Les rebelles de la coalition Séléka ont pris dimanche le contrôle de Bangui, la capitale de la République centrafricaine. Une nouvelle crise sur le continent, que le président du mouvement de Libération du Peuple Centrafricain Martin Ziguélé refuse d’attribuer à l’ancien colonisateur blanc.
Vieille idée tiersmondiste : les « frontières mal tracées par les colonisateurs »
Depuis le début des crises malienne et centrafricaine, et notamment depuis que la France est intervenue militairement contre les terroristes islamistes du Nord-Mali, une vieille idée tiersmondiste ne cesse de resurgir selon laquelle tous les maux de l’Afrique seraient dus aux « frontières mal tracées par les colonisateurs », grands coupables.
Selon cette thèse, l’ignorance des différences ethno-religieuses serait la vraie cause des crises, du Mali au Soudan, en passant par le Nigeria, la Côte d’Ivoire ou même la République centrafricaine (RCA), pays qui a fait la une de l’actu depuis que, le 24 mars dernier, les rebelles de la Séléka ont pris la capitale Bangui et renversé le président Bozizé, accusé de ne pas avoir respecté les accords de Libreville de janvier 2013.
Pas un Etat au monde ont des frontières parfaitement dessinées
Cette idée du « nécessaire redécoupage des frontières », véhiculée tantôt par les chrétiens-animistes du Soudan du Sud (coupé du Soudan du Nord, arabo-musulman, qui a persécuté les sudistes chrétiens durant des décennies), tantôt par les indépendantistes musulmans touaregs du Nord Mali, est fortement combattue par certains dirigeants africains, tel Martin Ziguele, ex-Premier ministre de la République de Centre-Afrique (RCA) et président du mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (premier parti d’opposition). Pour Ziguele, en effet, il « n’existe pas dans le monde un seul cas d’Etat dont les frontières aient été parfaitement dessinées ». « Le premier mal de l’Afrique n’est donc pas celui de frontières ‘mal tracées’, idée simpliste et trop facile, mais la mauvaise gouvernance et la gabegie ». Pour Ziguele, qui pourrait dans quelques mois être un candidat de poids à la présidence du pays, après une période de transition, « de même qu’il existe un ‘stress test’ pour les banques, il en existe un pour les Etats, or les Etats d’Afrique n’ont pas résisté aux chocs politiques, économiques ou militaires, car ils sont mal gouvernés ». Nul intérêt, par conséquent, de dénoncer la « faute originelle des colonisateurs blancs », car le vrai problème de l’Afrique d’aujourd’hui est que les dirigeants africains « n’ont pas su gérer des territoires et des Etats hérités de la colonisation, qu’ils ont laissé sombrer en déliquescence, faute de conscience nationale et de préparation politique ». L’urgence est donc de « confier ces Etats à des leaders compétents décidés à créer de véritables nations autour de valeurs partagées. Le problème est moins la façon dont ont été dessinées les frontières que l’absence de construction de nations dans ces Etats mal gérés ».
Et pour répondre à ceux qui veulent donner aux Touaregs du Nord-Mali un Etat indépendant et affirment que tous les Etats africains devraient être redessinés, Ziguele répond que « même si on redécoupait de nouveaux Etats pour chaque groupe ethno-religieux, les problèmes de mauvaise gestion resteraient, et il est en plus impensable de créer des micro Etats pour chaque ethnie, puisque l’on en dénombre plus de 100 au Cameroun et 300 au Nigeria… ! Aussi imparfait qu’il soit, le vieux principe d’intangibilité des frontières a tout de même plus limité les conflits qu’il n’en a déclenché selon Ziguele, et le problème fondamental de l’Afrique demeure la mal-gouvernance ».
Concernant la crise au Mali, l’ex-Premier ministre répond à ceux qui estiment que l’islamisme terroriste est un « faux problème », que dans cet Etat fragile, « une forme de racisme s’est appuyée sur l’extrémisme religieux non pas pour « libérer le nord-Mali » mais pour détruire tout Etat de droit ». Cette menace terroriste et criminelle (Boko Haram au Nigeria, AQMI au Mali, etc) est selon lui « un vrai danger pour tout l’arc ouest-africain et sub-saharien », du Mali au Tchad, en passant par la Côte d’Ivoire, le Niger, le Nigeria. AQMI, le MUJAO et Ansar-Dine au Mali, ou Boko Haram (Nigeria-Cameroun), à l’origine de massacres de chrétiens et de prises d’otages, notamment français et occidentaux, est selon Ziguele « une des principales menaces des Etats africains, car même les pieux musulmans maliens, sénégalais ou tchadiens sont effrayés par l’islamisme radical », et pas seulement les chrétiens ou les animistes noirs, victimes de Boko Haram au Nigeria ou des milices nord-soudanaises islamiques et de l’armée de Khartoum au Sud-Soudan.
Si les islamistes terroristes avaient réussi au Mali ou ailleurs, ce serait donc une « véritable catastrophe », comme on l’a vu en Somalie, par exemple, avec les Shébab et les ‘tribunaux islamiques’, qui ont mis ce pays de la Corne-Est de l’Afrique à feux et à sang, jusqu’à ce que le Kénya et l’Ethiopie, eux aussi menacés, interviennent militairement contre les terroristes qui mettaient en danger toute la région.
Cette menace islamo-terroriste doit donc « être éradiquée », selon Martin Ziguele, qui refuse pour cela de condamner l’intervention française au Mali, malgré ses convictions « anti—impérialistes ». Pour lui, il n’est pas du tout surprenant que l’intervention française ait été saluée par tous les Etats de la région, ceci « après les échecs successifs des Etats Africains de la CEDEAO qui n’ont pas su s’entendre concrètement et s’organiser ».
Aucune solution pour l’avenir ne pourra donc se résumer à dénoncer le bouc-émissaire occidental. La seule issue responsable pour l’avenir de l’Afrique consistera au contraire de mettre au pouvoir des élites saines et préparées. Pour Ziguele, « il est irresponsable de dire tout le temps que nos problèmes viennent de l’extérieur, il faut faire fasse face à nos problèmes et responsabiliser les Africains, notamment à travers la coopération dans le cadre de l’Union africaine ». Il n’y a donc pas malédiction de l’Afrique, selon Ziguele, car « si jadis, au petit séminaire, nous étions émus d’apprendre qu’en Chine ou en Inde, des milliers de gens mouraient de faim, aujourd’hui, ces pays figurent dans le peloton de tête ! ». « L’Afrique avec ses ressources incroyables humaines et naturelles, peut faire de même si elle le décide et si elle s’organise ».
© Alexandre Del Valle
Source : http://www.atlantico.fr
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enfin un type qui dit la vérité sur son continent. il était temps, esperons qu’il ne sera pas assassiné pour avoir dit ça. ya quand meme une grosse part de cet etat de l’afrique imputable à une GROSSE FLEMME et l’autre part imputable à la CORRUPTION endémique.
elle souffre aussi de ses dictateurs et de ses coups d’états à répétition !
mais NON c’est simple la notion d’Etat n’est pas compatible ni même compréhensible pour des peuplades restés au niveau clanique et tribale
C’est exactement ce que je pense. Le peu de modernisation a été apporté par les occidentaux lors des colonisations. Depuis que ces derniers ont laissé la main, l’Afrique est retournée à ses vieux démons et les dictateurs (ex chef de tribus) ont prit le pouvoir. Il faudrait que ces peuples, à qui on a bourré le crane, se rendent compte par eux mêmes que les occidentaux n’ont pas fait que le mal (même s’ils en on fait, inutile de me le rappeler) et peuvent apporter encore plus à ce continent, à condition d’installer au pouvoir de vrais démocrates incorruptibles (on a pas ça en France ! lol ) qui sauront canaliser les « blancs » tout en partageant leurs connaissances. Ce qui est loin d’être fait !!!
cette question, « de quels maux souffre l’Afrique » ! mais d’être africaine, habitée d’africains …! c’est une blague ou quoi. Faire plus d’une phrase à ce sujet, c’est du blablabla
@ patrhaut
La subtilité de votre analyse laisse sans voix…
Tant qu’il y aura des dictateurs qui conserveront le pouvoir pendant 40 ans (Billa au Cameroun, par exemple, mais il est pas le seul) , qui penseront plus à s’enrichir avec les revenus du sous-sol plutôt qu’à faire vivre décemment leur peuple ; tant qu’il y aura de la corruption du haut jusqu’en bas chez les fonctionnaires (Etat, armée, police, justice…) ; tant qu’il y aura des rivalités ethniques ; tant qu’il y aura des putchs pour s’emparer du pouvoir…… (liste non exhaustive), ce sera toujours le « petit » peuple qui en subira les conséquences, car ce dernier, s’il essaie de se révolter, c’est la case prison directe, les bastonnades, les éliminations physiques…..
Alors, on aura beau faire la guéguerre au Mali, en Centre-afrique ou ailleurs, dès que les « gardiens ou garants de la paix » partiront, ça recommencera car, d’une part, il y a trop d’argent en jeu, et, d’autre part, il y a des fanatiques qui veulent imposer leur religion de paix et d’amour, mais à quel prix ? Que fera l’armée malienne une fois les Français partis ? Pas grand chose puisque ladite armée est composée de plusieurs ethnies (berets rouges d’un côté et berets verts de l’autre) et ils trouvent encore le moyen de règler leurs comptes entre eux !
L’AFRIQUE A SUBIT DEUX MALHEURS:
LA COLONISATION ET LA DÉCOLONISATION
Les seules qui pourraient sauver ce continent, ce sont les femmes, eh oui ! pour y avoir vécu quelques années, je peux vous dire que ce sont elles qui gèrent tout pendant que les « mâles » sirotent à l’abri d’un manguier la bière de mil (que les femmes ont faites) ; elles font tous les travaux ménagers, s’occupent des champs, des gosses, vont chercher le bois en brousse, instaurent le sytème de la tontine (les villageoises versent une petite somme qui servira ensuite à faire des prêts pour acheter diverses choses…., elles se regroupent en coopératives pour acheter du matériel (machine pour moudre le grain, maïs, mil…. ; bref, elles sont toujours en activité et sont en plus mal considérées…. Les filles ne vont pas à l’école, dans la plupart des villages, car elles sont plus utiles aux champs qu’à l’école. Il faut les maintenir dans l’ignorance…. car les hommes savent très bien qu’elles ont un certain potentiel.
J’aurai de quoi écrire des pages remplies d’exemples, mais le but n’est pas de monopoliser !
il n’y a pas vraiment de solutions à moins que subitement ils se mettent à réfléchir et voir au-delà de l’esprit tribal, ils en sont loin Martin Ziguelé a un raisonnement excellent mais ils sont peu nombreux à penser pareil trop occupés à s’affronter entre ethnies ou à s’approprier le pouvoir ou s’auto-proclamer président à vie accumulant des fortunes, détournant des aides destinées aux populations.
Quand les colons on quitté l’Afrique ils n’ont pas laissé des pays exangues, ils ont laissé des structures organisées, mais pour les faire fonctionner il faut travailler, s’investir, mais ils n’en semblent pas capables les cultures redeviennent des friches en quelques saisons, et il en est de mème pour le reste.
Cela fait des décennies qu’ils reçoivent des aides et ils en sont au mème point
Qu’ils se débrouillent.
L’Afrique souffre des africains non ?
« Pas un état au monde ont des frontières parfaitement dessinées » (sic)..
ou le français comme on le parle à Bamako… ou à Paris !
En tant qu’Afrcain, je lève mon chapeau. Voici enfin quelqu’un qui semble avoir la tête sur les épaules.
Au cours des cinquante dernières années, les pays riches ont déversé 1.000 milliards de dollars d’aide à l’Afrique. Pour quel résultat ? La croissance est moins forte et la pauvreté n’a cessé de grimper. Aujourd’hui, plus des deux tiers des Africains vivent avec moins d’un dollar par jour…
http://www.pvr-zone.ca/aide_fatale.htm
Leur problème, c’est la pauvreté : surtout ces 2 pays – c’est le dernier
qui leur offre des sous qui remporte leur amitié…
En Afrique : il faut admirer le travail des femmes..
J’ai demandé a un homme politique africain pourquoi il y avait autant de pauvres en afrique :sa reponse a été:PLUS ILS SONT PAUVRES ET PLUS JE SUIS RICHE…le fric qui reste file directement dans un paradis fiscal (pas que en suisse…je rigol)
Bonjour à tous,
L’Afrique souffre surtout des traditions lourdes et pesantes qui n’ont pas dépassé le stade du village.
L’Afrique souffre de toutes les Élites et autres fuyards productifs qui depuis des décennies se sont expatriées pour » mieux vivre » dans le monde occidental !
L’Afrique souffre d’une surnatalité naturelle chargée de compenser une sélection tout aussi naturelle ; contrariée par l’apport d’une médecine occidentale à vocation humaniste qui n’a pas réussie à importer le planning familial régulateur ! La surnatalité, assurance retraite, assure cependant la survie des vieux qui ne sont pas mis à l’écart comme chez nous.
Les guerres ethniques et tribales, vieilles comme la diversité de l’Afrique, mise en sommeil pendant la phase de tutelle, reprennent vie dès la liberté post-colonisatrice retrouvée.
Pour finir ils émigrent tous en Europe, Eurabia-Africa. Pas besoin d’extrapoler.
Je ne peux pas ne pas te passer ça.