Publié par Michel Garroté le 27 février 2013

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Michel Garroté, réd en chef –- Je lis dans une dépêche Reuters que François Fillon a ouvert hier soir mardi la compétition à droite pour l’élection présidentielle de 2017 en se lançant à lui-même le défi de la reconquête sur les fondements lézardés de l’UMP (extraits adaptés et commentés ; voir le lien vers la source en bas de page). Offensif contre la politique du gouvernement socialiste, caustique contre « la petite France de M. Hollande avec ses petites blagues », ne reculant pas devant des boutades peu conformes à son registre, l’ancien Premier ministre a livré un discours de campagne électorale à la Mutualité, à Paris.

La Mutualité, là-même où Sarkozy avait annoncé son retrait de la vie politique au soir de sa défaite, le 6 mai 2012. Surtout ne voir dans cette coïncidence aucun symbole, comme celui d’un envol sur les cendres d’un testament politique, affirmaient des proches de François Fillon. Pourtant, Fillon a poursuivi son émancipation à l’égard de Nicolas Sarkozy, auquel il a rendu hommage, et pris date pour les primaires de l’opposition en 2016 (ndmg – Ne voir dans cette coïncidence aucun symbole, allèguent les proches de Fillon ? Sauf que qui s’excuse, s’accuse…).

« Nos lauriers sont à terre. Il n’y a plus ni préséance, ni hiérarchie », a-t-il lancé. « Il faut nous réinventer, nous désaccoutumer du passé pour repartir sur de nouvelles bases ». S’appliquant le droit d’inventaire qui hérisse les fidèles de Sarkozy, Fillon a dit regarder « lucidement le passé, ce qui a marché et ce qui n’a pas marché » (ndmg – Les lauriers de Sarkozy sont à terre. Il faut se désaccoutumer du passé sarkozyque. Le fillonnisme n’est pas tendre avec Sarko).

« Ne cherchons pas d’excuses, ne cherchons pas de sauveur », a insisté Fillon dans un message clair à ceux qui, à l’UMP, entretiennent la flamme sarkozyste et le scénario du « recours » à Sarkozy. « Personne ne peut prétendre devenir l’homme de la Nation, ça ne se décrète pas », a notamment souligné Fillon, qui rompt un long silence consécutif à la guerre qui l’a opposé l’automne dernier à Jean-François Copé pour la présidence de l’UMP (ndmg – L’allusion de Fillon au messianisme temporel de Sarko est ici très clairement formulée…).

Comme une réplique à ceux qui, parmi ses détracteurs mais aussi ses proches, lui reprochaient distance et réserve, Fillon a fendu l’armure, se livrant plus qu’à l’accoutumée, évoquant son fils cadet pour mieux tracer « le chemin du rassemblement et de la reconquête » qu’il dit vouloir fouler d’ici à 2017. « J’ai vécu dans l’intensité des responsabilités gouvernementales au point de me sentir parfois dépossédé d’une part de moi-même. La politique peut vous broyer », a confié celui qui fut officiellement et publiquement relégué, par Sarkozy, au rang de « collaborateur » à ses débuts à Matignon (ndmg – Il est exact que lors des séances de questions au gouvernement, à l’Assemblée nationale, Fillon a eu le mérite de rester serein, alors que Sarko, dans la même situation, aurait littéralement pété les plombs).

Fillon s’est dépeint sous les auspices gaullistes, affirmant sa vérité, son refus du cynisme, sa franchise qui l’on conduit, dit-il, à refuser de briguer la municipalité de Paris. « Si on veut servir son pays, on ne doit pas monter dans tous les trains qui partent », a-t-il justifié en présence de ses soutiens parlementaires et de Nathalie Kosciusko-Morizet, candidate à l’investiture UMP pour la municipale parisienne (ndmg – Fillon gaulliste en vue de 2017, c’est un peu anachronique. Quant à la baronne Nathalie Kosciusko-Morizet de la Girouette, elle n’a jamais caché le fait qu’elle était candidate potentielle aux présidentielles de 2017).

La seule voie qui importe à François Fillon, désormais sans ambiguïté sur ses ambitions élyséennes. Création d’une forme de confédération franco-allemande, retour aux 39 heures, relèvement de l’âge de la retraite à 65 ans, « cela ne se fera pas avec de petits ajustements ». « Bâtir un projet pour relancer la France, construire une dynamique gagnante capable de rassembler les Français, c’est le défi qui m’obsède », a affirmé François Fillon. « Je veux percuter les lignes partisanes sans chercher à copier la gauche, sans chercher à dupliquer l’extrême droite », conclut Fillon (fin des extraits adaptés et commentés ; voir le lien vers la source en bas de page).

Le Front National & Consorts ironisent sur Fillon

Côté « droite nationale » (l’hebdomadaire Minute), la réaction ne s’est pas faite attendre (extraits adaptés ; voir le lien vers la source en bas de page) : Après plus de trente ans de vie politique engagée, François Fillon n’a, semble-t-il, rien vu, rien compris des évolutions de la France et du peuple français. L’ancien premier ministre en est toujours à croire qu’une élection présidentielle se gagne au centre, ou « ailleurs », ou « au-dessus », et que le costume de bonne coupe et de mauvais goût fait l’homme d’Etat. Fillon pense toujours que l’essentiel n’est pas de mobiliser son camp (et de préparer les reports de voix pour le deuxième tour), mais de ne fâcher personne – ou alors à la marge, à cette « marge droitière » qu’il exècre mais qui, ne lui en déplaise, est désormais majoritaire dans le camp auquel il prétend appartenir.

Mais après cinq ans à Matignon, Fillon n’a rien trouvé d’autre à annoncer que sa volonté de « construire un projet de redressement national, un projet qui rassemble », car, a-t-il ajouté, « la France est dans une situation tellement difficile qu’on ne pourra pas la redresser sans la rassembler ». Comme s’il suffisait de sauter sur sa chaise comme un cabri (référence gaulliste) en criant: « Rassembler! Rassembler! Rassembler! ».

Symptomatique fut la réponse de Fillon à la première question de Claire Chazal qui portait sur l’annonce, le jour même, par Vincent Peillon, ministre de l’Education nationale, du projet de réduire les vacances d’été et de les scinder en deux zones: « Je ne vais pas répondre sur le fond, mais sur la méthode » (à savoir « l’absence totale de concertation », car « c’est un sujet important qui mérite d’être discuté avec les associations de parents d’élèves »). Surtout ne pas prendre de risques… Surtout ne pas affirmer de position tranchée. Surtout ne pas être un leader politique.

Comme si les Français avaient besoin d’un professeur de méthodologie. Or, Fillon fait tout le contraire. Voilà qu’il veut partir « à la rencontre des Français » pour les entendre et leur dire sa part de vérité pour construire son projet avec eux. Plus filandreux – et plus faux cul –, y’a pas. Plus éloigné de la mentalité de ses électeurs potentiels, pareil. Dimanche, pour tout projet, Fillon a évoqué « une rénovation du pacte économique et social » – hein ? –, « une rénovation du pacte européen » – qu’est-ce qu’y dit ? – et « une rénovation du pacte démocratique, à travers une organisation du territoire qui soit simplifiée ». S’il part sur ces bases, sûr qu’il va faire un carton (fin des extraits adaptés ; voir le lien vers la source en bas de page).

Sarkozy vexé dans son orgueil par Fillon

Quant à Sarkozy, il allègue (extraits ; voir le lien vers la source en bas de page) : « soit quelqu’un émerge et je le soutiendrai. Soit personne n’émerge, et je serai contraint d’y aller ». Or, Sarkozy pense, en toute modestie, que personne n’émergera, et, que, par conséquent, il sera « contraint » d’y aller. « Contraint », car Sarkozy, totalement détaché de tout narcissisme politique comme chacun sait, Sarkozy donc, continue de se prendre pour le Messie temporel de la Cinquième République.

Sarkozy qui fait dire, par l’intermédiaire de l’un de ses proches : «Il y a un vide. Les Français ont compris que François Fillon n’était pas un compétiteur. Il quitte la Sarthe quand il est en danger, il renonce à Paris après être devenu député du VIIe arrondissement, il ne cesse de reculer et de changer d’objectif. François Fillon est un notable, comme Raymond Barre ».

Sarkozy qui fait dire, par l’intermédiaire d’un autre de ses proches, qu’il n’aime pas, lui, Sarkozy, la démarche de Fillon, parce que lui, Sarkozy, ne peut envisager d’y retourner en 2017 que s’il n’y a pas de conflit avec Fillon ou un autre. En affichant sa détermination, Fillon complique le scénario du retour de Sarkozy, allègue ce proche de Sarkozy (fin des extraits ; voir le lien vers la source en bas de page).

Avec mention www.dreuz.info

http://fr.news.yahoo.com/fillon-prend-date-sans-d%C3%A9tour-pour-la-pr%C3%A9sidentielle-200847300.html

http://www.minute-hebdo.fr/

http://www.lefigaro.fr/politique/2013/02/26/01002-20130226ARTFIG00738-sarkozy-reste-sceptique-sur-la-strategie-filloniste.php

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