Publié par Gilles William Goldnadel le 15 avril 2013

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Cette semaine, Gilles-William Goldnadel revient sur le thème de la moralisation de la vie politique.

J’écrivais la semaine dernière que l’imposture morale socialiste, révélée par l’affaire Cahuzac, n’avait rien de nouveau. C’est aussi là où habite le scandale.

Il est une autre imposture pas assez dénoncée et qui est en passe d’exploser à la face de la gauche rubiconde, celle de l’intelligence.

Longtemps le Parti Socialiste s’est appelé, et d’abord lui même, « le parti intellectuel », ces derniers jours il aura clairement pris celui de la sottise.

Ainsi, en début de semaine, Harlem Désir aura tenté un contre-feu qui aura fait long feu : celui de proposer ni plus ni moins un référendum « sur la moralisation de la vie politique ».

Dans cet esprit, je suggèrerais au premier secrétaire du parti d’autres sujets référendaires tout aussi pertinents : oui ou non pour la paix ? Oui ou non contre la pauvreté ? Oui ou non contre le cancer et les ongles incarnés ?

La diversion par la sainte transparence opérée par les socialistes aura eu plus de succès que le referendum mort-né. Des députés d’opposition s’y seront laissés prendre jusqu’à Alain Juppé qui avouera avec candeur n’avoir cédé que sous la pression médiatique.

Il faut reconnaître que l’exigence de publication par les seuls hommes politiques (pas question des journalistes ou des magistrats) de leur situation patrimoniale est une trouvaille géniale, qui va éradiquer incontinent toute fraude : même Mr. Cahuzac n’aurait jamais osé omettre de signaler l’existence de son compte singapourien.

Plus répugnant que le pédophile, plus ignoble que le terroriste, le fraudeur du fisc est en passe de devenir aujourd’hui la bête à abattre sans sommations. Mélenchon propose de revenir à la loi des suspects et un député socialiste de rendre licite le recel de vol de fichiers bancaires dérobés. À ce stade de répression bien tempérée, je suggèrerais de sous-louer aux Etats-Unis leur base de Guantanamo.

Les prisonniers qu’on y entasserait susciteraient moins de compassions que ceux qui s’y trouvent encore.

J’avoue ne pas bien voir la différence de fautive gravité entre celles de l’ancien ministre des finances et de l’ancien Grand Rabbin de France.

Postes prestigieux, exigences particulières imposés par leurs fonctions, usage sans parcimonie du discours sentencieux, libertés prises avec la morale et le droit, dénis suivis d’aveux sans grande spontanéité.

Ayant dit la semaine passée ce que je pensais de Mr. Cahuzac, je songe aujourd’hui, touchant Mr. Bernheim, combien la langue française est riche de sens dans le mot pitoyable.

Mr. Désir, décidément jamais à court de diversions, aura taxé ce samedi la droite de radicalisation dans la querelle du mariage unis.exe.

La gauche est comme cela, c’est dans son ADN : elle proscrit tout amalgame entre insécurité et immigration, elle interdit de voir dans les attentats sanglants contre les juifs la trace de l’antisionisme pathologique, elle liste les intellectuels qui auraient armé le bras d’un norvégien fou, en revanche elle s’octroie tous les raccourcis.

Hier, le Syndicat de la Magistrature voyait au pied des lettres de menaces reçus par Monsieur le juge Gentil les signatures à l’encre antipathique de Mr. Guaino et de Mme Morano.

Belle conjecture venant de magistrats intellectuellement requis à la prudence.

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Aujourd’hui, la circonstance qu’un couple d’homos.exuels parisiens ait été agressé a donné lieu aux amalgames et aux instrumentalisations de la plus belle facture. Le visage tuméfié des malheureux a été exhibé à la télévision de service public, l’homophobie serait en exponentielle croissance, et le nom de Mme Boutin, dont le gazage la semaine dernière avait donné lieu aux plus fines plaisanteries, a été donné en pâture. Celui de Mr. Jacob a également été suggéré ici ou là.

Il n’est ni sûr ni souhaitable que celui de ce jeune membre de l’UMP, actif dans la lutte contre le mariage pour tous et poignardé samedi, reçoive la même publicité.

La mort de Margaret Thatcher aura provoqué des réactions paradoxales.

D’un coté, et comme souvent s’agissant des conservateurs, l’Histoire est meilleure fille que l’actualité : Reagan, et même Nixon auront été enterrés avec une justice et une mesure qu’ils n’auront guère connues de leur vivant. Au rebours de la dame de fer, les dépouilles de Kennedy ou du Che s’oxydent chaque jour malgré leur embaumement ante mortem.

En dépit de ce qui précède, la mort de Maggie aura déchainé des deux cotés de la Manche des réactions de haine et de fureur, ordinairement prohibées en regard du respect dû dans le premier temps du trépas. C’est ainsi que nos gauchistes épris habituellement d’un esprit de laïcité rationaliste auront une fois de plus donné la mesure de leur démesure. Ceux d’Angleterre auront ressorti le culte noir de la sorcière, et Monsieur Mélenchon les flammes de l’enfer. Il faut dire que l’exécration d’une femme, de droite et occidentaliste valait bien cette messe exorciste.

Sur le fond, ces paroles de la défunte au sujet du conflit avec les mineurs anglais, pourraient être méditées par la droite française :

« C’est un combat décisif qui s’engage. Il y aura peut-être des morts. Nous serons probablement le gouvernement le plus impopulaire de la Grande Bretagne contemporaine. Pendant quelques mois vos fils auront peut être honte de dire que leur père travaille au numéro 10. Si vous n’y êtes pas prêt, dites le moi, il vaut mieux partir tout de suite. Ensuite rassurez-vous, ils en seront très fiers. »

Et après sa victoire : « De 1972 à 1985, la sagesse public voulait que la Grande Bretagne ne put être gouvernée sans le consentement des syndicats. Ce que cette défaite établit, c’est qu’il n’était plus question de laisser la gauche fasciste faire de la Grande Bretagne un pays ingouvernable. Il ne fallait pas remporter une demie victoire. Il fallait une victoire totale. »

Plutôt l’enfer avec Thatcher que le paradis avec Chavez et Mélenchon.

Je m’en voudrais de terminer cette chronique sans révéler la dernière espièglerie de notre service public national d’information.

Mercredi soir sur France 3, après un documentaire moins convenu que d’habitude sur la récidive, une émission intitulée « Le débat », a opposé Christiane Taubira à un ancien détenu.

Première surprise, en cette époque de moralisme financier, les journalistes ont choisi (sans le dire à l’antenne) un individu surnommé « le Madoff français », escroc multirécidiviste, toujours condamné avec sursis jusqu’à sa dernière condamnation ferme pour avoir circonvenu une quinzaine d’épargnants.
Notre homme est venu, avec un bel hasard, expliquer à l’unisson de la Garde des sceaux que la prison était l’école du crime, alors même que son cas démontre que c’est bien l’impunité qui est son meilleur professeur (il ne semble pas en outre qu’il ait récidivé ensuite de son incarcération)…

Seconde surprise, au cours de ce qui était censé être un débat contradictoire, notre homme a donc acquiescé docilement tout ce que décrétait Madame Taubira.

La surprise aurait été moins grande si on nous avait dit que notre Madoff national faisait partie des détenus sélectionnés pour témoigner par le ministère de la Justice lors de sa fameuse conférence de consensus.

Un esprit grognon pourrait voir derrière un tel débat une escroquerie récidivante.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles William Goldnadel. L’article original peut être consulté sur le Blognadel

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