Publié par Guy Millière le 6 mai 2013

GordianKnot

Les attaques menées par l’armée israélienne contre une base militaire située au Nord de Damas au cours des deux derniers jours ont montré que lorsqu’il s’agit de défendre les intérêts vitaux du pays, Israël sait se défendre par lui-même, compter sur ses propres forces, et agir avec la capacité de décision, la force, la détermination et l’efficacité nécessaires. Le message est clair et adressé à tous les ennemis d’Israël, où qu’ils soient.

Les attaques ont montré aussi que, dans la situation qui est la sienne aujourd’hui, celle d’un Président précaire et très proche de ce qu’on appelle aux Etats Unis un lame duck, canard boiteux (je reviendrai sur ce point), Barack Obama ne peut faire autrement que se situer sur la même ligne qu’Israël. Binyamin Netanyahou n’en a, je pense, jamais douté, et dans la partie d’échecs qui l’oppose à Barack Obama depuis janvier 2009, il garde quelques coups d’avance.

Les attaques ont révélé en outre, pour qui se donne les moyens de les décrypter, ce qui est désormais en jeu en Syrie.

Les attaques, de fait, visaient des armes destinées au Hezbollah, version officielle. Elles visaient surtout, version officieuse plus proche de la réalité, des armes iraniennes destinées à armer non pas le Hezbollah au Liban, mais une armée en voie de constitution formée de gardes révolutionnaires iraniens et de membres du Hezbollah agissant en territoire syrien, dotée de matériel militaire iranien livré à Damas.

Et c’est tout autant le matériel militaire iranien que l’armée en voie de constitution qui constituaient la cible.

Je l’ai déjà souligné ici : la guerre civile en Syrie est depuis longtemps davantage qu’une guerre civile. C’est une guerre régionale où s’affrontent forces islamistes chiites et forces islamistes sunnites.

Jusqu’à une période récente, les forces chiites étaient essentiellement celles de l’armée syrienne, renforcées par des gardes révolutionnaires iraniens et par des membres du Hezbollah. Aujourd’hui, l’armée syrienne se trouvant décimée, les forces chiites sont constituées à part quasiment égales par les forces syriennes et les forces constituées par les gardes révolutionnaires iraniens et les membres du Hezbollah. Et tandis que l’armée syrienne continue à mener la guerre contre les forces sunnites, les forces constituées par les gardes révolutionnaires iraniens et les membres du Hezbollah mènent la guerre contre les forces sunnites et préparent une guerre contre Israël, qui serait menée depuis le territoire syrien.

Si Israël n’a aucun intérêt militaire et géopolitique à choisir entre islamistes chiites et islamistes sunnites et a plutôt intérêt à laisser les uns et les autres s’entretuer (il y a des victimes civiles, je sais, mais ce n’est pas la faute d’Israël si les islamistes sont des barbares), et si Israël n’a pas agi jusque là pour cette raison, Israël ne peut accepter ni la continuation de livraison de matériel militaire iranien à Damas, ni l’émergence de l’armée en voie de constitution, dont l’objectif est Israël.

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Le régime syrien menace Israël de représailles, mais il est impuissant.

Le régime iranien vocifère, et c’est explicable parce qu’il est l’acteur qui se trouve effectivement visé dès lors que l’armée en voie de constitution est une armée iranienne usant de la Syrie comme d’une base avancée de Téhéran.

La Ligue arabe proteste, et c’est logique : le jour où des pays arabes approuveront une action israélienne ne figure présentement et ne figurera jamais sur aucun calendrier. Mais les pays sunnites n’admettent pas que la Syrie devienne une base avancée de Téhéran et sont prêts à se battre jusqu’au dernier Syrien debout pour que la Syrie ne soit pas sous contrôle iranien.

Que se dessinera-t-il dans le futur proche ? Le régime Assad continuera de tenter de survivre. L’Iran va continuer de s’efforcer de constituer l’armée iranienne en Syrie, gardes révolutionnaires iraniens et membres du Hezbollah côte à côte. L’Iran va continuer à s’efforcer d’avancer vers l’arme atomique : les liens entre le régime iranien et la Corée du Nord font que le régime iranien dispose d’ores et déjà quasiment de celle-ci.

Israël, si nécessaire, délivrera d’autres messages clairs, et si nécessaire encore, agira. Avec la même capacité de décision, la même détermination et la même efficacité que lors des attaques menées en territoire syrien ces deux derniers jours.

Barack Obama fera tout pour qu’Israël n’agisse pas, mais si Israël agit, ne pourra faire autrement que se situer sur la même ligne qu’Israël.

Barack Obama ne frappera pas l’Iran, sauf revirement inattendu, mais laissera Israël frapper l’Iran si Israël le décide, et ne désavouera alors pas Israël.

La Ligue arabe poursuivra sa ligne actuelle. La Turquie et le Qatar, avec en arrière plan l’Arabie Saoudite, continueront à armer les forces sunnites en Syrie.

On parlera en Europe et à Washington d’armer les « rebelles » sunnites en Syrie : en parler est une chose. Et cela fait plaisir à des pays que l’Europe et Washington entendent apaiser. Le faire concrètement est une autre chose, qui déplairait fortement à l’Iran, qui peut armer des terroristes, et à la Russie, qui tient à garder ses bases sur la côte syrienne. Je gage qu’on continuera de parler en Europe et à Washington.

Que nul ne s’y trompe en tout cas : si les attaques menées ces deux derniers jours l’ont été en territoire syrien, le nœud gordien de la situation d’ensemble est à Téhéran.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Guy Millière pour www.Dreuz.info

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