n’imagine pas le travail à l’oeuvre des salopards, élus jusque dans les plus petites communautés de communes, pour assujettir l’esprit humain trop facilement avili. Ils sont légions.
Les petits apparatchiks serviles quadrillent. Les nouveaux collabos du XXIè siècle font légion.
.
” Le totalitarisme tel qu’il fonctionne en Europe semble plus ouvert que le totalitarisme soviétique. Il est tout aussi écrasant.”
.
Votre phrase clef, Monsieur Millière, dénonce une vérité qu’une grande majorité ignore, ou veut ignorer car leur dignité, leur conscience et leur libre arbitre font défaut par atrophie.
Merci de rappeler à notre mémoire ces dissidents qui honorent l’Humanité trop facilement déshonorée.
Cette UE se totalitarise car elle est en crise existentielle profonde. Cela se ressent énormément. Elle cherche à justifier son existence et finira bien par s’atrophier avant de s’ashyxier elle-même. Il n’y a pas de véritable projet, sinon toujours plus de lois, de règlements et de fonctionnaires coincés qui ne servent à rien sinon à stériliser l’économie et la pensée. Heureusement, le monde a changé et continuera à changer, ce qui complique très fort les choses pour les institutions de l’UE car elles n’ont ni la capacité de comprendre et d’appréhender ces mutations, ni la flexibilité pour s’y adapter adéquatement et en temps voulu. Autrement dit, nous avons affaire à une grande machine babélienne qui coûte très cher mais qui tourne à vide. Ce n’est pas l’Europe d’union en laquelle j’ai cru. Nous sommes dans un systèm qui s’est autobloqué de lui-même. Ce n’est que son effondrement sous son propre poids qui pourra nous libérer pour rempartir, je l’espère, sur des bases plus saines. En attndant, que de richesses dilapidées et gaspillées pour garder le statu quo.
Je partage votre avis très lucide.
Moi de même.
Boukovsky, une personne remarquable. J’avais déjà lu certains de ses écrits, merci pour le rappel sur Jugement à Moscou, je viens à l’instant de le commander.
Bonne année à toute l’équipe,
J’ai lu et relu le livre de Vladimir Boukowski “L’Union Européenne une nouvelle URSS”, que j’avais découvert sur le blog suisse de Stéphane Montabert “le meilleur des modes” il y a plusieurs années. Il est particulièrement révélateur de la traitrise (ou la bêtise) de nos politiciens européens. J’ai eu du mal à expliquer à des amis le contenu de ce livre. Les gens semblent ne pas vouloir comprendre les raisons de nos problèmes.
Merci pour cet article. Je suis un grand admirateur de Boukovsky.
Boukovsky , une personnalité remarquable , le monde libre devrait s’incliner devant cet homme , clairvoyant , éclairé , défenseur de la liberté individuelle.
C’est un bienfaiteur de l’humanité.
Être deux fois dans sa vie un dissident contre deux totalitarismes, c’est désespérant, c’est comme ceux qui ont vécus les années noires du nazisme, sont aujourd’hui obligés de revoir le même scénario se dérouler devant leurs yeux ahuris(les islamistes et leurs collaborateurs occidentaux).
Monsieur Millière, je vois en votre démarche le bon enseignant qui donne les bonnes impulsions au bon moment (de l’histoire)en commençant l’année avec comme référence un homme comme Boukovsky.
Merci
David
Moi aussi je vous remercie, Monsieur Millière, pour cet article qui m’a rappelé cette phrase qu’a eue Soljénitsyne, à l’adresse des Européens de l’UE alors que l’URSS s’était effondrée : “Je sors de l’enfer où vous entrez”.
Ce n’est plus discutable : l’UE est largement comparable à l’URSS, la première s’est construite comme la seconde sur une iédologie, laquelle est assortie, elle aussi, de la même intolérance et du même totalitarisme de la pensée.
Communisme-fascisme et européisme auront été les deux grandes fumisteries du siècle.
Sans doute l’union européenne des gauchistes et des européistes tombera-t-elle comme l’URSS, mais il faut prier pour que ce soit le plus tôt possible, avant que l’Europe ne soit plus qu’un champ de ruines…
Ainsi va la vie,tous les hommes et femmes meurent un jour.(sauf les lâches)
Merci à Guy Millière pour cet hommage à Vladimir Boukovsky.
Merci à @nani et @ne m’appelez plus jamais France! pour leurs citations:
“L’apaisement c’est nourrir le crocodile en espérant être dévoré le dernier” de Winston Churchill et “Je sors de l’enfer où vous entrez” de Soljénitsyne. C’est tellement tout à fait ça!
Tous mes meilleurs voeux à l’équipe de Dreuz info.
La pensée politique est une fable convenue et imaginée par des gouvernants pour endormir des gouvernés.
N.BONAPARTE