Publié par Gilles William Goldnadel le 29 avril 2013

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Une affaire de cons est en passe de devenir une affaire d’État.

Cette observation en dit long sur l’état de déliquescence de la magistrature comme de l’institution étatique.

Ce qu’il y a sur le mur du Syndicat de la Magistrature est bien moins instructif que ce s’y trouve derrière.

Que les magistrats du “Syndicat” nourrissent pour la droite, politique ou intellectuelle, un mépris borné ne constitue pas, en soi, une nouvelle extraordinaire.

La nouveauté réside dans le fait que la preuve ait pu en être rapportée, jusqu’à ses aspects les plus absurdes, ridicules ou écœurants par un organe d’information libre dénommée Atlantico.

Ainsi que nous le savons maintenant, certains journalistes se sont rendus dans le local dévolu au Syndicat par le ministère de la justice, pour interviewer sa présidente. Ils ont donc pu avoir accès au mur, sans avoir l’idée ou le désir d’en faire connaître sa matière au public.

À ce stade, une précision juridique s’impose. Le fait d’injurier en privé un particulier constitue d’ores et déjà une infraction. Mais le fait qu’un journaliste ou n’importe quel autre tiers ait pu avoir accès au mur, et non plus seulement les syndicalistes, confère à l’injure un caractère public aggravant.

Il a fallu donc un organe d’information réellement libre et détachée de l’idéologie du syndicat pour sauter le mur du conformisme ou de l’intimidation.

Mais c’est le système de défense du Syndicat-ou de ses partisans qui en dit long sur eux.

Je ne cesse de dire ici que ce qui caractérise l’idéologie extrêmement gauche c’est son extrême propension à dénoncer chez les autres ce qu’elle fait au centuple et à renoncer à ses principes hautains aussitôt qu’elle le doit.

Ainsi, en clouant au pilori les politiques de droite, du centre ou de la gauche molle, en punaisant les journalistes ou les intellectuels non inféodés à leur idéologie, le syndicat faisait de l’humour !

Tiens donc ! “Hortefeux, l’homme de Vichy”, c’était pour rire !

Mais alors, tout s’explique, lorsque la gauche comparait la politique d’immigration de la droite à la collaboration, elle plaisantait !

Lorsque Daniel Mermet, sur France Inter, diffusait une fausse rubrique nécrologique de Sarkozy “mort dans son bunker”, c’était encore une gentille plaisanterie de potache. Les CRS SS, les “reductio ad Hitlerum” depuis 40 ans, les comparaisons obsessionnelles et insultantes : une aimable galéjade.

Quant à l’inscription sur le mur des noms de deux parents de victimes assassinées, c’était encore pour rigoler. Poilant.

Et moi qui, faute d’humour, considérais que ces deux inscriptions là signaient l’abjection de leurs auteurs.

Curieusement, les petits plaisantins ont cru devoir priver les générations futures de leur œuvre d’art humoristique.

Je signale en effet que l’huissier que j’ai fait commettre au nom du citoyen Ménard Robert, ci- devant fondateur adulé de “Reporters Sans Frontières” ayant rompu depuis avec l’idéologie dominante et devenu de ce fait membre du club des cons, est revenu bredouille. Le mur a été démonté.

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Un esprit chagrin pourrait y voir, à défaut d’humour, la marque de la poltronnerie.

Je plaisante.

Dans mes « Martyrocrates »(Plon 2003), je citais ce discours du juge Oswald Baudot au congrès mémorable du Syndicat, dans lequel celui-ci exhortait ses amis à oublier la loi et à rétablir l’équilibre en faveur des « plus faibles » : la femme contre le mari, le salarié contre l’employeur, le voleur contre le propriétaire. Je n’avais pas encore saisi que nous étions au cirque.

Sous ce nouvel éclairage, je commence à comprendre que certaines décisions de justice, incompréhensibles sérieusement, relevaient sans doute aussi de la farce et attrape. Un enfermement d’un soi-disant puissant là, une libération d’un criminel ici, une relaxe au bénéfice d’un doute inexistant, une condamnation sur la base de preuves fantasmatiques, une mise en examen à grands coups de trompettes et de cymbales, c’était encore pour rire.

Et moi, rien que pour plaisanter, je vais conseiller à tous mes cons de clients de récuser tous les juges rigolos.

L’autre argument bien symptomatique, utilisé par le Syndicat et ses affidés, avec toute l’indignation requise, consiste à exciper du caractère particulier du local syndical. Bref, le mur de la vie privée !

Outre, qu’ainsi que je l’ai montré, l’argument est juridiquement irrecevable, la tête des cons ayant été montrée à des tiers, il est croquignolet, venant des tenants de l’idéologie du SM.

Ainsi, lorsque un média à part révèle le contenu de l’enregistrement des délibérations à huis clos d’une fédération sportive censément xénophobe, nos magistrats épris du juste droit n’ont pas protesté.

Lorsque Patrick Devedjian, en conversation strictement privée, sur le tarmac d’un aéroport a été surpris à tenir des propos dénués d’aménités particulières à l’égard d’une de ses collègues, nul n’a songé à critiquer.

Lorsqu’il y a quelques semaines, la teneur d’une conversation téléphonique privée d’un certain ministre des finances avec un répondeur téléphonique est passée à la postérité, le syndicat de la magistrature n’a pas crié à la félonie.

Enfin et surtout, je rappellerai que les propos de « l’homme de Vichy », condamnés par le Syndicat de la Magistrature, relevaient et de la plaisanterie, et du domaine privé…

Il arrive parfois que les arroseurs, même les plus protégés, reçoivent quelques gouttes d’eau fétide.

Mais derrière le mur, on vient de découvrir, ces dernières heures, des matériaux encore plus édifiants.

Libération daté du samedi « révélait » qu’un journaliste de FR3 se dissimulait derrière l’informateur d’Atlantico. J’ai de bonnes raisons de croire à cette hypothèse mais la façon dont le journal la relate est instructive sur le fonctionnement de l’idéologie qui voudrait continuer à dominer la société en dépit de ses déboires.

Libé relate en effet sans état d’âme que le journaliste aurait été mouchardé à sa direction par ses camarades. Que celui-ci étant de droite et ayant livré ses informations à un journal de droite, la « manipulation politique » serait évidente.

Pour faire bonne mesure, le quotidien dirigé par M. Demorand, et dont on sait depuis les rumeurs concernant M. Fabius, qu’il sert d’étalon de la déontologie, reprend complaisamment les ragots sur la carence en la matière dont patirait le journaliste félon, puisqu’il aurait osé critiquer Charles Enderlin, dans l’affaire Al Dura.

Pour ceux qui l’auraient oublié, Charles Enderlin est ce journaliste du service public audiovisuel qui avait affirmé un peu vite et un peu péremptoirement que c’étaient les Israéliens qui avaient tué un jeune palestinien à Gaza en septembre 2000. Depuis, l’intéressé et sa directrice ont reconnu que la chose était rien moins qu’établie.

Depuis aussi des dizaines de juifs (dont Daniel Pearl) et d’Israéliens ont été assassinés pour venger la mort du petit palestinien.

Il faut effectivement manquer singulièrement de déontologie pour le regretter.

Retour sur l’information de Libé et ses commentaires.

Ordinairement, si un journaliste révèle un fait exact et intéressant, il est célébré et protégé.

Pas si il est « de droite » et que ses informations ont été de nature à confondre l’extrême gauche.

Dans ce cas, la délation et la disqualification sont hautement recommandées.

Quand je vous disais que ce qui caractérise la gauche extrême, c’est la trahison sans complexe des principes dont elle a fait ses dogmes.

A ce sujet, je m’en voudrais d’oublier le comportement particulièrement élégant du syndicat SNJ-CGT, fidèle relais du Syndicat de la magistrature et qui, sans le moindre complexe, réclame à la direction de FR3, la tête du journaliste mouchardé. On notera au passage que le même syndicat n’a pas eu un mot pour ses confrères journalistes estampillés, tels que David Pujadas.

Et après, on taxera ces braves gens de corporatistes…

Pour terminer, je voudrais revenir sur le cas de ce père de l’une des victimes de Guy Georges, devenu « con », par la grâce syndicale.

Ainsi que je le notais dans mes « Martyrocrates », le Syndicat de la Magistrature est de ceux qui se seront élevés avec le plus de véhémence contre la création d’un fichier des délinquants sexuels.

Comme l’a regretté le juge Thiel, chargé de l’affaire, si ce fichier avait existé à l’époque des crimes de Georges, celui-ci aurait été appréhendé plus rapidement et des victimes auraient été épargnées.

Les méchants cons, ne seraient pas tous ceux qui, pour honorer un principe à l’improbable fondement, ont causé d’inutiles souffrances ?

Je plaisante.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles William Goldnadel. L’article original peut être consulté sur le Blognadel

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